CROA Madagascar 2010

Je vous fais patienter longuement mais j'ai un peu bataillé avec les logiciels astro pour la série de photo du jour.

Dimanche 29 août:

Avant le repas du soir, je vais faire de la photo sur la plage. La lumière zodiacale est bien présente. Je m'installe dans une zone sans hôtel et leurs éclairages, assez près de l'eau, pour ne pas être gêné par les cocotiers. J'aurais par la suite quelques doutes avec la marée que je pensais descendante mais qui ne semble pas l'être. Néanmoins, je ne finirai pas les pieds dans l'eau. Après quelques vues générales, je fais une unique série de la Voie Lactée.

- Oh Grand Maître, quelle est cette lueur étrange?

- C'est Vénus, infime vermisseau.

- Non, Grand Maître, la lueur en dessous !!!

t=8 mn. F=14 mm. F/D = 3,5. ISO 400. (1h20 après le coucher du Soleil) Traitement Iris.

Ensuite la Voie Lactée:

En grand (2,3 Mo).

F=14 mm. F/D = 3,5. ISO 400. 25 x 1 mn + 1 x 10 s + 1 x 1 s.

À force, j'ai fait tellement de traitement que je ne sais plus lequel a donné le résultat ci-dessus entre le HDR, l'asinh et les différents retraits de fond.

À partir de ça (enfin, la version avec HDR + asinh + flou radial sélectif), j'ai voulu illustrer la photo. Dans un premier temps, j'ai fait ça entièrement à la main en comparant mon image avec CdC (CartesDuCiel) et ça a été assez lourd. Voilà le résultat:

En grand (4,4 Mo).

Ensuite, ce qui m'a pris beaucoup de temps sur la semaine écoulée, c'est de trouver comment je pouvais optimiser ce processus d'illustration. J'ai jonglé entre Iris, Aladin et CdC pour finalement me rendre compte qu'on pouvait facilement créer une calibration dans Iris et l'exporter dans Aladin ou CdC. Le résultat colle assez bien dans Aladin :

Par contre, je n'ai pas encore trouvé comment bien choisir ce que je voulais inclure dans l'illustration. À l'inverse, dans CdC, c'est plus joli mais la calibration fonctionne moins bien:

En grand.

En tout cas, grand merci pour ce reportage et ces magnifiques images, en particulier de la voie lactée, ça donne vraiment envie d'y aller !:)

Lundi 30 août:

Courses en ville à Toliara (20 km). En revenant de nuit sur la piste, nous avons une panne. La Voie Lactée est bien visible mais peut-être pas aussi formée que la veille.

Réparation du tacot. Appareil posé sur un tronc d'arbre coupé au bord de la piste. Jpeg brut du boîtier car j'ai oublié d'enregistrer les raw:

t=60 s. F=12 mm. F/D = 4. ISO 400. (avec les phares d'une voiture de passage)

t=60 s. F=12 mm. F/D = 4. ISO 400.

Avec les explications:

En grand (800 ko).

Une fois de retour à Mangily, je prends un restaurant avec terrasse donnant directement sur la plage. Ça me permet de faire des filés d'étoiles tout en mangeant et en surveillant du coin de l'œil mon appareil photo sur la plage. Par contre, je n'avais pas tout à fait calculé l'éclairage du restaurant. Au début, ça éclairait l'eau qui ne se voyait pas trop sur la photo. Mais ensuite, la marée descendant, c'est le sable qui était éclairé et qui était beaucoup plus visible.

Vénus se couche:

t=11 x 8 mn. F=12 mm. F/D = 3,5. ISO 400.

En grand (1,9 Mo).

Quel image de la voie lactée,époustouflant!

Quel image de la voie lactée,époustouflant!

C'est clair qu'en l'absence de pollution lumineuse, ça va beaucoup mieux.

C'est clair qu'en l'absence de pollution lumineuse, ça va beaucoup mieux.

Oui,ont est pas près de voir cela chez nous!

Eric S,

merci pour tout ce que tu as bien voulu partager avec nous.

Bons ciels et bonne continuation.

merci pour tout ce que tu as bien voulu partager avec nous.

En tout cas,il à réussit pour moi!

Mardi 31 août:

Dans l'après-midi je pars à la recherche d'une terrasse qui fasse restaurant le soir et qui soit dégagée vers le Sud. Je ne trouve rien qui corresponde. Tout au plus, je pourrais prendre l'apéritif avec vu au Sud. Finalement, la nuit venue, je m'installe pour une heure dans un secteur tranquille de la plage. Seul un chien errant vient me tenir compagnie en s'asseyant à quelques mètres de moi. La bande zodiacale est bien visible. Une étoile, Spica, est toute proche de Vénus. Je commence par 4x8 mn de filé au Sud avec cocotiers et lumières des terrasses d'hôtel en premier plan. Dans la journée, ma montre waterproof n'a pas résisté à la baignade. Je n'ai plus de chronomètre pour savoir quand les vues vont terminer. À défaut, je regarde l'heure sur mon téléphone portable. Après la séquence, je rajoute pour la forme 8 mn sur la lumière zodiacale avec reflet de Vénus dans la mer. En sortant du restaurant (~22 h), il me semble qu'on voit un nuage de Magellan au Sud. En sortant du bar (~24 h ?), un bon dernier croissant de lune est levé. Il est sensé être à proximité des Pléiades mais je suis bien incapable de les distinguer, la lune éclairant largement le ciel.

t=4 x 8 mn. F=12 mm. F/D = 3,5. ISO 400.

En grand (370 ko).

Vénus se couche:

t= 8 mn. F=12 mm. F/D = 3,5. ISO 400. Traitement Iris.

Waouuuuh...que c'est beau! Merci pour ce magnifique reportage.

Un ciel pur en pleine place!

Le rêve!

Merci pour les commentaires. C'est clair que la pollution lumineuse est nulle. Sur le filé d'étoiles avec les palmiers, on a l'impression que la plage est super éclairée mais ce sont juste quelques ampoules de loin en loin. Ce sont les 8 minutes de temps de pose qui donnent l'impression de luminosité.

Sur le filé d'étoiles avec les palmiers, on a l'impression que la plage est super éclairée mais ce sont juste quelques ampoules de loin en loin. Ce sont les 8 minutes de temps de pose qui donnent l'impression de luminosité.

Oui,on aurait dit que les lumière était beaucoup plus près!

Mercredi 1er septembre:

Retour à Toliara. Je prends un hôtel en bord de mer. Cette fois, la plage ouvre sur le Sud-Ouest. À l'heure de l'apéritif, je m'installe en terrasse, à côté de la plage. Vénus, Spica et Mars sont pratiquement alignés. Je lance des filés d'étoiles en visant le Sud, enfin surtout la Croix. Je n'ai pas de joli premier plan comme la veille, juste quelques barques et le port industriel qui est éteint. Il y a un petit vent du large (+23°C). La marée monte et je me demande de nouveau si je n'ai pas installé l'appareil trop près de l'eau. Heureusement, la marée est faible en ce moment et elle s'arrête avant. Par contre, elle me ramène au premier plan une barque qui au début était assez loin et immobile. Quant au cadrage, si j'ai bien mis la Croix du Sud dedans, c'est moins le cas pour le pôle céleste qui est trop sur le bord. Je prends des vues pendant une bonne heure. Après nettoyage et séchage, la montre est de nouveau opérationnelle pour le chronométrage.

La Croix du Sud dans les lueurs du couchant (1 h 10 après le coucher du soleil quand même):

t= 60 s. F=12 mm. F/D = 3,5. ISO 400. Traitement Iris.

t= 10 x 8 mn. F=12 mm. F/D = 3,5. ISO 400. Traitement Iris.

Magnifique,la première image!

Jeudi 2 septembre:

Dans la journée, je vois ce qui semble être une traînée d'avion. C'est le seul nuage aperçu en une semaine dans la région. À priori, c'est la dernière soirée où je vais avoir un bon ciel. Je commence au même endroit que la veille. Il n'y a pas de vent (+20°C). À l'inverse, il y a du moustique. Je retourne directement dans ma chambre mettre un pantalon et une chemise à manches longues. Retour sur la plage. La mer est d'huile et la marée monte en silence. Je parts pour des vues à la planchette équatoriale. Je commence par la Croix du Sud en champ large.

t= 25 x 60 s + 1 x 10 s + 1 x 1 s. F=14 mm. F/D = 3,5. ISO 400.

En pleine résolution (3 Mo).

Un 11 en magnitude limite.

La même avec traitement HDR plus flou sélectif et asinh:

En grand (900 ko).

Grâce au traitement HDR et aux prises de vues plus courtes, je ne crame pas les étoiles les plus lumineuses et je peux récupérer leur couleur avec le flou sélectif. Il y a environ 10,3 niveaux de magnitude entre les étoiles les plus lumineuses et les moins lumineuses visibles. Ou encore 3000 de rapport de luminosité.

C'est mon fond d'écran actuel au boulot

Les explications sur les constellations:

Enfin, on peut remarquer Omega du Centaure qui se distingue des autres étoiles par son aspect beaucoup plus progressif, normal vu que c'est un amas globulaire:

(Détail à 200 %).

Ensuite, je monte l'aspirateur à photons, le 50 mm (100 mm éq.) f/2 qui pique dès la pleine ouverture. Le problème, c'est que les essais précédents avec cet objectif ont montré des problèmes de stabilité sur ma planchette. Jusqu'à présent, je tournais progressivement la vis micrométrique de 1/5 tour (1/10 mm en linéaire) à chaque bip de 7 s. Là, je décide de faire des avances brèves puis de relâcher la vis. Je passe mon top à 3,5 s avec 1/10 tour (1/20 mm). C'est parti pour la Croix du Sud en plan plus serré:

t= 26 x 60 s + 1 x 10 s + 1 x 1 s. F=50 mm. F/D = 2,0. ISO 400.

En pleine résolution (2 Mo).

Avec HDR et flou sélectif:

Là, même sur la pause à une seconde, les étoiles les plus lumineuses sont cramées.

En grand (700 ko).

En regardant les brutes, j'ai cru que j'avais un flash Iridium:

mais je crois que c'est plutôt un insecte

Pour en terminer avec la planchette, je vise l'alignement Vénus, Spica et Mars avec le même objectif. Ils commencent à être un peu bas sur l'horizon. Et pour le sport, je tente une vue de 8 mn. C'est clairement trop compte tenu de la qualité de mon guidage mais ce n'est pas une catastrophe. Ça veut aussi dire que je peux envisager de telles pauses en grand angle. Au moment de plier bagages, je me rends compte qu'on s'est fait enfumer par la gargote voisine. Avec les lumières de l'hôtel, ça pourrait faire de la pollution lumineuse. Ça se confirme en regardant les prises de vue qui présentent un fond variable. J'utilise mes jumelles pour essayer de voir des choses dans le Centaure mais elles ne sont vraiment pas assez lumineuses.

Soirée à suivre...

Tout simplement Extraordinaire!

Suite de la soirée précédente. L'apéritif étant fini, je peux passer au restaurant voisin pour manger. C'est un peu plus loin sur la même plage. Je m'installe en terrasse. Cette fois, je repère bien le Sud qui correspond à la lumière du port. J'oriente l'appareil et c'est parti pour 12x8 mn. Je rate un enchaînement sur la fin, la musique du bar couvrant le bip de ma montre. À l'analyse des photos, il y a eu un décalage en cours de route. Je pense qu'un chien errant est venu buter sur le trépied. Résultat, je jette le début de la série:

t= 8 x 8 mn. F=12 mm. F/D = 3,5. ISO 400. Traitement Iris.

En grand (450 ko).

La lumière dans l'axe, ça doit être une pauvre ampoule 60 W sur la jeté du port, à 1,5 km de là.

Mais vous ne remarquez pas quelque chose à gauche de l'image? comme des tâches? Je vous le fais avec une seule photo pour réduire l'effet de filé:

Les Petit et Grand Nuages de Magellan

Les Petit et Grand Nuages de Magellan

J'en rêve toutes les nuits!

Bonsoir, je me suis régalée avec tes très belles photos, et Madagascar ça me parle beaucoup mon mari est malgache et quand je m'étais rendu là-bas la lune et ses quartiers m'avaient vraiment fait bizarre !!!!

Ah Madagascar est une île magnifique, je la conseille à tous elle vaut le détour.

Vendredi 3 septembre:

Il y a des nuages au radar dans l'après-midi, comme quoi le ciel n'est pas toujours uniformément bleu à Toliara. Avion en fin d'après-midi pour Antananarivo. Arrivée de nuit sur la ville. C'est la ville avec le plus d'éclairage du pays mais c'est encore loin d'être l'orgie de lumière. Seul le centre-ville présente un peu un halo lumineux. Installation au sommet de la colline d'Ambohidroa (alt. 1325 m), au nord de la ville.

Samedi 4 septembre:

Brume sur la ville le matin. Ça se lève ensuite mais le ciel reste un peu plombé. Le soir, il y a clairement de la pollution lumineuse mais peut-être en partie dû à l'éclairage de la maison. On devine juste la Voie Lactée au zénith.

Panorama sur Tana de jour:

En grand (500 ko).

Le même à la tombée de la nuit:

En grand (163 ko).

Et à côté, vers le Nord avec la route de Mahajanga:

En grand (240 ko).

Dimanche 5 septembre:

En plus de la brume de la veille, il y a aussi des nuages.

Lundi 6 septembre:

Journée ventée mais ça ne permet pas de dégager les nuages ni la légère brume sur la ville. Toujours une ébauche de Voie Lactée au zénith.

Mardi 7 septembre:

Moins de nuages. En fait, les deux jours précédents, c'était la transition saison fraîche saison chaude avec un front potentiellement pluvieux mais qui ne s'est pas déversé. Il reste par contre cette légère brume sur les plaines qui plombe légèrement le ciel. Décollage dans l'après-midi pour la Réunion. Il y a de nouveau des petits nuages. Vu d'avion, ils forment une mer de nuages qui s'arrête juste à la côte. Et au-dessus des nuages, il y a toujours ce voile de brume qu'on voyait au sol. La nuit tombe pendant le vol. Pluie à Saint-Pierre. Ensuite un second vol me ramène à Paris. Je ne suis pas au hublot et je ne peux pas observer le ciel.

Superbe photos encore une fois,de très belle région et ville que nous présente là!Dommage que le ciel ne soit pas au rendez-vous...

Une petite conclusion orientée astro

À l'issue de ce séjour à Madagascar où j'ai plus observé le ciel que les fois précédentes, voici mes conclusions concernant les sites qui me semblent les plus propices à l'observation astronomique. Mon séjour était centré sur le mois d'août. Je pense que mes observations sont extrapolables à toute la saison fraîche qui va de juin à fin août.

D'une manière générale, le faible développement économique fait que l'éclairage public comme privé est rare. La pollution lumineuse est ainsi négligeable.

Dans la région de Mahajanga (Nord-Ouest), le ciel n'est que rarement totalement limpide. Il y a souvent des petits nuages fins. Sans être catastrophique, ça risque de dégrader les observations. Toute la côte jusqu'à Diego-Suarez doit avoir un régime similaire.

Dans la zone des Hauts Plateaux (Antananarivo, Antsirabe, Fianarantsoa), le ciel est généralement bouché. À fuir en cette saison. Et même à la saison chaude (septembre, décembre), il semble rester assez souvent un voile de brume.

Pour la côte Est (dans son ensemble), il y a la saison humide et la saison des pluies. On voit les étoiles entre deux douches. À fuir toute l'année. Moramanga et Fort-Dauphin font partie de ce système.

Toliara est en zone semi-désertique. Elle bénéficie d'un ciel très dégagé. Ceci semble être le cas une large partie de l'année. Les conditions d'observation sont de bonnes à excellentes. Je pense que ceci peut s'extrapoler à tout l'extrême Sud de Madagascar. Toliara a cependant l'avantage sur le reste d'être accessible par une route goudronnée, la Route Nationale 7. Le seul inconvénient est qu'on est en bord de mer, ce qui ramène un peu d'humidité. On pourrait alors penser qu'il suffit d'aller un peu à l'intérieur des terres. Néanmoins le peu d'infrastructures limite le choix. Grosso modo, à part remonter la RN7, si vous n'avez pas de 4x4, il n'y a pas d'autres possibilités. Et question sécurité, je déconseille vivement de s'installer en rase campagne (fuir en particulier le plateau d'Horombe si tentant). Il reste les villes et villages. Ambalavao et Ranohira sont touristiques et disposent d'hôtels en périphérie qui me semblent de très bon choix. Ambalavao est plus exposé au risque de nuages débordant de la côte Est. Entre les deux, il y a la ville d'Ihosy mais je ne sais pas s'il y a des coins tranquilles pour s'installer. Les villes minières plus vers Toliara (Ilakaka, Sakahara...) ont mauvaise réputation mais si vous trouvez un hôtel sécurisé, ça doit le faire.

Enfin, un dernier mot pour l'astrophographie. Il fait chaud à Madagascar et ça génère beaucoup de signal thermique. Aussi bien vers Mahajanga que Toliara, les températures nocturnes descendent à peine vers 20°C. Ça peut inciter à quitter les côtes pour se rapprocher des Hauts Plateaux mais pas trop pour éviter les nuages.

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Quel beau récit,merci d'avoir partgé tout cela avec nous!

Et une petite postface. Voici l'équipement utilisé pour toutes ces photos:

Ma planchette équatoriale

Quelle beau matos!

Coucou !

Merci pour ce superbe reportage qui fait envie !

mais sa doit être dure de trouver une constellation dans toutes ces étoiles non?

Normalement, je sais à peu près où j'ai visé. Ensuite, un traitement de style flou radial qui met en relief les étoiles lumineuses permet de s'y retrouver plus facilement. Je travaille en faisant une comparaison avec CarteDuCiel. Le plus difficile, c'est quand l'orientation de la vue n'est pas la même entre la photo et CarteDuCiel.

Pense tu refaire de nouveau des observations à Madagascar dans le futur?