CROA Madagascar 2011

Bonjour,

CROA un peu tardif mais mieux vaut tard que jamais. En juillet-août 2011, je suis retourné à Madagascar pour une N+1ème expédition spéléo. Et l'absence de pollution incite à lever la tête la nuit venue, encore plus quand on campe en pleine brousse. Pour ce voyage, j'emporte mon nouveau boitier reflex Olympus E-620 ainsi qu'une nouvelle planchette équatoriale, toujours à entrainement manuel mais un peu plus stable que la précédente. Ça reprend le principe de l'Astrotrac avec deux flasques qui pivotent l'une sur l'autre.

Voici une carte de Madagascar:

Le début se passe vers le Lac Alaotra, la tache bleu au nord-ouest de Toamasina. Le reste est globalement autour de Mahajanga.

Pour mémoire CROA 2010.

À suivre...

Lundi 18 juillet : départ de Grenoble. Train pour Paris. Tendance pluvieuse. Avion pour Londres. Pluvieux tout court. Vol de nuit pour Nairobi. Je ne suis pas au hublot alors je ne vois rien.

Mardi 19 juillet : à Nairobi, temps frais bouché. Vol pour Antananarivo. Beau temps avec des nuages moutonneux. Installation chez un ami sur les hauteurs de Tana, en périphérie. Le soir, la Croix du Sud et le Centaure brillent bien entre les nuages.

Mercredi 20 juillet : brouillard au réveil. Ça se lève ensuite mais il reste une brume sur la plaine. À la nuit tombée, je monte sur le toit de la maison pour tester ma planchette équatoriale. Je l'ai déjà testée mais uniquement dans l'hémisphère nord en utilisant la Polaire et le liveview du réflex pour la mise en station. Malheureusement, du côté austral, il n'y a pas d'étoile assez lumineuse à proximité du pôle pour que je puisse la voir au liveview. J'ai développé une autre méthode. Je fais plusieurs photos de la zone du pôle que je transfère à mon PDA. Ensuite, avec un programme maison, je calcule l'erreur d'alignement et je corrige l'orientation de ma planchette. Bien évidemment, j'ai terminé le logiciel la veille du départ et je ne l'ai jamais testé sur le terrain, que ce soit au Nord ou au Sud. Pour le moment, j'ai Tana devant moi. La brume résiduelle renvoie la pollution lumineuse... tellement intense que je distingue la Voie Lactée sans problème. Pas de doute, je ne suis plus dans un pays économiquement développé. Je teste l'alignement. Globalement, ça fonctionne. Il y a quelques petits détails. Par exemple, quand le PDA me dit de descendre, c'est l'appareil qu'il faut descendre et non la poignée du trépied. Et une fois la mise en station réalisée, il ne faut pas donner de coup de pied dans le trépied qui ne demande qu'à glisser sur la dalle en béton. Je fais une pause unique de 1 mn. Un petit vent frais se fait sentir. La pollution lumineuse est visible sur la photo. Surtout, les étoiles présentent une trainée. Je pense que c'est plus un problème de stabilité que de mise en station. On m'appelle pour le repas alors je remballe tout.

60 s. F=50 mm. F/D=2,0. ISO 800. Traitement Iris.

Version illustrée à 50% (337 ko).

Jeudi 21 juillet : Je pars pour Moramanga dans l'Est. Comme j'attends plutôt des cieux couverts, je n'ai pas pris la planchette équatoriale. Sur place, la météo semble contredire mes pronostics avec seulement quelques nuages sous un ciel bleu. D'un autre côté, faute de terrasse, je ne risque pas trop de profiter du ciel nocturne. Une fois la nuit tombée, toujours pas de nuage avec la Croix du Sud bien visible mais pas la Voie Lactée. Il faut vraiment que je lave mes lunettes de vue.

Vendredi 22 juillet : passages pluvieux dans la nuit. Quelques rayons de soleil à travers les nuages durant toute la journée. Route et piste pour Ambatondrazaka. Le soir, une fois la nuit tombée, le ciel se dégage. En allant pisser mon litre de bière derrière le bar du coin, la Voie Lactée est bien visible. Ça valait le coup de laver mes lunettes. Et le dernier quartier de lune est levé quand je vais me coucher.

Samedi 23 juillet : comme les journées précédentes, le ciel est nuageux mais dès que la nuit tombe, ça se dégage. Bien que ce soit la ville malgache avec le meilleur éclairage public que j'ai vu, c'est-à-dire qu'on voit bien dans la rue, ça n'empêche pas de voir la Voie Lactée quand on est entre deux lampadaires. Par contre, les nuages reviennent rapidement en soirée.

Dimanche 24 juillet : je vais à une vingtaine de kilomètres au nord, au bord du Lac Alaotra, dans un camp avec des bungalows. Il y a toujours les nuages et le vent. Je tente un time-lapse sur la tombée de la nuit au fisheye. Alors que je finis de manger le repas du soir à la lumière de la lampe à pétrole, je me demande qui a laissé la lumière allumée en face. Je me rends compte que c'est la bande zodiacale:

60 s. F=8 mm (fisheye). F/D=3,5. ISO 800.

Au premier plan, c'est l'éclairage de la lampe à pétrole. Lors du traitement Iris, j'avais du mal à équilibrer les couleurs. J'ai fini par comprendre que sur mon nouveau boitier, les canaux Rouge et Bleu étaient croisées.

La bande zodiacale fait ressortir les nuages au premier plan. Il faut qu'en l'absence d'électricité et avec plusieurs kilomètres de lac plein ouest, je ne risque pas d'être gêné par la pollution lumineuse. J'essaie un petit time-lapse (23 pauses). Assez rapidement, la bande zodiacale n'est plus assez lumineuse pour la photo même si je la distingue facilement en visuel.

Je fais ensuite quelques essais sur la Voie Lactée avec le fisheye et le grand angle pour voir quels seraient les paramètres adaptés à de futurs time-lapses. À voir la Voie Lactée bien formée, j'en regrette presque de ne pas avoir pris la planchette équatoriale. D'un autre côté, avec le vent froid, je n'aurais pas tenu longtemps, sans compter les nuages qui se promènent par là. Je jette un coup d'œil aux jumelles à la Croix du Sud. Je trouve sans difficulté l'amas de la Boîte à Bijoux mais je n'ai pas vraiment de détails.

Au zénith. 30 s. F=8 mm (fisheye). F/D=3,5(?). ISO 3200. Traitement Iris.

Vers le Sud. 30 s. F=8 mm (fisheye). F/D=3,5(?). ISO 3200. Traitement Iris.

Toujours vers le Sud. 30 s. F=12 mm. F/D=2,8. ISO 3200. Traitement Iris.

Toujours vers le Sud. 20 s. F=12 mm. F/D=2,8. ISO 3200. Traitement Iris.

La même illustrée:

Lundi 25 juillet : réveil à 5 heure du matin pour aller observer en pirogue les lémuriens mangeurs de papyrus dans les roseaux en bordure du lac. Le vent est tombé mais l'humidité est montée du lac. Le fond de l'air est bien frais. Orion est levé sur l'Est. Un croissant de lune et Jupiter font la course au zénith. J'ai raté la conjonction la veille. Au Sud, les Nuages de Magellan sont là. Pour la bande zodiacale, c'est moins net en raison de la luminosité de l'astre sélène. Pendant l'excursion, le ciel commence par blanchir avant que l'horizon ne rougeoie, annonçant l'arrivée du soleil. Il faut encore un moment avant que les températures ne remontent.

Je change encore de lieu, 20 kilomètres toujours au Nord. Cette fois, le village est sur un éperon rocheux au-dessus du lac. Je rencontre un français installé de longue date dans le coin. Pour la météo, il m'explique que c'est normal en cette saison. Le matin, c'est beau temps calme. Puis vient le soleil qui réchauffe tout ça avec l'aide du lac pour faire une bonne convection d'où l'apparition du vent et des nuages. Le soir, c'est l'inverse à plus ou moins brève échéance après le coucher du soleil. En allant me coucher à 10 heure, après coupure de l'électricité dans le village, la Voie Lactée est bien visible. Le vent par contre attend minuit pour se calmer.

Le Lac Alaotra de jour:

Mardi 26 juillet : le matin, traversée du lac en pirogue. L'après-midi, taxi-brousse pour retourner à Ambatondrazaka. En raison d'une gastro, je ne mets pas le nez dehors le soir.

Mercredi 27 juillet : après les nuages de la journée, temps calme et dégagé le soir. La Voie Lactée est visible mais je ne reste pas longtemps dehors.

Jeudi 28 juillet : retour sur Antananarivo. Arrivée dans la ville à la nuit tombante. Les nombreux petits nuages sont éclairés, signature de la pollution lumineuse. Je voulais faire un time-lapse nocturne sur la ville mais la soirée est trop occupée.

Vendredi 29 juillet : entre l'apéritif et le diner, je jette un rapide coup d'œil au ciel. Il est dégagé et la Voie Lactée est visible bien qu'on soit en pleine ville.

Samedi 30 juillet : le ciel est bouché en début de nuit.

Dimanche 31 juillet : nous quittons la fraîcheur des plateaux pour la chaleur de Mahajanga sur la côte nord-ouest. Les étoiles se lèvent alors que nous faisons une pause technique. Je n'ai pas eu le temps de m'occuper du ciel une fois en ville.

Lundi 1er août : un fin croissant de lune se couche sur les palmiers à la tombée de la nuit. Voie Lactée une fois la nuit venue.

Mardi 2 août : journée sur les pistes. Nous arrivons dans une bourgade à l'éclairage public très limité. À la nuit, il y a des nuages qu'éclaire le croissant de lune.

Cachez ce nuage que je ne saurais voir:

Mercredi 3 août : toujours sur la piste. Installation de notre campement au milieu de nul part. Le ciel est bien nuageux dans la journée. En soirée, quelques étoiles percent à travers les nuages. Ça s'améliore un peu ensuite mais sans être totalement dégagé. Malade : priorité sommeil. Quelques averses dans la nuit.

Jeudi 4 août : ciel bouché à la tombée de la nuit. Ça se dégage partiellement ensuite. Il reste des voiles nuageux éclairés par la lune sur un large secteur ouest. Je fais quelques tentatives de photos du plan d'eau au fisheye.

Vendredi 5 août : ciel plus dégagé à la tombée de la nuit. Time-lapse au grand angle sur la Croix du Sud.

6 s. F=12 mm . F/D=2,8. ISO 1600.

On voit même Oméga du Centaure

Je n'avais pas d'intervallomètre. J'utilisais juste un élastique qui appuyait sur le bouton du déclencheur.

Samedi 6 août : ciel totalement dégagé au coucher du soleil. Je lance un time-lapse au fisheye avec vue sur le plan d'eau. C'est alors que quelques nuages poussés par le vent se mettent à traverser le ciel. C'est sans doute la dernière soirée avec Voie Lactée observable. Globalement, mon fisheye n'est pas assez lumineux. Ça m'oblige à pousser les ISO et/ou le temps de pause unitaire, ce qui fait monter le bruit thermique. Les résultats sont globalement mauvais.

Dimanche 7 août : ciel couvert à la tombée de la nuit. Je tente un time-lapse longue durée orienté vers le Sud dans l'espoir d'attraper les Nuages de Magellan. Malheureusement la batterie ne dure pas longtemps. En fait, j'avais bricolé avant le voyage un montage avec une batterie tampon (rechargée par panneau solaire) et un régulateur de tension pour alimenter directement le reflex pendant les longs time-lapses. Malheureusement, ça ne fonctionne pas bien. J'avais mal soudé un composant . En attendant, je fais les time-lapses sur une batterie normale et ça ne dure que deux heures. En plus, d'après un coéquipier, il y une légère averse dans la nuit. Que du bonheur pour l'appareil qui est resté dehors.

Lundi 8 août : ciel plus dégagé en début de nuit. Nous voyons passer ce qui semble être un satellite bien lumineux. La lune met en relief les fins nuages d'altitude.

Mardi 9 août : ciel bien dégagé à la tombée de la nuit avec du vent. Time-lapse sur le plan d'eau au clair de lune et avec Jupiter qui se lève à la fin.

10 s. F=12 mm . F/D=2,8. ISO 800.

Le time-lapse.

Un compte-rendu feuilleton

Merci Eric pour ce joli reportage photo

Merci d'avoir partagé cette très belle expérience avec des photos très évocatrices qui font rêver. Du coup on aimerait en savoir plus sur ce que tu as fait en spéléo !

Ce n'est pas terminé. La suite le week-end prochain quand je serai rentré chez moi.

Pour la spéléo, on a fait une reconnaissance dans ce massif en 2006. Depuis 2008, on découvre, explore et cartographie de manière systématique ce qui est devenu le plus grand réseau connu d'Afrique avec 70 km de galeries interconnectées (CR 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012 -à faire-).

Et c'est là, en 2008, trouvant la Voie Lactée magnifique, que j'ai voulu la photographier avec mon premier reflex numérique que je venais d'acheter. Résultat très moyen à l'époque mais c'est mon point de départ en astrophoto.

Pfiouh, quelle aventure ! Ce qui frappe le plus, ce sont ces photos d'un ciel qu'on ne reconnaît pas, je trouve. C'est vachement troublant. Je crois que sur place, je serais pris d'une sorte de vertige.

Bravo tout particulièrement pour la lumière zodiacale, ça donne une idée de la qualité du ciel...

Mercredi 10 août : ciel toujours dégagé le soir mais bien blanchit par la lune. Time-lapse du coucher de la Croix du Sud sur le plan d'eau avec notre feu de camp. Nuit fraîche.

10 s. F=12 mm . F/D=2,8. ISO 800.

Le time-lapse.

Jeudi 11 août : quelques petits nuages d'altitude en début de soirée. Ciel nocturne de plus en plus clair avec la lune.

Vendredi 12 août : Ciel bouché en journée qui se dégage le soir. La lune presque pleine se lève dans les lumières du couchant.

Samedi 13 août : ciel dégagé en début de nuit. Je tente de faire un time-lapse longue durée au fisheye sur le plan d'eau avec la pleine lune. Malheureusement, mon alimentation maison sur batterie externe pour pouvoir tenir toute la nuit ne fonctionne pas bien. Après plusieurs tentatives, je renonce. En plus, j'ai réglé l'exposition trop haut, on dirait une photo en plein jour.

15 s. F=8 mm (fisheye) . F/D=8(?). ISO 800.

Dimanche 14 août : au programme, nuit en charrette. La lune est au rendez-vous. La nuit est globalement dégagée avec juste un passage ponctuel de petits nuages. Néanmoins la lune et l'air assez humide ne permettent pas de voir de détails des cieux. J'explique la Croix du Sud et le PSC à un de mes coéquipiers. En fin de nuit, Orion pointe le bout de son nez et a largement le temps de monter avec que l'horizon ne blanchisse.

Lundi 15 août : nous sommes de retour à Mahajanga, en bord de mer. Soirée assez courte compte-tenu de la nuit précédente. Cependant, lors du diner en terrasse, j'ai la Croix du Sud dans l'axe. La Voie Lactée n'est pas visible: sans doute un effet combiné de la pollution lumineuse et de la lune que je ne vois pas mais qui devrait être levée.

Mardi 16 août : Voie Lactée discernable avant et même après le lever de la lune. Cette dernière émerge jaune et encore bien ronde alors que nous allons au restaurant.

Mercredi 17 août : je vais assister au coucher du soleil depuis la promenade du bord de mer. Le dernier morceau de l'astre de jour disparaît à 17h47m10s. Une fois la nuit tombée, la Voie Lactée toujours discernable en ville. On devine même la lumière zodiacale... non c'est l'éclairage du stade. Lune plus tard.

Jeudi 18 août : nouvelle tentative d'observer le coucher du soleil depuis la promenade mais avec une option photographique plus importante. Malheureusement, je suis un peu en retard. J'arrive sur place alors que le soleil s'enfonce déjà dans la mer. Le soleil disparaît à 17h47m15s. Je traine un moment sur le bord de mer en faisant des photos. Je me rends compte que j'ai perdu une vis de mon trépied. Un des pieds ne tient plus. Il y a le vent du large. Il maintient certe une fraîcheur en ville mais ramène aussi de l'humidité. J'attends un bon moment que la nuit soit tombée. La bande zodiacale est présente mais difficile à observer avec l'humidité et l'éclairage de la promenade dans le dos. En repartant en ville, la Voie Lactée est visible sans plus. De retour à l'hôtel, je retrouve la vis manquante.

Vendredi 19 août:

Taxi-brousse pour Besakoa, un peu plus à l'intérieur des terres. C'est un village à l'amont de l'embouchure d'un fleuve avec comme activité principale l'élevage de crevettes à quelques kilomètres en aval. Arrivée sur place de nuit. Éclairage public présent mais pas super violent. Voie Lactée visible et assez bien formée. Vue l'arrivée tardive, pas trop le temps de m'occuper du ciel.

Samedi 20 août:

Je n'ai qu'un court moment pour observer le ciel. Il y a de la pollution lumineuse au nord du village. Je pense que ce sont les projecteurs qui éclairent la piste d'accès à l'aquaculture. De ce que j'en ai vu dans la journée, ils sont fortement orientés à l'horizontal. L'impact global demeure néanmoins limité. Les nuages apparaissent toujours en sombre sur le fond du ciel étoilé. Les formes de la Voie Lactée apparaissent bien à l'œil nu. Il est un peu tard et la Croix du Sud est bien basse sur l'horizon. Je réalise quelques prises de vue au zénith avec le fisheye et sans suivi. Résultat très médiocre que je ne vous montre même pas . J'en profite pour observer aux jumelles (8x20). Je vise Omega du Centaure. Je trouve une grosse tache lumineuse. Je suis un peu surpris. Je n'attendais pas quelque chose d'aussi étendu. Je continue avec la Boîte à Bijoux qui n'est pas plus détaillée que la fois précédente. Je remonte ensuite au hasard la Voie Lactée. Je ne trouve rien de particulier même si c'est bien dense dans certaines zones, en particulier vers le zénith.

Dimanche 21 août : Retour à Mahajanga. Le soir, ciel nuageux avec quelques étoiles dans une trouée. C'est bien rare que le ciel ne soit pas dégagé à Mahajanga.

Lundi 22 août : nouvelle tentative pour photographier le coucher du soleil depuis le bord de mer. J'ai quelques doutes en journée en raison des nuages mais ça se dégage en fin d'après-midi. Cette fois, je pars bien en avance de l'hôtel sauf qu'un contrôle de police me tombe dessus. J'ai bien évidemment laissé le passeport à l'hôtel comme d'habitude. Je dois retourner le chercher. Après ce contretemps, je file au bord de mer. J'ai encore du temps. Sur place, j'avance le long de la digue pour trouver le point où j'aurai le soleil se couchant sur la mer et la silhouette du phare de l'autre côté de la baie. J'ai beau avancer, non seulement le soleil ne se rapproche pas vite du phare mais en plus je rends compte que le phare n'est pas assez proche du bord de l'eau pour avoir un cadrage serré comprenant le soleil, la mer et le phare. Comme en plus le soleil descend dangereusement sur l'horizon, il est temps de prendre une décision. Alors je me pose à un endroit qui me paraît adapté. Le temps de monter le trépied, de changer d'objectif et de patauger dans les réglages, et le soleil a déjà commencé à se coucher. Ça se termine avec une rafale le doigt sur le déclencheur et un délai d'une seconde entre chaque image. Mais en format RAW, ça finit par saturer à ce rythme là et la cadence baisse un peu. Il n'y a plus qu'à voir le résultat à la maison. Je termine par des photos de la tombée de la nuit et un cargo qui vient de mouiller au pied de la Croix du Sud. Plus tard dans la soirée, à la terrasse d'un des bars du port aux boutres, la Voie Lactée est visible entre deux volutes de fumée des barbecues.

1/350 s. F=150 mm. F/D=13. ISO 200.

Le time-lapse.

Sacré feuilleton

Le soleil disparaît à 17h47m15s.

Wouaouuuu la précision, il ne manque plus que les dixièmes et centièmes de seconde

Je vise Omega du Centaure. Je trouve une grosse tache lumineuse. Je suis un peu surpris. Je n'attendais pas quelque chose d'aussi étendu

Il est si imposant que ça cet amas globulaire ?

Ca doit vraiment valoir le détour

Je me rends compte que j'ai perdu une vis de mon trépied. Un des pieds ne tient plus.

En tous cas, ça ne t'a pas empêcher de faire de magnifiques photos

Encore merci pour ce voyage aux pays des merveilles

Pour Oméga du Centaure, à l’œil nu, on le prend pour une étoile (d'où son nom). CarteDuCiel annonce 30' d'extension. Peut-être qu'avec les jumelles, on voit une zone diffuse plus large. Mais ce sont que des jumelles de jour 8x20 avec un champ de 6°. Faudra que j'essaie de quantifier la taille la prochaine fois.

Mardi 23 août : route pour Antananarivo, la capitale. En s'approchant, il y a des petits nuages. Je me dis qu'à défaut de ciel étoilé, je pourrais tenter un time-lapse sur la ville avec les nuages qui défilent. Une fois sur place, c'est carrément bouché avec quelques gouttes de pluie. Alors pour le time-lapse avec l'appareil plusieurs heures dehors, on repassera.

Mercredi 24 août : le temps est plus dégagé avec un petit vent qui balaie les nuages. Au coucher du soleil, vers 17 h 30, je monte sur le toit de la maison pour faire des photos sur la ville. Il reste une brume d'humidité sur la plaine. Même si je suis un peu en hauteur, je n'y échappe pas complètement.

À 19 h, je démarre un time-lapse au fisheye, orienté sud, par dessus la ville. Il reste des nuages à l'horizon. La Voie Lactée est correctement visible au zénith.

15 s. F=8 mm (fisheye) . F/D=?. ISO 3200.

Le time-lapse.

À noter que l'air plus frais de la capitale facilite la réalisation des time-lapse avec moins de signal thermique. Néanmoins, ça reste difficile avec mon boitier en raison du signal thermique. Il faudrait un capteur plus grand ou des optiques plus lumineuses.

Après repas et discussions, à 22 h 30, je retourne à l'ouvrage avec l'intention de réaliser des prises de vue avec ma planchette équatoriale. Quand j'arrive sur le toit, je constate que la batterie est vide mais le time-lapse n'est pas arrêté depuis longtemps. Les nuages sont aussi de retour et l'air est très humide. Ça condense sur l'appareil. Comme ce n'est pas encore une catastrophe au zénith, je décide quand même de tenter quelques vues avec suivi. Comme la Croix du Sud est déjà couchée, je fais une première mise en station vraiment approximative. Je réalise ensuite des photos du Pôle Sud Céleste que je transfère dans mon PDA. C'est alors qu'il semble y avoir un bug dans le logiciel que j'ai fait pour calculer l'erreur d'orientation. Apparemment, il ne charge pas le catalogue d'étoiles qui doit servir à caler mes photos. J'essaie de redémarrer le PDA mais rien n'y fait. En fait, c'est que je ne souviens plus du mode d'emploi de mon logiciel:(. Le catalogue se charge dans une étape ultérieure:confused:. Je laisse tomber. Adieu nébuleuses, comète, Voie Lactée... Oui, il y avait normalement la comète C/2009 P1 (Garradd) avec une magnitude de 8 tout à fait accessible avec mon équipement.

Pour terminer, je lance juste un time-lapse rapide en grand angle sur le nord de la ville, le temps de ranger le matériel.

1 s. F=12 mm. F/D=2,8. ISO 3200.

Le time-lapse.

Je regarde aussi le ciel à l'œil nu. La Voie Lactée s'est déjà bien éloignée du zénith. En direction du nord, bien que ce soit vers l'extérieur de la ville, j'ai quelques lumières proches gênantes. Pour C/2009 P1, ça n'aurait pas été facile.

Jeudi 25 août : départ d'Antananarivo vers midi sous un ciel un peu moins dégagé que la veille. Je ne suis pas au hublot. Arrivée dans l'après-midi à Naerobi sous les nuages. 7 heures de transit. Décollage de nuit. Je suis au centre de la carlingue.

Fin de Madagascar 2011

Eh ben, quel feuilleton extraordinaire... Je ne sais pas si j'oserais partir ainsi aux antipodes, mais en tout cas ça donne envie.

Sauf que moi, à choisir, j'irais avec un Dobson, histoire de ne pas être ennuyé par des bugs dans des logiciels et autres... vraiment, ça me ferait trop rager de rater tel ou tel objet pour ça.

Question équipement, je suis déjà bien chargé à cause de l'expé spéléo alors je ne prends pas grand chose de plus. Pour l'astrophoto, j'ai déjà l'appareil photo, le trépied, le PDA. Je ne rajoute que la planchette équatoriale faite maison, ce qui doit faire 200 g. Et un dobson à 200 g???

Sinon, j'ai vu qu'un tour-opérateur proposait un voyage avec astro pour ceux qui ne veulent pas amener leur matériel.

Après, le bug, il était surtout dans ma tête. Mais il est quand même révélateur de ma difficulté à faire la mise en station. Ça manque d'étoiles lumineuses vers le Pôle Sud Céleste. Et quand la Croix du Sud est couchée, il n'y a même plus d'indication de la zone où s'orienter. Pour couronner le tout, ma vison nocturne à l’œil nu n'est pas au top, même avec les lunettes de vue, donc je ne vois qu'un nombre limité d'étoiles.

Sinon, comme conclusion générale du séjour, je dirais qu'il est difficile d'observer en ville, non pas à cause de la pollution lumineuse mais parce qu'il est difficile de trouver un endroit pour se poser. Et inversement, à la campagne, même si ce n'est pas nécessairement le meilleur coin pour la météo, une trouée dans les nuages et c'est magnifique. Donc, il faut être prêt.

Au Sud, les Nuages de Magellan sont là.

Bonjour Eric

Pour te remercier de ton impressionnant ''feuilleton'', je t'offre une information au sujet du Grand Nuage de Magellan. Savais-tu qu'il se situe à 163 000 années-lumière de la Voie lactée ?

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/science/2013/03/12/001-grand-nuage-magellan-distance.shtml

Bonne lecture