2006, l’odyssée a(u)strale : (2) Topographie idéale pour des vacances astro...

Topographie idéale pour des vacances astronomiques caractérisées

Episode précédent : Bagdad café express

Transportés en un laps de temps inhumainement court à l’autre extrémité du Monde par la fureur des turboréacteurs, nous n’étions pas en état de prendre immédiatement la mesure des lieux où nous étions échoués pour deux semaines. Cette reconnaissance raisonnée n’interviendrait que le jeudi matin, après une brève mais reconstituante nuit de sommeil.

La description objective et factuelle de l’endroit se trouve sur le site de Tivoli, dont je donne le lien ici pour ceux que cela pourrait intéresser.

http://www.ghhsnet.de/tivoli/enzwo/framestart_e.html

Vécu in situ, c’est ainsi : Tout est plat jusqu’à l’horizon, l’emplacement de la ferme formant comme un oasis avec bâtiments simples, gazon abondamment arrosé et arbres, dont plusieurs palmiers. Un corps de bâtiments principaux, - habitation des propriétaires Kirsten et Reinhold, et leurs deux garçons, d’une dizaine d’années, et garages, hangars pour véhicules et outils de l’exploitation agricole - l’emplacement pour les repas, extérieur mais couvert – ou bien intérieur mais ouvert…- construction namibienne typique, sorte de hutte circulaire, non fermée…Le pavillon d’habitation côté Ouest : 2 chambres individuelles, salon, cuisine. J’en occupe une et un hôte allemand occupera l’autre durant une semaine. De l’autre côté des bâtiments centraux, vers l’Est, un plus grand pavillon d’habitation avec deux chambres doubles - dont une occupée par Cyril et Xavier - et deux simples pour la composante belge du groupe, Fred et Sébastien. L’autre chambre est occupée par un astrophotographe germain de haute volée, à l’équipement imposant. Cuisine (qui sera le refuge des pauses de milieu de nuit, quand le froid et la faim l’emportent provisoirement sur la fascination des étoiles). Séjour. Bibliothèque avec cartes, atlas, revues et livres en langue allemande, et un gros truc qui se trouve là, que je n’identifie pas immédiatement et qui grimpe jusqu’au plafond : C’est le dobson Obsession 500. Damned ! C’est énorme. Je me sens petit avec mes 1,76m.

Devant ce pavillon, petite zone gazonée avec transats et 2 grand palmiers non taillés, emplis du chahut de dizaines (centaines ?) d'oiseaux et, au-delà, le terrain d'accès aux étoiles. Herbes folles dégagées sur quelques endroits en zones aménagées pour poser les scopes, des abris d'instruments en dur (deux)... Au delà de ce terrain d'envol stellaire, une clôture nous en séparant, peuvent vaquer les animaux. Des vaches s'approchent de temps en temps en pleine nuit. Au loin on entend fréquemment le bêlement des moutons et agneaux.

La zone d'observation - les spots sont situées à quelques dizaines de mètres des bâtiments - est un peu désagréable de jour, au soleil, en raison des mouches qui, miracle, ne pénètrent pas vers la zone de séjour et de sieste. Avec Sébastien, nous avons réfléchi à la question et mis un peu de temps à comprendre pourquoi. Simple en réalité : Les oiseaux. Les deux palmiers contrôlant l'entrée abritent en fait de redoutables exterminateurs et dévoreurs d'insectes. C'est très bien organisé. L'atmosphère autour des bâtiments de la ferme est constamment nettoyée des ennuyeux volants insectes.

Quand le soir vient, toute lumière s'estompe et disparaît. Il n'y a nul obstacle à l'horizon. Seuls les bâtiments bas vers l'Ouest peuvent éventuellement gêner un peu, mais en fait non…Ils sont trop bas et suffisamment éloignés pour ne point faire obstacle. Les étoiles et la Voie Lactée prennent possession des lieux avec une force sereine, et nous ne sommes plus que regards tournés vers l'infini, après une journée de farniente, essentiellement consacrée à dormir ou à étudier attentivement atlas, cartes et bouquins. Plus de 10 heures d'observation, ça se prépare...Et il faut aussi discuter de ce qui a été vu la veille. Bref, l’astronomie nous imprègne.

Le jour il fait soleil. C’est de base, nous sommes en Hiver, la saison est dite sèche, ensoleillée avec ciel dégagé. Point. La chaleur monte vers midi et commence à baisser dès 17 heures. La nuit voit le froid arriver, calmement. La température passe franchement sous zéro en seconde partie de nuit. J'ai un équipement éprouvé : En première couche de survie, ODLO - Warm Effect (caleçon long et T-shirt manches longues), puis Polaire, Goretex, pantalon de coton épais, double paire de chaussettes dont une spéciale montagne, chaussures de randonnée, sous-gants ODLO et gants de ski, bonnet marin en laine.

Le froid austral (*) ne commence à gêner que vers 1 à 2 h du matin (donc après déjà 6 à 7 heures d'observation !) Il attaque par les pieds en général. Mais comme toujours, durant ces longues heures nocturnes, les photons des galaxies lointaines me réchauffaient l'âme.

(*) J’en avais commis un haïku à l’été 2005 dans le désert d’Atacama, frigorifié sous les étoiles, à 3 heures du matin et 4000 mètres d’altitude :

Le froid est tombé

Sur les pierres d’Atacama

Coupole étoilée

Prochain épisode : Le ciel de diamant

Magnifique, tu es le poète de notre groupe!

Non seulement les oiseaux sont beaux mais aussi salvateurs à ce que je lis!

Xavier

Merci pour cette évasion étoilée

Et cette prose enflammée,

Merci à toi, Jeff le conteur,

Qui nous fait partager ton bonheur.

Non seulement les oiseaux sont beaux mais aussi salvateurs

Eh oui, c'est ça l'harmonie du Monde, la beauté est nécessaire. Une théorie scientifique qui n'est pas élégante est rarement correcte.

Et la laideur majoritairement produite par notre civilisation actuelle confirme sa futilité essentielle.

Les Navajos disent qu'il faut "marcher dans la Beauté"

Je mets toujours un moment à me résoudre à te lire, Jeff, ces paradis oubliés, cette osmose avec la nature, perdus de notre laide civilisation...

Merci quand même!

... perdus de notre laide civilisation...

Déjà une Lune depuis le retour...J'ai un peu de mal avec le métro, les business plans, la précipitation inutile...

Je dois aller chez un ami d'enfance enseignant à la Réunion (lui aussi retraité) au printemps prochain, mais le seul truc que je peux emmener, c'est mon vieil ETX125, je me vois mal trimbaler un 300/1500 en avion .

Pour l'anecdote, j'avais emmené l'ETX en question il y a 2 ans en Corse, à mon aéroport régional, il a fallu que je leur prouve que c'était bien un télescope et non une sorte de lance-roquettes .

Comment t'as fait pour revenir de la bas

Je ne sais pas si j'aurais eu le courage d'abandonner tout ça moi !!!

Il y avait la Lune qui commençait à faire ch...le soir.