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Invasion stellaire (en Indre & Loire)


Jeff Hawke

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Je roule sur une route étroite de campagne, en écoutant les sonates suites pour violoncelle seul de JS Bach. Le trajet depuis la capitale (« Le seul endroit où il fasse bon désespérer » selon Cioran) a environ duré 3 heures. 3 heures d’un voyage factice de la modernité, sur du bitume, dans un habitacle clos de métal et de plastique, mu par la combustion explosive de pétrole raffiné. Le vrai voyage, de poésie et d’amitié, il commence maintenant, du côté de Vénus dans la banlieue solaire.

 

 

Après-midi : Prélude à la faune céleste (piano)

 

Tiens, voilà le cimetière. Je suis allé trop loin. Tant qu’à faire, je continue jusqu’au bourg de Savigné, tourne devant la petite mairie pimpante, et reviens sur mes pas (selon une façon courante, mais abusive en voiture, de s’exprimer).

 

Le cimetière à nouveau. Une rue à gauche, une seconde, je m‘y engage…Un coup d’œil à droite. Ah non, c’est à gauche. J’aperçois une silhouette connue qui me fait signe. C’est Den (le seul participant de ces rencontres, que j’ai déjà rencontré, dans d’autres rencontres plus méridionales), avec ses Canon stabilisées autour du cou. Il y a du soleil, des nuages, du vent et un grand terrain arboré. Takaya est là aussi, à observer le ciel. Elle m’informe immédiatement de l’événement important du moment : « On observe Vénus à l’œil nu ».

 

C’est l’après-midi :

Au-dessus de deux pruniers,

Clin d’oeil de Vénus !

 

Den m’indique le truc. On attrape le croissant aux jumelles. On l’amène tout près d’un repère terrestre, une branche, une feuille…et là, on regarde à l’œil nu le petit point brillant noyé dans le bleu, ou encadré de nuages s’effilochant. Ca marche ! Le week-end s’annonce bien avec cette Vénus dévoilée dès l’après-midi.

 

 

Extérieur, nuit.

 

Le week-end tiendra ses promesses, au-delà du raisonnablement espéré.

 

Nuit de juillet

La base d’ULM déserte

Une arche étoilée

 

Sur cette piste d’ULM aux horizons dégagés sur 360°, nous sommes installés depuis 18h30, histoire d’être certains de ne pas rater l’arrivée des brèves ténèbres d’été. Les tubes, tuyaux, montures se sont installés. On a joué avec Vénus et la Lune parmi les nuages résiduels, guetté l’émergence, du fond du bleu sombre, de Jupiter.

 

Puis un festin (apéro, BBQ, quiche, …) entre chien et loup et entre amis des étoiles, quelques arrivées tardives, dont le mythique Luke 495 (Bruno reste très calme tandis qu’il monte son télescope devant 5 spectateurs attentifs - j’en suis ! - les mains dans les poches, qui y vont de leurs commentaires détachés. « Finalement, il n’est pas si gros ». « Bah, ça s’installe plutôt facilement en fait »…

 

La nuit a commencé. Le temps s’écoule maintenant différemment, ni plus vite, ni plus lentement, mais la faible luminosité en modifie la texture. Collimation rapide au laser. On affinera tout ça sur la polaire (évidemment je ne l’ai pas fait, quand il fait nuit noire c’est trop tard, je suis loin, j’observe… ;) ).

 

Dans le Dragon, cette première nuit, je suis un peu déçu par le trio NGC5981-82-85. Croquignol est difficile. Est-ce la fatigue, la qualité du ciel ? Il parait pourtant bon, et il y a une splendide Voie Lactée. La nuit suivante, ce trio sera superbe…Ca doit être la fatigue de début de nuit. Je trouverai un peu plus tard une paire de petites galaxies près de 5866 (brillante) et 5907 (moins brillante mais plus « spectaculaire » ;), toute de finesse avec un assombrissement longitudinal).

 

Le lendemain, ne trouvant pas cette paire sur le Pocket Sky Atlas, c’est l’Uranometria de Bruno (une ancienne édition, quasiment de l’époque de Camille Flammarion) qui me permet :

  1. De les identifier : 5905 et 5908
  2. De me rendre compte que j’étais de l’autre côté où je croyais être (le syndrome du dobson désinvolte, mais on se soigne avec force consultations de cartes et d’atlas). Il y a donc une autre galaxie par là, 5979, que je n’ai pas vue. Et tant d’autres dans ce Dragon. Une constellation à explorer encore et encore, un infini de galaxies.

On continue, 6705 6503, puis l’Oeil du Chat…La pupille qui apparaît au bout d’un moment, l’iris qui se précise, bouge, se structure dans la patiente observation. Je la montre à Takaya qui passe par là, elle refuse de regarder plus de quelques secondes, elle veut la trouver et la savourer dans son 150. Je comprends bien ça, moi qui me tiens prudemment à l’écart du 495 (mais pas trop quand même, l’Oeil du Chat dans le Luke, c’est puissant !).

 

Je quitte le Dragon pour le Cygne : La Méduse, fidèle à mon souvenir beauceron. La blinking. Je ne l’avais jamais vue. Den, atlas stellaire vivant, m’en indique le chemin. Blink ! La voilà. Très curieux. L’alternance de vision directe et décalée la fait littéralement pulser. Curieusement, il y a un coup à prendre pour faire naître cette pulsation sans déplacer son regard, juste en jouant sur l’attention de l’oeil ou sa mise au point, je ne sais pas. J’ai trouvé ça instinctivement. Elle clignote face à moi, pas en biais, pas même du coin de l’œil.

 

Sur cette première nuit, je suis resté focalisé sur ces deux constellations, avec une incursion dans la Sagittaire pour une vision extraordinaire de la Lagune avec le filtre OIII. Le plus bel objet de la soirée avec les Dentelles (sur les Dentelles, au 495, Takaya a tout dit, la nuit même et sur son CROA). La nébuleuse est étendue, il y a de la force dans l’image de ces gaz de matière explosée…Et l’obscure cavité centrale creusée dans le relief nébuleux.

 

Trifide paraît presque un peu chétive en comparaison.

 

T-Lyrae et Uranus, quelques tentatives, guidées par Den et Takaya. Je vois T-Lyrae (pointage par hasard, la connaissance du chemin se fera le lendemain, dans la douleur… :be:) et ne trouve pas Uranus. Ce ne sera que partie remise.

 

Dans la froideur de la nuit (d’été)

 

 

Progressivement, insensiblement, le froid arrive. la Voie Lactée resplendit. Mais à l'oculaire petit à petit, les images s'affaiblissent. Et à un moment, j'ai conscience que le vent est tombé. Avec une conséquence quasi instantanée, fatale pour la capacité des instruments à scruter le cosmos.

 

 

Soudain de nulle part,

Des étoiles et du ciel noir,

L'eau, sur les tuyaux...

 

Paradoxe amusant, seul le 150 de Takaya semble avoir échappé à l’attaque. Le secondaire du Sky est totalement embué. Je n’ai jamais vu ça. Le Luke aussi. Sans parler des jumelles et des instruments aux formules optiques complexes avec lames frontales. Ca la fait rire, Taka. Elle parle des « vieux de la vieille » avec leurs tuyaux inutilisables. Qui est vieux ici ? :mad:

 

Retour sur Terre. Il fait froid, sommeil et humide. Mais quelle nuit magnifique ! Même si cela devait être la seule de ce week-end, eh bien c’est déjà grand…

 

4 heures 30. Mars est levée, on a plié le matériel. L’ISS fait alors un passage pour nous narguer (je méprise ce tas de ferraille en orbite… :cool: ).

 

Les yeux pleins d’étoiles, nous rentrons dormir.

Posté

Très intéressant ton "concerto pour une nuit d'été".

Dire que certains étaient sous la couverture (nuageuse) de H-Savoie.

Merci jeff pour cette vision étoilée.

Dédé.

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Je roule sur une route étroite de campagne, en écoutant les sonates pour violoncelle seul de JS Bach
Casals? Bÿlsma?

 

On continue, 6705, l’Oeil du Chat…La pupille qui apparaît au bout d’un moment
6705 c'est l'amas qui fait coin coin, faut lire 6543 donc.

Ah, retenir c'est trucs à 4 chiffres, je préfère les petits noms moi, comme l'œil de chat.

Tiens au fait:

Dans le Dragon, cette première nuit, je suis un peu déçu par le trio NGC5981-82-85
alias "les Pieds Nickelés" comme j'ai su depuis le Lubeuhron.

 

Mais d'où vient donc cette étrange dénomination?

 

Et bien merci Jeff pour ce croa en toute douceur.

 

Patte.

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6705 c'est l'amas qui fait coin coin, faut lire 6543 donc.

Ah, retenir c'est trucs à 4 chiffres, je préfère les petits noms moi, comme l'œil de chat.

 

Je parlais en fait de 6503, la galaxie à proximité (j'ai ajouté par erreur 2 à un chiffre sur deux), et 6543 par son nom de scène...

Posté

Intermezzo

 

Un klaxon dans la nuit, suivi d’un cri jovial : « C’est le facteur ! ». J’ouvre les yeux, ce n’est plus la nuit depuis longtemps, il est 11 heures, l’heure d’un petit café astro…. « It’s been a hard day’s night, and I have slept like a lug…”

 

Il y a des nuages, du vent. Plus tard au cours de ce samedi, il y aura des passages pluvieux. Je crois même que Bruno devra ranger précipitamment son Luke dans la Kangoo. Le ciel fait douter, mais le doute est inhérent à l’astronomie et rien ne saurait altérer le souvenir heureux de la nuit passée, et le bonheur d’être à la campagne en compagnie de fêlés du ciel.

 

On discute. On consulte des cartes, des atlas…Le Burnham Celestial Handbook. Il y a même une carte de la Lune qui circule.:b:

 

L’après-midi s’écoule. Je m’offre une petite sieste tardive, pour découvrir ensuite un ciel qui, bien que tourmenté, est annonciateur de bonnes surprises pour la nuit. Il est dégagé au Sud Ouest, le vent pousse des masses de nuages sombres vers le Nord Est. Ces masses passent largement au Nord de Savigné, et le site est au Sud. Il y a aussi eu un bel arc en ciel en fin d’après-midi, ce qui est toujours bon signe.

 

Maintenant que nous connaissons le site, nous pouvons, par un obscur raisonnement astram, nous y rendre plus tard. Pas trop quand même, histoire de prendre son temps pour installer, prendre l’apéritif, dîner, observer la Lune et Vénus…Le bagne, je vous dis !

 

J’en ai déjà parlé ailleurs (dans un CROA a(u)stral il me semble). Un lieu d’où j’ai observé le ciel m’apparaît ensuite différent quand je le retrouve de jour. Connecté d’une certaine façon à l’univers, il a pris de l’ampleur. D’ici, j’ai vu la Lagune, Pégase,…Là au-dessus de cet horizon il y avait les Canards sauvages, et là, tout au-dessus, au zénith, M51…:rolleyes:

 

Les étoiles éclairent le lieu de leur pâle lueur rémanente.

 

La base d’ULM n’échappe pas à la règle. Sitôt arrivé, j’y installe le 320, au même endroit que la veille. Voilà Vénus, déjà repérée et observée depuis le jardin de Takaya, à l’œil nu, aux jumelles et à l’ED 80 de Tatien qui nous a rejoint depuis Paris avec Yuri (qui est lui, équipé d’un TDA flambant neuf). Point brillant à l’oeil nu, croissant à l’oculaire.

 

Et le croissant de Lune. Très belle image avec le nagler 31 (énergiquement nettoyé la veille par Den, sous mon regard un peu tendu). On l’observe avec Yuri. Je pousse les grossissements jusqu’à 365 fois avec le 3.5 mm. Impressionnant. Je me dis que je devrais observer la Lune de temps en temps depuis Paris. Mais pour cela, il faudrait que je monte le dobson sur le balcon. Pas simple…

 

Mais il est l’heure de l’apéro…;)

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Ca coule tout seul, et on y retourne, ça y est, je vois les p'tits jeunes sur leur couverture, le 495 là-bas, au fond, j'entends le sèche-cheveux de Den...

 

Tu es magicien, ou quoi ? :rolleyes:

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ma préférée: celle en Do mineur (la cinquième)

 

Excellente interprétation que celle de Anner Bylsma, mais je regrette quand même mon 33Trs (volé avec des autres et le tourne-disque) de Pablo Casals.

 

Vivement la sonate la suite post apéro.

 

(ah? c'est l'heure de l'apéro)

 

Tchin tchin!

 

Patte.

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La seconda notte.

 

Nuages, pluie et vent

Et voilà qu’ils laissent la place

Au ciel étoilé

 

On ne quitte pas la table avant la fin du repas, ça ne se fait pas…Oui mais là, la nuit devient tangible, les promesses du ciel se font réalité, j’ai envie de survoler à nouveau la surface lunaire, voir si l’albatros est encore là,…bref me voilà à l’oculaire…:rolleyes:

 

Cette Lune est douce, et l’image reste assez stable, même en grossissant. Douceur du fond des mers, reliefs ombrés des cratères, fines rainures… Ce n’est pas un paysage que je fréquente souvent, je devrais.

 

Je perçois des mouvements autour de moi. Il y a des allers-retours entre instruments et tablée. Yuri est aussi venu jeter un œil à la Lune, tandis que les étoiles commencent à surgir en nombre dans le ciel tourangeau. Il fait très doux, il n’y a pas de vent, et l’atmosphère semble nettement moins humide que la veille.

 

Je me souviens avoir pointé la comète (quel nom déjà ?), elle était du côté de M3 m’a-t-on dit. Je vais par là. Je tombe sur une sorte d’amas globulaire, mais ce n’est pas la configuration où on trouve M3 (le petit triangle), il y a une nuance de vert, et ce n’est pas un amas globulaire à bien y regarder. C’est donc elle, un peu « au-dessous » (ô, désinvolture) de M3. D’autres cherchent sur mes indications, ne trouvent pas, forcément elle est un peu au Nord Ouest. Pff… Par ici, par là...Le pointage dobson on le sent bien parfois, parfois non, mais pour ce qui est de le communiquer, c’est toujours un peu approximatif chez moi. Je m’en rendrai compte un peu plus tard, à la recherche de T Lyrae.

 

Bon, cette comète est assez étendue, pas très brillante, je ne discerne pas de queue… Peut-être un fin soupçon ? Non finalement. Je me méfie. J’ai vu NGC6207 dans le scope de Takaya là où elle n’était pas. Méfiance, méfiance… Tel Galilée croyant avoir découvert Neptune, il s’est méfié en fin de compte et a détruit son CROA.

 

Tout le monde est aux instruments maintenant. Tatien et sa ED80, Mariposa avec les jumelles 20X90 25X100 dans lesquelles je veux regarder, et que j’oublierai dans la nuit magique. Trop courte…Den et son télescope Louis XV, Duschnok et le Maktsymob 127, Fred au LX200, Takaya et le 150, et Bruno tout au fond (il a donné un point de vie différent de celui de la veille au Luke). Voilà, je viens de citer l’alignement dans l’ordre, de mémoire tandis que je tape ça à Paris, sous les nuages, un samedi de Pleine Lune (oui, la Pleine Lune c’est fait pour écrire des CROAs).

 

Durant toute la nuit, je vais entendre de temps en temps crier un nom de constellation, comprendre tardivement que c’est lorsqu’une étoile filante y est vue, et apprendre à la lecture du Takaya-CROA que cela avait été décidé lors du repas, sur proposition de Bruno. Où pouvais-je bien être à ce moment là ? :cool:

 

Cette nuit, le Dragon ne déçoit pas. Les Pieds Nickelés (ou Freak Brothers selon une dénomination concurrente) sont évidents. Je les admire à divers grossissements, mais oublie de chercher la quatrième, qui se trouve par là, paraît-il.

 

NGC5866 et NGC5907, mais aussi NGC5905 (petite, circulaire) et NGC5908 (forme allongée). Une jolie paire. J’en oublie d’aller voir 5879, de l’autre côté.

 

Il y a l’épisode de T-Lyrae. Je veux la voir, et je l’aurai…Den m’indique patiemment le cheminement. Je pédale dans la semoule avec mon point rouge et le 31. Je vais la voir plusieurs fois sur le 250 de Den, reviens sur mon bazar…Ai droit à quelques remarques peu amènes sur le Kwik point (« paies-toi un vrai chercheur") et sur mon vagabondage hasardeux entre Véga, Epsilon, Zéta …("Mais par où vas-tu ? Tu n'y es pas du tout!") De longues minutes. Menfin, elle devrait être là !

Et je finis par la trouver, la carbonée rouge sang… Qu’elle est sympa, point rouge dans le champ d’étoiles.

 

Maintenant je la tiens, et je la retrouverai plusieurs fois au cours de la nuit.

 

Voilà un élément de réponse à Yuri qui se demande comment on s’y retrouve là-haut parmi les étoiles. On ne s’y retrouve pas ! On cherche, on tâtonne…Et puis ça vient…Voilà.

 

Je pointe 6543 (Cat Eye), la Blinking, les Canards…Du côté d’Hercule, après avoir peiné pour montrer 6207 à Takaya, je vais chercher…attention… Dolidzé-Dzimseleljsvili 6 (c’est bon, j’ai toute les lettres, il manque peut-être des accents, des trëmas et autres…). Je trouve une petite chose qui correspond à la description de Sue French : Une pointe de flèche, et une queue courbée. L’étoile de la pointe est faible, on ne la voit pas immédiatement, ce qui ajoute à l’intrigue…

 

Je manque DoDz 1 (une nébuleuse planétaire distante), mais trouve deux galaxies un peu vers l’Ouest d’Eta : NGC6166, et NGC6158 (pour le coup, vraiment une pitite tache floue celle-là).

 

Petite pause café (Il est 2 heures ? Qui sait…) sous la Voie Lactée triomphante. Lorsque j’arrive près de la table, j’entends Bruno en train de finir une phrase « …et Jeff doit en être à son 150ème objet… ». Mais non, pas du tout, cela doit plutôt tourner autour de 15. La liste de ceux que j’oublie d’aller voir s’allonge et constituera des programmes futurs. :)

 

J’ai également oublié de regarder dans pas mal de tuyaux présents. Sauf quand même dans le respectable Luke, sorte de géant débonnaire trônant en bout de champ. Pour notamment le quintette de Stefan, observation narrée par ailleurs.

 

Merveille, le Sagittaire me fait signe. Ce qui sera une des plus belles vues de la nuit, la Lagune avec le filtre OIII. Puissance et volume. Un objet i m p r e s s i o n n a n t.

 

J’en oublie, je n’ai pas pris de notes, ni écrites, ni orales. Tout est de mémoire. Voilà qui facilite un tri sélectif lors du rapport, mais qui, c’est certain, n’est pas d’une rigueur scientifique et observationnelle à donner en exemple.

 

Je me souviens de la petite nébuleuse planétaire du côté de la cuillère à thé (teaspoon). Mais je n’ai pas vu la galaxie de Barnard. Je n’étais plus très sûr de l’endroit où chercher, ce qui ne pardonne pas avec cet objet élusif.

 

M6 (le Papillon) et M7 bien sûr.

 

J’allais omettre M31 : Très belle galaxie, avec ses deux acolytes et l’amorce d’un bras avec une zone sombre en avant-plan. Nagler a du concevoir son oculaire de 31mm de focale pour cette géante voisine.

 

Du côté du Verseau, après forces indications de Takaya, je chemine jusqu’à un petit disque vert, Uranus, presque visible à l’oeil nu, on croirait.

 

Il y a beaucoup d’étoiles filantes au cours de cette nuit. Et même, vers le Sud-Ouest, un magnifique bolide qui explose au-dessus de l’horizon et retombe en fragments parachute…Comme une fusée de feu d’artifice sans le bruit ni la couleur. Silencieux, monocolore et poétique.

 

La nuit progresse, elle va bientôt annoncer le matin. Mars est levée, ainsi que les Pleïades, le Taureau…

Posté

bon c 'etait des 25X100 les jumelles mais elles ne t'en voudront pas de les avoir "rajeunis". elles seront certainement toujours la pour une prochaine retrouvaille. moi aussi j aurais bien papilloné d'instruments en instruments mais je ne sais pourquoi j'avais l'oeil collé a l'oculaire de mon newton et il n'y a eu que l'appel du pti dej au lever du soleil qui y a fait quelque chose cette seconde nuit. au fait, ca va? j ai pas trop grommelé des jurons d'extases et/ou d'impatience....

Posté

C'est superbe Jeff!! et si bien raconté...on doit en revenir un peu paumé d'un séjour comme celui-ci....perso, je pense que je mettrais pas mal de temps à m'en remettre..j'aurais toujours l'esprit là -haut...:wub:

Posté

Ciel de matin calme

 

 

A un moment de la nuit, le Cygne me semble tellement haut, beau et net que je décide de tenter North America aux jumelles. Et je la trouve, avec le golfe du Mexique, l’isthme d’Amérique Centrale, la côte Est, et…le Pélican, en face. Ce Pélican est une première. Dire que je reconnais l’oiseau serait mentir, mais je distingue la nébulosité irrégulière face aux USA…

 

Autre belle cible dans le coin, au 320, les Dentelles, notamment le ruban central (il a un nom, il m’échappe, je vais le retrouver dans une doc : le triangle de Pickering). Je l’avais vu la veille dans le 495, alors que j’ignorais son existence, et maintenant je le trouve dans mon « petit » diamètre. Beaucoup plus faible que ses deux grandes sœurs, mais comparable en finesse et complexité.:rolleyes:

 

Mars la rouge

 

 

Mars, levée vers 2 heures, a pris de la hauteur sur l’horizon Sud Est. Disons-le clairement : Elle n’est pas bien grosse. Le Luke 495 se tourne maintenant vers elle, menaçant.

 

Petite file d’attente à l’oculaire. C’est joli. Un disque un peu orange - rouge…Pas de détails si ce n’est une formation en centre. Syrtis Major ? Je dis ça, parce que c’est seul nom de truc martien que je connaisse…

 

Bruno pose un filtre rouge, et du coup là Mars est vraiment rouge, et la formation centrale se distingue mieux. Et il y aurait une calotte polaire. Hé hé…Seulement personne ne la voit hormis le distingué propriétaire du Luke. Lui sait parler à son télescope. On scrute à plusieurs reprises. Le disque martien traverse encore et toujours le champ à l’oculaire. Et il y en des qui prétendent que le dobson ne permet pas l’observation planétaire…Que d’ignorance et de contrevérités en ce bas monde.:confused:

 

Mais pour ce qui est de la calotte, l’équipe reste dubitative

 

Une anecdote à ne pas ébruiter : Un peu plus tard, l’ISS sera attrapée et observée à la volée par Bruno, qui la verra rouge, ce qui est un scoop, et une preuve que la guerre froide est bel et bien définitivement enterrée. ;)

 

 

Coursier fringant

 

 

Vers l’Est qui s’allume

Mercure joue avec les nuages

Au-dessus des arbres

 

L’aube envoie ses premières lueurs précursives. Tout le monde a plié tout le matériel. La fraîcheur est supportable, on se sent un peu fatigué mais plutôt bien après cette splendide nuit. Petite séance photos souvenirs, orchestrée par Yuri qui a aussi plié son TDA.

 

Et puis quelqu’un parle de Mercure…Mercure ? Oui, elle-même, le messager des Dieux, patron des marchands et des voleurs (ces grecs antiques quand même, que n’allaient-ils pas supposer…). Une vérif dans un astro-mag ou assimilé. Elongation maximale en ce moment. On mate le Levant.

 

Je vais chercher mes jumelles et commence à scanner par là-bas, entre quelques nuages nonchalants…et toc, la voilà…Point brillant grossi 15 fois. On se met à la chercher à l’oeil nu. On la trouve, la perd, le retrouve…Elle monte tandis que le ciel s’éclaircit, passe dans des nuages, en ressort.

 

Il y a un tuyau qui est ressorti : Le maksutov de Duschnok. Un pointage va être tenté.

 

A l’armée, quand on est amené à manipuler une arme, on apprend qu’il faut, pour la sécurité, que l’arme ne soit pas chargée, ni armée, et que le canon soit dirigé vers le sol. Une seule de ces conditions suffit à écarter le risque d’un tir accidentel et fatal. Avec les 3 conditions simultanées, la sécurité est donc assurée au cube.

 

Pour la tentative de pointage matinal de Mercure, trois conditions d’échecs ont ainsi été réunies : Le pointeur point rouge n’était pas aligné, la lame frontale du tube était monstrueusement embuée et la cible était constamment perdue de vue…L’échec était donc garanti au cube, mais des essais ont quand même été tentés par Bruno, Duschnok, Takaya, Den…(et moi aussi, je crois bien).

 

Bon, on l’a quand même suivi un certain cet Hermes facétieux. La prochaine fois, il faudra ne plier qu’au tout dernier moment (en plein jour quoi !).

 

Cette fois-ci, la nuit rêvée des astrams est bien finie. Bruno tente bien une suggestion de petit-déjeuner sur place, mais le sommeil est maintenant majoritaire. Nous regagnons nos véhicules et repartons dans l’aube établie.

Posté

Il existe donc un pont de matière littéraire qui nous unit à notre Touraine voisine, il est bel et bien lisible!

 

Après une bonne semaine d'écoulée, le ciel de touraine est revivifiée par ton texte.

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Trois récits à la suite Jeff, je suis gâté. J'adore cette façon si simple de raconter, juste de mémoire et littérairement si agréable.

Pour Bach, jai la version Tortelier une merveille.

Posté

En lisant tes bouts de CROA je retourne 10 jours en arrière.

 

Je reprends les mots de GG, qui a déjà tout dit, et je ne saurais mieux l'exprimer :

 

Mais ce qui frappe, c'est que cette pudeur cache mal une sensibilité à fleur de peau, il faut l'avoir vu toute une nuit se fondre dans le noir à la recherche du Grand Voyage et se perdre, se perdre dans la nuit et s'y dissoudre. Cette sensibilité, lisez son CROA, traverse ses mots comme malgré lui. Quelque part il se retient, mais n'a pas envie de se retenir. Alors il donne, l'air de rien, un sourire des yeux et du coeur qui fait mouche!

 

....

 

EDIT : par contre, Fred a un C8, pas un LX200. Il y avait un LX, mais 50, vendredi soir.

Posté

Ow yeah ! En forme le Jeff ! Pas mal ce format en série de petits croas... (au jeu des 7 familles, je demande papa grenouille)

 

J'apprécie le surnom donné au scope de Den : modèle "Louis XV"... Faut dire qu'il le mérite bien :D. Et c'est vrai, comme le souligne mariposa , qu'il y avait tant à voir dans tous les scopes qu'on a tous eu des soirées différentes : on est probablement tous passés par les dentelles, mais chacun s'est fait un cheminement différent au milieu de tous ces objets, tous ces scopes : le ciel était en 3D ce soir là : ascension droite, déclinaison, et télescope. A nous tous on l'a le catalogue NGC :p

Posté
j'avais l'oeil collé a l'oculaire de mon newton et il n'y a eu que l'appel du pti dej au lever du soleil qui y a fait quelque chose cette seconde nuit. au fait, ca va? j ai pas trop grommelé des jurons d'extases et/ou d'impatience....

 

J'ai rien entendu. Le son ne se propage pas dans l'espace interstellaire...(Ah, pourtant j'entendais régulièrement des noms de constellation hurlés de je ne sais où). :be:

 

 

on doit en revenir un peu paumé d'un séjour comme celui-ci...

 

Irréversible...Chaque expostion stellaire aggrave le cas. De toutes façons le ciel est une drogue à accoutumance immédiate (comme la substance du bouquin de Dick, en attendant l'année dernière, ou alors le chocolat :cool: ). Mais non léthale. :be:

 

Pour Bach, jai la version Tortelier, une merveille

 

Ah oui, moi aussi. Les suites 1, 4 et 5 (la préférée de Patte). Mais je ne connais pas la version Casals. :confused:

 

EDIT : par contre, Fred a un C8, pas un LX200. Il y avait un LX, mais 50, vendredi soir.

 

Ah ! Je me disais bien qu'il devait y avoir quelques erreurs dans ma citation de memoire. Surtout que j'ai souvent confondu les Meade et les Celestron...:(

Posté
Et c'est vrai, comme le souligne mariposa , qu'il y avait tant à voir dans tous les scopes qu'on a tous eu des soirées différentes : on est probablement tous passés par les dentelles, mais chacun s'est fait un cheminement différent au milieu de tous ces objets, tous ces scopes : le ciel était en 3D ce soir là : ascension droite, déclinaison, et télescope. A nous tous on l'a le catalogue NGC :p

 

oui, mais on a tous été synchro, dans le meme sens que les scopes ils etaient tournés a peu pres. les dentelles devaient etre bien au zenith donc c'etait le tas de sable, le passage obligé!!

Posté

Pas pour le mak, privé qu'il était de zénith par sa monture... Faudra que je me bricole un système "ight" de contrepoids, parce que c'est triste 60° de hauteur maximum...

 

C'est vrai qu'avec Takaya à un moment on faisait un peu la course. "Tiens, me ferais bien M52 moué ! - Ah ben je viens juste de m'y mettre ! - Preums ! - Oh, le joli M 76 ! A moi, A moi !!! :p

Posté

C'était marrant tiens, de se retrouver sur les mêmes amas sans s'être concertés. C'est arrivé avec Bruno aussi.

 

Les grands esprits... :hm:

Posté

... se rencontrent, tout à fait :cool:

 

Superbe Croa en épisodes (;)), c' est extra (tout à fait d' ac avec Takaya et Gégé pour ce coup)

Heureuse de constater que vous ayez eu du beau temps... pourquoi la Touraine est elle si loin de moi ...

 

a+ les amis

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