a Watched Kettle never boils

En ce moment les prévisions météo ne sont réellement valables que pour le temps de la veille...

Vendredi soir, fenêtre annoncée de cieux cléments entre 18h et 23h, après c'est censé se gâter. Echanges divers sur le forum, qui peut, qui peut pas.

A 19h, le C11 est en batterie dans la clairière de Tauxigny, le programme d'observation est écrit et dans la tête: Baleine, Pégase, Andromède, Taureau. Orion ce sera pour plus tard, puisque la fenêtre se referme à 23h. Pendant deux heures, passage nuageux, voiles bas qui vont et qui viennent, voile haut qui joue à cache cache, l'impatience gagne, le dépit aussi, puis un soupçon d'incompréhension: MétéoBlue, Pleinchamp, Météo-mon-amie, I-like-météo, ils étaient tous d'accord, la fenêtre ne se refermait qu'à 23h...

A 22h, c'est fini, on abandonne le terrain, on rentre à la Sat pour la réunion prévue. Vingt minutes plus tard, branle-bas de combat. Il pleut!!!! Pas un site n'annonçait de la pluie. On rentre le Dob, je replie le C11 dans le coffre en catastrophe. 23h30, fin de la réunion on sort rejoindre les voitures, et là, un ciel d'enfer, noir, profond, une voie lactée comme jamais, M31 à l'oeil nu. Je ressors le tube, re-mise en station à minuit...

Et là deux heures d'observation comme jamais depuis des mois. Un ciel comme les bons soirs à Rillé. On se croirait en montagne malgré les 70 mètres d'altitude de Tauxigny...

Pierre-Jean, Philippe et Jean-Michel viennent jeter un oeil pendant les pauses que leur accordent les poses multiples de leurs prises de vue au 400 de la coupole Ouest.

Tout défile devant mes yeux incrédules.

M33 avec les bras parfaitement visibles, avec leur forme, des variations de luminosité, et la nébulosité NGC 604 au bout d'un bras, comme sur une photo. Je ne l'ai jamais vu ainsi, elle occupe les trois quarts du champ (oculaire de 24mm, 82°, x116, champ apparent 42').

M31, avec M32 comme jamais, détaillée, avec un centre bien marquée et une périphérie fine et comme transparente,

NGC 891, qui transperce le champ de l'oculaire, un renflement dessiné et la bande d'absorption parfaitement visible,

Et évidemment M42 comme jamais, trop brillante, trop grande, trop violente.

M42 est un diable qui nous menace avec son oeil en forme de trapèze ...

Filtre UHC, et Philippe qui met l'oeil à l'oculaire et qui en découvrant une nébuleuse qu'il a sans doute déjà eu quelques occasions:) de voir... pousse un "Oh la vache" sonore au milieu de la clairière...

Le programme prévu vole en éclat pour faire place au simple plaisir de la déambulation dans les allées d'un musée resté si longtemps fermé et qui enfin rouvre au public.

Le plaisir de retrouver enfin mes compagnes favorites du ciel d'hiver M81 et 82, cette dernière détaillée, granuleuse à souhait, magnifique.

Et bien sur Jupiter, avec la tache rouge sortie après minuit, bien découpée, fine, avec comme un trait de rimmel qui souligne sa pâleur.

Et puis soudain en un instant le ciel se couvre vers 2h.

Retour à Tours à 3h, avec enfin quelques images en mémoire...

Alors pour demain, à qui faut-il se fier...?

Car demain est un grand jour: nous accueillons trois stagiaires venus passés leur deuxième étoile, dont l'un accouru de Strasbourg. Nous ne pouvons imaginer que le ciel de Touraine nous trahisse. Toute l'après-midi, la théorie défile, sphère armillaire, formules optiques, grossissement et enfin élaboration d'un programme d'observation pour la soirée...

On y croit encore, les heures passent, à chaque instant quelqu'un sort et revient effondré.

La trahison est bien là. Iago remplace Véga et le jardin de la France sera bien arrosé.

Et soudain à minuit le miracle. Le ciel se dégage d'un souffle et le spectacle était prêt derrière le rideau.

Le nouveau Dobson du club est sorti, mon C11 fait son retour et le ciel défile devant les yeux des stagiaires. Nous sommes comme au manège, enchainant les tours de piste, un objet en appelant un autre, alternant les nébuleuses et les amas, les plus évidents devenant magiques lorsqu'ils sont vus pour la première fois. Nous avons l'impression de redécouvrir le ciel avec les yeux de nos stagiaires, M76, si délicat écho de la belle de l'été, M78 si subtil flocon, les joyaux de Pégase, M33 encore, aussi évidente que la veille, et Orion, la Grande Ourse, M51, Cassiopée, tout y passe, dans les roues débridées du C11, quand le Dobson a mis les pouces depuis longtemps vaincu par l'humidité.

Et enfin, Alkaïd émerge de derrière les coupoles de l'Observatoire:

Un peu niaiseux, j'avais posé le C11 dans la clairière au seul endroit d'où l'on ne voit pas la queue de la Grande Ourse...A chaque instant depuis deux heures nous jetons un oeil, mais que le ciel tourne lentement quand une étoile est cachée derrière un toit.

Pourtant, à deux pas d'Alkaid, à mi chemin de M51 se cache un objet qu'il faut peut-être voir ce soir ou jamais... Stellarium donne les coordonnées de P/2012-K5 que je rentre dans la raquette de l'EQ6. Quelques secondes de rotation et la comète est exactement au milieu de l'oculaire de 24 mm, grossissement x117, champ apparent 42'.

Une tache bien distincte qui part en panache très évasé vers le Nord.

Les limites sont très floues, dimension estimée de la queue 8 à 10' maximum.

La tache centrale autour de 2 à 3'.

Difficile d'estimer la magnitude. Je ne suis pas un spécialiste, et il n'y a pas d'étoiles équivalentes dans le champ. Je n'ai pas fait de croquis car nous sommes six à défiler à l'oculaire, dont trois astronomes en devenir qui en guise de baptême ont vu leur première comète...!

Vaincus par la fatigue, l'humidité, le froid, chacun rend les armes peu à peu et nous restons à deux dans la clairière. Pensez donc! il y a un satellite qui se rapproche de Jupiter. il arrive de la gauche, il va passer devant, non, l'image est inversée, il va passer derrière, peu importe il suffit d'attendre pour savoir,...d'attendre... d'attendre...

Nous jetons l'un après l'autre un oeil à l'oculaire, il n'avance pas, il n'avance plus, nous avons parfois même l'impression qu'il recule ce damné satellite.

Et je repense au vieux proverbe anglais: " a Watched kettel never boils".

La solution est là, parler d'autre chose, faire semblant de ne plus attendre, et ça marche!

Io commence à mordre sur le disque de Jupiter, et là; nous sommes formels et enfin d'accord, Arpège et moi, le disque est entier, il passe devant peu à peu,... avant de se cacher derrière. L'illusion était parfaite, notre cerveau a complété le disque en train de disparaitre, jusqu'à ce qu'il soit complètement invisible.

Et là le temps de lever les yeux et le ciel s'est couvert, comme si lui aussi attendait que la bouilloire siffle pour se voiler de brouillards.

Dans la clairière le thermomètre indique -2°, il faut tout de même être un peu fou...

Salut Jean-Louis,

La leçon à tirer, c'est que la patience paie!

Merci pour ce joli CROA bien agréable à lire.

l'idée de lever de rideau témoigne bien de ces changements imprévisibles de météo: on poirote, s'impatiente, trépigne puis, alors que l'on attendait plus rien, soudain tout est magnifique !

Je confirme ces illusions optiques surprenantes qu'offrent Jupiter et ses satellites lorsque ces derniers semblent s'approcher et toucher les bords de la géante.

Merci pour ton long et beau CROA dans notre campagne tourangelle.

Ahhhh quelle volage cette météo...

M'enfin ça donne encore plus de gout a toutes ces beautés célestes, merci pour ce voyage, avec la comète en bonus

Salut JLD

23h30, fin de la réunion on sort rejoindre les voitures, et là, un ciel d'enfer, noir, profond, une voie lactée comme jamais, M31 à l'oeil nu.

C'est une chose que j'ai souvent remarqué après une bonne pluie, le ciel est souvent très stable et bien transparent

Alors pour demain, à qui faut-il se fier...?

A son instinct

Pourtant, à deux pas d'Alkaid, à mi chemin de M51 se cache un objet qu'il faut peut-être voir ce soir ou jamais... Stellarium donne les coordonnées de P/2012-K5 que je rentre dans la raquette de l'EQ6. Quelques secondes de rotation et la comète est exactement au milieu de l'oculaire de 24 mm, grossissement x117, champ apparent 42'.

Une tache bien distincte qui part en panache très évasé vers le Nord.

Les limites sont très floues, dimension estimée de la queue 8 à 10' maximum.

La tache centrale autour de 2 à 3'.

Interessant tout ça

As-tu une carte de sa trajectoire ?

Difficile d'estimer la magnitude. Je ne suis pas un spécialiste, et il n'y a pas d'étoiles équivalentes dans le champ. Je n'ai pas fait de croquis car nous sommes six à défiler à l'oculaire

Dommage pour le croquis

Dans la clairière le thermomètre indique -2°, il faut tout de même être un peu fou...

Juste un peu passionné

Merci pour ce compte-rendu plein d'enthousiasme et bien rédigé

PS :

a Watched Kettle never boils

Peut-on avoir la traduction de ton titre ?

Aahh c'est terrible, mené tambour battant, des images que je vois défiler (les bras d'M33...), et l'envie de pousser Alkaïd et ce satané satellite avec vous !

Ce titre est vraiment excellent...

Je n'ai pas encore osé retourner voir le diable d'M42... je vais essayer d'en rester à ma vision de Création, hein...

Très très bon moment JL, merci.

Ln

Interessant tout ça

As-tu une carte de sa trajectoire ?

Tu la trouveras sur ce post:

http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=101244

Dommage pour le croquis

Il arrive....

 

QUOTE=Dédé de St Fé;1526944]:

Peut-on avoir la traduction de ton titre ?

Une bouilloire que l'on regarde ne bout jamais...

Merci, merci et encore merci pour tout

Bon, y'a plus qu'à attendre ton croquis

Merci, merci et encore merci pour tout

 

Bon, y'a plus qu'à attendre ton croquis

C'est fait, observation d'hier soir, en rubrique dessin...

JL

Chuc mot ngay moi vui ve hanh phuc

Hay cung nhau dong gop nhung bai viet that hay cho dien dan nay.

Cam on tat ca.

je dirais même plus: nbui coï tï hian sfoytt fui g han fui su di dien buik ! ....mais il y contribue

je dirais même plus: nbui coï tï hian sfoytt fui g han fui su di dien buik ! ....mais il y contribue

Te casses pas, il va être désintégré par la modération

:xtire5:

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