divers Plateau de l'Arselle

Après un automne de disette, une vague éclaircie se manifeste la semaine dernière au-dessus de Grenoble. Alors, je vous fais un CROA express avec les résultats d'astrophoto.

Donc, ça s'améliore au-dessus de la mer de nuage. Et de façon imprévue, un créneau se dégage dans mon emploi du temps de soirée le jeudi (28/11). Je quitte le boulot plutôt que d'habitude. À la maison, rien n'est prêt. Je charge les batteries pendant que je réunis le matériel avec la liste de contrôle. Je récupère la liste des cibles du mois précédent. Casse-croûte, tisane, vêtements chauds. Dernier coup d'oeil aux webcams de montagne: sur une (et une seule), il y a des nuages . Je tente quand même. Sur la route à 18h15, direction Chamrousse.

Vers 1000 m, je rentre dans la couche de nuage. J'arrive au parking de Casserousse (1400 m), sous la station. Non seulement, je ne suis pas complètement sorti de la mer de nuages, mais il y a aussi des nuages au-dessus et d'autres accrochés aux flancs de montagne. Par contre, ça scintille entre les nuages. Vu que je suis là, je ne vais pas redescendre. Je monte au moins faire une reconnaissance pour de futures séances. Je tourne un peu dans la station avant d'aller au départ des pistes de ski de fond, au plateau de l'Arselle (1620 m).

Première surprise au plateau de l'Arselle, les lampadaires que j'ai vu sur Google Street View sont éteints. Par contre, il y a un projecteur qui éclaire la façade du foyer de ski de fond. Même s'il est dirigé vers le bas, les réflexions sur la façade et sur la neige au sol renvoient pas mal de lumière. Je me balade un bon moment à pied sur le site d'un côté et de l'autre pour voir où je pourrais m'installer. Et toujours ces satanés nuages qui traînent au-dessus. J'hésite. Puis j'ai le casse-croûte, alors je décide de tenter le coup.

19h40, installation. Je déplace la voiture dans un coin sombre. Je décharge. Je monte. Mise en station un peu à l'arrache (monture EQ-2). Il faut dire qu'il fait bien froid. J'ai amené ma station météo mais sans la sonde externe. Je pose la station sur le toit de la voiture. Assez rapidement, la station affiche LLL (low?). En tout cas, pour la mise en station, un calcul à postériori indique une erreur de 40'. Médiocre.

Ensuite, je pars à la recherche d'un repère pour me caler en AD. D'après ma liste de cible, c'est Véga. Mais je ne trouve pas. Je suis vraiment mauvais en repérage dans le ciel . Après recherche dans Astromist, Véga est presque couché, ainsi que les Dentelles... Je prends les Pléiades que je n'ai pas de problème à voir, comme repère. Le temps d'ajuster la vitesse d'entrainement, la première série démarre à 20h35. Ça a l'air d'être bon pour les nuages.

Retour dans la voiture pour manger. Je ramène aussi la station météo à l'intérieur. L'affichage reprend du service vers -5°C.

Je vais essayer de vous mettre les images dans la soirée.

Vivement les images , la dernière sortie que j'ai effectuée (sans neige mais avec du givre) j'avais oublié mes gants; à la fin de la séance impossible de déloger le tuyau du rockerbox tant le givre était épais sur le tube... Ceci étant le primaire était bien resté sans buée.

Premier objectif, Andromède qui approximativement au zénith.

Je commence par une série à 50 mm.

Olympus E-620. F=50 mm. F/D=2,0. t=28 x 60 s. ISO 800. Traitement Iris.

Crop à 100%.

Pleine résolution (3 Mo).

En cherchant bien, vous pouvez trouver NGC 147 et NGC 185.

Cela me rappelle quand je suis monté au Soulor: c'est dans les derniers mètres que le ciel s'est dévoilé

Question équipement, en haut, pull, veste polaire et veste de ski, et, en bas, jean et pantalon de ski. Aux pieds, tennis alors que j'avais les chaussures de montagne dans le coffre:D. Le givre se déposait aussi. Aux mains, j'avais des gants de ski pas très efficaces en général. Souvent, je les enlevais pour les manipulations, y compris pour tourner la monture. À la fin, les mains collaient un peu au métal de la monture .

Ensuite, je reste sur Andromède mais je passe au télé de 135 mm. J'ai fait deux séries à deux ouvertures différentes.

Olympus E-620. F=135 mm. F/D=2,8. t=17 x 60 s. ISO 800. Traitement Iris.

Crop à 100 %.

Pleine résolution (4,4 Mo).

Ensuite, je ferme d'un cran.

Olympus E-620. F=135 mm. F/D=4,0. t=15 x 60 s. ISO 800. Traitement Iris.

Crop à 100%.

Pleine résolution (4,5 Mo).

J'ai pas mal bataillé avec le chromatisme que j'ai essayé d'éliminer avec Gimp en utilisant des masques de sélection.

Avec le 50 mm, en sortie d'Iris, ça donne:

On a des halos bleus sur les étoiles bien lumineuses (dus aux UV?). C'est facile à éliminer.

Avec le 135 mm (f/d=2,8), c'est plutôt:

On a toujours des halos bleus par endroit mais on a en plus des anneaux orange, rose ou violet. J'ai eu plus de mal à tous les enlever sans supprimer toutes les couleurs de la photo...

Le pire, c'est qu'en diaphragment, ça n'améliore pas beaucoup (f/d=4,0):

Le 135 mm, c'est de l'optique OM ancienne des années 80 alors que le 50 mm date des années 2000. Les objectifs photos ont quand même bien progressés. Je crois que la prochaine fois, je vais tenter une comparaison du 135 mm avec le télézoom 40-150 livré avec le boitier. Même si ce dernier n'ouvre qu'à f/d=5,6, il est peut-être meilleur.

Bravo. A la fois pour le courage de braver des températures franchement négatives et pour les images que tu nous ramènes, avec un bonus pour M31 au 135 mm, qui redonne des couleurs aux images en grand champ !

Enfin, la suite des aventures. Donc, après Andromède, je me dis que j'irais bien sur Orion qui est levé depuis un moment dans une direction bien sombre du ciel. Ce n'était pas dans ma liste initiale de cible alors je vais chercher les coordonnées dans Astromist. Néanmoins, j'aurais pu faire mieux question cadrage et ne pas mettre la Flamme complètement sur le bord. Au passage, je fais aussi une petite erreur tactique. À la fin de la séquence précédente, j'ai remis le capuchon d'objectif qui était posé sur un couvercle plastique au raz du sol avec du givre. Pour le cadrage d'Orion, je mets le capuchon dans la poche. Puis je remets le capuchon sur l'objectif pour quelques darks en début de série. Quand j'enlève le capuchon, il y a de la buée sur l'objectif . Dans la poche, le givre a fondu mais est resté sous forme d'eau. Ensuite, c'est allé condenser sur la lentille avant. Je me précipite dans la voiture où je trouve une carte Michelin que je transforme en éventail jusqu'à ce que la buée disparaisse. Heureusement, ça n'avait pas givré sur l'objectif.

Donc, pour Orion, même si je n'ai pas fait de grosses séries, j'étais optimiste car on voyait déjà les teintes rosées sur les jpgs directs du boitier. Néanmoins, avec mes problèmes d'anneaux colorés, le post-traitement a été difficile.

Olympus E-620. F=135 mm. F/D=2,8. t=15 x 60 s. ISO 800. Traitement Iris.

Pleine résolution (3,2 Mo).

Je n'ai même pas cherché à éliminer les halos colorés sur cette image.

Ensuite, j'ai fermé d'un cran.

Olympus E-620. F=135 mm. F/D=4,0. t=6 x 60 s. ISO 800. Traitement Iris. Gimp.

Crop à 100% .

Pleine résolution (2,9 Mo).

J'ai beaucoup travaillé avec The Gimp pour éliminer les halos colorés mais j'ai un peu échoué sur les oranges.

Pour terminer, j'ai visé en grand angle le zénith avec la Voie Lactée discernable à l’œil nu.

Olympus E-620. F=12 mm. F/D=2,8. t=8 x 60 s. ISO 800. Traitement Iris.

Pleine résolution (5 Mo).

Quelques difficultés pour retirer la pollution lumineuse. Je vous laisse compter les étoiles.

Version illustrée par astrometry.net:

Pleine résolution (6,2 Mo).

Il est temps de plier. La conclusion sur le site, c'est que ce n'est quand même pas top pour la pollution lumineuse (220 ADU pour 1 mn à f/2.0). De mon point de vue, ce sont surtout les lumières de la station plus que celles de Grenoble qui sont gênantes. Les premiers éclairages sont à 500 m au nord et et au-dessus du site. Même le sud qui paraît bien noir à l’œil présente une pollution importante en photo. Par rapports aux autres sites que j'ai fréquentés en hiver, aux conditions météo près, c'est pire pour la rue la plus haute dans Chamrousse (300 ADU). C'est à peine meilleurs à Casserousse (205 ADU) et au parking de Pipay/Sept Laux (185 ADU). En site un peu meilleur, il y a le Col de Malissol vers la Mure (160 ADU). Enfin, les meilleurs, foyer du Barioz (92 ADU) et Col du Lautaret (100 ADU avec une moitié de lune). Il n'empêche qu'avec la mer de nuage à 1500 m, seuls Pipay et le Lautaret auraient été en dehors.

Donc, ensuite retour. Au démarrage, il fait -4°C dans la voiture. Je n'ai pas trop osé faire tourner le moteur à l'arrêt car j'étais sur la réserve depuis le départ et j'avais peur de tomber en panne d'essence. Je roule très calmement sur la route qui remonte jusqu'à l'axe principal. Enfin, je passe le point haut et je peux me laisser rouler plus sereinement jusqu'à Grenoble. La mer de nuages a disparu et laisse place à une brume diffuse sous 1000 m d'altitude.

Bravo pour les photos et ton récit, j'aime bien celle grand champ centrée sur Persée.

Pour l'humidité, tous les coins ne sont pas égaux. Je suis allé sur le plateau des Petites Roches le 3/12 et je peux te dire que l'humidité était complétement absente même au retour sur la voiture (contrairement dans la vallée ), par contre neige gelée au sol et -5° de température.

Pour les capuchons, je les place toujours dans une boite dans mon sac à dos, point de givre car à température ambiante de l'air et jamais dans les poches...

Je me suis fais la même frayeur en montant une fois à Saint-honoré 1500, au dessus de La Mure, question réservoir d'essence, avant d’atteindre l'ex-station, il me restait 1/8 de la réserve Je continu ou je fais demi-tour ? Finalement ça a tenu pour l'ensemble du trajet, je conduit mollo moi aussi,. Par ailleurs point d'humidité là-bas contrairement à Chamrousse ou au Sappey Bonne continuation.

aoki38, merci pour tes commentaires.

Je n'avais pas pensé à Saint-Honoré 1500 comme site. Il n'y a pas d'éclairage public sur le site? Quand on voit que le Col de Malissol, à seulement 1150 m et quelques kilomètres au sud, est pas mal, ça peut être intéressant. Je pensais aussi aller prospecter vers le Col du Fau, au terminus de l'autoroute. L'idée, c'est que vers le sud, l'humidité baisse et on laisse la grande ville au nord.

Bonjour.

CROA et images très sympathiques.

Pour Orion j'arrive à voir NGC 2024 (la Flamme) et je devine même B 33 (le Canasson).

Bravo et quel courage !

aoki38, merci pour tes commentaires.

 

Je n'avais pas pensé à Saint-Honoré 1500 comme site. Il n'y a pas d'éclairage public sur le site? Quand on voit que le Col de Malissol, à seulement 1150 m et quelques kilomètres au sud, est pas mal, ça peut être intéressant. Je pensais aussi aller prospecter vers le Col du Fau, au terminus de l'autoroute. L'idée, c'est que vers le sud, l'humidité baisse et on laisse la grande ville au nord.

Il y a un seul lampadaire orange (éclairé en été la dernière fois que j'y suis allé), mais comme le parking est circulaire et fais le tour d'un bosquet de sapins, il est facile de le dissimuler; en plus la vue au sud est excellente voir exceptionnelle (ce qui change de la Chartreuse), seule La Mure fais un tout petit halo pas bien génant. Le parking est goudronné donc il est possible d'y poser un Dobson sans problème .

Par contre du fait de l'éloignement du site et de l'état des constructions environnantes (abandonnées ?), solitude garantie penser prévoir de la nourriture et des vêtements chauds car une fois là haut l'isolement est réel.

Pour la Flamme, on la voit sans problème mais j'aurais pu décaler le cadrage pour qu'elle soit plus dans le champ. Ça n'aurait pas nuis à la nébuleuse principale. Pour le canasson, en l'absence de défiltrage, on devine effectivement la bande rouge où elle se trouve et on peut imaginer que la zone noire au centre, c'est le bourrin.

Pour Saint Honoré, je n'y suis allé qu'une fois de jour en 2008 pour faire du ski de rando. C'est un classique (Le Thabor) grenoblois.