...a fait un beau voyage.

Pour ceux qui ont trouvé le récit de mon voyage en Namibie trop court, voici un petit supplément. Pour ceux qui ont raté le début (honte à eux), c'est ici :

http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=113770

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le télescope c'est ici: http://namibmikado.eklablog.com/accueil-c24840604.

J’y ai appris que la girafe a le cœur le plus puissant des mammifères terrestres pour irriguer sa tête, perchée tout là-haut. Mais elle est conçue pour avoir la tête en haut. Pour boire elle doit baisser la tête et risque le voile rouge comme un pilote de chasse...et la mort. Pour limiter l’afflux de sang dans sa tête, elle est obligée d’abaisser son cœur en adoptant la posture que l’on voit sur la photo suivante et ainsi limiter la pression sanguine dans la tête. Ca en fait l’animal le plus craintif au moment de boire car elle est alors très vulnérable. En effet, elle ne peut boire que quelques gorgées, doit relever la tête fréquemment et reste étourdie pendant quelques secondes à chaque fois.

Le républicain social n’est pas plus gros qu’un moineau.

Mais il construit des nids de brindilles, pouvant peser jusqu’à 4 tonnes (j’ai pas pesé personnellement). Il arrive que certains nids rompent la branche d’arbre qui les supporte ! En fait, une colonie entière construit un tel nid et sur plusieurs générations.

Au sortir d’un safari et d’une traversée de désert, il est déroutant de buter sur l’atlantique, de trouver une fraîcheur et un brouillard dignes de la Bretagne, d’y manger des huîtres produites localement et enfin d’y trouver une colonie de phoques de plusieurs dizaines de milliers d’individus ainsi que des flamands roses.

Le flamand rose a des fanons dans son bec comme une baleine, qui lui permettent de filtrer l’eau. Il fait ça avec le bec à l’envers comme sur la photo.

La DDE namibienne a tout un bestiaire en panneaux de signalisation propre au pays. Celui-là impressionne toujours un peu.

Et pour cause.

On voit partout des mères avec leurs petits, ce qui est bien rare dans un zoo. On y découvre que les éléphantes on deux mamelles entre les pattes avant comme les humains et beaucoup de mammifères marins. Que le rhinocéros est très gêné par sa corne pour la tétée. Il s’allonge sur le flanc, glisse sa corne entre les pattes arrière de sa mère et tète de côté !

Il y a aussi plusieurs sites dignes d’intérêt concernant l’art pariétal, comme la White Lady tout juste visible sur cette photo sous les deux oryx.

L’adaptation de la végétation et des animaux à la sécheresse m’a aussi stupéfait. Nous sommes arrivés dans un pays où il n’a pas plu depuis 2 ans. (Ils ont raté une saison des pluies). Un guide pourtant jeune, 25 ans, a répondu à ma question : «quelle est la plus longue période sans pluie que vous avez connue ? » par « 4 ans ». Certains animaux comme l’oryx mais aussi plus étonnant, le léopard, peuvent se passer tout simplement de boire et se contenter du peu d’eau contenue dans leur alimentation. Nous avons aussi croisé une bête plante rampante du désert à deux feuilles, qui mérite pourtant notre respect pour être notre aînée …de quelques milliers d’années !

Du ciel austral, comme de la construction amateur de télescopes, j’ai tout appris à l’occasion de ce voyage.

Le monstre Omega Centauri saute aux yeux quand on lève la tête, même en plein centre-ville de la capitale Windhoek ! Au télescope, c’est pas du tout granuleux comme M13. Il ne nécessite aucune vision décalée. C’est de la poudre de fée haute résolution, assez homogène. Ce qui m’a le plus séduit avec cet amas, c’est la sensation de pénétrer dedans en changeant d’oculaire. On a beau grossir, ça reste résolu !

Plus attirant encore à mon goût, NGC104. C’est aussi plus gros, plus riche et plus résolu que M13 mais l’amas a une structure moins homogène que Omega, qui le rend plus intéressant à observer : quel noyau mais quel noyau ! En augmentant le grossissement, on plonge littéralement dans le noyau qui reste résolu. Magique ! Un voyage au cœur d’un amas !

A l’œil nu, la zone entre le scorpion et le sagittaire est une merveille absolue. Des zones brillantes, tellement riches en étoiles qu’on a l’impression d’être à portée de vaisseau spatial d’une immense nébuleuse. Le tout, parcouru de nébuleuses obscures d’un noir d’encre, si noires qu’on comprend alors que le ciel partout autour de la voie lactée est simplement bleu marine. La voie lactée zèbre le ciel de part en part jusqu’à l’horizon et on se sent alors comme un voyageur intersidéral qui pénètre une grosse galaxie spirale par la tranche et regarde par le hublot : un fuseau d’étoiles denses qui s’étale et devient de plus en plus résolu en s’approchant, avec le bulbe dans la région du Sagittaire, le tout fendu par une bande d’absorption. Les 5 premières soirées sans lune, sans mentir, nous sommes restés à admirer ce spectacle à l’œil nu, presque une heure durant à chaque fois et sans même se soucier du télescope neuf, tout monté et qui nous attendait ! Revenu les pieds sur terre et par une nuit sans lune, l’air est tellement sec et limpide qu’on marche au clair de voie lactée : incroyable !

Heureusement que le ciel avait cette qualité car l’hémisphère austral possède des constellations tout juste détectables à l’œil : la première fois, aller dénicher la galaxie du sculpteur sans GoTo est un challenge. Ensuite l’étonnement vient du fait que tous les objets du best off austral sont visibles à l’œil nu, à peu près comme M31 chez nous !

A cette saison, l’hiver austral, et à la latitude de la Namibie il faut se lever vers 2 heures du matin pour voir ce lever le petit nuage de Magellan, suivi par le grand environ une heure plus tard. Ils seront visibles jusqu’à l’aube vers 5h du matin. Le petit nuage est un amuse-gueule en attendant la venue de son grand frère. Quelques nébuleuses y sont visibles au télescope; mais sans conteste, la merveille des merveilles du ciel austral est le grand nuage de Magellan. On peut sans doute passer des nuits entières, sans se lasser, à le disséquer. Ca fait partie des rares galaxies dont des détails sont réellement à la portée de simples télescopes d’amateur : des étoiles d’abord puis de nombreuses nébuleuses. Joyaux ultime de ces nébuleuses, la Tarentule. C’est une zone plus lumineuse, en bordure du nuage, qui ce décèle déjà à l’œil nu. On peut aisément avec un 300mm détailler sa structure, et certainement même avec un plus petit diamètre. C’est-à-dire voir des détails dans un objet extragalactique! On y trouve amas ouverts, un enchevêtrement complexe de filaments qui apparaissent en vision directe et sans filtre, le tout agrémenté de nébuleuses obscures. L’ajout du filtre HII ou OIII permet de se rendre compte que la zone de gaz est très étendue autour du cœur, si riche en détails. La vision avec le panotic 27mm sur le T355 F/D5 et sans filtre est simplement féérique, car l’amas et la nébuleuse sont visibles ensembles à grand champs, avec beaucoup de détails en vision direct. Un voyage à 160 000 années lumières, dans un ensemble bien plus riche en détails accessibles à l’amateur que la célèbre M42, pourtant 100 fois plus proche de nous! Ca laisse imaginer le spectacle pour les astrams qui habitent le nuage de Magellan !

La Namibie est un pays séduisant et étonnant, pour qui cherche le dépaysement africain sans les tracas malheureusement propres à la plupart de l’Afrique. Le pays est indépendant depuis 1990 seulement, mais la région de Walvis Bay n’a été rendue par l’Afrique du Sud qu’en 1994! C’est donc une démocratie toute jeune, mais qui a déjà connu une alternance présidentielle, chose rare sur ce continent. Le pays est vaste comme 1,5 fois la France mais avec seulement 2 millions et quelques d’habitants, à majorité animiste et chrétienne. Autant dire qu’une fois sorti de la capitale, on ne croise plus grand monde. Les ethnies qui regroupent la population (sans doute une dizaine) semblent vivre en bonne entente malgré les disparités de richesse. Le pays est calme, bien entretenu, sans risque sanitaire (pas de palud, en hiver du moins et sur le tour classique, pas de vaccins particuliers) et on y a trouvé de l’eau du robinet potable, pour européen, partout sur notre parcours !Tout le monde y parle l’anglais, même au fin fond de la brousse, ce qui facilite pas mal le voyage en autonomie, avec la tente sur le toit de la voiture, sans guide, ni tour operator, comme nous l’avons fait.

Revers de médaille, on y roule à gauche: juste au sortir du loueur de voiture, une première aventure nous attendait : un magnifique rond-point de belle taille et à plusieurs voies ! Nous en avons fait plusieurs fois le tour, pas forcément toujours dans le même sens d’ailleurs et sous l’œil terrifié d’une très british lady qu’on entendait crier : oh my God,oh my God !

Ensuite pendant une semaine, on cherche à passer les vitesses dans la portière et on mets les essuie-glaces en route à chaque bifurcation. Tout pareil la première semaine au retour en France sauf pour le rond-point !

Par ailleurs, l’environnement est rude pour les citadins que nous sommes devenus, quand il s’agit de vivre 3 semaines au grand air. Le tout premier soir, j’envoie les filles chercher du petit bois pour le barbecue (qui se dit là-bas braai, une religion en soit !). Deux minutes plus tard, mon ainée revient avec une épine d’acacia longue comme mon petit doigt et plantée dans son talon à travers la chaussure ! Pendant que ma chère et tendre ouvre une infirmerie, je pars me charger moi-même de la corvée de petit bois. Moins de 30 secondes plus tard, je reviens avec une balafre de part en part de la paume de la main. Deuxième client pour l’infirmerie. J’avais attrapé à pleine main une touffe d’herbes sèches, qui paraissaient inoffensives et prometteuses pour allumer le feu à la place du papier journal. Quand j’ai tiré dessus, rien n’a cédé et ça m’a coupé net la paume de la main ! En trois semaines presque toute la trousse à pharmacie y est passée ! A la fin du séjour, mon beau-frère et moi, qui comme tout garçon normalement constitué, avons superbement ignoré la crème hydratante des filles, nous sommes retrouvés avec des mains de petits vieux toutes ridées et crevassées jusqu’au sang à chaque articulation des doigts !

La première semaine on lutte contre la poussière des pistes : tout est soigneusement emballé en sac poubelle dans le coffre. Et l’on prend soin de respecter la consigne suivante : laisser une vitre du coffre côté droit légèrement ouverte sur 1 à 2cm, afin de laisser entrer de l’air pour créer une surpression dans le coffre et limiter ainsi l’entrée de poussières. Il en rentre ainsi bien moins que si toutes les vitres étaient closes (disons une pelleté par jour au lieu d’un seau). Mais dès la deuxième semaine, les sacs poubelles sont tous plus ou moins déchirés. Par ailleurs, on a au moins roulé une fois vitres toutes fermée (donc un seau de sable éparpillé partout dans le coffre) et aussi une fois toutes vitres ouvertes (disons une brouette de sable !).

La troisième semaine, on parvient tout juste à préserver encore l’intérieur du sac de couchage.

La corvée de coffre.

Disons que 3 semaines en camping c’est bien. Pour rester plus, il faudrait choisir le luxe des lodges et trouver le sponsor qui va bien , car c’est plus le même prix !

Je pourrais en parler encore des heures, nous avons bien quelques 1000 photos en stock, pas toutes bonnes. Et nous n’avons parcouru qu’un quart du pays !

D’où l’idée d’y retourner.

Laurent.

Salut Laurent,

C'est vriament trop bien ce que vous avez fait.

Vous avez préparé le voyage 5 ou 6 mois à l'avance je présume...

As-tu déjà testé l'Afrique du Sud? Cela m'y fait grandement penser!

Ps: je vois qu'il y a des SPARS comme supermarché là-bas!

Bon ciel!

Salut,

eh ben, quel séjour ! Avec un petit côté barroudage qui me plait bien.

Merci pour ce récit détaillé et illustré avec de superbes photos. Celle avec les girafes est particulièrement belle.

Tes filles ont l'air de s'éclater

La description du pays donne autant envie que celle du ciel...

Fred.

Superbe cette suite

Que de beaux moments, de belles images, de découvertes... et d'aventures !!!

En tout cas, tu racontes ce séjour d'une telle manière qu'on ne peut que souhaiter, comme vous l'avez fait, visiter un jour ce magnifique pays.

En ce moment même je regarde rdv en terre inconnue au pays des Massaï, c'est superbe aussi...

Merci pour ce "mini" reportage suite qui nous enchante ! Tu peux piocher dans tes 1000 photos restantes

Ca me rapelle mon voyage au Kénya/tanzanie...il y a déjà pas mal d'année du temps de l'argentique

Superbe cette suite

Que de beaux moments, de belles images, de découvertes... et d'aventures !!!

En tout cas, tu racontes ce séjour d'une telle manière qu'on ne peut que souhaiter, comme vous l'avez fait, visiter un jour ce magnifique pays.

En ce moment même je regarde rdv en terre inconnue au pays des Massaï, c'est superbe aussi...

Moi aussi j'ai regardé, ça me rappelle des choses...

Bravo de faire partager votre aventure

Quelles pérégrinations !!

Quel voyage !!

Un poste généreux, avec des photos et des souvenirs qui nous transportent.

Merci

Quel magnifique reportage que tu nous livres là Spica2000, c'est un plaisir de le suivre, n'hésite pas à le compléter

Dans la première partie, j'ai repensé aux "Chroniques de l'Afrique Sauvage" que je regardais enfant/ado, et commentée par Pierre Arditi (sa voix m'envoûtait ).

Tu nous fais saliver avec la description du ciel austral et les mésaventures avec la végétation environnante rendent ce récit vraiment grandiose... et impressionnant

Voilà une aventure qui, accomplie dans une vie, doit apporter énormément de satisfaction...bravo et merci pour le partage.