Escapades planétaires illustrées

Escapades planétaires illustrées

Bonsoir à tous,

Voici le récit de deux soirées bien sympathiques cette semaine, sous la Lune et les planètes. Au-delà des observations elles-mêmes et de la convivialité réjouissante de ces moments, ce fut pour moi une nouvelle étape dans ma manière d’aborder l’observation du système solaire.

En effet, je suis depuis peu un heureux acquéreur du magnifique livre Astrodessin de Serge Vieillard, et bien entendu je brulais d’envie de mettre en application ce que j’étais en train d’y apprendre. Il m’était déjà arrivé de faire du dessin du ciel profond avec bonheur. Avec une toute petite expérience du dessin planétaire sur Saturne, je partais confiant pour attaquer Mars et / ou Jupiter… Ce ne fut pas si simple au départ, mais j’ai beaucoup appris je pense…

Les observations décrites ont été faites avec mon Dobson 250, même s’il m’est arrivé de picorer dans les instruments des autres.

Soirée du 9 avril

Observation en milieu urbain ce mercredi soir, dans un parc non loin de chez jojoguitar, en sa présence ainsi que celle de benjamindenantes.

Les conditions sont bonnes sans être exceptionnelles, avec une turbulence présente mais très intermittente offrant de bons trous nets.

Jojoguitar débute avec son Newton de 200 sur monture équatoriale, avec Benjamin nous lui apportons notre aide inestimable (nous avons eu du mal à pointer la Lune, et je ne plaisante même pas).

Nous profitons du passage de la Grande Tache Rouge (coucher à 23 heures locales) pour observer Jupiter. Je navigue entre les oculaires Nagler 9 mm (139x) et UWAN de 4 mm (312x).

Je veux dessiner mais… Je ne sais pas, j’hésite. J’ai du mal à fixer les détails quand la turbulence revient, j’ai l’impression que je rate beaucoup de choses, que j’oublie et ne retrouve plus. Dessiner Mars ? Elle est basse, hésitation encore… J’attends les meilleurs moments, les détails se sont déplacés… Ce ne sera peut-être pas pour cette fois…

La GTR est bien visible avec son chapelet blanc côté est. Une tache sombre se détache au milieu de la bande équatoriale nord. Cette dernière, plus foncée que la bande sud, s’éclaircit notablement au niveau des bords du disque, ce qui renforce l’effet de relief sphérique. Je ne dessine pas, mais je suis sûr que le fait de penser à comment faire, de vouloir le faire, augmente ma concentration, me fait découvrir de nouveaux détails, l’organisation complexe des marbrures de la géante… Au nord et au sud des bandes équatoriales, de très fines lignes presque noires se laissent deviner dans les zones crème des pôles.

Il faut forcer, attendre la netteté et découvrir les démarcations agitées entre bandes et zones, festons et crochets.

La Lune est à son point culminant. Avec le Nagler 9 mm et une Barlow x3 (grossissement : 417x), la turbulence reste maitrisable et la plongée sur le cratère Copernic non loin du terminateur est vertigineuse : les pics centraux sont nets, les bords internes en degrés se détachent bien côté est, et sont dans l’ombre côté ouest. L’effet de relief et de « pente » est saisissant sur les bords extérieurs, avec les traînées poudreuses s’étalant jusqu’au loin.

Mars, vers minuit, montre les deux zones sombres d’Acidalia Planitia et Terra Meridani, et quelques reflets blancs sur le limbe (probablement des nuages). Je ne distingue pas de calotte polaire.

Merci à Benjamin pour la photo d’ambiance :

Soirée du 11 avril

Cette fois-ci je compte bien ne pas me laisser abattre par l’angoisse de la feuille blanche… Je me fixe une cible: Mars. Je ne tenterai rien d’autre, pour éviter les hésitations.

Nous nous sommes donnés rendez-vous à quelques dizaines de kilomètres da la ville, au calme et plus loin de la pollution lumineuse qui certes n’est pas gênante pour le planétaire mais qui corrompt quelque peu l’ambiance nocturne que nous aimons tant. Je rejoins John McBurne, Fredibou et Benjamin vers 21h30 pour débuter les hostilités.

Et cela commence plutôt mal avec une turbulence infernale. Heureusement John a apporté une bonne bouteille de blanc et des biscuits apéritifs qui vont nous permettre de noyer notre chagrin. Et puis, pour l’observation planétaire il faut contracter la pupille, donc l’alcool n’est pas proscrit … En réalité ce n’est que le début des galères car notre ami a oublié son tire-bouchon.

Nous observons un peu la Lune, Jupiter, Mars. La turbulence est vraiment présente, je pointe une carbonée dans les Gémeaux par dépit… Jolie tête d’épingle rouge entre les étoiles kappa et 57. On discute agréablement…

Je n’ai pas abandonné mon idée de dessin martien, tant pis s’il y a moins de détails que prévu… Et puis la turbulence semble s’atténuer un peu…

Smith nous rejoint, il n’a pas amené d’instrument mais un magnifique oculaire zoom Leica.

Par ailleurs, quelques détails commencent à voir le jour sur Mars…

Il me faut choisir le bon grossissement tout d’abord. Les 250x que m’offrent un excellent Pentax 5 mm prêté par John me semblent idéaux.

Je me lance, bercé par la discussion de John, Smith et Benjamin à quelques pas… Mon gabarit est un simple cercle, dont je repère le centre. Suivant les conseils du livre de Serge Vieillard, je trace ainsi deux diamètres perpendiculaires qui me permettent de diviser le disque en quatre quadrants, bien pratique pour le repérage des différentes zones de couleur et détails. En fin de compte, ce n’est pas si difficile. Il faut dire que le niveau de détails n’est pas insurmontable, même si fixer le confetti à l’oculaire demande de la concentration.

Par contre, la gratification est immédiate : l’image à l’oculaire s’organise, le papier fixant les parties mouvantes. Le miracle se produit : l’image est meilleure à l’oculaire parce que je la comprends mieux, je la comprends mieux car je la dessine. En observant plus tard, dans mon télescope avec le zoom Leica de Smith, ou dans le Dobson 400 de John, je confirme certains détails, je perçois la rotation de la planète : les endroits que je connais maintenant bien se sont déplacés.

Un petit aperçu du résultat (22h20 locales, 250x), avec un temps nuageux sur Mars :

Le fil dédié au dessin avec tous les détails techniques est ici.

Je suis conscient que les conditions n’étaient pas idéales, et le dessin résultant assez pauvre en détails, mais tout l’intérêt réside pour moi dans la démarche, et non dans son résultat papier. Je n’envisage plus d’observer sérieusement sans ma planche, ma feuille et mon crayon…

Bons cieux !

Salut toi! Joli petit dessin qui n'était pas simple à faire dans ces conditions...

Heureusement que j'ai toujours quelques outils dans ma caisse pour ouvrir les bouteilles.

Vivement la prochaine.

Salut Thomas!

Ah ça, le coup du tire bouchon, on s'en souviendra

Ça m'apprendra a ne pas avoir de tête... Heureusement, quand il s'agit d'ouvrir un coteau de l'Aubance sans le précieux accessoire, la mobilisation est générale pour venir a bout du problème

En tous cas, il est bien sympathique ce croa, nous n'avons pas eu de chance le 11/04, mais qu'importe, nous avons passé une très bonne soirée, et puis la nuit n'a pas été vaine puisqu'il en est resté un premier dessin de Mars qui, j'en suis certain, en appellera beaucoup d'autre! Vu les conditions, tu t'en es bien tiré!

C'est vrai que l'apport du dessin est indéniable, c'est toute la différence entre regarder et observer!

J'espère que le ciel sera avec nous le 25 pour la rencontre astro de Liré

Nico

Salut thomas, Merci pour ce CROA et bravo pour les illustrations !

Ta 1ere Mars est très réussie

Bonjour Locus:)

...ça y est, tu as mis le crayon dans l'engrenage infernal du dessin astro ..tu ne pourras plus t'en sortir! il est vrai que le dessin est une discipline intéressante car elle apprend à observer les sujets, "à mieux les cerner".

Mais elle requiert également de la méthode et de la patience. Du coup, rien ne vaut un bon bouquin pour cet apprentissage instructif.

Je trouve ta Mars très réussie!

Merci pour le partage et bonne continuation sur cette voie!

Salut Locus

Ca fait plaisir de voir que malgré la grosse Lune, un grand nombre de CROAs sont rédigés ces derniers jours

Qu'est-ce le plus important , ne pas oublier son matériel astro ou bien le tirebouchon

Merci pour ce compte-rendu

Qu'est-ce le plus important , ne pas oublier son matériel astro ou bien le tirebouchon

Vu la qualité du ciel ce soir-là, probablement le tire-bouchon

épatant ton histoire

Bonjour Locus,

C'est toujours intéressant de lire le CROA d'un astrodessinateur. L'observation prend toute suite une dimension artistique et les descriptions sont bien détaillées.

Je trouve que ta Mars a un joli aspect spongieux et pour une première, il y a quand même des détails.

Merci pour le partage. Bon ciel.