Gouttelettes d'étoiles sur Orion

Hier soir, les traditionnels grains horaires de la saison des pluies avaient laissé place au flux de nord est traditionnel de la ZIC, connue pour amener son lot d'humidité mais aussi d'alizés propices à un nettoyage du ciel.

Finalement, le flux d'air n'a pas chassé les gros nuages mais laissé suffisamment d'espace pour pouvoir observer dans les trouées, j'ai donc monté fissa le 400 devant la maison pour essayer d'en profiter un peu.

Je retrouve la facilité de montage et la robustesse de fabrication artisanale qui ne manque jamais de m'étonner par sa fiabilité, le tout est prêt en moins de 10', c'est parti pour le pointage.

Oui mais vers quoi, suis tout perdu, entre orion au zénith, le pôle à l'horizon caché derrière les manguiers et les lumières Cayennaises, j'ai un peu de mal à m'y retrouver, je sors mon planisphère équatorial (+10° de latitude) et ça s'éclaire soudain, je vois mieux où je suis.

Finalement, au vu des nuages et des durées des trouées, je ne pourrais pas pointer facilement des cibles nouvelles, obligé donc de m'en tenir à du (très) connu.

Le ciel entre les nuages étant très transparent, je tente le CP quand même et donc direction M42 au zénith avec le nagler 31, c'est stupéfiant de netteté, de volume et...de couleurs !

Ben non pas de berlue, je m'y reprends à 3 fois : le cœur autour du trapèze (qui ressemble à une dent plus qu'à un cœur d'ailleurs, avec le trapèze entre les racines) est gris vert tandis que les ailes extérieures sont clairement rouges, je suis scotché par cette vision colorée, c'est ma première fois et comme d'habitude pour ces choses là, c'est bien bon...

Je grossis un peu à l'ethos 13 et c'est encore pire, je manque de me fracasser le cul par terre tellement la belle nébuleuse, remplissant le champ, dévoile ses nuages de vert/gris/magenta/rouges etc...

Et le trapèze se dessine comme autant de diamant scintillants posés là, j'en compte 6 mais le vent m'empêche de poursuivre l'exercice.

Malheureusement, le spectacle est de courte durée car un train de gros nuages vient gâcher le plaisir, mettant plusieurs minutes à passer au dessus de la capitale guyanaise.

Nouvelle trouée qui m'amène à tenter juju, pas loin du zénith elle aussi. Moins emballant, l'image est nette mais ça diffuse fortement, du chromatisme se fait aussi sentir, refroidissant l'enthousiasme du premier acte.

Mais patience, dans les trouées de turbu elle est découpée au scalpel et est magnifique à l'ethos 6, avec les arabesques des bandes équatoriales qui se laissent deviner durant quelques précieux dixièmes de secondes (ici, la vie va à 100 à l'heure ).

Nouveau train de nuages, je crains la pluie mais non, je décide donc de tenter l'esquimau pour rester pas trop loin du zénith, un peu d'attente pour pointer sans dérangement nuageux et bingo, dans le champ. La volute n'est pas circulaire au 31 et encore moins au 13 mais ça n'ira pas plus loin, le vent et la turbulence ne permettent pas d'en profiter davantage.

Les nuages reviennent et le vent forcit gentiment, je préfère plier plutôt que me battre (lever 5h30 le lendemain) et je fait bien, 10' après les seaux d'eau de l'atlantique sont joyeusement déversés sitôt la terre atteinte, provocant un barouf d'enfer sur la toiture en tôle.

Je me remémore les images colorée de la belle nébuleuse pour me coucher avec, elles ne me quittent pas, même pour le biberon de la nuit du petit dernier que j'assure pour ma petite femme (grand seigneur poussin ).

Bref, ça donne envie de s'enfoncer un peu dans la savane guyanaise entre Kourou et cayenne, loin des lumières de la ville, dans cette contrée si particulière...

Merci de m'avoir lu !

Bonsoir Poussin38

Merci pour ce CROA plein de dépaysement! L'ambiance "ouvrez les vannes" me rappelle le Gabon à la saison des pluies.

Ici, Orion n'est pas au zénith et j'ai rarement vu les couleurs des ailes- seulement en haute montagne et rarement- le cœur plus souvent. ça devrait aller mieux quand j'aurai moi aussi pris livraison de mon 410DF.

Je suis surpris quand tu nous parles de diffusion et encore plus de chromatisme sur Jupiter,pourtant au zénith!

J'espère que tu partiras en savane,pour nous faire d'autres CROAs,loin des lumières.

Bonnes observations

p.s.qu'as-tu mis comme optiques sur ton 410DF ?

Salut Gérard58 merci de ton passage,

ce sont des optiques F Griere, tip top, ça m'a semblé louche mais après coup il y avait peut être une couche nuageuse en haute atmosphère.

Pour la mise en température c'est kif kif dedans dehors donc j'exclue ça, bref je ne sais quoi en penser, surtout que j'étais bien crevé hier, il y a un truc que j'ai raté mais quoi ?

Salut !

super la description de M42 !!

Oui bizarre cette histoire sur Jupiter avec des Grière ...

A y réfléchir à nouveau ça dansait pas mal à cause du vent, la turbu y est sabs doute pour beaucoup. Après mon miroir primaire est assez poussiéreux mais est ce que ça donnerait ces symptômes ?

Salut Poussin

Très joli CROA des nuits guyanaises.

Oui, il faut se battre pour observer, mais entre 2 nuages, ça vaut le coup!

Bien vu l'épisode des toles! pour les métropolitains, il faut bien s'imaginer qu'on entend le rideau de pluie arriver sur nous, tel un train à pleine vitesse, on entend la pluie s'abattre sur la villa du voisin au bout de la rue, remonter de maison en maison, et tout d'un coup, ça tombe dans un brouhaha d'enfer sur son propre toit...

pas trop d'explication pour le chromatisme, utilisation d'une barlow?

Le miroir ne peut être en cause: la lumière y est réfléchie, pas réfractée, qu'il soit un excellent Grière ou une bouse infâme.

Il faut surtout persévérer, la nuit guyanaise se mérite, mes nombreuses photos de jupiter en 2009 ont été faites dans les conditions que tu décris, cerné par les nuages, et 2 ou 3 fois dans la nuit il a fallu préventivement tout mettre sous abris au garage...

De ce que j'en ai vécu, le pire est la mise en place de la saison des pluies, là, ça drache dur.

A partir de mai, on arrive à avoir de très bonnes nuits et l'été-automne est vraiment sec par comparaison.

Eventuellement, voir avec le COMDET du RSMA s'il est possible d'avoir un accès ponctuel au sommet de la colline du tigre, vers les villas 14 et 12: on est à plus de 100m au dessus de la mêlée, les alizés arrivent non perturbés directement dans ton scope. Des images mémorables, jamais vu aussi bien (et surtout aussi souvent...) depuis!

merci pour cette plongée dans les bons souvenirs!

Merci de ta visite

Le camp du tigre est en plein remembrement, les parties supérieures en plein travaux (dont la piscine, je fais mes entraînements de plongée avec eux).

Les nuits étoilées sont rares et seules celles avec alizés sont assez transparentes pour été intéressantes.

Pour la diffusion et chromatisme je ne vois pas, un écart de 4° entre maison et extérieur peut elle engendrer une déformation suffisante pour les générer (à priori la collimateur faite quelques minutes auparavant était ok) ??