Le sourire d'Orion

Tout d'abord, je souhaite à tous les astrams les plus splendides observations, photos et autres bonheurs célestes avec un minimum de nuages.

Déàé

Les courses de Noël étaient finies, tous ces cadeaux que l'on allait offrir, enfin trouvés, l'après-midi finissait en arrivant dans notre petit village de Moselle, de Lorraine, qui ce mois -ci ne fut pas généreuse pour les contemplateurs du ciel. Et je ressortais déjà pour la promenade de la chienne, Rustine, un Border Collie.

Que j'aime ces ballades la nuit, dans le noir des champs. Marchant je regardais mon ombre douce que la jeune lune dessinait devant moi sur cette terre d'hiver retournée ou sur l'herbe givrée qui bruissait finement sous mes pas. Le ciel enfin dégagé me semblait bon, ce soir j'allais sortir. Déjà, je retrouvais les lampadaires du village, trop puissant pour mes yeux de nuit, jusqu'à notre maison. Sur la terrasse, le dobson se mettait lentement à température. La soirée en famille passa, aimablement. Vers 22h30, j'installais le 320 et ses accessoires dans le coffre de la voiture, ouvrant la portière côté passager je prononçais le mot magique à Rustine, "allez, saute" et comme à chaque fois elle se mit sur le siège conducteur, et comme à chaque fois je la repoussais en lui disant, "non, non, je préfère conduire. Nous partions vers notre espace d'observation et de divagation.

En route, un chevreuil apeuré, passa sous les barbelés d'un champs. J'imaginais les poils bruns qui pouvaient rester en petites touffes sur les échardes métalliques. Nous arrivions dans ce minuscule village en cul-de-sac terminé par une boucle de demi-tour, et au bout de cette courbe, le chemin de terre qu'il faut monter pour arriver, enfin. Ce sentier, il y a un mois, était recouvert des feuilles des arbres qui le longent, ce soir, les pluies nombreuses des semaines passées avait sculptaient des rigoles bordées de feuilles brunes. Presque en haut, une bécasse s'envola devant la voiture. C'était probablement la même que j'avais pu regarder longuement la précédente sortie et qui dormait sur le bord du chemin. C'est étrange chez les bécasses ce besoin de dormir ou l'on roule. J'étais arrivé, le moteur et la musique de Phill Glass stopées par la clé qui tourne.

Un bonnet de marin, un sweet à capuche, un gros manteau, les mains gantées, je sors et comme d'habitude ce petit mot qui s'échappe, "Oh la la". Je suis toujours impressionné de la qualité du ciel à un quart d'heure de chez moi. Bien sûr vers l'ouest la voûte s'éclaircie des lumières de la vallée de la Moselle si urbanisée, mais quelle différence, quelle splendeur ces millions de points en désordre rangés en constellations.

Ce soir j'étais venu avec 2 idées : Mars, la perle rouge et Orion la fabuleuse nébuleuse d'hiver. Toutes deux m'attendaient la-haut. Je suis venu vous croquer.

Une lampe frontale décore pour la première fois mon front, le montage du Skyvision terminé, le quickinder est pointé sur le petit point vermillon, je regarde dans le 5mm. Cette nuit, Mars se montre, le contour du cercle est net, rien à voir avec ce que j'avais pu voir depuis l'automne. Ce n'est plus un disque, c'est une sphère marquée de zones brunes sombres, bordée de pâles nuances dorées et surmontée d'une zone blanche. Dans mon petit carnet je dessine ce que je vois, ce que je ressent plutôt, puis je fais deux autres croquis un peu plus précis qui me serviront de base de travail. Par instant, le vent d'Est sur la toile noire du dobson poussait le télescope et chassait du champs le modèle qui posait presque immobile.

Rustine se mis à japper à mes pieds, c'est bizarre, les autres nuits, je la rappelle régulièrement, mais ce soir elle me réclame quelque chose. Elle doit avoir froid, il fait -5 ou-6°. Je quitte mon oculaire et l'installe à l'avant de la voiture. Sur le siège, elle s'enroulât tout de suite, le nez entre les pattes. Tiens, c'est le contraire des bras spiraux d'une galaxie qui eux se déploient, elle, elle se roule. Rustine, maintenant je t'appelle M51, ma galaxie du Chien de Chasse qui ne ferait pas de mal à une bécasse.

Dans le coffre, je pris le 20 mm. Un changement d'oculaire, une petite rotation de la fourche suivit d'un pointage rapide et Orion est là, merveille des nuits d'hiver. Voile, papillon, teste de Rorchar sans son jumeaux effacé, on peut tout voir dans ces volutes gazeuses. C'est ici que Dieu, s'il a le sens de la beauté naturelle doit habiter, sinon quelle faute de goût, l'endroit est une beauté sidérante ! Imaginez, quatre étoiles serrées, quatre éclats de lumière, entourés du plus somptueux écrins de gaz qu'il soit, dans des plis de transparences, des rondeurs évanescentes, des vapeurs qui s'échappent en sfumato des peintres de la renaissance, que Léonard de Vinci à magnifié dans La Joconde. Orion est une Joconde dans notre musée céleste qui fait sourire de bonheur ceux qui la regarde.

Sans le talent de Léonard, je la dessine. Juste une esquisse pour comprendre ses formes et qui servira de base à mes prochaines séances de portrait, car cet hiver, Orion sera le modèle principale de mes dessins.

Mais le froid fait place à l'extase, j'hésite un peu, et je range le dobson dans le coffre, Rustine assise me regarde en hochant la tête. Un dernier regard au ciel, à Mars et Orion et la mélodie répétitive de Phil Glass me reconduit vers mon ciel plus discret.

Sobrement racontés, le froid et la beauté du ciel...

C'est étrange chez les bécasses ce besoin de dormir ou l'on roule

Peut-être que les bécasses trouvent étrange ce besoin chez les humains de rouler là où on dort...

Ah ces nuits d'hiver bien froides mais tellement chaleureuses nous laisse tous assez rêveur

Dis nous Déàé, as-tu observé les deux comètes ?

Salut Déàé, alors de retour dans ta clairière chaudement froide ? ou foidement chaude ? le bonjour à Rustine. Ceci étant dit merci pour ton beau petit croa à plus pout tu sais quoi.

Peut-être que les bécasses trouvent étrange ce besoin chez les humains de rouler là où on dort...

Il est temps d'ouvrir un poste sur "la bécasse et les chemins de l'astronomie".

Dis nous Déàé, as-tu observé les deux comètes ?

Et bien, non. j'étais vraiment parti pour Mars et Orion. J'ai regardé rapidement aux jumelles Holmes, large et diffuse prête à disparaître.

à plus pout tu sais quoi.

????

Ca sens les lendemains de réveillons difficiles. Pauvre Domy

Sais-tu Dédé? j'ai eu l'occasion d'observer vendredi soir avec Albéric et GG et je peux t'assurer qu'Albéric ne te contredirait sûrement pas! car la Guerrière s'était transformée, pour nous aussi ,en une belle orange, toute "magmatisante"! et Albéric qui avait enmené tout son bazar pour la photo a été très déçu:confused:....pourtant, à l'oeil, nu, elle paraissait très stable!..

Merci pour ce joli CROA tout plein de couleurs!

Et très bonne année à toi aussi!

...-6°...voui, ça commence à cailler là!... mais, un astram fait toujours fi du froid pour se plonger dans les splendeurs célestes!

J'ai eu l'occasion d'observer vendredi soir et , étonnament, il ne faisait pas froid du tout!

En tout cas, un très joli CROA tout givré du froid de Noel! merci!

C'est beau! Si beau!

C'est fascinant de lire la diversité des personnalités, des sensibilités, dans les différents CROAs, l'exubérance sensible de Lasilla -à moins que ce ne soit sa sensibilité exubérante , les mots en suspens de Zozo, l'émotion profonde de déaé... je me régale!

En tous cas bravo, j'adore ton approche retenue, sobre, la musique de Phill Glass dit tout...

Merci déaé!

Un jour, je serais zen comme ça pour raconter de si belle manière les beautés célestes...

On sent le froid... le calme...

Le côté intime...

La nature endormie...

J'aime

Magnifique, quelle belle plume, encore une fois !!! Merci pour ton texte!

Ya des bons Croateurs ici, des bons j'vous dit, venez vouaaaar !!!

Il est vrai Lasilla que les galaxies sont superbes à observer en ce moment, car même s'il y a un "chouilla" de turbulence, cela n'affecte pas la vision

Gégé, pour Jupiter, je suis d'accord avec toi, cette année encore elle sera très difficile à observer vu la faible hauteur qu'elle aura. Mais pour Saturne, je pense qu'au printemps elle sera superbe car très haute dans le ciel

 

Je suis persuadé qui si les peuples primitifs auraient eu l’occasion de posséder un instrument d’observation, ils auraient créé une merveilleuse histoire autours de M42 :[/b]

Je suis justement en train de travailler sur la representation de M42 vue à travers le regard des hommes à différentes périodes de son l'histoire. en commençant par l'homme "primitif".

Merci pour ce beau voyage d'étoile à étoile !

Je suis justement en train de travailler sur la representation de M42 vue à travers le regard des hommes à différentes périodes de son l'histoire. en commençant par l'homme "primitif".

Merci pour ce beau voyage d'étoile à étoile !

Tu m'intéresses Déàé, j'éspère que tu posteras ton travail sur ce sujet

Merci à tous !

la musique de Phill Glass dit tout...

La musique de Phill Glass répétitive me donne une notion de infini de l'espace et du temps, c'est l'infini perceptible par les oreilles !

Salut Dédé,

En parlant de M35, je sais pas si vous aviez déjà remarqué le voile blanc qui est à côté. Avec un 250mm, vois-tu ce nuage stellaire comme une brume légère ou peut on discerner des petits soleils ?

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Oui, j'ai remarqué cette nébulosité proche de M35, en fait il s'agit de amas ouvert NGC 2158 de 8,6 de magnitude et de 5' d'arc, vu qu'il est beaucoup plus éloigné (5071.PC) que M35 (816.PC avec une mag de 5,1 pour un diamètre de 25' d'arc) il est assez difficile de le résoudre !