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Olé ! Tololo ! (Chili aux étoiles - 7)


Jeff Hawke

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Episode précédent : L'écume des nuits

 

Noctis brevis

 

Les confins d'Octobre et de Novembre furent franchis sur une nuitée d'observation abrégée. La visite de l'observatoire américano-chilien du Cerro Tololo, prévue le jour de la Toussaint, imposait en effet un départ tôt avec un petit déjeuner prévu à 7 h00. Nous fûmes donc sous le ciel de 20 heures jusque vers 2 heures 30.

 

Largement le temps de chercher sans trouver quelques galaxies dans Pictor, une constellation squelettique de trois étoiles (Alpha, Béta et Gamma, du Sud au Nord) en triangle assez plat, coincée en sandwich entre Dorado et Carina. Ces galaxies (le couple NGC2221 et NGC2222, avec des magnitudes de 13.2 et de 13.8, et NGC1930, de magnitude 12.4) ne sont pas mentionnées par le PSA, mais je pensais pouvoir les trouver avec l'aide du Night Sky Observer's Guide. Bah...:refl:

 

J'ai pu me consoler avec le Phoenix, avec notamment NGC7689 qui a un beau centre non stellaire brillant dans un halo un peu ovale et NGC7744 plus ronde. Mais où j'ai quand même raté un quadruplet (NGC87, 88, 89, 92) proche de Lambda 1 et 2.

 

Et une agréable récidive sur les galaxies de Pavo. :rolleyes:

 

Et quelque objet de Lacaille...(Je reviendrai peut-être sur ce catalogue, dans la suite de ces CROAs)

Tourisme

 

(...)a day tripper, a one way ticket yeah

It took me so long to find out, and I found out

(Lennon- Mc Cartney)

 

Après une longue nuit réparatrice (genre 3h30 de bon sommeil profond), oubliées les grasses matinées et les journées lentes dans l'attente des étoiles, on prend le petit déjeuner à une heure barbare, on se serre dans le 4X4 (3 personnes à l'avant, avec le conducteur, Raymond, et 3 personnes à l'arrière... Ils sont un peu tassés à l'avant...Moi, je compte finir ma nuit en me calant contre la portière arrière...Mais la route et le paysage annoncés s'annoncent beaux. Je ferai un compromis, un oeil pour dormir, l'autre pour regarder. Il y a toujours moyen de négocier ce type de compromis avec chacun de ses hémisphère cérébraux).

 

Et nous voilà partis sur les « routes » improbables de la cordillère chilienne. :b:

 

Les observatoires « du coin », ils avaient dit...Mouais. C'est quand même du genre 4 heures à 4 heures trente, pour l'aller. Dans un paysage aride, montagneux, de toute beauté.

 

De la longue et belle route, nous parvenons, en fin de matinée, à une petite ville (faut que je retrouve le nom sur une carte) où nous déjeunons dans un petit restau local. La cuisine chilienne est excellente, mais aux dires de Nadine et Raymond, un peu monotone. Là, ça le fait, puisque c'est notre seule incursion en lieu civilisé depuis le début du séjour (il y a déjà 10 jours). Et les repas préparés par Nadine à La Canelilla, je l'ai déjà dit je crois, sont toujours excellents et variés.

 

Monter à l'observatoire prend un peu de temps. Il faut, en bas, franchir un contrôle (avec une petite file d'attente), pour emprunter la route privée qui mène aux coupoles. 30 à 45 minutes de montée, je ne me souviens plus précisément.

 

p1010303ul3.jpg

 

 

Et on arrive en vue de ces constructions perchées, un peu fascinantes, qui font toujours rêver les amoureux des étoiles (alors qu'on ne verra rien dans les absences d'oculaires, de nuit, et de champ des tuyaux installés là. Nous sommes dans le symbolique, clairement.)

 

Pour ceux qui veulent avoir une idée visuelle, Xavier a posté des photos sur son site.

 

La visite sera pour moi l'occasion d'éprouver ma compréhension de l'espagnol, langue dans laquelle les commentaires et explications sont donnés (anglais, langue universelle ? Il n'y a plus que les nord- américains pour le croire encore...). Daoumy traduit en temps réel pour Daniel, Jean-Luc et Xavier.

La science et le rêve

 

Un observatoire comme celui du Cerro Tololo (qui abrita le plus grand télescope de l'hémisphère Sud, avec un miroir de 5 mètres) est inutile. C'est une concrétisation de cette part de l'humain réfractaire aux projets calculés (pour reprendre la définition de la poésie que donne René Char), une construction mythique, comme Palomar, Hubble, Cassini,... qui sont l'aboutissement des rêves de Galilée, Newton, Herschel...mais aussi d'Homère, de Cervantes, de Baudelaire... La quête de la beauté cosmique, le désir d'exploration, la volonté de connaître et de comprendre cet univers fascinant et bizarre. A l'opposé de toute considération utilitaire ou rentable...

 

A observer ces coupoles perchées aux sommets, sous un ciel limpide, à écouter les explications sur la construction, le fonctionnement, l'utilisation des instruments, je me représente ce chemin astronomique depuis les hommes de l'Antiquité qui, méthodiquement et patiemment, notaient et décrivaient ce qu'ils observaient là-haut durant les nuits...Bref je rêve et ne prête qu'une attention limitée aux détails techniques.

 

Objectivement, une visite d'observatoire professionnel n'a qu'un intérêt limité. Il faudrait y venir de nuit. Mais il n'y a pas d'oculaire, de toutes façons. Et comme Xavier le faisait remarquer la veille à Daoumy, qui regrettait cette absence de possibilité d'observation dans les monstres, ce qu'on pourrait y voir serait de peu d'intérêt, du fait du champ extrêmement réduit.

 

La vraie poésie du ciel, c'est avec nos petits télescopes de contrebande, francs-tireurs de l'observation céleste, chevau-légers des expéditions stellaires, que nous y accédons. Débarrassés du fardeau méthodologique et calculateur de la science, ils atteignent à la vérité centrale, essentielle, du cosmos, sa nature esthétique. :cool:

 

Les gros balourds sous coupoles ne font eux, que recueillir des données. Ils travaillent.

 

Et les photos, m'objecterez-vous ?

 

Les photos, ça c'est la mission du hussard Hubble et de ses compagnons orbitaux qui travaillent dans les rayonnements étranges, projetés aux avant-postes par d'audacieux véhicules à combustion chimique. :)

Finir sa nuit...

 

Nous quittons les coupoles pour un retour par des voies plus carrossables, au prix d'une distance à couvrir un peu allongée, en passant par La Serena. L'affaire nous conduit retrouver le lieu de nos errances astronomiques vers 21 heures, pour le diner. Ce qui fait tard et fatigant...mais il y a l'appel du ciel nocturne. Je décide de dormir de 22 heures à 1 h 30, pour profiter de toute la seconde partie de nuit, de 2 à 6...

 

C'est clair, il ne faut pas trop être regardant sur la quantité et le rythme du sommeil dans un séjour astro ! :ninja:

 

Prochain épisode : Finale. Allegro vivace.

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Je comprends qu'il n'y ait pas un intérêt formidable à visiter un observatoire. A moins de souhaiter y travailler.

 

Assurément, c'est la route qui m'aurait plu davantage !!!

 

Et alors donc, la dernière nuit, c'était celle-là, la courte nuit ? Allegro, et vivace en plus, tu m'étonnes... :lol:

 

PS : mais où est passé le titre alléchant et enchanteur, Chile con estrellas ? Retour en France pour de bon ? ;)

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Pfffffff

C'est définitif... Je te déteste.

Je suis jalouseeeeeeeeeeeeeeeeeuh!!! :lol:

 

 

Jeff... Il y a un fait indéniable par contre: dès qu'il y a moins à voir pour toi, tu retrouves ta poésie...

Et ça c'est bon... si bon à lire...:wub:

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La vraie poésie du ciel, c'est avec nos petits télescopes de contrebande, francs-tireurs de l'observation céleste, chevau-légers des expéditions stellaires, que nous y accédons. Débarrassés du fardeau méthodologique et calculateur de la science, ils atteignent à la vérité centrale, essentielle, du cosmos, sa nature esthétique. :cool:

 

Les gros balourds sous coupoles ne font eux, que recueillir des données. Ils travaillent.

 

 

J'avoue, j'aime particulièrement ce passage qui remet tout le monde à sa juste place... ah vi....en quelques mots, on se rend compte que l'on est finalement si bien avec nos instruments à nous!

 

:)

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Assurément, c'est la route qui m'aurait plu davantage !!!
Oui, à l'aller, dans les montagnes...si on ne craint pas d'être secoué dans un 4X4...;)

 

Et alors donc, la dernière nuit, c'était celle-là, la courte nuit ?

 

La journée de visite au Tololo a impacté, au plan de la durée, la nuit précédente et la nuit suivante, un coût un peu élevé... Mais il en reste encore une, complète, et une abrégée par le départ le lendemain pour la France via Santiago (c'est un long retour).

 

 

PS : mais où est passé le titre alléchant et enchanteur, Chile con estrellas ? Retour en France pour de bon ? ;)

 

Je me suis souvenu de la loi Toubon, qui s'applique sûrement sur ce forum public. Il fallait que je donne la traduction...:be:

 

Retour au titre espagnol pour les derniers épisodes, OK...;)

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