Aller au contenu

Les passages des planètes inférieures devant le Soleil.


roger15

Messages recommandés

Posté

Les passages des planètes inférieures devant le Soleil.

 

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous, :)

 

Le calcul précis des passages des planètes inférieures devant le Soleil a été tout d'abord la première grande victoire du maître incontesté de la mécanique céleste, le grand Johannes Kepler, puis leurs observations depuis le premier tiers du 17ème siècle a été à chaque fois l'occasion d'améliorer la performance des instruments d'observation.

 

I) Les circonstances précises où d'un endroit de la terre on peut observer un passage de Mercure ou de Vénus devant le disque du Soleil.

 

Normalement, si les deux planètes Mercure et Vénus se mouvaient exactement dans le plan de l'écliptique (en clair : si elles suivaient exactement la route annuelle du Soleil) nous devrions pouvoir observer un passage de ces planètes à chaque conjonction inférieure (c'est-à-dire lors de l'alignement Soleil - planète inférieure - Terre), soit tous les :

* 115,88 jours en moyenne pour Mercure ;

* 583,92 jours en moyenne pour Vénus.

 

Voici tout d'abord les dates des trois dernières et les quatre prochaines conjonctions inférieures de Mercure (d'après le livre de Jean Meeus "Astronomical Tables of the Sun, Moon and Planets", éditions Willlmann-Bell à Richmond en Virginie aux Etats-Unis, 2ème édition - 1995 ; page 18) :

* 20 janvier 2009 ;

* 18 mai 2009 ;

* 20 septembre 2009.

 

 

bk_AstroTables.jpg

 

 

A la page 19 Jean Meeus indique les dates des quatre prochaines conjonctions inférieures de Mercure :

* 4 janvier 2010 ;

* 28 avril 2010 ;

* 3 septembre 2010 ;

* 20 décembre 2010.

 

Donc il y en a 3 ou 4 par an.

 

En ce qui concerne Vénus, les cinq dernières conjonction inférieures ont eu lieu les (Jean Meeus, opuscule cité, page 22) :

* 31 octobre 2002 ;

* 8 juin 2004 (conjonction inférieure exceptionnelle, nous y reviendrons) ;

* 13 janvier 2006 ;

* 18 août 2007 ;

* 27 mars 2009.

 

Quant aux cinq prochaines conjonctions inférieures de Vénus, elles auront lieu les :

* 29 octobre 2010 ;

* 6 juin 2012 (également une conjonction inférieure exceptionnelle, nous y reviendrons) ;

* 11 janvier 2014 ;

* 15 août 2015 ;

* 25 mars 2017.

 

Donc il y en a une tous les an et demi.

 

Et cependant, en regardant ce qui a été posté sur Webastro, tant en ce qui concerne Mercure que Vénus, vous n'avez pas été informés que vous pouviez observer un tel passage devant le Soleil ni en 2005, ni en 2006, ni en 2007, ni en 2008, ni en 2009... Alors pourquoi ?... Vous aurait-on caché quelque chose ?...

 

Eh bien, c'est simplement dû au fait que ces deux planètes ne cheminent pas dans le ciel en suivant exactement la "route de l'écliptique" (le chemin invariable que suit le Soleil dans le ciel) mais quelles s'en écartent légèrement :

* jusqu'à 7° pour Mercure ;

* jusqu'à 3° 24' pour Vénus.

 

Mais, deux fois par an, ces deux planètes croisent exactement la ligne de l'écliptique, c'est ce qu'on appelle un "passage aux nœuds" (nœud ascendant lorsque la planète passe du Sud au Nord de l'écliptique, nœud descendant lorsqu'elle passe du Nord au Sud). Pour Mercure la date du passage au "nœud ascendant" se produit actuellement vers les 10 ou 11 novembre, et celui au "nœud descendant" vers les 8 ou 9 mai. En ce qui concerne Vénus, elle passe au "nœud ascendant vers le 9 décembre, et au "nœud descendant" vers le 8 juin.

 

Pour qu'il se produise un "passage" devant le disque du Soleil il faut qu'il y ait concomitance entre une conjonction inférieure et un passage au nœud, sinon la planète passe "au-dessous" ou alors "au-dessus" du Soleil..

 

Voyons ce qu'il en est pour Mercure. J'ai indiqué plus haut que la prochaine conjonction inférieure se produira le 4 janvier 2010. Simulons avec notre logiciel astronomique (pour moi c'est l'excellent logiciel de l'américain Bill Gray "Guide 8") les circonstances précises de cette conjonction inférieure de Mercure :

Le lundi 4 janvier 2010 à 05h 52m 09s (pour un observateur géocentrique) Mercure passera à 2,6° au Nord du bord Nord du Soleil, et à 2,8° de son centre. Or, ce jour là le Soleil aura un diamètre apparent de 32,53' d'angle. Pour qu'un passage se produise il faudrait que Mercure chemine à moins de 32' d'angle du centre du Soleil...

 

Cela explique la rareté des passages de mercure devant le disque du Soleil et l'extrême rareté de ceux de Vénus...

 

 

II) Les dates des derniers et des prochains passages de Mercure ou de Vénus devant le disque du Soleil.

 

 

Jean Meeus dans son ""Astronomical Tables of the Sun, Moon and Planets" indique au chapitre XIII, intitulé "Transits of Mercury, 1600 - 2300" (pages 447 à 449) la liste des 94 passages de Mercure sur 7 siècles, entre 1600 et 2300. Cela fait donc une moyenne de 94 / 7 = 13,43 passages par siècle.

 

 

2.1) Les 14 passages de Mercure au 20ème siècle :

 

 

* 14 novembre 1907 (entre 10h24 et 13h50 TU) ;

* 7 novembre 1914 (entre 09h57 et 14h10 TU) ;

* 8 mai 1924 (entre 21h44 et 05h39 TU) ;

* 10 novembre 1927 (entre 03h02 et 08h30 TU) ;

* 11 mai 1937 (entre 08h53 et 09h06 TU) ;

* 11 novembre 1940 (entre 20h49 et 01h54 TU) ;

* 14 novembre 1953 (entre 15h30 et 18h11 TU) ;

* 6 mai 1957 (entre 23h59 et 02h30 TU) ;

* 7 novembre 1960 (entre 14h34 et 19h13 TU) ;

* 9 mai 1970 (entre 04h20 et 12h14 TU) ;

* 10 novembre 1973 (entre 07h48 et 13h18) ;

* 13 novembre 1986 (entre 01h44 et 06h32 TU) ;

* 6 novembre 1993 (entre 03h07 et 04h48 TU) ;

* 15 novembre 1999 (entre 21h16 et 22h08 TU).

 

En ce qui concerne le passage du 11 mai 1937, mérite-t-il vraiment le titre de "passage" ?... Ce ne fut en réalité qu'un "passage tangentiel" car à aucun moment la totalité du disque de Mercure ne s'est détaché entièrement sur le Soleil. Ce ne fut vraiment qu'un "passage partiel"...

 

 

2.2) Les 14 passages de Mercure au 21ème siècle :

 

 

* 7 mai 2003 (entre 05h14 et 10h33 TU) ;

* 6 novembre 2006 (entre 19h13 et 00h11 TU) ;

* 9 mai 2016 (entre 11h13 et 18h44 TU) ;

* 11 novembre 2019 (entre 12h37 et 18h05) ;

* 13 novembre 2032 (entre 06h42 et 11h09 TU) ;

* 7 novembre 2039 (entre 07h19 et 10h17 TU) ;

* 7 mai 2049 (entre 11h05 et 17h46 TU) ;

* 9 novembre 2052 (entre 23h55 et 05h08 TU) ;

* 10 mai 2062 (entre 18h18 et 00h59 TU) ;

* 11 novembre 2065 (entre 17h26 et 22h50 TU) ;

* 14 novembre 2078 (entre 11h45 et 15h42 TU) ;

* 7 novembre 2085 (entre 11h45 et 15h29) ;

* 8 mai 2095 (entre 17h24 et 00h543 TU) ;

* 10 novembre 2098 (entre 04h39 et 10h01 TU).

 

Nous constatons qu'entre deux passages il peut s'écouler trois, sept, dix ou treize ans. Pas de chance, actuellement nous sommes dans la période de treize ans entre le dernier et le prochain passage de Mercure devant le disque du Soleil... La période régissant le retour des passages de Mercure devant le disque du Soleil est de 217 ans.

 

Patrick Rocher, brillant calculateur à l'IMCCE (Institut de Mécanique Céleste et de Calculs des Ephémérides - qui a remplacé depuis le décret du 2 juin 1998 l'ancien " Service des calculs et de mécanique céleste du Bureau des Longitudes") a établi un extrait de son "canon" des passages de Mercure devant le disque du Soleil entre 1631 (date du 1er passage observé par le chanoine Pierre Gassend, dit "Gassendi") et 2100, voir : http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/astronomie/Promenade/pages6/618.html. Il y indique les circonstances très précises du prochain passage de Mercure, le 9 mai 2016, voir : http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/astronomie/Promenade/pages6/623.html#phasegeo

 

Si vous voulez avoir la totalité des dates des 809 passages de Mercure devant le disque du Soleil pendant 6 000 ans (entre -2999 et +3000) il faut voir l'intégralité du "canon des passages de Mercure" de Patrick Rocher : http://www.imcce.fr/page.php?nav=fr/ephemerides/phenomenes/passages/index.php'>http://www.imcce.fr/page.php?nav=fr/ephemerides/phenomenes/passages/index.php

 

2.3) Les dates des 8 passages de Vénus du 17ème au 21ème siècle :

 

Jean Meeus dans son "Astronomical Tables of the Sun, Moon and Planets" indique au chapitre XIV (pages 450 et 451) intitulé "Transits of Venus, 0 - 4000" les dates et les horaires des 53 passages de Vénus devant le disque du Soleil durant ces quarante siècles. Cela fait donc une moyenne de 53 / 40 = 1,33 passages par siècle, soit dix fois moins que les passages de Mercure. Pourquoi cette extrême rareté des passages de Vénus ? Eh bien, tout simplement parce que Vénus ne parcours que 5 802,6" d'angle en moyenne par jour par rapport au Soleil alors que Mercure est plus véloce puisqu'elle parcourt 7064" d'angle en moyenne par jour par rapport au Soleil (voir l'article de Bruno Morando "Les passages des planètes inférieures devant le Soleil" dans le numéro de "L'Astronomie" de février 1971, pages 45 à 57 : http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?1971LAstr..85...45M&data_type=PDF_HIGH&whole_paper=YES&type=PRINTER&filetype=.pdf).

 

En réalité les passages de Vénus observent la périodicité suivante : un premier passage, puis un deuxième 8 ans plus tard, puis un troisième 105 ans ½ plus tard (113 ans ½ - 8 ans), puis un quatrième 8 ans plus tard, puis un cinquième 121 ans ½ plus tard (113 ans ½ + 8 ans), puis un sixième 8 ans plus tard ; et ensuite la série recommence... La période régissant le retour des passages de Vénus devant le disque du Soleil est de 235 ans.

 

Voici donc, comme annoncé plus haut, les dates des 8 passages de Vénus du 17ème au 21ème siècle :

 

* 7 décembre 1631 (entre 03h53 et 06h49 TU) ;

* 4 décembre 1639 (entre 14h58 et 24h56 TU) ;

 

* 6 juin 1761 (entre 02h02 et 08h37 TU) ;

* 3 juin 1769 (entre 19h16 et 01h36 TU) ;

 

* 8 décembre 1874 (entre 01h49 et 06h26 TU) ;

* 6 décembre 1882 (entre 13h56 et 20h15 TU) ;

 

* 8 juin 2004 (entre 05h15 et 11h27 TU) ;

* 6 juin 2012 (entre 22h11 et 04h51 TU).

 

Attention, le passage suivant de Vénus n'aura lieu que le 11 décembre 2117...

 

Patrick Rocher, tout comme pour les passages de Mercure, a établi un "extrait de son canon" des passages de Vénus devant le disque du Soleil entre 1600 et 2100, voir : http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/astronomie/Promenade/pages6/609.html. Il y indique les circonstances très précises du prochain passage de Vénus, le 6 juin 2012, voir : http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/astronomie/Promenade/pages6/617.html.

 

 

Il y montre la carte des régions qui pourront observer ce phénomène :

 

 

949.jpg

 

 

Si vous voulez avoir la totalité des dates des 82 passages de Vénus devant le disque du Soleil pendant 6 000 ans (entre -2999 et +3000) il faut voir l'intégralité du "canon des passages de Vénus" de Patrick Rocher : http://www.imcce.fr/page.php?nav=fr/ephemerides/phenomenes/passages/index.php

 

 

III) L'intérêt scientifique de l'observation des passages de Vénus devant le disque du Soleil.

 

 

Cet intérêt a été considérable aux 18ème et 19ème siècle puisqu'il a permis d'affiner la distance entre la Terre et le Soleil (la fameuse "parallaxe"). Voir ce lien de l'IMCCE : http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/phenomenes/passages/html/fiche_08.php.

 

 

 

IV) La première observation d'un passage de Vénus devant le disque du Soleil, le 4 décembre 1639.

 

En ce qui concerne la première observation du passage de Vénus devant le Soleil, le 4 décembre 1639, voici ce qu'en disait Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande (1732-1807) dans son ouvrage "Astronomie" paru en deux tomes en 1764 :

 

« Nous avons dit que Kepler avait annoncé un passage de Vénus pour l’année 1631, & qu’il n’y en avait point eu ; mais il y en eut un 8 ans après en 1639.

 

Gassendi qui était déjà à Paris en 1631, se rendit très attentif au passage que Kepler avait annoncé pour 1631 ; il raconte fort au long ses tentatives à ce sujet (Mercurius in sole visus, & Venus invisa) ; mais elles furent infructueuses.

 

Le passage de Vénus qu’il y eut en 1639 fut donc le premier qu’on observa ; mais ce fut par un hasard heureux. Horox s’était occupé à calculer des Ephémérides sur les Tables de Lansberge [note de Roger le Cantalien : Philippe van Lansberg (1560-1632) publia en 1632 des "Tables" selon la théorie de Copernic] beaucoup moins parfaites que les Tables Rudolphines. Ces Tables de Lansberge donnaient une erreur de 16 minutes en latitude, & les Tables Rudolphines une erreur de 8 minutes seulement ; mais l’erreur de Labsberge faisait remonter Vénus sur le Soleil, & celle de Kepler la faisait passer au-dessous. C’est ainsi que de mauvaises Tables occasionnèrent une bonne observation. Sur la foi de ces Tables, que Lansberge avait célébrées avec une assurance capable d’en imposer, Horoxius se prépara à ce passage et le 24 novembre 1639 vieux style ou le 4 décembre au soir, il vit en effet pendant environ une demi-heure Vénus sur le Soleil. Il en avait donné avis à Crabtrée son ami, qui était à quelques lieues de Hoole & qui l’observa également […].

 

Dans le temps qu’on observa le passage de Vénus sur le Soleil en 1639, on ne connaissait pas encore toute l’utilité qu’on retirerait un jour de ces sortes de phénomènes. Ce fut M. Halley qui en 1677 aperçut que la durée d’un passage de Mercure ou de Vénus sur le Soleil pouvait servir à trouver sa parallaxe. Il essaya même de la trouver par le moyen d’un passage de Mercure. Mais en 1691 il donna dans ses Transactions Philosophiques un Mémoire exprès sur les passages de Vénus, où il parla de 17 passages, c’est-à-dire, de ceux qui avaient dû avoir lieu depuis 918 ou qu’on pouvait espérer jusqu’à l’an 2004 (chapitre 1578) (The Philosophical Transactions Abr. By John Lowtorp, page 434). [note de Roger le Cantalien : en réalité dans le chapitre 1578, pages 756 et 757 du tome 2, Lalande reproduit la liste des 17 passages de Vénus calculés par Edmund Halley, de 918 à 2117 et non à 2004]. Il fit remarquer dans ce Mémoire les périodes de 8 ans, de 235 ans & de 243 ans.»

 

C’est donc Edmund Halley qui a découvert les périodes de 8 ans, 235 ans et 243 ans ramenant les dates des passages de Vénus devant le disque du Soleil.

 

Dans "L'histoire de l'astronomie moderne en Europe", paru comme ouvrage posthume en 1805, Jean-Sylvain Bailly évoque les passages de Mercure et de Vénus devant le Soleil à partir de la page 156. Voici ce qu'il en dit :

 

« On était fort attentif à chercher le moment d'apercevoir les petites planètes de Vénus et de Mercure sur le disque du Soleil. On attendait encore cette confirmation du système de Copernic et des anciens Egyptiens. Averroès avait cru apercevoir Mercure sur le Soleil ; Kepler crut aussi le voir à la vue simple, mais il reconnut depuis que ce ne pouvait être qu'une tache. Dès qu'il eut achevé le travail des Tables Rodolphines, il s'empressa de calculer les moments de ces passages, et de les annoncer dans un écrit public, afin que les astronomes fussent attentifs à les observer. Il annonça un passage de Mercure pour le 7 novembre 1631, et deux passages de Vénus, l'un pour le 6 décembre 1631, l'autre pour l'année 1761. Gassendi se prépara à observer Mercure sur le Soleil, mais le temps fut couvert le 7 novembre, le Soleil parut dans les nuages.

 

Le passage de Vénus, attendu le 6 décembre [1631] manqua ; alors que Gassendi y fut très attentif ; il suivit le Soleil les jours précédents et suivants : Vénus se déroba aux regards curieux qui la cherchaient. On croit aujourd'hui qu'elle a passé pendant la nuit, et lorsque le Soleil est dans l'autre hémisphère. [...]

 

Un jeune anglais, nommé Jérémie Horrocks, est le premier homme qui ait joui de ce spectacle ; ce bonheur qui a rendu son nom célèbre ne fut point l'effet du hasard, mais le fruit de ses connaissances et de son assiduité à l'observation. Né en 1619, d'une famille peu avantagée de la fortune, il fit des études ordinaires et se livra à l'astronomie dès l'année 1633. Revenu dans une campagne que son père avait près de Liverpool, ville de la province de Lancastre, il s'y trouva destitué de livres, de maîtres et d'émules. Il n'y fut guidé et soutenu que par l'amour de l'étude. [...] Le hasard lui procura en 1636 un compagnon de travail, c'était William Crabtree, devenu célèbre par l'amitié d'Horrocks. Cependant leurs habitations étaient séparées, ils ne pouvaient s'aider et se consoler que par leurs lettres, mais elles procuraient toujours un double examen des diffilcultés, et un commerce de lumières. Horrocks, sans expérience, avait perdu ses premières années sur les tables que Philippe Lansberg, mathématicien flamand, avait publié en 1632, et que leur titre magnifique lui avait fait préférer aux tables de Kepler et de Tycho. Crabtree l'avertit de se méfier de ces tables remplis d'erreurs, cependant ce sont ces mauvaises tables qui ont procuré à Horrocks l'avantage d'une observation nouvelle. Ces tables annonçaient un passage de Vénus sur le Soleil en 1639. Horrocks en avertit Crabtree et tous deux se préparèrent à l'observer. Chacun de leur côté ils eurent, le 4 décembre 1639, la satisfaction de voir Vénus sur le Soleil pendant une demi-heure avant le coucher de cet astre.

 

Jérémie Horrocks mourut le 14 janvier 1641, son ami William Crabtree périt à peu près à la même époque, tous deux victimes de la guerre civile. »

 

 

V) Hommage à l'abbé Jean Chappe d'Auteroche, martyr de l'observation du passage de Vénus devant le disque du Soleil le 3 juin 1769.

 

 

Avant de terminer, permettez-moi de rendre hommage à un compatriote astronome cantalien, qui fut sans doute le seul à pouvoir observer intégralement les deux passages consécutifs de Vénus devant le Soleil les 6 juin 1761 et 3 juin 1769 : l'abbé Jean Chappe d'Auteroche.

 

L'abbé Jean Chappe d'Auteroche (l'oncle du fameux télégraphiste Claude Chappe) est né à Mauriac en Auvergne (actuel département du Cantal) en 1728. Il prit l'état ecclésiastique et se consacra à l'astronomie. Il fut envoyé à Tobolsk en Sibérie (ville fondée en 1587 au confluent de l'Irtych et du Tobol) pour observer le passage de Vénus devant le Soleil fixé au 6 juin 1761. Il en publia la relation en 1768 en deux volumes in-quarto, avec un atlas in-folio, sous le titre "Relation de mon voyage en Sibérie" . Huit ans plus tard, à l'occasion du passage de Vénus devant le Soleil du 3 juin 1769, c'est en Basse-Californie au Mexique (alors colonie du royaume d'Espagne) qu'il se rendit. Il tomba malade de la fièvre jaune lors de ce voyage d'observation et en mourut dans la ville de San Lucas en Basse-Californie le 1er août 1769, à l'âge de 41 ans seulement. Ses observations sur ce passage de Vénus du 3 juin 1769 furent publiées par César François Cassini de Thury (dit Cassini III) en 1772, en un volume in-quarto, sous le titre de "Voyage de Californie" .

 

Dans son roman "Le rendez-vous de Vénus" paru en août 1999 aux éditions Jean-Claude Lattès à Paris, Jean-Pierre Luminet donne des précisions sur les observations de l’abbé Jean Chappe d'Auteroche :

 

-1°) à propos du voyage à Tobolsk en Sibérie pour le passage du samedi 6 juin 1761 :

 

Pages 172 et 173 : « Le point-clé de l’observation était le chronométrage des instants de contact : le moment où Vénus mordait pour la première fois le disque du Soleil, puis, cinq ou six heures plus tard, celui où elle le quitterait. Soudain, la tache de Vénus parut. Chappe vit distinctement comme une atmosphère ou une ombre obscure autour du corps de la planète, qui perturba l’appréciation exacte du premier contact. A cet instant précis, la tache noire de la planète sembla rester connectée comme une gouttelette à la frontière du limbe solaire, jusqu’à ce que soudain la connexion fût cassée et que la planète fût vue bien après la bordure. L’astronome jura intérieurement. Il n’avait pas prévu cet effet, et il lui faudrait plus tard faire des corrections, en tenant compte de l’écart moyen mesuré par divers observateurs. Chappe fut ensuite étonné de voir combien la tache enfin nette de Vénus était petite : un minuscule cercle noir maculait la face radieuse du Soleil, et le traversait majestueusement, sans se presser. La caresse dura cinq heures trente-sept minutes. Le dernier contact avec Vénus fut aussi difficile à mesurer que le premier. Plus de dix secondes avant, la tache redint gouttelette, irrésistiblement allongée en direction du bord solaire. Puis elle disparut brusquement.

 

Sitôt le phénomène terminé, Chappe reporta fébrilement le fruit de son travail dans ses carnets, le vérifia et le re-vérifia. Puis il rédigea une communication et confia le lettre cachetée à son sergent qui, immédiatement pris la route de Saint-Pétersbourg. Elle arriva à Paris à peine un mois plus tard. »

 

-2°) à propos du voyage au cap San-Lucas, en Basse-Californie, pour le passage du samedi 3 juin 1769 :

 

Page 288 : « Jamais sans doute, en Basse-Californie, le ciel ne fut plus pur qu’en cette après-midi du 3 juin 1769. Un petit cercle noir apparut sur le Soleil. Fidèle à la technique de projection qui lui avait si bien réussi en Sibérie, Chappe avait fixé une feuille de carton graduée à l’arrière des lunettes. L’image du Soleil la remplissait, maculée seulement par la petite tache noire qui progressait lentement. (…) Cinq heures après, quand le passage fut terminé, ils se regardèrent, épuisés. »

 

D’après Jean-Pierre Luminet c’est au sommet du clocher de l’ancienne mission jésuite de San-José, à une lieue (4 km) du cap San-Lucas, que l’abbé Jean Chappe d'Auteroche avait installé ses instruments d’observation. [Précision de Roger le Cantalien : cette ancienne mission jésuite est située à San-José-del-Cabo par 22°51' de latitude Nord et à 109° 54' de longitude Ouest].

 

Jean-Pierre Luminet indique que l’abbé Jean Chappe d'Auteroche, atteint de la fièvre jaune (le vomito negro) tint avant de mourir à observer une dernière éclipse de Lune, celle de la soirée du dimanche18 juin 1769, pour confirmer la longitude de son point d'observation. Selon lui ses derniers mots auraient été : « Dix heures quarante cinq : on aperçoit à la vue que la Lune entre dans la pénombre. A onze heures et huit minutes l’éclipse a commencé. L’ombre est si clair et la lune si bien terminée que je pense avoir terminé ce commencement trop tard ... (…) Les cratères entrent dans l’ombre les uns après les autres : Grimaldus, Galieus, Gassendus, Keplerus, Aristarchus, Tycho. N’est-ce pas le sort des astronomes que d’entrer ainsi dans l’ombre ? et moi qui n’atteindrai jamais la célébrité des précédents, la grande ombre va-t-elle me saisir bientôt à tout jamais, dans l’oubli ? »

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Posté

Bonsoir Roger :)

 

Merci pour ton article : trés intéressant.

 

On peut en deduire que pour Venus, aucun webastram ne verra de passage en Europe : 6 juin 2012 (entre 22h11 et 04h51 TU) donc la nuit donc pas de soleil.

c'est triste à savoir, même si j'ignorais tout de ce passage il y encore quelques minutes.

Bon on va attendre le le 11 décembre 2117...

 

 

Pour Mercure, il faut être patient : 9 mai 2016 (entre 11h13 et 18h44 TU), mais au moins il y aura quelque chose de visible.

J'imagine qu'on verra un tout petit point noir devant le soleil, qui se déplacera lentement...

Posté

Bin alors Roger? On parle même pas des mésaventures de Guillaume Joseph Hyacinthe Jean-Baptiste Le Gentil de la Galaisière?:be:

Tu vas compléter, où je m'y colle?;)

 

Erwan

Posté
On peut en déduire que pour Vénus, aucun webastram ne verra de passage en Europe : 6 juin 2012 (entre 22h11 et 04h51 TU) donc la nuit donc pas de soleil.

c'est triste à savoir, même si j'ignorais tout de ce passage il y encore quelques minutes.

Bon on va attendre le 11 décembre 2117...

 

 

Bonjour Syldave, :)

 

Il ne faut pas te désespérer si vite, en réalité l'extrême fin du passage de Vénus devant le disque du Soleil le mercredi 6 juin 2012 sera théoriquement visible à Versailles. Voici les circonstances pour le lieu situé par 2° 07' 59" de longitude Est, 48° 48' 01" de latitude Nord et 150 mètres d'altitude :

 

* lever du bord supérieur du Soleil sur l'horizon théorique : 03h 46m 54s (TU) ;

 

* apparition de Vénus sur l'horizon théorique : 03h 47m 25s (TU) ;

 

* lever du centre du Soleil sur l'horizon théorique : 03h 48m 50s (TU) ;

 

* lever du bord inférieur du Soleil sur l'horizon théorique : 03h 50m 54s (TU) ;

 

* troisième contact (contact intérieur entre le bord Ouest de Vénus et le bord Ouest du Soleil) : 04h 37m 12s ; ; le centre de Vénus est alors seulement à 6,1° au-dessus de l'horizon théorique.

 

* quatrième et dernier contact (contact extérieur entre le bord Est de Vénus et le bord Ouest du Soleil) : 04h 54m 42s ; le centre de Vénus est alors à 8,6° au-dessus de l'horizon théorique.

 

Alors Syldave, peut-être, si tu trouves un horizon Nord-Est bien dégagé, et si le ciel n'est pas du tout nuageux ce jour-là, tu auras peut-être une chance d'observer la fin de ce passage. ;)

 

Bin alors Roger? On parle même pas des mésaventures de Guillaume Joseph Hyacinthe Jean-Baptiste Le Gentil de la Galaisière?:be:

Tu vas compléter, où je m'y colle?;)

 

Bonsoir Erwan, :)

 

Je sens que tu désires fort nous en parler, alors je te laisse nous narrer les mésaventures de ce champion de la persévérance... :p

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Posté

C'est vrai que c'est magique, ce disque noir qui se déplace sur ce disque blanc ou jaune (suivant le filtre).

Posté

Voici l'histoire d'un astronome doublement malchanceux : Guillaume Le Gentil de La Galaisière (1725-1792).

 

 

Guillaume Joseph Hyacinthe Jean-Baptiste Le Gentil de La Galaisière est un astronome né à Coutances (actuel département de la Manche) le 12 septembre 1725, mort à Paris, le 22 octobre 1792. Venu à Paris en 1745, pour étudier la Théologie, il suivit les leçons de l'astronome Joseph-Nicolas Delisle au collège de France. Pris comme assistant par Jacques Cassini (dit "Cassini II") à l'Observatoire de Paris en 1750, celui-ci lui proposa de venir loger à l'Observatoire pour s'exercer aux observations.

 

Ses travaux, dans ce grand établissement, lui ouvrirent les portes de l'Académie, en 1753. Il fut reçu le même jour que Joseph Jérôme Le François de Lalande.

 

Envoyé, à sa demande, en Inde, pour observer à Pondichéry le passage de Vénus devant le disque du Soleil le 6 juin 1761, Guillaume Le Gentil de La Galaisière partit de Brest le 26 mars 1760 à bord du navire "Berryer", un vaisseau de guerre de cinquante canons de la Compagnie des Indes, et arriva, le 10 juillet 1760, à l'Ile-de-France (l'actuelle île Maurice), espérant y trouver un autre navire qui appareillerait pour l'Inde. Le Gentil y apprit que la guerre entre la France et l'Angleterre lui laissait peu d'espoir de continuer sa route pour se rendre à Pondichéry. Par ailleurs, s'il tardait trop, la mousson allait progressivement rendre extrêmement difficile la traversée. Il attendit néanmoins tout l'été et tout l'automne, quand un brusque accès de dysenterie faillit le persuader de renoncer complètement à poursuivre son voyage. Il décida de se contenter de rejoindre l'astronome Alexandre Guy Pingré, qui devait observer l'événement depuis l'île Rodrigue dans l'archipel des Mascareignes.

 

Le 19 février 1761, la frégate française "Sylphide" fit escale à l'île Maurice, et devait faire route pour la côte de Coromandel aux Indes, en face de l'île de Ceylan. Comme cette frégate était un navire suffisamment rapide pour parvenir à destination en deux mois, Le Gentil reprit espoir.

 

La frégate "Sylphide" appareilla de l'île Maurice le 11 mars 1761, et atteignit l'île Bourbon (l'actuelle île de la Réunion) dès le 23 mars, et bénéficia ensuite de vents excellents jusqu'au passage du 7ème parallèle. Ensuite la mousson leur barra le passage, et l'expédition erra pendant cinq semaines dans l'Océan Indien, avant d'atteindre la côte de Malabar aux Indes, le 24 mai 1761, où on les informa que les Anglais s'étant emparés des possessions françaises dans l'Inde, et donc Pondichéry ne leur était plus accessible... :cry: :cry: :cry:

 

La frégate "Sylfide" continua cependant son voyage jusqu'à Ceylan, où on lui confirme la prise des possessions françaises des Indes par les Anglais. La frégate doit donc, le 30 mai 1761, retourner à l'île Maurice... :cry: :cry: :cry:

 

C'est donc depuis le pont de la "Sylfide" que Le Gentil assiste au passage de Vénus devant le Soleil le 6 juin 1761. Voici la description qu'il en fit : « J'étais à 5 degrés 45 minutes de latitude Sud à presque 85 degrés 15 minutes de longitude Ouest (méridien de Paris). J'observai aussi bien que je pus le passage, son début et sa fin. Cette observation que je n'ai pas publiée, ni à propos de laquelle je n'ai fait aucun calcul est consignée telle quelle dans mon journal. »

 

Le Gentil, désespéré de ce contretemps, prit le parti de rester dans les parages jusqu'au passage suivant, huit ans plus tard, le 4 juin 1769 !!!... ;) ;) ;)

 

Pendant ces huit ans, il fit un grand nombre de voyages de découvertes : il parcourut l'Inde et l'Océan indien depuis Madagascar jusqu'à Manille, recueillant spécimens de sciences naturelles, relevant des positions géographiques ou des témoignages ethnologiques.

 

Il finit par se rendre enfin à Pondichéry où le Gouverneur lui fit construire un observatoire. Le Gentil consacra plus d'une année à tout disposer pour ses observations. Il s'efforça surtout de déterminer la position exacte de son observatoire en longitude et en latitude.

 

La saison du printemps 1769 fut très ensoleillée sur Pondichéry. La veille de l'observation du passage (donc le 2 juin 1769) la journée avait été superbement ensoleillée. Le soir il observa l'émersion de Io, le premier satellite de Jupiter.

 

Et arriva enfin la journée, tant attendue depuis huit longues années, du dimanche 4 juin 1769. Voici la relation qu'il en a faite :

« Le dimanche 4, dit-il, m'étant éveillé à deux heures du matin, j'ai entendu la barre de Sud-Est, ce qui me fit croire que la brise était toujours de ce côté, ou du moins qu'elle en souillerait le matin; j'en tirai un bon augure, parce que je savais que le vent du sud-est est le balai de la côte, et qu'il amène toujours la sérénité; mais la curiosité m'ayant porté à me lever un moment après, je vis avec le plus grand étonnement que le ciel était pris partout, surtout dans le nord et le nord-est, où il éclairait; avec cela, il faisait un calme profond. Dès cet instant, je me suis condamné; je me jetai sur mon lit, sans pouvoir fermer l'œil. A quatre heures, on n'entendait plus la barre du sud-est, mais celle du nord-est : ce fut un autre fort mauvais présage pour moi. En effet, m'étant levé une seconde fois, je vis toujours le même temps : le nord-est était encore plus chargé.

A cinq heures, le vent souffla tant soit peu du sud-ouest, ce qui me redonna une lueur d'espérance, d'autant mieux que la partie du sud à l'est était un peu claire; je crus donc que la brise pourrait tourner de ce côté ; et qu'elle balayerait le ciel ; cependant le nord et le nord -est menaçaient continuellement ; les nuages n'avaient aucun mouvement, et on entendait toujours la barre du nord-est; de sorte que j'étais entre la crainte et l'espérance. Mais cet état d'incertitude ne dura pas longtemps : peu à peu les vents passèrent à l'Ouest, au Nord-Ouest et au Nord; en moins de sept à huit minutes, le temps se trouva bouché comme aux approches d'un coup de vent ; du Nord, les vents passèrent au Nord Nord-Est et, au Nord-Est, et il était cinq heures et demie environ ; alors ils soufflèrent avec furie ; les gros nuages, qui jusqu'alors s'étaient tenus immobiles dans le Nord-Est, commencèrent à se mettre en mouvement. La mer était blanche d'écume, et l'air obscurci par les tourbillons de sable et de poussière que la force du vent tenait continuellement élevés. Ce terrible grain, dura jusqu'à six heures environ ; le vent tomba, mais les nuages restèrent. A sept heures moins trois à quatre minutes, moment à peu près que Vénus devait sortir, on vit au ciel une légère blancheur qui fit soupçonner où était le Soleil dans la lunette, on ne distinguait rien.

Peu à peu les vents passèrent à l'Est et au Sud-Est, où ils étaient à neuf heures, petit temps ; les nuages s'éclaircirent, et on vit le Soleil fort brillant : on ne cessa point de le voir tout le reste de la journée. »

 

Guillaume Le Gentil revint en France en 1771. Ses héritiers, qui l'avaient cru mort, voulaient déjà se partager sa succession, heureusement son fondé de pouvoir fit échouer toutes leurs tentatives.

 

L'Académie des Sciences, qui le croyait occupé dans l'Inde de tout autre chose que d'astronomie, l'avait déclaré vétéran ; mais elle finit par lui rendre ses droits et il devint même académicien pensionnaire. Il se maria, eut des enfants, et finit ses jours (le 22 octobre 1792, à l'âge de 67 ans) d'une façon très heureuse entouré de l'affection des siens. Il ne semble pas avoir ruminé toute sa vie l'échec de l'observation des deux passages de Vénus devant le disque du Soleil. :)

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Posté

beaucoup de plaisir à lire ces 2 récits. quel engagement !

merci pour ces données très précises sur le transit de venus devant le disque solaire en 2012. Un déplacement en région parisienne à prévoir à cette date car après en 2117 ?

eclair

Posté

Bonsoir Roger,

 

Excellent post, qui allie bien la partie historique, fort bien détaillée, et la partie contemporaine avec les éphémérides des prochains passages. Beau travail de synthèse.

 

Il manque juste une image du portrait de Le Gentil de la Galaisière :p. En fait, je lance un appel, car j'ai déjà essayé d'en trouver un pour un exposé du club, sans succès, à l'époque. Il manque aussi celui de Chappe d'Auteroche.

 

As tu déjà essayé de retrouver ce 'Voyage de Californie' de Cassini III sur le site de la BNF/Galica ou d'autres écrits de Chappe d'Auteroche, qui auraient pu être rapportés dans les oeuvres de Delambre, ou dans le Journal des Sçavants ... , notamment sur le compte rendu de ces passages de Venus ? A l'occasion j'essaierai de chercher.

 

Il y aussi Hook qui avait participé à l'observation du second passage de Venus de 1769, dans le Pacifique. Je crois me souvenir qu'il avait emporté une des fameuses montres H4 de Harisson du Longitude Prize' . C'est peut etre un peu tard, non ? A verifier.

 

Jean

Posté

Bonsoir Jeannot, :)

 

Hélas, la réponse est négative à toutes tes interrogations en ce qui me concerne. :( :( :( Un autre Webastram aura sans doute une ou plusieurs réponses positives. ;)

 

J'ai toutefois trouvé deux illustrations :

 

D'abord William Crabtree effectuant la première observation du passage de Vénus le 4 décembre 1639 :

 

800px-Transit_of_venus.JPG

 

Ensuite, Jérémie Horrocks faisant la première observation du passage de Vénus le 4 décembre 1639

 

JeremiahHorrocks.jpg

 

Roger le Cantalien.

Posté

Bon j'ai pas été là de la journée, donc tu m'a piqué mon travail...:be:Je me permets d'ajouter quelques précisions:

Ses héritiers, qui l'avaient cru mort, voulaient déjà se partager sa succession, heureusement son fondé de pouvoir fit échouer toutes leurs tentatives.

Il me semblait plutôt que son héritage avait déjà été dispersé. Et qu'il avait perdu les premiers procès (mais gagné les suivants).

il devint même académicien pensionnaire.

Et ceci grâce à l'intervention du roi.

Il se maria

Ou plutôt: il se REmaria. Sa femme précédente s'était déjà remariée.

 

Erwan

Posté
Voici l'histoire d'un astronome doublement malchanceux : Guillaume Le Gentil de La Galaisière (1725-1792).

 

 

Guillaume Joseph Hyacinthe Jean-Baptiste Le Gentil de La Galaisière est un astronome né à Coutances (actuel département de la Manche) le 12 septembre 1725, mort à Paris, le 22 octobre 1792. Venu à Paris en 1745, pour étudier la Théologie, il suivit les leçons de l'astronome Joseph-Nicolas Delisle au collège de France. Pris comme assistant par Jacques Cassini (dit "Cassini II") à l'Observatoire de Paris en 1750, celui-ci lui proposa de venir loger à l'Observatoire pour s'exercer aux observations.

 

Ses travaux, dans ce grand établissement, lui ouvrirent les portes de l'Académie, en 1753. Il fut reçu le même jour que Joseph Jérôme Le François de Lalande.

 

Envoyé, à sa demande, en Inde, pour observer à Pondichéry le passage de Vénus devant le disque du Soleil le 6 juin 1761, Guillaume Le Gentil de La Galaisière partit de Brest le 26 mars 1760 à bord du navire "Berryer", un vaisseau de guerre de cinquante canons de la Compagnie des Indes, et arriva, le 10 juillet 1760, à l'Ile-de-France (l'actuelle île Maurice), espérant y trouver un autre navire qui appareillerait pour l'Inde. Le Gentil y apprit que la guerre entre la France et l'Angleterre lui laissait peu d'espoir de continuer sa route pour se rendre à Pondichéry. Par ailleurs, s'il tardait trop, la mousson allait progressivement rendre extrêmement difficile la traversée. Il attendit néanmoins tout l'été et tout l'automne, quand un brusque accès de dysenterie faillit le persuader de renoncer complètement à poursuivre son voyage. Il décida de se contenter de rejoindre l'astronome Alexandre Guy Pingré, qui devait observer l'événement depuis l'île Rodrigue dans l'archipel des Mascareignes.

 

Le 19 février 1761, la frégate française "Sylphide" fit escale à l'île Maurice, et devait faire route pour la côte de Coromandel aux Indes, en face de l'île de Ceylan. Comme cette frégate était un navire suffisamment rapide pour parvenir à destination en deux mois, Le Gentil reprit espoir.

 

La frégate "Sylphide" appareilla de l'île Maurice le 11 mars 1761, et atteignit l'île Bourbon (l'actuelle île de la Réunion) dès le 23 mars, et bénéficia ensuite de vents excellents jusqu'au passage du 7ème parallèle. Ensuite la mousson leur barra le passage, et l'expédition erra pendant cinq semaines dans l'Océan Indien, avant d'atteindre la côte de Malabar aux Indes, le 24 mai 1761, où on les informa que les Anglais s'étant emparés des possessions françaises dans l'Inde, et donc Pondichéry ne leur était plus accessible... :cry: :cry: :cry:

 

La frégate "Sylfide" continua cependant son voyage jusqu'à Ceylan, où on lui confirme la prise des possessions françaises des Indes par les Anglais. La frégate doit donc, le 30 mai 1761, retourner à l'île Maurice... :cry: :cry: :cry:

 

C'est donc depuis le pont de la "Sylfide" que Le Gentil assiste au passage de Vénus devant le Soleil le 6 juin 1761. Voici la description qu'il en fit : « J'étais à 5 degrés 45 minutes de latitude Sud à presque 85 degrés 15 minutes de longitude Ouest (méridien de Paris). J'observai aussi bien que je pus le passage, son début et sa fin. Cette observation que je n'ai pas publiée, ni à propos de laquelle je n'ai fait aucun calcul est consignée telle quelle dans mon journal. »

 

Le Gentil, désespéré de ce contretemps, prit le parti de rester dans les parages jusqu'au passage suivant, huit ans plus tard, le 4 juin 1769 !!!... ;) ;) ;)

 

Pendant ces huit ans, il fit un grand nombre de voyages de découvertes : il parcourut l'Inde et l'Océan indien depuis Madagascar jusqu'à Manille, recueillant spécimens de sciences naturelles, relevant des positions géographiques ou des témoignages ethnologiques.

 

Il finit par se rendre enfin à Pondichéry où le Gouverneur lui fit construire un observatoire. Le Gentil consacra plus d'une année à tout disposer pour ses observations. Il s'efforça surtout de déterminer la position exacte de son observatoire en longitude et en latitude.

 

La saison du printemps 1769 fut très ensoleillée sur Pondichéry. La veille de l'observation du passage (donc le 2 juin 1769) la journée avait été superbement ensoleillée. Le soir il observa l'émersion de Io, le premier satellite de Jupiter.

 

Et arriva enfin la journée, tant attendue depuis huit longues années, du dimanche 4 juin 1769. Voici la relation qu'il en a faite :

« Le dimanche 4, dit-il, m'étant éveillé à deux heures du matin, j'ai entendu la barre de Sud-Est, ce qui me fit croire que la brise était toujours de ce côté, ou du moins qu'elle en souillerait le matin; j'en tirai un bon augure, parce que je savais que le vent du sud-est est le balai de la côte, et qu'il amène toujours la sérénité; mais la curiosité m'ayant porté à me lever un moment après, je vis avec le plus grand étonnement que le ciel était pris partout, surtout dans le nord et le nord-est, où il éclairait; avec cela, il faisait un calme profond. Dès cet instant, je me suis condamné; je me jetai sur mon lit, sans pouvoir fermer l'œil. A quatre heures, on n'entendait plus la barre du sud-est, mais celle du nord-est : ce fut un autre fort mauvais présage pour moi. En effet, m'étant levé une seconde fois, je vis toujours le même temps : le nord-est était encore plus chargé.

A cinq heures, le vent souffla tant soit peu du sud-ouest, ce qui me redonna une lueur d'espérance, d'autant mieux que la partie du sud à l'est était un peu claire; je crus donc que la brise pourrait tourner de ce côté ; et qu'elle balayerait le ciel ; cependant le nord et le nord -est menaçaient continuellement ; les nuages n'avaient aucun mouvement, et on entendait toujours la barre du nord-est; de sorte que j'étais entre la crainte et l'espérance. Mais cet état d'incertitude ne dura pas longtemps : peu à peu les vents passèrent à l'Ouest, au Nord-Ouest et au Nord; en moins de sept à huit minutes, le temps se trouva bouché comme aux approches d'un coup de vent ; du Nord, les vents passèrent au Nord Nord-Est et, au Nord-Est, et il était cinq heures et demie environ ; alors ils soufflèrent avec furie ; les gros nuages, qui jusqu'alors s'étaient tenus immobiles dans le Nord-Est, commencèrent à se mettre en mouvement. La mer était blanche d'écume, et l'air obscurci par les tourbillons de sable et de poussière que la force du vent tenait continuellement élevés. Ce terrible grain, dura jusqu'à six heures environ ; le vent tomba, mais les nuages restèrent. A sept heures moins trois à quatre minutes, moment à peu près que Vénus devait sortir, on vit au ciel une légère blancheur qui fit soupçonner où était le Soleil dans la lunette, on ne distinguait rien.

Peu à peu les vents passèrent à l'Est et au Sud-Est, où ils étaient à neuf heures, petit temps ; les nuages s'éclaircirent, et on vit le Soleil fort brillant : on ne cessa point de le voir tout le reste de la journée. »

 

Guillaume Le Gentil revint en France en 1771. Ses héritiers, qui l'avaient cru mort, voulaient déjà se partager sa succession, heureusement son fondé de pouvoir fit échouer toutes leurs tentatives.

 

L'Académie des Sciences, qui le croyait occupé dans l'Inde de tout autre chose que d'astronomie, l'avait déclaré vétéran ; mais elle finit par lui rendre ses droits et il devint même académicien pensionnaire. Il se maria, eut des enfants, et finit ses jours (le 22 octobre 1792, à l'âge de 67 ans) d'une façon très heureuse entouré de l'affection des siens. Il ne semble pas avoir ruminé toute sa vie l'échec de l'observation des deux passages de Vénus devant le disque du Soleil. :)

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

 

Tout ceci est lisible sur le site

http://www.cosmovisions.com/LeGentil.htm

auquel roger aurait tout simplement pu faire référence ;)

Posté
Tout ceci est lisible sur le site

http://www.cosmovisions.com/LeGentil.htm'>http://www.cosmovisions.com/LeGentil.htm

auquel roger aurait tout simplement pu faire référence ;)

 

 

Bonsoit Toutiet, :)

 

J'ai ouvert le lien sur le site "Cosmovisions" que tu as indiqué (http://www.cosmovisions.com/LeGentil.htm), mais j'invite les Webastrams à être prudent en le faisant car mon anti-virus "Kaspersky Internet Security 2010" m'indique quand je l'ouvre qu'il contient le virus suivant : "HEUR: Trojan. Script. Iframer". :confused: :confused: :confused:

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

  • En ligne récemment   0 membre est en ligne

    • Aucun utilisateur enregistré regarde cette page.
×
×
  • Créer...

Information importante

Nous avons placé des cookies sur votre appareil pour aider à améliorer ce site. Vous pouvez choisir d’ajuster vos paramètres de cookie, sinon nous supposerons que vous êtes d’accord pour continuer.