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Bonsoir,

 

 

D'abord quelques idées en vrac :

 

 

Je commence ce topic sans être certain que cela captivera.

Je l'espère, mais je le fais aussi pour me faire plaisir car, avec la Planétologie, l'Histoire ancienne est mon autre passion.

Ces derniers temps, j'ai beaucoup lu sur le néolithique, et j'ai voulu compiler les multiples sources qui m'ont éclairé sur cette période exceptionnelle.

 

 

Pour simplifier les multiples systèmes chronologiques, fondés en général sur différentes méthodes de datations, qui existent dans les ouvrages de référence que j'ai consulté, toutes les dates que j'indique doivent être comprises comme X avant Jésus christ.

Cette manière de faire est complètement arbitraire, personnelle et peu scientifique.

Elle vient se substituer aux dates BP, BC, calibrées ou non-calibrées , qui nous entraîneraient dans de trop grandes complications.

 

 

On a globalement abandonné l'idée que le néolithique soit une époque particulière de l'histoire humaine.

On s'accorde maintenant à penser que le néolithique correspond plutôt à un degré évolutif dans une aire culturelle (donc variable dans le temps d'une région à une autre). C'est le moment pour chacune d'elles où apparaît la sédentarité, l'agriculture, l'élevage, la céramique (mais pas forcément dans cet ordre).

En conséquence de quoi, de façon générique, on parle plutôt d'un processus, la néolithisation, phase de développement s'étant produite au moins une dizaine de fois de façon indépendante à travers le Monde et dans des temps protohistoriques.

 

 

Pendant longtemps, on a associé la séquence , Sédentarisation – Agriculture – Elevage – Céramique, par ordre d'apparition d'une évolution néolithique (révolution pour certain préhistoriens).

 

En fonction des réalités rencontrées dans les divers foyers culturels anciens, on a pu voir apparaître les pratiques agricoles avant les villages(sédentaires), l'élevage et/ou la céramique avant l'agriculture, et même des situations où l'un de ces éléments paraissant fondamentales vient à manquer. On pourra en reparler plus en détails avec des exemples précis.

 

 

On connaît bien en général les grandes zones territoriales qui voient apparaître l'agriculture comme le Moyen-Orient, la Chine et l'Amérique centrale.

Mais qui reconnaît pour telles, la haute vallée de l'Indus, l'Océanie, l'Afrique sub-saharienne, les Andes ou l'Amazonie ?

Qui sait que l'art de la céramique a pour premier foyer connu le Japon avec la culture Jômon (chasseurs- collecteurs) il y a 14000 ans, bien avant toute trace d'agriculture et d'élevage dans ce pays et même ailleurs ?

L'élevage des bovidés au Sahara précéda probablement de plusieurs siècles celui des caprins d'Anatolie et du Zagros !

Qui oserait affirmer que l'Afrique (hors Egypte) a connu bien avant l'Europe Occidentale, la céramique, l'agriculture, l'élevage ?

 

 

Beaucoup de choses qui semblent établies pour le profane sont encore très discutées chez les préhistoriens. Le paysage de ce moment clef où l'homme va asservir son environnement, le façonner selon ses besoins, reste un objet d'études foisonnantes. Il éclaire de manière profonde ce que nous sommes devenus et certains des problèmes cruciaux auxquels nous sommes confrontés, tout en nous laissant souvent dans l'incertitude sur les conditions et cheminements ayant aboutis à l'émergence d'une « humanité nouvelle ».

 

 

Fin du vrac !

 

 

 

Historiquement, le Moyen-Orient fût la première région où les archéologues vont aller chercher l'origine de la néolithisation. Cette démarche subjective a pu s'expliquer, par la suite, par des considérations politico-religieuses assez éloignées de toute rigueur scientifique. Pourtant , encore maintenant, il est indéniable que parmi ce qui nous est connu à travers le monde, cette zone demeure l'une de celles dans laquelle les empreintes de la sédentarité et de la domestication végétale sont les plus anciennes.

 

 

Les premières preuves de sédentarisation connues apparaissent vers -12000, dans ce qu'il est convenu d'appeler le Natoufien du Levant. Des groupes de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs de

Galilée et du Carmel (Nord d'Israël sud Liban) vont construire de petits groupes d'habitations circulaires considérées comme les premiers villages de populations sédentaires.

Les fouilles sur le site de Mallaha ont révélé que ces maisons sont généralement circulaires ou presque, de 5 à 7 mètres de diamètre, semi-enterrées. On a retrouvé dans l'une d'elle, les traces de trous concentriques au muret extérieur de soutainement, marquant l'emplacement de poteaux avec des calages de pierres à leurs bases. Ils portaient une toiture dont il n'existe naturellement plus aucune trace.

Deux foyers entourés de pierres plates en demi-cercle , au niveau des poteaux s'ouvrent vers le centre de la pièce. Dans l'un, parmi les cendres, on a retrouvé beaucoup de petits os d'oiseaux, principalement de canards.

Le chien était alors le seul animal domestique. Cette population vivait dans un environnement où elle pratiquait la chasse (gazelles, petits gibiers) la pêche et la cueillette. Dans cette dernière, la part de céréales sauvages est très importante.

Il me paraît essentiel de préciser que la cueillette de céréales sauvages dans cette région est attestée dès le paléolithique récent, avant le terme de la glaciation Würmienne, il y a – 20 000 ans !

Au Natoufien, c'est donc une pratique immémoriale qui se poursuit.

Le blé amidonnier, l'orge sauvage, les lentilles, des fruitiers comme le pistachier et l'amandier sauvage constituaient dans un rayon d'une dizaine de Km autour des villages, une sorte de « jardin d'Eden » où les humains trouvaient leur subsistance.

On retrouve tout un matériel archéologique lié à l'exploitation et à la consommation des céréales comme des faucilles en silex (lames droites) et des meules pour le broyages des grains. Les archéo-botanistes ont parfaitement échantillonné les graines de ces plantes et sont en mesure de déterminer la nature sauvage de l'espèce, et non domestique.

Nous n'avons donc pas affaire à des agriculteurs, c'est une certitude.

 

On trouve deux principaux types de sépultures, individuelles ou collectives. On attache souvent le fait d'enterrer les morts sous les habitations au caractère sédentaire des populations qui le faisait.

A Mallaha, à Ayonim, comme dans la plus part des autres sites du Natoufien, cette pratique est courante sur l'ensemble de la période ( de -12 000 à - 10 000 ans).

 

 

Demain, en un autre lieu , en d'autres temps, pour traiter de l'apparition de l'agriculture...

Modifié par quetzalcoatl
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Les pipelettes du sujet

Les pipelettes du sujet

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:) Ah, quelle bonne idée, voilà un sujet passionnant, et d'actualité... Merci.

 

C'est vraiment curieux, cette "origine" du Néolithique, plusieurs sociétés humaines, distantes (les japonais !) et sans aucun contacts, y arrivent indépendamment sur un laps de temps relativement court, alors que la période précédente s'est étalée sur si longtemps... :b:

 

Qu'est-ce qui peut bien se passer avec cette glaciation Wurm ?

Posté

C'est vraiment curieux, cette "origine" du Néolithique, plusieurs sociétés humaines, distantes (les japonais !) et sans aucun contacts, y arrivent indépendamment sur un laps de temps relativement court, alors que la période précédente s'est étalée sur si longtemps... :b:

Est ce si difficile à comprendre pour un platonicien ? :be:

En un temps si court, c'est surprenant effectivement.

 

Il me semble que c'est dans la nature humaine/animal de vouloir accumuler des réserves de nourritures (par l'agriculture) : l'Homme n'est d'ailleurs pas le seul et pas le premier (certaisn animaux).

 

Oui Jeff, le néo-libéralisme fait partie du monde des idées...:ninja:

Posté

Il me semble que c'est dans la nature humaine/animal de vouloir accumuler des réserves de nourritures (par l'agriculture) : l'Homme n'est d'ailleurs pas le seul et pas le premier (certaisn animaux).

 

Mais justement, si c'est le cas, pourquoi ce n'est pas arrivé plus tôt ? Le Néolithique me fascine, car il survient après un très long Palélolithique, et indépendamment en différents endroits de la planéte, comme l'indique Quetzal dans son post.

 

Pourquoi les humains mettent si longemps à se décider pour l'agriculture ?

Posté

Qu'est-ce qui peut bien se passer avec cette glaciation Wurm ?

 

Bonsoir Jeff,

 

Bon , au moins cela interresse un de vous. ;)

 

A la fin du Würm, disons de - 20 000 à - 15 000 ans, même si la part des céréales sauvages prend une certaine importance dans l'alimentation humaine, cela procède d'une simple collecte d'une ressource naturelle.

Nous demeurons dans le cadre strict d'une activité de prédation.

 

Le début de la néolithisation au Moyen-Orient ne commence que pendant la periode de réchauffement qui marque la fin de la glaciation et va peut-être connaître un tournant décisif pendant le Dryas (Court refroidissement venant interrompre le réchauffement du climat entre -13 000 et - 10 000.

Les changements climatiques de cette époque auront une influence certaine dans tout le Levant et sur son écosystème.

Ce n'est qu'après qu'apparaît seulement une société de production à partir de l'exploitation plus ou moins raisonnée de céréales sauvages.

 

Je tâcherai de mieux m'en expliquer demain.

 

Quand j'aurai fini mon petit exposé, je suis sûr que nous pourrons débattre à loisir et que tu vas m'obliger à repenser certaines choses... :)

Posté
Mais justement, si c'est le cas, pourquoi ce n'est pas arrivé plus tôt ? Le Néolithique me fascine, car il survient après un très long Palélolithique, et indépendamment en différents endroits de la planéte, comme l'indique Quetzal dans son post.

 

Pourquoi les humains mettent si longemps à se décider pour l'agriculture ?

 

Le pourquoi est énormement fonction de l'amélioration des conditions climatiques qui touchent la planète. L'ensemble de l'hémisphère nord était depuis 120 000 ans très influencé par la glaciation.

Mais les racines du processus remontent à l'épi-paléolithique avec l'activité de collecte.

L'évolution conduisant à l'agriculture n'a rien d'une révolution brutale. elle s'étale au moins sur 20 000 ans !

 

Pour ce qui est de l'apparition de la néolithisation, indépendamment, dans de multiples endroits du Monde, je possède maintenant une quantité de documents passionnants. j'établirai une bibliographie plus tard. :)

Posté (modifié)

Bonsoir Quetza,

 

Excellent sujet :cool:

 

Je commence ce topic sans être certain que cela captivera.

 

Ce sujet est passionnant : l'homme domestique son environnement. Les animaux et les plantes que nous connaissons maintenant en sont la conséquence. La vache n'existait pas, le mouton n'existait pas, le cochon n'existait pas.... ainsi que de nombreuses plantes céréalières.

Les espèces sur lesquelles reposent notre alimentation actuelle ont été modifiées et sélectionnées durant les millénaires du néolithique.

Les paysages actuels sont aussi la conséquence du néolithique : les bocages, les champs ouverts ou les zones désertiques au moyen-orient.

Bref, les structures mises en place au néolithique ont perduré jusqu'à la révolution industrielle dans nos contrées mais perdurent encore dans beaucoup d'autres contrées.

 

 

Pour simplifier les multiples systèmes chronologiques, fondés en général sur différentes méthodes de datations, qui existent dans les ouvrages de référence que j'ai consulté, toutes les dates que j'indique doivent être comprises comme X avant Jésus christ.

Cette manière de faire est complètement arbitraire, personnelle et peu scientifique.

Elle vient se substituer aux dates BP, BC, calibrées ou non-calibrées , qui nous entraîneraient dans de trop grandes complications.

 

Je confirme, c'est compliqué au point de s'identifier à un bovidé mongolien.

 

Qui sait que l'art de la céramique a pour premier foyer connu le Japon avec la culture Jômon (chasseurs- collecteurs) il y a 14000 ans, bien avant toute trace d'agriculture et d'élevage dans ce pays et même ailleurs ?

 

Oui, une étrange singularité.

Surtout, elle a disparue comme elle est apparue pour réapparaitre quelques millénaires plus tard.

 

Place au narrateur Quetza.....

Modifié par tatien
un p'tit "s"
Posté

Bonsoir,

 

Moque-toi Tatien ! :p

 

 

On l'aura vu plus haut, la sédentarité émerge, pour l'aire moyen orientale, dans la zone dite du Levant, entre – 12 500 et – 10 000 ans avant notre ère.

 

 

Suivra le Khiamien qui, sur cinq siècles, dans un espace culturel s'agrandissant vers le nord et le nord-est, dans des communautés qui conservent globalement le même mode de vie que les Natoufiens, voit naître toutes une symbolique attachée à un important culte de la femme et, en Anatolie, à celui du taureau (auroch).

Le chercheur J. Cauvin y perçoit une relation forte entre, d'une part :

Agriculture et nouvelle symbolique féminine, fécondité; cueuillette envisagée comme une activité féminine (?)

et, d'autre part:

Les prémices de l'élevage et le culte du taureau, pratique dérivée de la chasse, domaine d'activité masculin.

Plus que des changements écologiques, Cauvin favorise l'explication de transformations des structures sociales comme vecteur fondateur de l'agriculture. Il y associe étroitement la naissance de nouvelles manifestations religieuses.

 

 

Il faudra attendre la fin de cette période pour, qu'au PPNA, dans une vaste région couvrant l'est du plateau anatolien, la Syrie, le Zagros et la vallée moyenne de l'Euphrate, on voit apparaître la trace manifeste des premières domestications végétales.

 

 

A l'inverse de ce que pourrait laisser entendre la formule « révolution néolithique », les travaux récents livrent un panorama où l'instauration d'une société agricole structurée, s'étale sur plusieurs millénaires, et même dizaines de millénaires si l'on inclut la lente phase de gestation chez les chasseurs -cueilleurs de l'épi-paléolithique.

 

Il n'en demeure pas moins qu'en l'espace de trois milles ans (- 10 000 à - 7 000) pour le Moyen-Orient, l'organisation de la société passe d'une activité de prédation à une économie productive. Fait remarquable souligné par Jeff, à un ou deux milliers d'années prêt, ce processus va se reproduire plusieurs fois dans des endroits totalement déconnectés les uns des autres sur notre globe. J'y reviendrai plus tard.

 

 

Regardons de plus prêt maintenant un des principales processus de la domestication végétale.

 

 

Les caractéristiques des graminées sauvages ou domestiques sont forts différentes.

Principalement, se sont la morphologie du rachis (partie de l'épi où le grain vient s'attacher) et le grain lui-même qui vont permettre de les identifier.

 

 

Pour la variété sauvage en général, l'épi porte peu de grains, il est de petite taille. Alors que les grains à la base d'un rachis fragile ne sont pas encore à maturité, ceux en haut de l'épi tombent au sol à la moindre brise. ils favorisent la régénération de la plante de façon complètement naturelle.

Quelques soient les techniques de collecte envisagées, arrachage ou coupe à la faucille, les collecteurs (Chasseurs-ceuilleurs) se satisfaisaient du réensemencement naturel et ne consommaient que des grains restant fixés au rachis.

Mais bientôt l'utilisation de la faucille va se généraliser. Description sommaire de l'outil, pensez à un boomerang, pièce de bois incurvée dont, dans l'un des côtés internes, une lame de silex est enchâssée, l'autre servant de poignée. Le geste du ceuilleur, courbé, une main vient saisir une touffe de tiges, de l'autre en ramenant la faucille vers soi, on coupe la touffe à sa base.

Pourtant, à partir de cette simple technique, un premier phénomène de sélection inconsciente se produit.

C'est Hilman et Davies qui décrivent très bien la succession d'évènements la provoquant.

L'emploi de la faucille entraîne parmi les céréales collectées une sélection des plants possédant les rachis les plus aptes à conserver leurs grains pendant l'opération, les autres laissant tomber à terre la majorité de leurs grains qui germeront plus tard naturellement.

Au stade suivant, il faut comprendre l'action qui peut rendre efficace ce tri issu de la récolte.

Cette action, c'est le déplacement. Oui, les tout premiers agriculteurs étaient certainement nomades !

En réensemençant, avec des grains issus de leur récolte précédente, loin des prairies où la céréale sauvage originelle continue de prospérer par la chute naturelle des graines, le chasseur-ceuilleur nomade va involontairement créer la sélection de nouvelles variétés.

On parle dans ce cas d'agriculture pré-domestique.

 

Ce scénario est encore appuyé par le fait que, dans aucun site sédentaire à ce jour, on ai trouvé de traces du lent processus de domestication des céréales.

 

Sans les mécanismes décrits plus haut, on voit mal comment des collecteurs sédentaires de cette époque auraient pu initier une sélection volontaire dans les prairies où les souches sauvages et domestiques sont totalement indifférenciées.

Seules une action sélectives par déplacements des semences sur plusieurs générations a permis l'apparition de nouvelles espèces.

 

 

Dans un deuxième temps seulement, ces pratiques vont s'instaurer chez les sédentaires, ou bien, des nomades pratiquant l'agriculture pré-domestique s'intègrent dans des implantations fixes...

 

 

On peut imaginer qu'à la suite d'évènements particuliers, incendies, déficits pluviométriques, accroissement de la collecte ou autres, les surfaces couvertes par les céréales sauvages n'aient plus été suffisantes à approvisionner un groupe. Mais même sans circonstances particulières, l'agriculture ne va pas tarder à être indéfectiblement associée aux populations sédentaires.

 

 

C'est donc au PPNA (pour Pré-Pottery Néolithic A), entre -9 500 et -8 500, dans plusieurs cultures, dont les Mureybétiens (du site de Mureybet sur l'Euphrate en Syrie) que les premières expériences d'agricultures sédentaires vont apparaître.

Au départ , il ne s'agît que de planter des graines récoltées à distances du villages pour ensemencer des parcelles plus proches, très grossièrement travaillées en arrachant quelques mauvaises herbes.

A cette instant, rien ne distingue encore la souche sauvage de la variété domestique. Il faudra attendre encore plus d'un millénaire pour voir surgir des différences notables entre ces variétés.

 

On constate à cette époque un développement des échanges sur de grandes distances.

Ces échanges existaient déjà depuis longtemps (le Natoufien) mais connaissent un net développement , notamment entre le vallée de l'Euphrate et l'Anatolie, ou de l'obsidienne, de petits objets de parures et divers matériaux font l'objet de commerce.

Posté (modifié)

Ah, ben Jeff a posé la question que j'allais poser ! :) Pareil que lui : je trouve étonnant que l'agriculture (par exemple) apparaît en même temps sur toute la Terre. Les Mayas cultivent leurs tomates, les Chinois du Shanxi font pousser je ne sais plus quelle céréale, et les Mésopotamiens apprennent à cultiver le blé qu'on trouve à l'état sauvage en Anatolie. Quelque chose comme ça.

 

Y a-t-il eu des contacts ? Pourquoi pas, après tout, une technique qui se propagerait de 100 km par décennie (ce n'est pas énorme) n'aurait besoin de que 1000 ans pour aller de Mésopotamie en Chine (ou le contraire). Mais comment atteindre l'Amérique ?

 

Est-ce dû au climat ? L'agriculture n'a pu être possible que lorsque certaines conditions climatiques ont fini par être atteintes, et cela s'est produit durant le même laps de temps (à 5000 ans près) partout sur Terre. Mouais, pourquoi pas ? Mais ces conditions, elles n'existaient pas lors du précédent interglaciaire ? Je ne sais pas, mais j'aurais tendance à chercher la réponse plutôt de ce côté, après tout, lors du précédent interglaciaire, les Homo sapiens étaient bien moins nombreux et confinés à l'Afrique, et on peut admettre que les Néandertaliens, trop spécialisés, n'avaient aucun intérêt d'inventer l'agriculture.

 

Voilà en tout cas l'état de ma réflexion lorsque je pense à ce problème, que je trouve passionnant.

Modifié par 'Bruno
Posté (modifié)

Salut Bruno,

 

Content de te retrouver sur ce topic. ;)

 

Franchement, je ne crois pas que l'on trouve dans la littérature spécialisée une réponse à la grande question de la "simultanéïté", qui fasse l'unanimité.

 

On a différents éléments incontournables qui excluent certaines conclusions, dans la plus part des cas, comme la diffusion de la connaissance entre grands foyers agricoles primaires.

Au grè des découvertes, on n'exclue pas à priori cette explication dans un ou deux cas marginaux mais les faits archéologiques s'y opposent formellement le plus souvent.

Quand on étudie chaque processus d'apparition de l'agriculture, dans ces régions éparses, on s'aperçoit clairement de leurs singularités et on trace assez précisément dans le temps leurs évolutions ancrées dans leurs terroirs.

Mais je ne veux pas griller les étapes et avant d'aborder ce point essentiel, je souhaite d'abord compléter le tableau que j'ai entrepris de brosser.

Je déclare simplement à l'avance que, pas plus que les préhistoriens, je n'ai de thèse globale à avancer pour résoudre la question que vous posez.

Cela certainement ne nous interdit pas d'y réfléchir.

 

Petite chinoiserie complémentaire les deux principaux foyers agricoles chinois donnent aux nord la culture de deux variétés de millets et au sud le riz et certaines courges prospéreront.

 

En Mesoamérique, longtemps avant les Mayas et les tomates, dans la vallée de Téhuacan les précurseurs des Olmèques ont cultivé plusieurs piments et plusieurs espèces de courges.

Que personne ne se sente offensé !

Sur ce continent, on pense d'ailleurs que la domestication de certaines plantes est encore plus précoce sur les versants orientaux des Andes. On pressent même une influence de cultures amazonniennes dans cette éclosion. Tiens, voilà par exemple un cas où la transmission de techniques agricoles est envisagée. Signalons quand même que ces deux régions sont contigües. :)

Modifié par quetzalcoatl
orthographe
Posté

L'intérêt ne faiblit pas...:cool:

 

Je trouve particulièrement intéressant et étonnant ce fait :

 

Cette action, c'est le déplacement. Oui, les tout premiers agriculteurs étaient certainement nomades !

 

Des agriculteurs nomades, réalisant par une praxis inconsciente une sélection génétique des céréales... :b:

 

Nos ancêtres étaient des gens étonnants... :rolleyes:

Posté
C'est vraiment curieux, cette "origine" du Néolithique, plusieurs sociétés humaines, distantes (les japonais !) et sans aucun contacts, y arrivent indépendamment sur un laps de temps relativement court, alors que la période précédente s'est étalée sur si longtemps... :b:

 

C'est la grande question des préhistoriens.

La maîtrise de l'usage du feu s'est produit simultanément en plusieurs endroits du globe.

Certaines industries lithiques sont apparues simultanément aussi dans différentes régions.

C'est la même interrogation pour la "révolution néolithique".

 

Transmission, "génération spontanée" ou bien c'était dans l'air du temps?

 

Il semble qu'il existait des déplacements humains sur de longues distances ou/et une circulation d'objets sur de longues distances.

En effet, des pierres polies ,ayant une origine commune d'extraction dans l'ouest "français" (Bretagne/Armorique/un nom oublié...?), ont été retrouvées en Dordogne et en Allemagne (si ma mémoire est bonne?).

Les biens de valeur et/ou les hommes semblaient circuler donc sur de longues distances.

Petite précision, c'est au magdalénien (dernière période du paléo, celle de Lascaux, de la Dame de Brassempouy).

 

Les préhistoriens utilisent aussi les données recueillies par les ethnologues sur les sociétés de chasseurs/cueilleurs et d'agro-pasteurs afin d'essayer d'appréhender les sociétés passées.

Bref, ils constatent que la circulation de biens et de personnes (faits de guerre aussi : pillage, vol de femme) est intense dans les sociétés étudiées et parfois sur de très longues distances.

 

La diffusion du néolithique, du moyen orient à l'Europe de l'ouest, s'est clairement faite par voie de diffusion.

Je laisse Quetza vous le narrer.

 

Lorsqu'une innovation/invention apparait sur plusieurs continents, c'est le mystère. Peut-être "l'air du temps"?

Posté

Lorsqu'une innovation/invention apparait sur plusieurs continents, c'est le mystère. Peut-être "l'air du temps"?

Il me semble que cela arrive encore aux temps modernes. Je n'ai plus d'exemple en tête, mais il me semble qu'en physique au 20ème siècle, certains choses ont été découvertes par plusieurs équipes en des temps très rapprochés, sans que les équipes communiquent.

 

Alors vous pourrez rétorquer, que ces équipes ont une base de connaissance commune sur l'état de l'art (les mêmes séminaires internationaux, et les mêmes lectures) : Mais je pense que cela pouvait être la même chose au néolitihique grace aux déplacements que Tatien évoquait. La différence, c'est la vitesse de dissémination : Presque instantanée aujourd'hui, plusieurs générations au néolithique.:o

Posté
Mais je pense que cela pouvait être la même chose au néolitihique grace aux déplacements que Tatien évoquait. La différence, c'est la vitesse de dissémination : Presque instantanée aujourd'hui, plusieurs générations au néolithique.:o

 

Il y a quand même une différence notable, il me semble. Nous sommes maintenant dans un monde très unifié, culturellement, pour ne pas dire uniformisé. Et c'était vrai au début du XXème siècle, au moins pour la partie Europe et USA...

 

Aux débuts du Néolithique, j'imagine une certaine diversité des désirs et aspirations, le marketing n'existe pas encore. :be:

Posté (modifié)
C'est la grande question des préhistoriens.

La maîtrise de l'usage du feu s'est produit simultanément en plusieurs endroits du globe.

Certaines industries lithiques sont apparues simultanément aussi dans différentes régions.

C'est la même interrogation pour la "révolution néolithique".

 

Transmission, "génération spontanée" ou bien c'était dans l'air du temps?

 

Il semble qu'il existait des déplacements humains sur de longues distances ou/et une circulation d'objets sur de longues distances.

En effet, des pierres polies ,ayant une origine commune d'extraction dans l'ouest "français" (Bretagne/Armorique/un nom oublié...?), ont été retrouvées en Dordogne et en Allemagne (si ma mémoire est bonne?).

Les biens de valeur et/ou les hommes semblaient circuler donc sur de longues distances.

Petite précision, c'est au magdalénien (dernière période du paléo, celle de Lascaux, de la Dame de Brassempouy).

 

Les préhistoriens utilisent aussi les données recueillies par les ethnologues sur les sociétés de chasseurs/cueilleurs et d'agro-pasteurs afin d'essayer d'appréhender les sociétés passées.

Bref, ils constatent que la circulation de biens et de personnes (faits de guerre aussi : pillage, vol de femme) est intense dans les sociétés étudiées et parfois sur de très longues distances.

 

La diffusion du néolithique, du moyen orient à l'Europe de l'ouest, s'est clairement faite par voie de diffusion.

Je laisse Quetza vous le narrer.

 

Lorsqu'une innovation/invention apparait sur plusieurs continents, c'est le mystère. Peut-être "l'air du temps"?

 

 

Bonjour à tous, :)

 

 

 

Je suis aussi très heureux que Tatien intervienne et je le remercie publiquement pour les documents traitant de ce sujet, qu'il m'a fait parvenir. Je vais tacher d'en prendre connaissance complètement, aujourd'hui même. Même lorsque je ne serai pas d'accord avec toi, je suis persuadé que tu auras beaucoup de choses à m'apprendre.

On remarquera immédiatement que les éléments que tu apportes ici, sont plutôt en contradiction avec certaines de mes affirmations dans les posts précédents.

 

Je ne crois pas qu'il faille s'en étonner. Les anthropologues, préhistoriens, archéologues, archéo-botanistes et -zoologistes, ethnologues, fondent de multiples hypothèses dans chacune de leurs spécialités. Les thèses qu'ils développent sont parfois opposées et ils est relativement rare qu'une explication soit acceptée par tous.

 

On est dans de la science molle, au regard du bel ordonnancement des mathématiques et de la physique.

 

Dans cette épaisse jungle d'idées, de théories, de concepts, les objets de désaccords sont nombreux. Une des raisons principales de ces divergences réside souvent dans la rareté du matériel sur lequel se fondent les recherches.

Plus on remonte dans le temps, plus le problème s'accroît. Populations anciennes plus faibles et dispersées, destructions ou dégradations des artefacts et des sites, traces de l'action humaine plus discrètes, sont des facteurs cumulatifs qui viennent renforcer la diversité des interprétations.

 

La question de la maîtrise du feu que soulève Tatien illustre parfaitement mon propos et m'amène incidemment à contester le bien-fondé de cet exemple.

Si l'on date assez précisément les plus anciens foyers indiscutables retrouvés en Europe ( environ - 450 000 ans), il reste extrêmement fréquent que l'on soit incapable de discerner entre un artefact ou des restes de combustions naturelles.

Par exemple En Afrique de l'est on soupçonne son utilisation depuis environ 800 000 ans. Homo erectus aurait simplement prélevé des brandons à partir de feux de brousse spontanés pour entretenir des foyers éphémères.

Quant à savoir le moment précis où l'homme devient capable de produire le feu par une technique maîtrisée, pour ce que j'en sais, les scientifiques ne s'aventurent guère à avancer de dates, même approximative.

 

La preuve archéologique la plus ancienne de production volontaire à partir d'une technique éprouvée ne remonte qu'à 8 000 ans dans les Andes !

 

Pour cette région nous sommes en pleine néolithisation. Il ne fait pourtant aucun doute que l'homme, partout dans le monde, avait domestiqué le feu depuis des lustres, ce comptant certainement en centaines de milliers d'années. Simplement, la démonstration scientifique de sa production nous manque.

 

Par contre pour l'industrie lithiques, j'en suis d'accord, on possède indiscutablement quelques exemples troublant.

Je ne citerai ici que la surprenante ressemblance des pointes Clovis retrouvées en Amérique avec le matériel lithique des Solutréens France. Cela a amené certains préhistoriens a imaginer une traversée de l'Atlantique de ces derniers pour expliquer cette ressemblance. Cette hypothèse demeure très controversée.

 

Au paléolithique, le nomadisme régit totalement le mode de vie de toutes populations. Mais il ne faut pas interpréter cela comme des déplacements continuelles dans de nouvelles contrées. En général, les tribus, les groupes familiaux, arpentent un territoire limité, en fonction de la disponibilité des ressources. Les plus mobiles peuvent accroître leurs mouvements dans un espace circonscrit par des fluctuations saisonnières. Il est tout aussi vrai qu'en plusieurs générations les migrations humaines sont avérées à l'échelle des continents. Quand on considère les mouvements à de telles échelles, les obstacles naturels et les variations climatiques deviennent les régulateurs rythmant leurs possibilités et leurs rapidités.

Ainsi, pendant les glaciations, le niveau des mers baissant, des passages terrestres dans les détroits précédemment inondés autorisent le peuplement d'îles ou de continents comme le Japon, l'Australie l'Amérique...

 

Pour terminer avec le dernier point soulevé par Tatien, je le suis complètement sur la diffusion de la néolithisation moyen orientale vers l'Europe. On connaît bien deux voies géographiques, vallée danubienne et axe méditerranéen où la transmission des techniques s'effectuera en quelques milliers d 'années seulement.

Je n'irai pas cependant jusqu'à imaginer le même phénomène entre le Moyen-Orient, la Chine, l'Amérique et l'Océanie. Si quelqu'un l'envisage, il faudra apporter de solides éléments pour valider cette hypothèse. ;)

Modifié par quetzalcoatl
Posté (modifié)

Le feu, je ne crois pas qu'on puisse affirmer qu'il a été découvert simultanément partout. Si les premières traces ici datent de 500000 ans, et là datent de 600000 ans, ça fait 100000 ans de différence, c'est énorme : il suffit que la technique se propage d'1 km par décennie (en moyenne) pour expliquer ça par des contacts.

 

Parce que bon, dire que des populations sont isolées les unes des autres, OK, mais à un instant t donné. Sur un intervalle de 100000 ans (par exemple), peut-on dire que des populations sont isolées ? J'ai envie de répondre : si elles l'étaient, elles ne feraient plus partie de la même espèce. (Mais justement, les paléoanthropologues ont l'air de ne plus vouloir se contenter de parler de l'Homo erectus seul et divisent ça en plein d'espèces...)

 

Pour en revenir à la culture du blé en Mésopotamie, je possède un livre intitulé La Mésopotamie, de Georges Roux (Points Seuil), qui détaille bien (je trouve) le processus : on part de blé sauvage poussant abondamment en Anatolie, et on aboutit à transporter ce blé pour le faire pousser dans la plaine. Ce qui est intéressant, c'est que ce processus oblige un regroupement de population plus important qu'avant (on passe de groupes de 20 à des villages de 200, en gros), ce qui est à l'origine des sociétés hiérarchisées. Mais c'est un livre assez ancien et peut-être qu'il est un peu dépassé, je ne sais pas...

Modifié par 'Bruno
Posté
Il y a quand même une différence notable, il me semble. Nous sommes maintenant dans un monde très unifié, culturellement, pour ne pas dire uniformisé. Et c'était vrai au début du XXème siècle, au moins pour la partie Europe et USA...

 

Aux débuts du Néolithique, j'imagine une certaine diversité des désirs et aspirations, le marketing n'existe pas encore. :be:

Je crois au contraire que les préoccupations profondes étaient les mêmes : Survivre,se reproduire...

les cultures devaient être différentes du fait d'environnements différents.

c'est plutôt à notre époque, que l'éventail des désirs/aspiration est plus ouvert. L'Homme s'est extrait de la nature. Bon ce n'est que mon avis.;)

 

+1 avec Bruno. De proche en proche, une technique peut se disséminer à la planète entière sur des milliers d'années.

 

J'avais vu un doc à propos de l'hypothèses des hommes venus en amérique depuis l'Europe, pour expliquer des simulitudes (culture Clovis). Ca parait tiré par les cheveux même en imaginant du cabotage en bordure du cercle arctique (avancé plus au sud du fait de la glaciation) et la chasse d'animaux sur ce chemin...:refl:

Posté
Mais je crois comprendre de tes explications que tu ne différencies pas son utilisation de sa fabrication (?)...

Parce que ce n'était pas le sujet de mon intervention. Je voulais juste remarquer que si deux peuples lointains utilisaient la même technique (utilisation ou fabrication ou je ne sais quoi) sur un intervalle de temps relativement long, peut-être ne devait-on pas exclure l'hypothèse d'une transmission de la technique.

 

-----------

J'ai d'ailleurs l'impression que parfois, on sous-estime la durée de ces événements. Je me souviens d'un de ces documentaires (je crois qu'on dit pluitôt "docu-fiction") passant sur FR3 et montrant les Homo erectus (ou ergaster, ou autre) à la conquête du Monde. Ils étaient présentés comme des voyageurs lancés dans une sorte de Longue Marche. J'ai trouvé ça ridicule : si ça s'était passé comme ça, s'ils se déplaçaient de 4 km par jour (ce qui est peu), ils auraient fait le tour de la Terre en une seule génération ! Non, les premiers hommes étaient sûrement nomades, mais pour suivre les troupeaux, ou ce genre de chose, et s'ils se déplaçaient beaucoup, il restaient confinés dans leur région, sauf que peu à peu cette région pouvait plus ou moins dériver au gré des changements climatiques, ce qui peut amener une population à atteindre l'autre bout de la Terre au bout de 100000 ans. 10000 km en 100000 ans, c'est en moyenne 10 km par siècle, ce n'est pas un voyage, même si à l'échelle de l'Homo erectus (ou ergaster), c'est rapide.

 

Mais bon, c'est un autre problème...

Posté

Suivra le Khiamien qui, sur cinq siècles, dans un espace culturel s'agrandissant vers le nord et le nord-est, dans des communautés qui conservent globalement le même mode de vie que les Natoufiens, voit naître toutes une symbolique attachée à un important culte de la femme et, en Anatolie, à celui du taureau (auroch).

Le chercheur J. Cauvin y perçoit une relation forte entre, d'une part :

Agriculture et nouvelle symbolique féminine, fécondité; cueuillette envisagée comme une activité féminine (?)

et, d'autre part:

Les prémices de l'élevage et le culte du taureau, pratique dérivée de la chasse, domaine d'activité masculin.

Plus que des changements écologiques, Cauvin favorise l'explication de transformations des structures sociales comme vecteur fondateur de l'agriculture. Il y associe étroitement la naissance de nouvelles manifestations religieuses.

Je n'y connais rien, mais le sujet m'a toujours intéressé...

Ce qui est dit plus haut me paraît important: vue la faible population humaine de l'époque, on conçoit bien que la reproduction soit le but, plus ou moins avoué, de toute organisation sociale. D'où peut-être les sociétés matriarcales...

En tous cas, l'Homme naît prématuré, et très fragile. La sécurité de l'habitat et de la subsistance est de première importance. On peut alors imaginer que, nomades ou pas, les Hommes aient porté une attention particulière aux gestes favorisant la sécurité du nourrissage. On peut bien alors emporter avec soi, durant les pérégrinations, le feu et les graines.

Puis, les outils de défense évoluant, la sédentarisation devient un moyen efficace de protection de l'habitat, on peut établir des défenses.

Cela n'explique pas pour autant l'apparition simultanée des comportements de par le monde...

Un petit voyage dans le temps?

Posté (modifié)
Je n'y connais rien, mais le sujet m'a toujours intéressé...

Ce qui est dit plus haut me paraît important: vue la faible population humaine de l'époque, on conçoit bien que la reproduction soit le but, plus ou moins avoué, de toute organisation sociale. D'où peut-être les sociétés matriarcales...

En tous cas, l'Homme naît prématuré, et très fragile. La sécurité de l'habitat et de la subsistance est de première importance. On peut alors imaginer que, nomades ou pas, les Hommes aient porté une attention particulière aux gestes favorisant la sécurité du nourrissage. On peut bien alors emporter avec soi, durant les pérégrinations, le feu et les graines.

Puis, les outils de défense évoluant, la sédentarisation devient un moyen efficace de protection de l'habitat, on peut établir des défenses.

Cela n'explique pas pour autant l'apparition simultanée des comportements de par le monde...

Un petit voyage dans le temps?

 

Bonsoir Monsieur Gégé,

 

Pour ce qui est de la symbolique féminine, je souhaite préciser qu'on en trouve la trace dès - 40 000 ans avec les Vénus paléolithiques. Ce type de statuette se trouve de la pointe ouest de l'Europe jusqu'en Sibérie

occidentale. Pour l'interprétation de leur fonction, par contre, rituelle, magique, décorative, on reste dans le domaine des supputations.

 

Quant à la sécurisation des ressources alimentaires et d'une volonté d'y parvenir, je te rappelle mon petit paragraphe sur l'agriculture pré-domestique (post 8). La démarche ne fût pas toujours consciente.

De plus, les études sur les squelletes démontrent que les chasseurs-cueilleurs disposaient presque tout le temps d'une meilleurs alimentation que les premiers agriculteurs. Sur ces derniers on descelle régulièrement d'importantes carences nutritionnelles.

 

Comme tout le monde, tu poses la question, pourquoi à ce moment là, en une période si courte ?

Si j'avais le courage d'emettre une opinion, je dirai qu'en associant le facteur climatique globale (inter-glacière) et un niveau d'évolution de l'appareil cognitif de l'espèce, on obtient peut-être les prémices d'une explication ?...

Modifié par quetzalcoatl
Posté

Je découvre ce post tardivement. Une initiative extrêmement intéressante!

 

Je suis passionné par cette période de transition, évolution ou révolution, et plus encore, par la manière dont les scientifiques ont essayé d'expliquer les choses, de brosser des théories générales et globales, et au fur et à mesure que les détails apparaissaient, de dire que tout avait été bien plus compliqué, qu'il ne faut pas avoir de pensée unique, etc...

 

Merci de nous faire ce genre de mise à jour!

 

As tu une bibliographie "choisie" pour ces différents chapitres ?

 

En ce qui concerne l'apparition de la céramique, il y a en effet la période jomon au Japon, mais aussi les populations sahariennes, qui aurait pratiqué la céramique très tôt, bien avant les autres foyers du moyen orient, alors qu'ils étaient encore nomades.

 

En ce qui concerne l'apparition "simultanée" de l'agriculture en différents points du globe, peut-être faut il quand même prendre en compte que l'on est quand même sur une période de 2 à 3000 ans. C'est assez long finalement...

 

Il y a certainement eu l'influence du bouleversement climatique brutal, mais tout simplement faut il envisager qu'à l'époque, il y avait déjà des Jason, des Marco Polo, des Michel Strogoff ou des Alain Bombard sur leur radeau, des individus aventuriers et singuliers, peut-être des rénégats ou des exclus du groupe, des fous du grand ailleurs, qui partaient de par les grands espaces, en dehors des chemins traditionnels de nomadisme, très peu certainement, mais suffisamment pour disséminer un savoir faire tel que l'agriculture ? Ils arrivaient avec leurs différences, leurs nouveautés, et une fois sur 10 ou 100 seulement, peut etre, l'arrivée de cette nouvelle idée, propagée par ces "out laws", cette révolution venue d'ailleurs "prenait", était acceptée par les locaux (le plus difficile, certainement), adaptée aux conditions locales, d'ou ces foyers éclatés et finalement limités.

 

 

Cela n'a rien à voir, bien sur, avec une diffusion progressive, lente, profonde, dues aux contacts répétés entre populations, aux migrations, etc. Par exemple, la diffusion de l'agriculture du moyen orient à l'europe occidentale qui a pris en effet plusieurs millénaires.

Posté (modifié)
Je crois au contraire que les préoccupations profondes étaient les mêmes : Survivre,se reproduire...
Elles sont de toutes les époques, ces préoccupations. Pire aujourd'hui d'une certaine façon, parce qu'on a inventé le stress pour son avenir...

 

Et contrairement à la sous estimation systèmatique de ces temps anciens, et comme le montre les posts de Quetzal, le Néolithique avait des préoccupations culturelles, religieuses et artistiques...Et au Paléolithique ils étaient bien nourris (mais pourquoi sont-ils donc passés à l'agriculture ??:b:).

 

c'est plutôt à notre époque, que l'éventail des désirs/aspiration est plus ouvert.
C'est sûr, c'est très varié. Télé, voiture, Michael Jackson, consommer...Notre époque est consternante d'uniformité.

 

L'Homme s'est extrait de la nature. Bon ce n'est que mon avis.;)

Tout le contraire, il s'est rendu étranger à la nature, et il va le payer cher. L'environnement est devenu une menace pour notre survie, alors qu'il était fertile pour nos ancêtres. On a épuisé la Terre, et, toutes proportions respectées, il y a probablement plus de famine et de misère chez les humains aujourd'hui qu'il y a 10 000 ans. Modifié par Jeff Hawke
Posté

Quetzi, je crois que Jeff fait une fixette sur l'agriculture :D

 

peut-être simplement parce qu'ils se sont rendus compte en observant la nature au fil des saisons, que les graines tombées germaient et que du coup, ils pouvaient faire la même chose de manière ordonnée et ne plus avoir à se déplacer pour trouver de quoi se nourrir

 

qu'en pensez-tu (et vous aussi) ?

Posté

La maîtrise de l'usage du feu s'est produit simultanément en plusieurs endroits du globe.

 

Oupss !oops!

J'ai fait trop court et cette phrase manque d'explication, désolé!

 

Je voulais mettre en valeur la maitrise de l'usage du feu, c'est à dire un feu sous contrôle humain, dans l'enceinte d'un foyer, et non la maitrise de la production du feu, ce qui est très différent.

Vers 380 000/ 350 000 ans, à Terra Amata (Nice), au proche orient (Tabun), en Asie (Zhoukoudian), on constate la maitrise de l'usage du feu (foyer) alors que sa production n'est pas du tout avérée.

 

Sur la maitrise de la production de feu, tous vos posts et remarques sont exacts, on en sait autant que les causes de la disparition de néanderthal : des données éparses et lacunaires.

Bref, rien de solide.

Posté
Quetzi, je crois que Jeff fait une fixette sur l'agriculture :D

 

peut-être simplement parce qu'ils se sont rendus compte en observant la nature au fil des saisons, que les graines tombées germaient et que du coup, ils pouvaient faire la même chose de manière ordonnée et ne plus avoir à se déplacer pour trouver de quoi se nourrir

 

qu'en pensez-tu (et vous aussi) ?

 

 

Salut Christel,

 

Non vraiment, Jeff a raison de s'y intérresser car c'est un fait majeur dans l'Histoire humaine.

 

Pour te répondre ainsi qu'à Jeff, bien avant l'agriculture les chasseurs -ceuilleurs connaissaient les plantes mieux que beaucoup d'excellents botanistes actuels. Il n'est besoin pour s'en persuader que d'aller faire un tour dans 4 ou 5 tribus d'Amazonie ou en Nouvelle-Guinée pour rencontrer des populations capables d'user pour leurs activités d'une gamme de plantes invraisemblables.

 

(A contrario de ce que tu dis) Si la proto-agriculture des débuts appauvrit le régime alimentaire plutôt qu'elle ne l'enrichit , c'est peut-être aussi qu'elle apparaît dans le cadre de changements écologiques du Dryas récent (reffroidissement climatique couvrant plus d'un millénaire, de - 11 500 à - 10 000 environ)... (?)

Enfin la sédentarité apparaît avant l'agriculture (du moins au Moyen-Orient). ;)

Posté
au Paléolithique ils étaient bien nourris (mais pourquoi sont-ils donc passés à l'agriculture ??

Si je me souviens bien du livre que je citais plus haut, en mésopotamie ce serait un problème de surpopulation. Au début, on constate qu'il y a du blé sauvage dans le sud de l'Anatolie à partir du moment où le climat devient favorable. Ça fait augmenter la population (qui se nourrit aussi d'autre chose, bien sûr, mais le blé est devenu un des aliments de base je suppose). Du coup, il arrive un moment où la population est trop importante par rapport aux ressources en blé. Une partie de la population migre vers le sud, vers la plaine. Là, le blé sauvage ne pousse plus. Pas grave, cette population avait remarqué qu'on pouvait aussi planter du blé, ça leur servait de temps en temps même si ce n'était alors pas nécessaire. Donc arrivés dans la plaine, ils généralisent la culture du blé. Ce qui les oblige à fonder des sociétés de plus en plus élaborés.

 

Il faudrait que je relise tout (pas le temps...) mais de mémoire, ça ressemblait à ça.

Posté

J' y connais rien non plus, excusez les questions idiotes ...

Concernant l' agriculture et l' élevage, d'après ce que j' ai compris la date admise est autour de -10000.

Est-ce qu' on est sûr qu'ils n' avaient pas essayé d' y passer depuis plus longtemps, mais que les conditions climatiques difficiles ne permettaient pas un rendement significatif ? Si ça se trouve les techniques étaient déjà présentes avant, mais marchaient mal à cause des conditions climatiques ?

Quel est le "taux de couverture" archéologique des populations antérieures à cette époque ? On est raisonnablement certain d' avoir découvert tous les sites majeurs , ou bien on pourrait encore avoir des surprises ?

La "révolution" néolithique comme frontière nette entre le chasseur-cueilleur nomade et l' agriculteur-éleveur sédentaire, c' est une théorie qui ne marche pas, puisque des populations de chasseurs-cueilleurs, ultra-minoritaires, existent encore de nos jours. Du coup, pourquoi ne pas imaginer que des populations d' agriculteurs-éleveurs, ultra-minoritaires aussi, existaient dès le paléolithique ?

Posté

peut-être simplement parce qu'ils se sont rendus compte en observant la nature au fil des saisons, que les graines tombées germaient et que du coup, ils pouvaient faire la même chose de manière ordonnée et ne plus avoir à se déplacer pour trouver de quoi se nourrir

Ca, ça expliquerait le "comment" ils ont trouvé...Mais pas le pourquoi... Parce que dans l'extrême durée du Paléolithique, ils ont eu bien le temps "d'observer, méditer et connaitre"...

 

Pour te répondre ainsi qu'à Jeff, bien avant l'agriculture les chasseurs -ceuilleurs connaissaient les plantes mieux que beaucoup d'excellents botanistes actuels.

Eh oui, merci de cette confirmation. :cool:

 

 

Ça fait augmenter la population (qui se nourrit aussi d'autre chose' date=' bien sûr, mais le blé est devenu un des aliments de base je suppose). Du coup, il arrive un moment où la population est trop importante par rapport aux ressources en blé. Une partie de la population migre vers le sud, vers la plaine. Là, le blé sauvage ne pousse plus. Pas grave, cette population avait remarqué qu'on pouvait aussi planter du blé, ça leur servait de temps en temps même si ce n'était alors pas nécessaire. [/quote'] OK. Donc une hypothèse serait la surpopulation (*), mais celle-ci surviendrait alors très tardivement, par rapport à l'histoire humaine. :refl:

 

 

(*) Avant, ils savent déjà, potentiellement, cultiver, mais n'en ressentent pas la nécessité... (Heureuse époque où l'on ne cherchait pas systèmatiquement à exploiter, accumuler, avoir plus,...:rolleyes:).

Posté

Pourquoi est-on passé au Néolithique?

 

Un faisceau de raisons est évoqué : - conditions climatiques, oui

- apparition de nouvelles espèces végétales.

- une maitrise exceptionnelle de l'environnement

- surpopulation ????? (plutôt une densité plus importante de population)

- population semi-nomade (camps saisonnier)

- grande technicité dans la production d'outils (os, pierre polie, bois)

 

Il y a encore d'autres raisons.

 

Les traces archéologiques semblent nous montrer que la "révolution néolithique" est apparue d'abord dans les esprit avant d'être une réalité de production.

Jacques Cauvin développa une thèse originale à laquelle je souscris :

"La naissance des divinités"

Pour faire simple, une réorganisation religieuse précède et accompagne la néolithisation du moyen orient (la déesse mère et le taureau)

 

Peut-être que Quetza a déjà écrit sur le sujet.

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