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Moi l'autre hiver plus sourd que les cerveaux d'enfants


Jeff Hawke

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Je courus !

 

 

Vagabonds des ciels du Sud : Prologue

 

 

« Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,

Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau »

 

 

En cette saison, la nuit voit le triomphe du navire Argo, dont la carène est déjà haute quand la Voie Lactée semble surgir doucement de l'Est, et se déploie au-dessus de nous.

 

Argo, un bateau géant qui s'est jadis défait sur le récif Lacaille, en Poupe, Voiles et Carène (et quelque instrument comme le compas de marine, Pyxis), mais c'est bien lui que l'on voit dans son entièreté, dans le flot voielactien à l'exubérance australe, délimité à la proue par la Croix du Sud, et à la Poupe par chien, colombe et lièvre...

 

Cette vision est d'une extraordinaire richesse, et elle persistera tout au long des 14 nuits passées ici, à la Canelilla, sur les contreforts de la Cordillère des Andes, un pays de cactus, de terre sèche et de buissons rares, où la mer est d'étoiles.

 

 

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L’improbable piste (aux étoiles) qui conduit à la Canelilla.

 

 

 

« 10 nuits sans regretter l’œil niais des falots »

 

 

Les étoiles, elles s’allument chaque soir dans un azur éternellement dégagé, et nous les identifions rituellement, pour voir apparaitre les constellations en leurs structures précursives. Sirius, déjà haute, Canopus, Achermar (le bout du fleuve) qui un peu plus tard nous indiquera la nébulosité du Petit Nuage, Capella là-bas, toute proche de l’horizon vers le Septentrion.

 

Et voilà, à l’assaut du zénith et la tête en bas, Orion. C’est le premier pointage qui vaille, la grande nébuleuse verte. Bien sûr, il y a eu Jupiter avant, pour aligner le chercheur et flâner un peu dans ces parages de système solaire...Et en fin de séjour, le croissant tout neuf de la Lune. Mais la seule vraie poésie est de ciel profond, dans les lointains.

 

Au début, avant que le jour n’ait vraiment cessé, elle est à peine dessinée, mais déjà elle est étendue…et verte… Au 400 et au 300, on ne la lâchera pas qu’elle n’ait dévoilé ses extensions, sa structure, et tout un nuancier de bleu, vert et brun rosé… Encore et toujours, en début et milieu de nuitée, à y revenir dans toute la gamme des grossissements qu’offre ma série d’oculaires. Je les ai tous amenés, ils ont traversé Atlantique et Equateur pour exprimer l’étonnante richesse d’un ciel que l’on n’épuise pas.

 

De l’autre côté, il y a la Croix du Sud, et aussi Eta Carinae, que l’on voit très vite à l’œil nu, et qu’il faut pointer pour ressentir la soie brillante de cette nébuleuse géante, fragmentée de gouffres obscurs. Les zones intenses de blancs en bleuissent (il y aura beaucoup de bleu dans ce séjour, des nébuleuses à Saturne, de la Voie lactée au Grand Nuage, sans oublier les deux bleus du ciel austral, Neve et Pierre. On aura l’occasion d’y revenir, sur ces nuances colorées). Et la star, Eta, fixe son orange en surplomb d’un versant sombre.

 

Les dobsons auront tendance, la nuit durant, à tirer des bords entre l’ivresse d’amas du navire, les structures brillantes et tourmentées d’une Voie Lactée toujours inouïe, et la calme profondeur des amas galactiques sis à l’éloignement du centre, Grus et Sculptor en tout début de nuit, puis Dorado et Fornax, et à longer l’Eridan, avec une étape presque obligée au Grand Nuage, la Tarentule qui effraie et d’autres étonnantes nébuleuses qui éblouissent.

 

Plus tard, bien plus tard, la nuit commence de finir en fine pluie d’étoiles, en brume même, qui s’élargit depuis Crux jusqu’à la queue du Scorpion qui émerge, baignant le Centaure et le Loup. Et annonçant encore plus tard, mais peu importe le temps ici, l’arrivée triomphale de Vénus, qu’on croirait la Lune au moment où elle s’apprête à débouler de sous l’horizon, là-bas, vers l’Argentine.

 

De l’autre côté, Orion a plongé, Bételgeuse en avant, et Sirius étincelle encore avant de suivre.

 

 

Scène suivante : El Norte !

 

 

 

Note : Les citations sont toutes extraites du Bateau ivre d'Arthur Rimbaud.

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Modifié par Jeff Hawke
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Salut Jeff, quel plaisir de te retrouver, un plaisir aussi intance que ton texte et quel texte qui se savoure comme un doux nectar :rolleyes:

 

« Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,

Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau »

 

 

".....Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses

N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau...."

 

Cette vision est d'une extraordinaire richesse, et elle persistera tout au long des 14 nuits passées ici, à la Canelilla, sur les contreforts de la Cordillère des Andes, un pays de cactus, de terre sèche et de buissons rares, où la mer est d'étoiles.

 

 

14 nuits, et bien, je pense qu'on a peut-être le feuilleton de la fin d'hiver qui prend forme :cool:

 

 

Scène suivante : El Norte !

 

 

Et bien attendons la suite :p

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Ah, voila donc le Jeff qui nous parle de l'Arthur!... Oui, oui, dis nous, dis nous tes ivresses des "cieux ultramarins aux ardents entonnoirs"... et puis, " le Poème de la Mer, infusé d'astres, et lactescent, dévorant les azurs verts "....

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Salut Jeff,

 

"Tu courus"… chercher le Graal ?

 

Une chose est sur la première partie de tes pérégrinations a posé le décor:rolleyes:.

 

Là-haut à l'hacienda, des étoiles tu as vus…

Et si tu as chanté à Cappella, c'est pour mieux faire tourner la tête à Orion.

Sous le charme je fus…

 

Quel plaisir de te relire.

J'attends la suite avec impatience.

 

Merci de ton partage;)

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Merci pour vos commentaires. ;)

 

 

je pense qu'on a peut-être le feuilleton de la fin d'hiver qui prend forme :cool:
Ah mais c'est le Printemps, depuis hier...(Normal, après l'Eté austral :be:)

 

Ce que je note, c'est qu'on observe pareil... Jupiter sert à aligner le chercheur! :D

 

Il faut reconnaitre que c'est assez bien conçu : Une géante gazeuse suffisamment haute, mais pas trop, et précoce en soirée, pour les réglages.

 

On peut même, éventuellement, un peu l'observer (mais on ne pas y passer des heures non plus... :ninja:)

 

A quelle altitude étais tu : il parait qu'à partir d'une certaine limite on ne distingue plus rien :?:

 

Là, c'était très raisonnable, 1500 mètres (ce ne sont "que" les contreforts des Andes).

 

J'avais observé une fois à plus de 4000 mètres (en Hiver, dans l'Atacama), mais c'était plutôt le froid que l'air raréfié qui posait difficulté.

 

Atacama Ultime Bivouac étoilé. 5 : Salar De Surire

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L’absence était venue poser ses grandes ailes

sur les croas pluvieux qui manquaient de panache .

 

Puis Jeff est revenu avec des vues nouvelles

Nous chanter les bonheurs de beautés qui arrachent ,

De visions inconnues qui resteront phantasmes

Pour la plupart de nous , trop statiques astrams !

 

A bientôt pour la suite et fais nous bien rêver

De cibles inconnues et qui vont le rester !

 

 

Snif , snif ! :cry::wub:

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Un voyage fabuleux de Jeff le (pacifique) conquistador !

 

ta description nous met logiquement la tête à l'envers ... et nous fait doucement rêver.

 

la frustration de ton ciel parisien n'a d'égal que ton remarquable épanouissement sous les cieux australs. Tu t'en es mis pleins les yeux, content pour toi.

 

Vivement la suite.

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Magnifique CROA !!! :wub:

Et quel ciel austral qui fait rêver tant de nordsite...

A te lire, tu en a pris les pleins yeux, c'est un délice de parcourir tes lignes.

Merci du voyage ;)

Comme plusieurs autre post, au plaisir de découvrir la suite :)

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Le titre me sera probablement plus clair en fin de lecture?

 

Je ne sais...Rimbaud écrivait-il pour être compris ?

 

Human,

 

hola des commentaires en alexandrins !

et voilà qui surprend, à défaut d'étonner

de la part d'un joueur avec les mots enclin

de syllabes et de rimes à ainsi égréner.

 

Comète, cieux australs, ciels austraux, ça se discute... L'usage semble préférer ciels pour ceux des astronomes et des météorologues (et des peintres), et cieux pour les dieux... :cool:

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Un come-back fracassant de bon augure pour la suite (qui commence à se faire attendre :be: )

 

Et puis les photos apportent une valeur ajoutée que j'apprécie particulièrement.

 

LA SUIIIIIIIIIITE !!!!!!!!!!!!!!!!

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