À la poursuite de la mer de nuages

Un petit CROA d'astrophotographe

Mon équipement astro-photographique (APN + objectif classique + monture EQ2) est à peu près complet et le mode opératoire au point. Je regarde encore un peu les occasions sur les focales fixes manuelles sur internet. Il resterait surtout un intervallomètre à acheter. Mon idée maintenant serait d'avoir mes affaires prêtes et de monter en montagne quand une opportunité se présente. Idéalement, une opportunité, c'est une mer de nuages sous un ciel parfaite dégagé au moment de la nouvelle lune, en hiver quand il fait froid. Pour aider à déterminer le moment opportun depuis Grenoble, j'utilise les webcams des stations de ski alentour. Je complète avec les météos astro, montagne et d'un particulier grenoblois.

Il se trouve que la semaine dernière, ça s'est mis à sentir les bonnes conditions. Mercredi soir, le brouillard tombe sur la ville. De nuit, il n'est possible de vérifier avec les webcams s'il y a mer de nuages. Par contre, jeudi dans la journée, il se confirme qu'il y a une bien belle mer de nuages avec grand soleil au-dessus. Sauf que non seulement mon matériel n'est pas prêt dans les starting-blocks mais j'ai en plus une réunion pour un club sportif le soir. Vendredi, même couverture qui se déchire quand même légèrement en journée. Cette fois, je sors un peu tard du boulot et je dois me lever tôt le lendemain.

Donc, samedi, sortie ski de rando: encadrement de débutants. Au départ de Grenoble, le ciel est bouché. Nous émergeons du brouillard en arrivant au départ de la rando, à 1400m, au dessus de Vaujany. Grand beau. Quelques petits nuages d'altitude loin au sud mais ciel coronal au nord.

La mer de nuages se désagrège partiellement. Il reste que quelques lambeaux de ci de là. Le problème des sorties débutants, c'est que ça prend du temps. Aussi, quand j'arrive chez moi à 17h30, je n'ai pas le courage de repartir. En soirée, je fais des tests sur M42 depuis mon balcon. A 23h, les nuages remettent le couvert.

Dimanche matin, la mer de nuages est bien là mais se découvre en journée. Les webcams indiquent quelques voiles d'altitude sur l'ouest voir une seconde couche de nuages vers 2000m dans cette même direction. J'hésite un peu mais il n'y aura pas d'autre opportunité dans cette lunaison. Je serais en effet en déplacement de mardi soir à jeudi soir. (PS : je me suis trompé, la nouvelle lune n'est pas ce lundi mais celui de la semaine suivante. Ça sert à quoi que le père Noël m'offre une station météo affichant les quartiers de lune...). Ma décision est prise. J'y vais.

Il vaut mieux aller au nord et/ou à l'est pour avoir de meilleures conditions. Comme la couche d'humidité a aussi un peu l'air de gonfler, il faut prendre de l'altitude. Une météo avait même prévu une nébulosité jusqu'à 2000m pour le dimanche mais comme elle n'avait pas prévu la couverture du samedi, allez savoir. Donc, je vais tenter Pipay, un morceau de la station des 7Laux avec peu de constructions. C'est un site que je ne connais pas.

Je pars de Grenoble vers 16h. Je vois rapidement qu'il y a quelques voiles d'altitude. J'hésite à faire demi-tour... mais, sait-on jamais, ça pourrait s'améliorer, voir que la mer de nuages revienne en soirée. Alors, je continue. Je fais quelques détours en chemin pour effectuer des relevés cartographiques pour le projet OpenStreetMap. Quand je rejoins la route principale pour les 7Laux, le trafic descendant est chargé, limite embouteillage par endroit. Les derniers rayons du soleil donnent des teintes roses aux sommets enneigées.

En arrivant à Pipay, sur les conseils de Yaplusdenuit, je vais me garer tout au bout du parking. Pour le coup, je suis bien loin des éventuelles lumières de la station, à 600 m et une croupe entre les deux. Il est 17h30 quand je me gare. Le fond de l'air frais, -6°C qui descendra à -7°C dans la soirée. Pour l'humidité, je suis moins sûr d'être complètement au-dessus de la couche. Je suis à 1620m. Je déballe mon équipement et je l'installe sur la couche de neige limite verglas recouvrant le parking.

À 18h, la Polaire fait son apparition alors je commence la mise en station. J'oublie de faire des photos de contrôle pour recalculer l'erreur de MES à posteriori. Ensuite, je bricole un peu avec les coordonnées. Il y a toujours un truc qui m'échappe dans mon EQ2.

Je vais sur M31. Je m'échauffe au 50 mm dans une nuit incomplète avant de passer à l'objectif de 135mm. À 19h, j'attaque une grosse série sur M31 en contrôlant la vitesse de défilement par intermittente. Pendant ce temps là, je rajoute quelques couches de vêtements. J'attaque mon casse-croûte. Vers 20h30, M31 passe derrière la cime des sapins. C'est un peu le problème du site, c'est qu'il est encaissé entre les arbres à l'est et à l'ouest. À la rigueur, j'aurais mieux fait de me coller sous les arbres à l'ouest pour avoir le plus de dégagement sur l'est qui est la direction la moins polluée. À l'inverse, le nord est bien pollué. Je pense qu'il s'agit d'Allevard.

Voir les photos de M31.

Pour revenir aux photos, je change de cible et je vais sur les Pléiades. J'en profite pour croiser les batteries de l'appareil. C'est aussi à ce moment là que quelques nuages se pointent au sud mais ils n'insistent pas. J'attaque alors la rédaction du présent CROA sur mon PDA, assis sur mon siège-trépied à côté de la monture et à déclencher une photo toutes les minutes. Le froid commence à prendre les pieds malgré quelques séjours de réchauffage dans la voiture.

22h40, la seconde batterie rend l'âme alors que les Pléiades ne sont plus très loin des arbres.

Voir les photos des Pléiades.

Je remets la première batterie partiellement rechargée et je vais terminer sur Orion. Ce n'est qu'une courte série pour s'entraîner. Pendant ce temps, je commence à ranger. Et quand j'arrête Orion vers 23h, je ne démonte que partiellement l'équipement que je mets en vrac dans le coffre.

Les photos d'Orion.

En repartant, je fais une pause à l'endroit où le parking s'élargit. C'est plus dégagé et plus plat. Par contre, on voit les lumières de la station. On n'a pas l'éclat direct des lampadaires mais la lumière renvoyée par le sol. On est à 400m de la source. Sans être monstrueux, c'est agaçant. Surtout qu'en l'absence de logement, les 4 puissants lampadaires éclairent un parking vide.

Je reprends la route tranquillement en évitant de me mettre dans le ravin. Quand on débouche au-dessus de la vallée, on voit qu'il y a de la nébulosité dans la plaine. Alors que je rentre sur l'autoroute, il y a eye of the tiger dans l'autoradio. Je suis content de ma soirée. À Grenoble, le givre se dépose à grande vitesse sur les voitures. Je suis de retour à la maison un peu avant minuit.

Il n'y a plus qu'à traiter.Je vous mets les liens vers les photos plus tard...

Et par rapport à l’idée d’être prêt à partir n’importe quel soir où les conditions sont bonnes, ça ne paraît pas super réaliste en semaine avec le boulot.

Salut astro-montagnard-accompagnateur-etc...

Bien sympa ton CROA - merci de nous faire participer.

C'est vrai que lors d'un anticyclone, il suffit que la couche s'arréte "juste" en dessous du site de photo, et surtout ne se mette pas à monter !

On a alors l'avantage d'un ciel souvent trés pur et aussi d'une température un peu moins froide qu'en bas (effet d'inversion).

Je suis pas sùr qu'au nord ce soit la pollution d'Allevard ?? Au Barioz, pourtant plus proche d'Allevard, il me semble qu'on ne la ressent pas.

Le froid qui monte par les pieds, trés désagréable... une fois j'ai monté un bout de polystyréne expansé, et posé les pieds dessus, ça aide !

Avant de jeter le matos en vrac dans le coffre, t'as pas oublié les flats , et les darks:be: mais eux, c'est trop long quand on se péle depuis déja des heures.

Concernant les lampadaires de Pipay, je me demande s'il ne serait pas possible de demander à la station de les éteindre ? quoique aller à Pipay ou au foyer de fond du Barioz, il n'y a pas grande différence de temps de trajet une fois qu'on est parti.

Pour info un site intermédiaire où j'ai fait derniérement les pléiades et le cheval, avec un bon ciel: c'est juste aprés les Vincents (hameau 3 km avant le col du Barioz); juste aprés la sortie de ce bled, dans l'épingle qui tourne à gauche, tu prends à droite une petite route que tu suis jusqu'au bout (300m)

Il y a de la place pour 2 ou 3 montures - altitude 800m

A+

Encore un récit détaillé sur tes aventures de photographe ! J'aime beaucoup le paysage de la photo, et d'apprendre un peu ce comment tu t'occupes en attendant que les prises de vues se fassent.

Mais c'est quand même quelque chose dont je serais incapable... Ce n'est pas frustrant de ne pas pouvoir observer pendant les poses ?

Pour la PL au nord, si ce n'est pas Allevard, c'est Theys voir Goncelin.

Pour les darks, j'en ai intercalé quelques uns entre les différentes cibles et d'autres à la fin en démontant. En tout, j'en ai 15. Mais de toute façon, le signal thermique est bien faible à ces températures. J'ai 6 adu sur 4000 de dynamique. Et il reste une centaine de pixels chauds en mettant la limite à 200 adu. Pour les flats, sachant que je bosse avec des objectifs photos classiques, normalement, ça ne change pas d'une fois sur l'autre. Donc, j'en ai fait une demi-douzaine à chaque focale/ouverture habituelle.

Ce qui me plaît bien sur Pipay, c'est la route d'accès qui est assez bonne. D'après viamichelin, le temps d'accès est le même que pour le foyer du Barioz. Mais l'essai l'an dernier m'avait montré une route englacée depuis le Col jusqu'au foyer. Donc, je pense que je vais rester sur Pipay.

Quant à la frustration de ne pas observer, je n'ai de toute façon que des jumelles Lidl 10x50 et dimanche soir, je n'étais pas très motivé.

Et le grand beau temps qui continue... mais une perturbation annoncée pour le week-end prochain

Bonsoir Eric

À la poursuite de la mer de nuages

Tu cours après les nuages , moi j'ai plutôt tendance à les fuir

Merci de nous avoir raconter les joies et les déboires de l'astrophotographie

 

Tu cours après les nuages , moi j'ai plutôt tendance à les fuir

 

Oui, il faut savoir dépasser les limites et penser autrement

Bah ça... J'allais skier à prapoutel (enfin, surfer!!) il y a quelques années. Pour ce dont je me souviens, très chouette station et très chouette domaine skiable. Ca me rappel des bons souvenirs ton croa!

Il y a (ou avait?) au somment du télésiège principal de prapoutel un chalet où il était très agréable de boire un vin chaud avec une vue sur la chartreuse (si je ne m'abuse!).

Tom