Jupiter a des points noirs à son âge! -3ème sortie du dob-

[Tannhauser]

En avant pour la troisième de Dobbichnouk.

 

Ce coup-ci, il faut vraiment que j'arrive sur les lieux de jour, afin de pouvoir vérifier la collimation à l'oeilleton.

 

Score acceptable: j'installe le dob à 17h30. Le soleil est déjà sous l'horizon. Juste assez de luminosité pour vérifier le tintouin.

 

Voyons voir: ah bah oui, ça a bougé. Et pas qu'un peu!

À présent, c'est une certitude: j'ai trop desserré les brides du primaire, ce dernier dansant la java dans le coffre. (je les ai resserrées depuis, on verra lors de la prochaine sortie si ça a bougé, en espérant que ça ne contraigne pas le miroir).

 

Bref, réglage rapide, c'est parti.

 

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Date: 03 janvier 2013

Heure: 17h30 à 22h00

Température: 6°C à 3°C

Couverture nuageuse: aucune

Vent: nul

Humidité: moyenne

Turbulence: y'en a.

Pollution lumineuse: quota rempli.

 

Instrument: dobson 200/1200

Oculaire: Hyperion 13mm

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Pas de programme pour cette soirée, car il n'y avait qu'une star à l'affiche: Jupiter!

 

***18h00***

 

Première vision: ! Palsembleu, quel contraste, quelle netteté, quelles couleurs!

1 bande, 2 bandes, et même 3 bandes!

 

Bien que limité à 92x (le Stratus 8mm arrive la semaine prochaine, pro du timing comme d'habitude... ), je vois clairement la BTN (bande tropicale Nord ou North Temperate Belt) ondulante et bien marquée.

 

Et là, je me souviens qu'on lit souvent sur WA que les meilleures observations en planétaire se font "entre chien et loup". Effectivement, la luminosité de l'objet n'efface pas les détails, et aucune diffusion.

 

Jupiter ressemble à une galette nappée de caramel.

 

Mmmmh, une galette... Mais Bibi a pensé à prendre une petite collation, à savoir un paquet de galettes St Michel (pub).

 

Je m'installe confortablement sur mon tabouret-en-bois-qui-fait-mal-fesses, et tout en grignotant, j'observe les étoiles les plus brillantes apparaître une à une.

 

Le calme, quelques oiseaux qui poussent la chansonnette au crépuscule, les dégradés de couleur...

 

Aaaah... qu'on est bien. Juste perturbé par le flot incessant de bagnoles qui passent sur la départementale à quelques centaines de mètres.

 

***18h30***

 

Ganymède émerge tout doucement, tandis que Io est sur le point de plonger.

Sur mon petit agenda, j'avais marqué que les ombres devaient être visibles vers 19h30. Ça me laisse une bonne heure pour me balader.

 

Tiens, je vais essayer de pointer les amas ouverts du Cocher, qui m'avaient donné tant de mal la dernière fois.

 

J'ai définitivement remisé le chercheur 9x50 (il était dans le sac au cas où) pour seulement garder le QF.

Et soyons fous, je laisse le 13mm.

 

Chance du débutant (ou du bourrin), je pointe facilement M38, puis M36 et enfin M37. Encore bas, la vision est assez fade.

 

Et qui dit pas de programme, dit pointage décousu: je me balade nonchalamment au 13mm dans le Taureau et le Cocher, je tombe parfois sur ce qui semble être des objets, mais je ne prends même pas la peine de vérifier sur le PSA s'ils s'agit d'amas ou autres (sauf pour M1, faut être tarte pour pas le reconnaître...). Avec des allers-retours fréquents sur Jupiter.

 

***19h30***

 

La nuit est désormais totalement tombée. Résultat: la pollution lumineuse s'invite à la fête. Une sorte de ciel violet/orangé. Beurk.

Et la turbu aussi. D'ailleurs, m'attardant longuement sur Jupiter, guettant attentivement une ombre ou un truc dans le genre, j'expérimente pour la première fois "les trous de turbu".

Un coup, ça ondule, à peine si les bandes sont visibles, on lève la tête avec un point rageur dressé vers le ciel, accompagné d'un "Pfffff!!!" de dépit, puis on remet l'oeil à l'oculaire, pour alors constater une image d'une stabilité exemplaire.

 

Il y a aussi le fait qu'à 92x, ça reste petit, et on fixe l'oeil grand ouvert, à la recherche de l'ombre. Sans penser qu'on s'assèche l'oeil en moins de deux.

Seule solution: cligner à outrance des paupières pour humidifier tout le bazar.

 

Tiens, une voiture qui passe sur le chemin et qui semble s'engager vers moi. Elle s'arrête et m'éclaire plein phares. Je reste planté, m'attendant à voir sortir le proprio avec un tromblon (je me trouve dans une petite parcelle en friche au milieu de champs viticoles).

 

Je commence déjà à préparer ma défense: "Je regarde le ciel, je ne fais rien de répréhensible, vous voulez jeter un oeil sur Jupiter, joli votre fusil au fait!".

 

Finalement, au bout de 30 secondes, la voiture fait marche arrière, et continue son chemin. Bon.

 

Revenons à nos moutons.

 

Il faudra en fait que j'attende 20h00 pour enfin discerner l'ombre de Ganymède, évidente. En réalité l'ombre de Io était apparue depuis belle lurette, mais j'ai du mal à la distinguer sur la teinte plus sombre de la bande équatoriale Sud.

 

Allez, j'ose: je sors le plössl 9mm de la mallette. Boui, boui, boui, image magnifiquement pourrite (et on se sent un peu à l'étroit aussi). Allez, mon petit, tu vas prendre froid, retourne dans ta mallette.

 

***20h25***

 

Les ombres sont à mi-course, mais je ne distingue l'ombre de Io que par intermittence.

 

Je teste même les deux yeux ouverts: magie du cerveau ou auto-persuasion (il n'y a toujours qu'un oeil qui capte quelque chose!), j'ai l'impression de voir plus de détails.

 

Mais raaah, je n'ai pas encore eu la vision mémorable de la soirée, celle qui restera gravée dans ma caboche comme le double transit de Janvier 2013. J'espère que ça va viendre.

 

Du coup, je repars jeter un oeil aux amas du Cocher (le type qui ne sait pas quoi faire! ).

 

Et là, bizarre... Au dessous de M36 (au dessus à l'oculaire), je distingue une nébulosité, légèrement allongée.

Vérification sur le PSA: il n'y rien dans cette zone. Boooon. J'inscris un gros point d'interrogation sur mon rapport d'observation.

Le mystère ne sera résolu qu'aujourd'hui même, grâce à un topic de Dédé de St Fé.

Il s'agit en réalité de C/2012 K5 Linear d'une magnitude de 10 environ.

 

Comme un couillon, en vérifiant de quoi il pouvait s'agir avec Skychart, j'avais oublié de vérifier les comètes.

 

Voilà, bien fait pour moi, à ne pas préparer de programme, j'ai raté un beau rapprochement M36/K5 Linear (1° d'écart). Le Cocher grimpant inexorablement dans le ciel, c'eut été certainement très intéressant. Tant pis.

 

Comme un benêt que je suis, je ne m'attarde pas et je retourne sur Jupiter.

 

***21h00***

 

La voilà, l'image mémorable: image stable, les deux ombres facilement discernées, une image "croustillante" de netteté.

 

Dès lors, comme lors de la dernière session, la qualité du ciel ne cessera d'aller en s'améliorant. Je ne sais pas à quoi c'est dû... il fait plus froid ? La "chaleur" de la journée a fini de se dissiper? Les vieux vont au lit et éteignent les lumières?

 

Et en écrivant ces lignes, je regrette d'autant plus de ne pas être retourné observer cette "nébulosité" dans le Cocher (la comète pour ceux qui ne suivent pas au fond).

 

À la place, je vais pointer M35: il est beau, riche, brillant, et rempli totalement le champ du 13mm.

 

Et paf, une grosse étoile filante plein Est, direction Nord-Est. Une quadrantide peut-être.

 

Double lot de consolation!

 

***21h30***

 

Io a émergé, les ombres sont devenues quasiment invisibles dans le limbe Sud-Ouest.

 

Je l'avais marqué sans grande conviction, mais la GTR doit apparaître dans ces eaux-là, pour passer au méridien environ 1h plus tard.

 

À 92x, ça va être compliqué. Peut-être une discontinuité dans la bande équatoriale? En tous cas, je sais qu'il faut chercher quelque chose de très diffus.

 

Je commence à guetter la chose (en clignant des paupières comme un malade), mais rien. Et surtout, l'image semble floue. Pas dansante, floue.

 

J'ai exhalé sur l'oculaire ou quoi?

 

Et non, vérification avec une petite lampe: une fine couche de buée sur le primaire! Ben mince, je croyais que les tubes pleins étaient à l'abri de ce genre de pépin!

 

Aïe, ça sent la fin (et la faim aussi, pas assez de galettes...). Je commence à ranger tout le barda dans le coffre (tabouret, notes, PSA, oculaire, thermomètre, paquet vide de St Michel), puis je vais faire prendre l'air à Bistouquette, en me demandant où je pourrais récupérer (emprunter) un sèche-cheveux pour la prochaine fois.

 

Et au moment de démonter le tube, je vérifie une nouvelle fois le primaire: y'a plus de buée!

 

Ah bon. Partie aussi vite qu'elle est venue.

Allez Gaston, ressors la mallette, l'oculaire, le tabouret... Quelle aventure!

 

Finalement pour rien, car malgré tous mes efforts, point de GTR (peut-être une discontinuité, mais à force de se persuader que l'on distingue quelque chose, rien n'est moins sûr).

 

Résigné (mais pas surpris de l'être), sur les coups de 22h00, je lève définitivement le camp.

 

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Au final, une soirée plutôt réussie (j'ai mon "instantané" du transit gravé pour toujours, c'est le principal ), bien que les premières heures de la nuit ne furent pas très "productives" (faut dire que la qualité du ciel n'y aide vraiment pas).

Programme de la prochaine sortie: tester un nouveau coin perdu dans la garrigue à 25km de chez moi.

 

Merci d'avoir lu!

Modifié 5 janvier 2013 par Tannhauser

[ecliptic]

C'est moi qui te remercie du temps que tu as pris pour réaliser ce savoureux récit.

[Dédé de St Fé]

Salut Tann'

 

Voilà un compte-rendu clair et bien renseigné avec des horaires précis

 

j'expérimente pour la première fois "les trous de turbu".

Un coup, ça ondule, à peine si les bandes sont visibles, on lève la tête avec un point rageur dressé vers le ciel, accompagné d'un "Pfffff!!!" de dépit, puis on remet l'oeil à l'oculaire, pour alors constater une image d'une stabilité exemplaire.

Ouiiii tout à fait, il faut souvent rester l'oeil rivé à l'oculaire et attendre patiement un "trou" dans les turbulences qui dure parfois que quelques secondes afin d'apprécier pleinement l'objet convoité

 

Et là, bizarre... Au dessous de M36 (au dessus à l'oculaire), je distingue une nébulosité, légèrement allongée.

Vérification sur le PSA: il n'y rien dans cette zone. Boooon. J'inscris un gros point d'interrogation sur mon rapport d'observation.

Le mystère ne sera résolu qu'aujourd'hui même, grâce à un topic de Dédé de St Fé.

Il s'agit en réalité de C/2012 K5 Linear d'une magnitude de 10 environ.

 

Comme un couillon, en vérifiant de quoi il pouvait s'agir avec Skychart, j'avais oublié de vérifier les comètes.

C'est le métier qui rentre

Dire que certain ont cherché la comète sans la trouver et toi qui ne la cherchais pas, tu es tombé dessus

 

Comme un benêt que je suis, je ne m'attarde pas et je retourne sur Jupiter.

C'est vrai que si tu y serais retourné un peu plus tard, tu aurais sans doute constaté que cette nébulosité avait bougé et ça t'aurais peut-être mis sur la voie

 

Programme de la prochaine sortie: tester un nouveau coin perdu dans la garrigue à 25km de chez moi.

 

Merci d'avoir lu!

C'était un plaisir de te lire et pour la prochaine sortie, tu nous raconteras ça

[meade]

Bonjour Tannhauser:) !

 

Beau récit du beau double transit des 2 lunes Io et Ganymède devant leur planète géante Jupiter. Apparemment pour toi aussi, les ombres des 2 lunes ont été évidentes à voir:o.

Je n'ai encore jamais observé les ombres de satellites galiléens sur le limbe jovien, j'ai vraiment beaucoup de turbulences, et avec mon ciel pollué, je n'ai jamais tenté de les voir...

Et en prime, tu as aperçu la comète...

 

Moi, je suis sous les nuages depuis le 1er janvier. Et j'attends avec impatience une amélioration de la météo...qui ne vient pas bien vite...!

 

Et demain, c'est aussi la reprise du travail. J'ai quand même bien profité de mes vacances, en observant un maximum de fois possibles, et en rédigeant 3 Croas:p.

 

Je te remercie pour ce Croa, et pour le partage:cool:.

Et je te souhaite un bon ciel 2013 !

A plus !

 

Philippe.

[Pipique]

Salut Tann,

Beau CROA, bien écrit et agréable à lire. Pour la GTR il fallait attendre un peu plus je pense car elle passait au méridien central à 21h55TU.

Merci et bonne continuation.

[Vakoran]

Excellent, le coup de tomber sur la comète par hasard !

 

Sinon beau CROA, détaillé et précis, avec toujours le fil rouge de cette fameuse soirée du 3 janvier : Jupiter la star, et ses jeux d'ombre !