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Tandis que le train file vers Rouen, je vois que le ciel se dégage et j’en suis drôlement heureux car ce soir, vers 23h00, j’ai organisé une mini star-party en Normandie (à Muids, près des Andelys).

Daniel Pasquelin, mon patron, m’ayant prêté un Comet Catcher, une lunette 90/1300 Vixen et une paire de jumelles 11x80 Perl de nuit, je peux recevoir six de mes amis ce soir à la maison. Avec mon 150 f/5 Edmund Scientific (et son 28RKE en 31,75), mon C8 et le télé qui doit arriver, on a de quoi s’occuper un moment … Parmi mes amis, il y a deux collègues de travail, George et Michel (ce dernier est venu avec sa femme et son frère) … Deux autres astrams, René (mon mentor) et Christian, qui apporte son télescope azimutal géant.

Arrivés de divers horizons à 21h00, mes copains et moi attendons Christian et son télé, un des plus gros niouts de France, azimutal de surcroît (c’est quoi un Dobson ?). On le sait tous mais on n’a jamais regardé dedans. Donc, en fait, on est excités comme des puces !!!!

À 23h00, le voilà enfin, dans sa Simca 1100 vieil or, pleine comme un œuf, lui est passablement énervé car il s’est retrouvé enfermé sur son palier, et, le temps de se faire ouvrir, il a perdu 2h00. René lui propose de collimater le 45cm car Christian est tellement énervé qu’il n’arrive à rien de bon. En 3mn, René règle BE (à l’oeil, sur le ciel). En descendant de l’escabeau, je l’entends dire “- Ça a l’air bon comme miroir, on a l’image théorique, les étoiles sont ponctuelles.” Christian monte à son tour, pointe les Dentelles et on l’entend, “- JiBé t’as un p… de ciel, je n’ai jamais vu ça de Chaville. Pas besoin du LPR (filtre interférentiel Light Pollution Reject), ça pète direct …” Les circonvolutions et méandres sont accessibles visuellement ; les Dentelles sont en fait immenses et tortueuses. Nous sommes tous comme des gamins, à attendre notre tour, bien sagement rangés en file indienne, au pied de l’escabeau en alu nécessaire pour atteindre l’oculaire. De toute la nuit, nous n‘utiliserons les autres instrus présents tellement les images de Big Eye sont exceptionnelles. Quand René pointe M13 (à l’oeil, sans chercheur), il hallucine, des centaines d’étoiles sautent à ‘œil, 6207 (faible mais facile au 150) brille presque comme M65 dans le C8 et des centaines d’étoiles brillent dans le champ !!!!!!! Les Dentelles sont une autoroute belge la nuit, un ruban lumineux qui coupe le champ en deux (les virages en plus), le Quintet est éclaté, le groupe de 7331, deviné au 150 est littéralement explosé (on compte les galactoches sans aucun effort) c’est une débandade de photons. 6826, M11, M27, je ne vous en parle même pas ; 891 est bien mieux qu’en photo, la bande d’absorption est un trait de feutre noir au milieu d’un fuseau brillant ! Ça bombarde dans tous les sens !!!!!!!! Les photons, dans ce télescope magique, tombent comme ça tombait à Gravelotte. On est tous totalement ÉBERLUÉS !!! Tout ce qui est habituellement, petit, deviné, est là, évident, facile. Jusqu’au lever du soleil nous nous emplissons les yeux d’images magnifiques, et, pour finir, juste avant le lever du soleil, une observation mémorable du Trapèze !!!!!!!!!!! Malgré l‘aube naissante, les 6 étoiles sont là (c’est la première fois que je les vois !!!!!!!!). Voir le Trapèze au soleil levant (en plus, du côté du soleil levant), ce n’est pas banal !!!

Nous sommes en train de réaliser que tous les objets célestes que nous connaissons par coeur en photo sont, en fait, accessibles visuellement. C’est une véritable révolution !!! Et tout ça, grâce à un simple assemblage de planches de bois, sans moteur, sans fil, sans électricité, le rêve devenu réalité !!!! Cette grande simplicité de réalisation nous ouvre les yeux sur le fait que, quasiment n’importe lequel d’entre nous peut voir 604 ou les bras d’M51 !!!!! Incroyable !!!!!

Pour ne pas gâcher notre régalade visuelle, il avait tous les oculaires Clavé …

Au niveau du maniement, la régalade continue, le couple téflon/formica est magnifique de douceur, de fluidité, pas d’inertie (quand on arrête de pousser ou de tirer, l’engin s’arrête itou (pas de “backlash”). Pas de vibration. À 500x, pas de pb de suivi, tout fonctionne merveilleusement. BE est de plus parfaitement équilibré quelle que soit la position. J’avais noté immédiatement que l’oculaire n’était jamais vissé dans le porte-oc et ça, j’avais trouvé ça vachtement pratique !!!!! Les deux plans de déplacement étant rigoureusement à 90°, pas de position avec le tube “de travers” et de torticolis ou de positions d’observation achromatiques (!!!!).

C’était le 13 août 1983, après 23h00.

Prochain épisode : Les coups de masse. (Section Matériel Général)

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Sympa cette retrospective!!!

 

En plus, sous forme de jeu de piste, j'adore.

 

Merci pour ce témoignage, j'avais 8 ans cette été la, et je devais commencer a m'interesser a notre système solaire : je devais être fier de nommer les planètes, de la plus proche a la plus éloignée du Soleil, Pluton comprise.

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Génial, le jeu de piste continue ! :)

 

Je comprends l'émotion qu'il pouvait y avoir car à cette époque on ne savait pas ce qu'apportait un grand diamètre. Christian, je suppose que c'est Christian Hanon, qui avait écrit quelques articles dans Ciel et Espace à l'époque. Celui sur l'observation des galaxies dans un grand diamètre, avec des dessins de M51 et M101, m'avait profondément marqué et est en grande partie à l'origine de ma vocation d'astro-dessinateur.

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Les deux photos du 13 08. Déballage du matos de micheton et attente du Big Eye

 

5987-1376472167.jpg5987-1376472169.jpg

 

 

À l'arrière plan, René Gouzy et mon matos de l'époque : un C8 et le 150 f/5 Edmund Scientific (acheté chez Arsidi).

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C'est la monture équatoriale bois plus qu'approximative sur laquelle j'avais posé mon premier télescope, un 75/700 Ganymède. Quand je vous dis que je ne suis pas bricoleur, ce n'est pas une légende !!!!!!

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Salut J-Batiste :)

Ton compte-rendu est très instructif, j'ignorais que c'est seulement en août 1983 (mois de la naissance de ma plus grande fille) que les dobsons ont révolutionné le monde des amateurs en Europe :o

 

“- JiBé t’as un p… de ciel, je n’ai jamais vu ça de Chaville. Pas besoin du LPR (filtre interférentiel Light Pollution Reject),

La pollution lumineuse devait être aussi moins importante il y a 30 ans :confused:

 

Merci pour cette belle série de documentaire concernant ce bon vieux Dobson :cool:

Posté (modifié)
Génial' date=' le jeu de piste continue ! :)

 

Je comprends l'émotion qu'il pouvait y avoir car à cette époque on ne savait pas ce qu'apportait un grand diamètre. Christian, je suppose que c'est Christian Hanon, qui avait écrit quelques articles dans [i']Ciel et Espace[/i] à l'époque. Celui sur l'observation des galaxies dans un grand diamètre, avec des dessins de M51 et M101, m'avait profondément marqué et est en grande partie à l'origine de ma vocation d'astro-dessinateur.

 

Bonsoir,

 

Oui l'article de Christian Hanon sur Big Eye première mouture fut l'article fondateur dans Ciel et Espace, concernant l'apport et la faisabilité des gros diamètres.

 

Par contre l'azimutal, (toujours dans Ciel et Espace, je ne connaissais pas Pulsar à l'époque), a commencé en 1978.

 

1978 un article de Gilbert Masse avec un 210 ouvert à 3,4 monture azimutale et table équatoriale. La fourche était encore proche de celle du classique télescope azimutal de la SAF.

 

1978 toujours, articles d'Adrien Poncet sur la table équatoriale, et 1981, toujours Poncet, une monture totalement inspirée du dobson classique (de quand date le Dobson original avec tube en carton, sangle, etc...?), théorisée avec des tourillons de deux fois le diamètre du miroir.

Modifié par cpeg
Posté (modifié)

Oui, c'était la monture 2D et qui n'a pas eu le succès qu'elle méritait pour des raisons de gros sous. Le concept a été “abouti” par John outre-atlantique.

En 1978, les Sidewalkers avaient, entre autres, un dobson 22”. Le concept était donc très bien implanté en 83.

Modifié par JiBé
Posté

Quelle superbe idée de nous ramener à 1983 !!! J'adore ! Je vais prendre le temps de lire ton post ! J'avais 8 ans....(encore 7 ans en fait)...J'étais à Sarcelles et cette année-là, à Noël, boulevard Haussman, je restais époustouflé par la présence d'une étoile très brillante dans le ciel (non non ce n'était pas les guirlandes ! ) :Jupiter, vénus ?

Ce fut mon premier coup de foudre astronomique...

Merci de nous faire apprécier ce flash back !

Posté
Merci surtout à toi, Claude! Une bonne partie des photos et éléments pour la partie française provient de tes archives! :)

 

Oh, moi, j'étais juste le stagiaire qui fait les photocopies :)

 

Avec un peu de recherche quand même...

 

Une question pour JiBé: Christian Hanon était au fait de ce qui se passait aux Etats-Unis, abonnés aux revues américaines, je suppose? Ou d'autres voies d'information ou contacts?

Posté

Bonjour

Merci JiBé pour ce récit et de nous rajeunir de trente ans .

Pas trop dur d être redescendu a une petite 230 ?

Aie pas taper .

JM

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