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Posté (modifié)

Cette nuit a été une véritable avalanche de coups de masse dont voici une liste exhaustive :

– un télé complet, en bois, d’un diamètre hors-norme, démonté dans une voiture “normale” ; une Simca 1100 (genre Clio),

– opérationnel en 5mn,

– pas de mise en station, pas de suivi électrique, pas de fil,

– suivi manuel type motte de beurre,

– un barillet à sangle,

– qualité des images,

– un miroir mince (41mm),

– une ouverture ridiculement faible (4,5),

– pointage au zénith et à l’horizon impossible (sangle du maintien du miroir),

– un miroir qui fait klong-klong car il est très libre dans son support,

– ciel de fou (comme quoi, même en Normandie, tout peut arriver).

C’était le glas de la grande époque NO PHOTO, NO FUTURE !!!!!!!

Je décide cette nuit-là de me construire un télescope identique. Moins d’un an plus tard, totalement construit par René, naît Grozibou en hommage au Lili de Marcel Pagnol (1). En Décembre 84, je publie un article dans la revue Pulsar et la déferlante Dobson démarre. Quand je vois le niveau et le nombre d’astrams aujourd’hui, je peux vous dire que je suis drôlement content d’avoir contribué un petit peu au grand spectacle des dobs alimentant les star parties aujourd’hui.

À l’époque, un télescope supérieur à 200 était à poste fixe, équatorial à secteur lisse, sous abri (sauf C8). Un 300 était inenvisageable pour un amateur “normal”, les bras spiraux étaient inaccessibles aux amateurs. En France, on ne trouvait que quelques amateurs qui avaient des télés de 500 (graal inatteignable pour le commun des mortels)*: G. Viscardy (St Martin-de-Peille), M. Verdenet (Bourbon-Lancy), M. Walbaum (Reims).

 

P.S. : En avril 84 je commande un Nagler 13mm Type 0 et un chercheur Telrad. Pour chaque, c’était la première fois que ces artisans U.S. travaillaient à l’export vers l’Europe.J’ai une lettre manuscrite d’Albert Nagler me demandant de lui dire combien allait me coûter cet oc car c’était la première fois que sa petite société familiale TeleVue vendait en France. Quand on voit ce qu’est devenue sa p’tite boîte, ça fait rêver.

Pour le Telrad, même chose. Sauf que là, il n’y a eu aucune amélioration du produit en lui-même, juste 3 options.

J’ai aussi eu la chance d’échanger avec John Dobson, Tom Osypowski, O’Meara (copain d’Al Nagler) et plein d’autres. Retrouver ces noms 30 ans plus tard dans le même monde, c’est cool …

Le Telrad a été conçu comme complément d’un chercheur optique. Il était censé ne servir qu’aux astronomes urbains qui ne voient pas les étoiles repères, jalons … On pointait approximativement le ciel avec lui grâce à la mire projetée à l’infini et on finissait au chercheur optique. L’usage fait que, maintenant, bien des astrams l’ont en chercheur unique sur leur engin (je parle de télescope et de lunette, évidemment).

Dans les mois qui suivent, vont naître, (entre autres) : Grozibou + astro mirettes

 

 

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Le dernier est un pote suédois en 1983

 

Sur ce cliché, on voit un autre 17,5“ européen (sans doute le miroir jumeau de Big Eye, ces miroirs étaient fabriqués en double au cas où il y aurait eu de la casse …).

On note l’originalité du barillet avec la “tailgate”, la sangle, les 3 triangles (barillet à 9 points) et l’absence de pattes de retenue vers l’avant et vers le haut, interdisant au dob de viser l’horizontal et le zénith. Sachez que Long Eye et Delphinium (560 / f7, 600 / f6,5 dès 1978) étaient montés comme ça (Big Eye aussi).

On voit le tube en tubes alu, le concept de caisson à primaire, les poignées pour le transport. Nous sommes en 1983, dans le nord de l’Europe. Vous voyez que depuis, peu de choses ont été inventées, on a repris (et très bien pour certains) ce qui avait été fait par des précurseurs type Ivar Hamberg.

Je pense que c’est une optique Coulter car ce fabricant livrait avec ses miroirs les plans du barillet, et, bizarrement, ce barillet ressemble trait pour trait à celui livré avec Big Eye !!!!!!!

Je précise quelques p’tites choses aux “bleus” qui lisent ce texte :

on avait pas de modèle à copier, pas de plans, pas de retours d’expérience, rien, le désert total !!!!

il n’y avait pas Internet

le téléphone coûtait les yeux de la tête

il n’y avait aucune littérature spécialisée Dob, sauf 1 titre (How to Build a DOBSONIAN TELESCOPE – que j’ai) et les photos et commentaires des Star Party dans Sky and Telescope (donc, en plus, si vous ne compreniez pas l’anglais, c’était vraiment galère),

il n’y avait pas de rassemblements (on était 5 azimutaux identifiés en France !!!!!!!).

 

Bref une super belle époque !!!!!!!

Vous ne pouvez imaginer le plaisir que j’ai à voir les photos des rassemblements où aujourd’hui pullulent les dobs !!!!!!! J’espère aussi que l’esprit de John est encore vivant, car ce concept d’instrument est avant tout la matérialisation d’une belle philosophie de vie : le partage gratuit des connaissances pour tous et par tous, de la passion du ciel …

Les photos de Big Eye, dans la même section, toute à l'heure.

Modifié par JiBé
Posté (modifié)

Merci pour ton témoignage.

 

En effet, l'accès à des diamètres de 200, 250, 300, et plus, pour un prix « abordable » de nos jours, était inimaginable dans les années '70 où je me revois baver sur le petit catalogue jaune et blanc de Perl ! Où je rêvais sur les bouquins d'astro amateur !

 

Ce qui fait d'ailleurs que je ne mis mis à l'astro que cette année à 56 ans, tant l'astronomie amateur me semblait inabordable, chère, intransportable, j'avais rangé dans un coin secret de mon esprit la possibilité de faire de l'astro amateur, même si je continuais à m'intéresser à l'astronomie via les revues spécialisées.

 

J'hallucine de posséder mon scope actuel, il faut presque que je me pince pour y croire vraiment, je pense souvent à mon père qui avait toujours rêvé d'avoir un télescope/lunette, s'il voyait ce que j'ai là, pour 750€ !!! :o :o :o

 

Les plus jeunes se rendent-ils compte de la chance qu'ils ont ???

 

Nous devons aux précurseurs cette démocratisation de l'astronomie amateur, à la fois grâce au système Dobson, et aussi grâce à l'industrialisation qui certes n'aura pas réussi à produire la qualité de l'artisan, mais qui aura produit des miroirs de facture honnête (combien de miroirs ratés par des amateurs ????) à un prix « démocratique », la société de (sur)consommation aura eu quelques effets bénéfiques malgré tout ! :cool:

Modifié par paradise
Posté

Les plus jeunes se rendent-ils compte de la chance qu'ils ont ???

 

C'est pour “qu'ils se rendent compte’ que je fais tout ce que je fais (et je suis heureux de voir que ça marche !!!!! et que je ne suis pas seul :):):).

Posté

Nous devons aux précurseurs cette démocratisation de l'astronomie amateur, à la fois grâce au système Dobson, et aussi grâce à l'industrialisation qui certes n'aura pas réussi à produire la qualité de l'artisan, mais qui aura produit des miroirs de facture honnête (combien de miroirs ratés par des amateurs ????) à un prix « démocratique », la société de (sur)consommation aura eu quelques effets bénéfiques malgré tout ! :cool:

 

 

J'ai une vision un peu différente de l'histoire...

 

Jusque dans les années 90, les instruments d'astronomie, en Europe ou aux US, étaient du haut de gamme, réalisés par des artisans ou des petites usines, qui payaient leur personnel hautement qualifié à leur juste valeur, et donc, vendaient très cher.

 

Les instruments pas trop chers (ex Coulter aux US), n'étaient pas d'une grande qualité optique.

 

Les chinois sont arrivés sur le marché de moyens diamètre il y a 10 ans, et ont cassé les prix, bénéficiant du savoir faire des usines d'optique déjà bien amorties de l'armée chinoise et surtout, d'une main d'oeuvre à très bas prix.

 

En ce qui concerne les grands diamètres (plus de 400 mm), réalisés par les artisans, autrefois, les prix reflétaient la haute qualification des opticiens et des constructeurs.

 

Mais on a vu la aussi depuis quelques années, une forte érosion des prix pratiqués, tout simplement parce que les rares artisans hautement qualifiés qui restaient, ont accepté, par passion, ou parce qu'ils cherchaient à se positionner par rapport à la concurrence chinoise pour survivre, des rémunérations nettes (après charges et le reste) fort proches du smic... Et c'est la même chose pour les artisans constructeurs de montures...

 

Pas grand chose à voir, dans l'histoire, avec les progrès de l'industrialisation...

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