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Posté (modifié)

Bonsoir,

 

ici, à Malakoff, la météo ce n'est pas la joie pour l'astro. Disons qu'il y a des opportunités à saisir... des opportunités qui partent assez vite :confused:

 

L'observation n'est plus très fraîche, et j'ai mis pas mal de temps à finir le CROA. J'ai d'ailleurs hésité à ne garder que le plat principal, mais en même temps l'entrée était bien sympa.

 

Vendredi 27 janvier soir, je quitte le travail : je vois le ciel commencer à se dégager à l'ouest et Vénus briller au sud-ouest. En 10 minutes de vélo je suis chez moi. J'arrive... le ciel commence à me plaire, je vais descendre la lunette et, vu la lune, je vais m'offrir un menu à base d'étoiles doubles, la meilleure occupation de l'astronome urbain. Ce soir, je me suis juré de visiter toutes les doubles de la constellation du Bélier résolubles (ou pas) dans mon apo de 80, ce qui fait déjà un bon plat de résistance.

 

Matériel utilisé : comme d'habitude, la 80 doublet apo badgée Orion sur AZ-4 Behrlebachée ;)

 

Et beaucoup de cailloux : Plössl TeleVue 32 et 8 mm, Explore Scientific 82° 18 et 11 mm (+ le Maxvision 82° 24 mm qui n'est pas resté longtemps sur le PO), Pentax XF 12 mm, orthoscopiques Kasai 25 et 9 mm, UO 5 mm, TMB Planetary II 7 mm et Powermate 2,5x (ça commence à peser lourd dans le sac à oculaires :be:).

 

Des retrouvailles inattendues en guise d'entrée surprise

Ramenant le trépied de la cave, je vois une lueur blanche tout juste au-dessus des maisons... Je reste baba, essayant de me demander si ça peut être Vénus... Mais bien sûr c'est Vénus, exceptionnellement observable le soir depuis ma cour d'immeuble suite à la démolition des deux bâtiments qui me barraient l'horizon sud-ouest il y a encore quelques mois ! Et au-dessus, avec un peu de concentration je repère un petit point rouge... c'est bien Mars, qui à ma stupéfaction semble réapparaitre dans le ciel du soir, après avoir été tellement basse (et tellement à l'ouest ;)) que je l'avais oubliée, attendant l'opposition de 2016.

 

Exceptionnellement, je monte le trépied pour que la lunette soit quasiment à ma hauteur, et me décide à braver la turbulence pour observer ces deux planètes que la distance rend si petites à l'oculaire. Le disque de Vénus, d'un diamètre apparent de 11" que je peux regarder tout juste une minute avant qu'elle ne disparaisse derrière les maisons, est si torturé par la turbulence que je parviens pas à déceler sa phase :b: Quant à celui de Mars, 4,5" de diamètre apparent, il me faut grossir plus de 100 fois pour bien le caractériser.

 

À 166x dans le Kasai 9 powermaté, je vois une tache bleutée et me demande si c'est une calotte mais l'autre côté est si rouge que c'est probablement le chromatisme atmosphérique qui me joue des tours :confused: Je crois également reconnaitre une formation noire, mais un essai à 300x (le fou !) ne montre qu'un disque rouillé pas mal torturé par la turbulence sans forme se dessinant à la surface.

 

Après cette petite surprise, je vais faire un tour sur la Lune, magnifique gibbeuse comme coupée au rasoir à 120x dans l'UO 5, puis à 166x avec le Kasai sur Powermate, l'occasion de se promener un moment sur ce petit corps presque aussi gros qu'une planète.

 

Plat principal : les doubles du Bélier.

Bien qu'elle soit une constellation zodiacale et de ce fait relativement connue, le Bélier n'est pas spécialement réputée pour son ciel profond. Et pour cause : une bonne partie de la constellation est remplie par des nuages obscurs, un des plus proches de la Terre et des plus éloignés du plan galactique au voisinage d'ε Ari. Quelques galaxies bien lointaines et bien faibles sont répertoriées, mais bon ma lunette ne fait que 80 mm de diamètre et je suis en ville.

 

À tout seigneur tout honneur, je commence par une double bien connue des amateurs : γ Ari, Mesarthim pour les intimes. Une belle double égale et séparée de 7", à tel point que son caractère double est déjà suggéré dans mon oculaire de recherche, le Plössl 32 mm qui grossit près de 19 fois. À 50 fois dans le XF, aucun doute, et je mets quand même le TMB Planetary II 7 mm qui pique si bien les étoiles pour vérifier qu'il n'y a pas un troisième larron. RAS.

 

Je repointe la lunette vers ma cible suivante, mais suite à une erreur d'appréciation je me retrouve sur une étoiles que j'ai par suite identifié comme étant HD 12139. De magnitude 5,8, cette étoile présente une couleur orangée faiblement perceptible dans la lunette. Mais très étonnamment, un couple d'étoiles beaucoup plus faibles apparaît, 3' au sud de cette étoile. La principale est de magnitude 9, la secondaire de magnitude 10, et les deux sont séparées d'une vingtaine de secondes. Une cible intéressante pour les petits instruments, car la faible luminosité oblige à grossir davantage pour que la vision scotopique sépare les deux composantes.

 

Réalisant mon erreur, je passe de l'autre côté de Sheratan et trouve sans peine 1 Ari, jolie double serrée (un peu moins de 3") et un peu inégale (primaire 6,3, secondaire 7). Séparée à 86x et assez jolie à 125x dans le XF powermaté, cette petite double est un peu plus sérieuse que les précédentes.

 

En remontant du côté de Hamal, λ Ari est une double facile avec deux composantes brillantes (magnitudes 4,8 et 6,7), apparemment de même couleur blanche, séparées de plus de 37". Aucune étoile supplémentaire n'est signalée sur mon catalogue.

 

Toujours un peu plus haut, 10 Ari est une double inégale très serrée (1,2" en 1999). Avec une primaire de magnitude 5,8 et une secondaire deux magnitudes plus faible, je sens que ça va être dur... et effectivement je n'ai pas vu de petite queue. Je serais intéressé par un retour sur cette double avec une apo haut de gamme de même diamètre.

 

Cap à l'est, un peu vers le nord, où un champ de doubles m'attend dans l'ancienne constellation de la Mouche boréale :)

 

La première sur ma liste, Struve 271, est un vrai défi, avec une primaire de magnitude 5,9 et une secondaire de magnitude 10,4, les deux séparées de plus de 12". Je vérifie au Plössl 32 mm... une seule étoile. Je le remplace par mon TMB Planetary II 7 mm pour tenter de piquer la secondaire : la vision décalée la fait apparaître, et une fois repérée en vision décalée j'arrive à la garder visible en vision directe :b: Comme quoi savoir où elle se trouve aide énormément à la visualiser.

 

Mais je n'ai pas percuté qu'une autre double, très facile elle, se trouve à un peu plus d'un degré de Struve 271 : il s'agit de 30 Ari. Primaire de magnitude 6,5, secondaire de magnitude 7 distantes de 38" d'arc, cette double est triviale pour ma 80. Je m'essaye alors au jeu de la fausse double double : percevoir les deux doubles dans le même champ. Plus facile à dire qu'à faire : j'abaisse le grossissement sur Struve 271 : la secondaire faiblarde paraît encore dans le XF à 50x, et j'arrive non sans difficulté à la piquer au centre de l'ES 82° 18 mm, qui offre assez de champ réel pour faire rentrer les deux doubles. Mais pas assez pour laisser Struve 271 au centre et 30 Ari en périphérie. Car la correction du champ oculaire est impitoyable pour ce genre d'exercice. Je remonte à l'appartement trouver mon arme de dernier ressort, bazooka du grand champ : la Maxvision 82° 24 mm. Effectivement, ça rentre mieux, mais même au centre du champ impossible de faire apparaître Struve 271 B :confused:

 

Suite à ce résultat mitigé, je m'essaye à 33 Ari, non loin au nord-est des précédentes, qui présente une primaire blanche de magnitude 5,3 et une secondaire de magnitude 9,6 à près de 30" l'une de l'autre. Après Struve 271, la secondaire est relativement facile à piquer : une simple vue à 50x avec le XF suffit.

 

Nouveau défi, que je sais déjà mal barré, Burnham 306 est une double dure. Primaire de magnitude 6,4, secondaire de magnitude 10,4 mais séparée de 3", les chances de piquer la secondaire dans le ciel cracra de Malakoff sont minces avec ma 80. Et effectivement, même à 214x au TMB 7 powermaté la secondaire ne se montre pas.

 

J'arrive alors sur un autre défi : 41 Ari. Cette étoile, signalée triple dans ma sélection d'étoiles multiples, est de magnitude 3,6, donc plutôt brillante et toute blanche dans ma 80. Elle est flanquée à 30" d'un couple d'étoiles faibles, magnitudes 10,6 et 10,8, séparées de 4". À 86x le petit couple apparaît comme une seule étoile. Je rajoute la Powermate pour tenter de les séparer à 214x, mais rien à faire : je ne vois toujours qu'une seule étoile. Le contraste avec le fond de ciel manquant pour séparer ces deux étoiles faibles, il faudra que je tente ma chance à Laborel l'automne prochain.

 

Après avoir fait le tour de la Mouche boréale, je suis redescendu sur la Panse, avec π Ari, la 311è dans le catalogue du père Struve. Cette étoile multiple est un double défi de piqué et de résolution. La composante A est de magnitude 5,3, B est de magnitude 8 est située à 3,5" de A et C est de magnitude proche de 11 à plus de 20" de A et B.

Après avoir centré l'étoile, je l'observe à 214x pour essayer de séparer A et B, avec bien des difficultés car la composante B est presque noyée dans les anneaux de diffraction de A déformés par une turbulence sensible (D~r0 au jugé) et les faibles aberrations géométriques de la lunette.

D'après mon catalogue C se trouve quasiment alignée avec A et B. En vision décalée je l'aperçois assez rapidement. Je la pique toujours en vision décalée à 125 puis 86 fois, avec le flou de la vision scotopique elle semble coller à AB, alors qu'elle en est séparée de plus de 20" :rolleyes:

S'il y a une double que je peux recommander à ceux qui ont des petits diamètres, c'est bien π Ari qui teste à la fois le pouvoir de résolution de doubles inégales et d'étoiles faibles.

 

C'est donc rassuré que je tente une autre binaire visuelle qui est elle aussi un vrai défi pour ma petite lunette : ε Ari. Une binaire blanche presque égale, avec deux étoiles de magnitude 5,2 et 5,6 séparées par tout juste 1,4". Il me faut grossir très fort (au moins 120x) pour saisir les deux disques d'Airy que pas grand-chose sépare. À 187,5 fois aucun doute : l'étoile est double, et les deux disques s'interpénètrent l'un dans l'autre.

 

Une petite dernière qui me rapproche des Pléiades, et est beaucoup plus facile que toutes les précédentes : Struve 394. Cette binaire est constituée d'une étoile de magnitude 7 et d'une de magnitude 8 séparées de près de 7".

 

Dessert : Jupiter

Une fois terminée mon escapade, je suis remonté manger et expédier quelques affaires courantes. Mais je finis par redescendre en voyant Jupiter me faire de l'œil au sud-est. Je pointe la planète : pas de grande tache rouge ni de phému ou d'éclipse. Mais une très belle impression à 125x au XF powermaté puis à 166x avec l'ortho Kasai 9 mm à la place du XF. Deux bandes tropicales évidentes et déjà d'apparences distinctes, je repère une zone un peu sombre au milieu de la bande tropicale nord, mais aussi les régions polaires, celle au nord semblant coupée en deux et celle au sud séparée de la bande tropicale sud par un liseré léger entre deux bandes blanches, que j'ai plus tard identifié comme étant celui "derrière" la grande tache rouge.

 

Le Bélier est donc une constellation qui recèle tout plein de petits exercices pour s'entraîner à l'observation des doubles avec des petits instruments et éprouver l'optique et l'observateur. J'espère que ce CROA vous a donné envie d'aller visiter cette constellation encore visible en début de soirée mais plus pour très longtemps :)

Modifié par Qorche
Posté

Salut Qorche !

 

merci pour ce compte-rendu urbain de doubles à la 80ED.

J'avoue avoir pas mal décroché des doubles car je consacre les rares soirs clairs ici à la campagne au ciel profond. Il est vrai qu'à ce jeu le Bélier se montre fort délicat avec une 80, les quelques galaxies qu'il contient relevant du défi extrême (sauf NGC 772).

 

1"4 pour epsilon ? Chapeau ! J'avais dû en séparer une à 1"5 ou 1"6, mais je ne me souviens plus de la constellation.

Posté

Salut etoiledesecrins !

1"4 pour epsilon ? Chapeau ! J'avais dû en séparer une à 1"5 ou 1"6, mais je ne me souviens plus de la constellation.

Pour y arriver, je grossis au taquet (150 à 220x, parfois 300), les soirs où il n'y a pas trop de turbulence (r0 > D) et observer des doubles égales ou faiblement inégales (moins d'une magnitude de différence).

 

À 1,4" (ex. π Aql) l'étoile apparaît allongée avec un petit amincissement au milieu à peine perceptible. Faut grossir à 150-200x pour bien voir le caractère double. En revenant à 100-120x le caractère allongé est alors évident.

 

À 1,3" (ex. STF 3057, ν Sco AB ) l'étoile apparaît simplement allongée. À cette séparation ça devient presque plus facile lorsque le couple est légèrement inégal : la secondaire apparaît comme une petite queue.

 

En-deçà : me faut plus de diamètre ;)

Posté

Bonsoir,

 

Merci pour ce ROA bien original: il me démontre que même avec une lulu de 80, le ciel reste d'une complexité difficile à appréhender :). Et le charme ne doit pas nécessairement provenir du "ciel profond". Tu as poussé ta 80 dans ses retranchements :pou:.

Que d'efforts: j'observe moi aussi d'un balcon, ma bourgade n'a cependant rien de commun avec ta ville et pourtant, il y a des soirs où je peine.

 

Beau menu "3 étoiles" :be:!

Rien que les amuse-bouches ...

Plössl TeleVue 32 et 8 mm, Explore Scientific 82° 18 et 11 mm (+ le Maxvision 82° 24 mm qui n'est pas resté longtemps sur le PO), Pentax XF 12 mm, orthoscopiques Kasai 25 et 9 mm, UO 5 mm, TMB Planetary II 7 mm et Powermate 2,5x

Intéressant de voir les performances du HR 7mm: j'ai le penchant de chez TS et j'avoue ne pas m'en plaindre.

 

AZ4 berlebachée? Ah ça, ça m'intéresse: j'avais tenté de fixer mon AZ4 sur un trépied Tele-Optic, mais il y a un souci de compatibilité ... tu dois avoir un autre trépied Berlebach que le mien.

 

Quant aux cibles observées, faudra que je m'en inspire le moment venu.

 

Vivement ton prochain CROA.

Posté

Et beaucoup de cailloux : Plössl TeleVue 32 et 8 mm, Explore Scientific 82° 18 et 11 mm (+ le Maxvision 82° 24 mm qui n'est pas resté longtemps sur le PO)

:D

 

Tu m'étonnes ! je viens de l'acheter, je l'imagine sur ta 80 et l'AZ4 !! :b: Et le PO qui doit réclamer sa maman ! :p

 

Le disque de Vénus, d'un diamètre apparent de 11" que je peux regarder tout juste une minute avant qu'elle ne disparaisse derrière les maisons, est si torturé par la turbulence que je parviens pas à déceler sa phase

Eh oui, quand c'est trop bas c'est fichu, comme pour Mars, ça chromate un max et il n'y a rien à espérer...

 

À tout seigneur tout honneur, je commence par une double bien connue des amateurs : γ Ari, Mesarthim pour les intimes

Il me tarde de la retrouver, celle-là ! ;)

 

Et d'autres doubles du Bélier, je suis impatient !! :cry:

 

La première sur ma liste, Struve 271

Je la mets sur ma liste aussi, celle-là ! Merci pour l'idée ! ;)

Une petite dernière qui me rapproche des Pléiades, et est beaucoup plus facile que toutes les précédentes : Struve 394

Et encore une idée de cible, super, je note !

 

Tu t'es sacrément bien régalé avec ta 80 ! La prochaine fois, fais une photo de ta 80 avec le MV 24 au bout, rien que pour rire ! ;)

 

Merci et bravo pour ce riche CROA et bon ciel à toi ! :)

Posté

Bonjour Qorche:) !

 

Très intéressant ton Croa avec toutes ces étoiles multiples de la constellation du Bélier:rolleyes:. Moi aussi, j'aime bien observer et résoudre ce genre d'objets célestes, c'est passionnant :D! J'observe moi aussi depuis un site urbain, mais j'arrive quand même bien à faire du ciel profond...:o

 

Et concernant Vénus et Mars, si ça t'intéresse (en guise d'info), je viens de lire dans la revue Astronomie Magazine de février, que les 2 planètes seront au plus près l'une de l'autre le samedi 21 février au soir:o. Les 2 planètes seront séparées de 29' et donc visibles dans le même champ d'un oculaire muni d'un champ suffisament grand. Vénus, avec sa magnitude, pourra servir de repère pour trouver Mars en la pointant:p. Et en plus, ce rapprochement se produit un samedi...mais bon, il faut que la météo soit au RV aussi...:rolleyes:

 

Merci à toi pour ce Croa, et toutes ces observations partagées:cool:.

A plus, et bon ciel ;)!

 

Philippe.

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