soleil Transit de Mercure depuis Tenerife

[Anto]

La mécanique céleste ayant eu la bonne idée de faire transiter Mercure juste après le weekend de l’Ascension, je vois donc une opportunité double de voyager : espérer voir le phénomène avec une meilleure probabilité de ciel dégagé qu’en France mais aussi pouvoir tester de nouveaux ciels (CROA à venir). Ce voyage sera également l’occasion de valider le transport par avion de mon Strock fraîchement opérationnel.

 

Je mise donc sur une destination au Sud et tant qu’à faire, plus à l’Ouest que la métropole pour que le Soleil ait un peu plus de hauteur sur l’horizon au moment de la fin du transit. C’est donc depuis l’île de Tenerife, aux Canaries, que je décide d’observer.

Il est un peu plus de 11 heures (TL) quand j’arrive sur le site d’observation que j’ai repéré (GPS 28°18’19"N, 16°30’05"W) non loin des télescopes solaires de l’observatoire d’Izaña. Voilà donc une mise en situation bien accordée pour un transit.

 

 

 

 

Le cadre est splendide avec la mer de nuages à quelques dizaines de mètres en contrebas. Une légère brise souffle mais il y a parfois quelques rafales plus soutenues. D’ailleurs l’une d’entre elles a renversé mon Strock alors que j’allais chercher les derniers accessoires dans la voiture. Heureusement, rien de cassé ! Plus de peur que de mal. Je m’en sors avec juste un peu de terre sur les molettes des vis et une collimation à reprendre entièrement ; stressant à quelques minutes du début du transit...

 

Je suis opérationnel à midi dix et le transit commence dans trois minutes ! Le temps de synchroniser mon dictaphone avec l’horloge du GPS et je commence à guetter l’arriver de la planète sur le disque solaire. J’aperçois Mercure à 12h13m36s qui entaille le limbe du Soleil agité par la turbulence, puis une minute après, j’observe la goutte noire.

 

 

T250x130

 

 

J’estime un 2ème contact entre 11h16h03s et 11h16m09s. D’après le formulaire sur la page spéciale de l’IMCCE, cela conduit à une distance Terre-Soleil calculée entre 187 508 429 et 158 764 841 km. Soit un écart relatif qui oscille entre 5 et 24 % par rapport à la distance théorique de 151 052 690 km ce jour. Comme vous pouvez le constater, la mesure de l’UA requiert une grande précision puisque un écart de 6 secondes sur la mesure de l’instant du 2ème contact fait bondir l’écart relatif d’un facteur 5

L’instant d’un contact n’est pas vraiment pas évident à mesurer avec précision à cause du phénomène de goutte noire et de la turbulence. Je comprends mieux les difficultés qu’ont eues les astronomes du XVIII et XIXème siècle pour mesurer l’UA avec cette méthode (mais avec Vénus).

 

D’après la simulation réalisée la veille, Mercure devait être au plus près des groupes de taches AR12541 et AR12542 aux alentours de 15 heures. Le vent qui s’était atténué peu après le début du transit, a maintenant regagné en intensité. Les fortes rafales sont beaucoup plus fréquentes et l’observation avec le Strock est délicate car les images bougent trop. Par ailleurs le vent manque à plusieurs reprises de renverser à nouveau mon télescope. La prise au vent se fait nettement sentir avec la jupe. Je fige le dessin ci-dessous et je remballe le matériel avec l’espoir de trouver un endroit plus abrité ailleurs sur la caldera.

 

 

 

 

Je prends mon temps pour profiter et faire des photos du paysage mais le vent souffle autant aux divers endroits où je me suis arrêté.

Le moment de la fin du transit arrive. Hélas, la mer de nuage est remontée et déborde dans la caldera. Je suis dans le brouillard. En ultime recours, je décide de redescendre en direction de mon hôtel, à Vilaflor, en espérant que les nuages n’aient pas atteint ce versant du volcan. Ce n’est malheureusement pas le cas J’installe tout de même le Strock et j’attends qu’une éclaircie se produise au bon moment, en vain

 

En conclusion, malgré la météo venteuse et une fin de transit ratée, je suis satisfait d’avoir pu observer et dessiner une partie du phénomène. J’aurais vraiment aimé pouvoir observer la fin du transit afin de compléter mes relevés pour le calcul de l’UA. Mon pari pour les Canaries avec sa météo finalement très changeante ne s’est pas révélé tout à fait juste.

 

Anthony

[Arch Stanton]

Salut

Quelle chance d'avoir pu voir les premiers contacts...

Ici c'était la misère.

Tes dessins sont superbes et en plus dans un lieu Magique.

Veinard

Bravo a toi

L

Modifié 16 mai 2016 par Arch Stanton

[TILOUNE]

superbe bravo

[Locus]

J'aime beaucoup la planche des 2 premiers contacts: simple et évocateur

[Strock Pierre]

Ah c'est SUPERBE !

 

Déjà c'est pile poil le même endroit où j'ai observé avec les copains voici quelques mois.

Pile poil ! Facile d'accès, 2000 mètre d'altitude... on peut observer les étoiles de la Croix du Sud et on est au dessus des avions qui décollent. On peut même dessiner Éta Carène au ras de l'horizon.

 

Et un 250 de cette bonne facture là-bas... ça donne !

 

Bravo aussi pour la métrologie.

C'est un effort peu commun, et pourtant terriblement motivant.

 

Au plaisir de voir des dessins du ciel de là-haut...

 

Pierre STROCK

[JMDSomme]

Super!

Le Strock a voyagé en cabine ?

[Oeil noir]

Très beau compte rendu où l'on sent le passionné d'astronomie avec une approche très poussée. Le cadre, forcément magnifique... (ce sera probablement la première destination ciblée lorsque je "voyagerai pour l'astro".)

 

Le dessin de la goutte nous permet de se projeter, ce devait être palpitant d'y assister.

 

Merci pour le partage et bravo!

[jéjé-69]

Magnifique CROA bravo

Comme nous vous avez du vous regaler

Et le résultat àvec la distance est grandiose

Amicalement

Jerome

[Gildas974]

De très beaux dessins ! J'apprécie bien cette "déformation" telle une goutte d'eau, de Mercure au bord du limbe solaire ! Superbe !

[Super]

Compte rendu, photo et dessins très sympa !

dommage pour la fin dans la purée !

[Martina]

Jolie CROA, avec quelques battements de coeur !!

J'aime bien les petits dessins, avec la théorie de la goutte d'eau, et la métrologie, c'est super intéressant

[Anto]

Merci à tous pour vos commentaires

 

Pierre, l'emplacement a été trouvé grâce à l’un des récits de voyage votre club. Ce n’est donc pas un hasard ! Vos compte-rendu sont une vraie mine d’informations et autant de sources d’inspiration. Merci beaucoup.

 

Pour le voyage en avion, j’ai seulement gardé le primaire avec moi dans une caisse confectionnée pour l’occasion. La structure a voyagé bien protégée en soute. Je n’ai pas osé transporter le télescope entier en cabine sachant que j'étais sur une compagnie low-cost. J’avoue avoir eu peur de me voir refuser mon fragile bagage à main. Je n’ai également pas voulu m’aventurer au contrôle sécurité avec cet accessoire car je n’étais déjà pas très rassuré avec le miroir. Mais finalement tout s’est très bien passé. Je le saurais pour une prochaine fois.