Une nuit au barrage de Moiry

[yves piette]

28/07/2016 Il y a 2 semaines que je suis en vacances à Chandolin. Petit village situé dans le Val d'Anniviers en Suisse.

 

La semaine passée, avec ma douce moitié, j'avais participé à une séance publique d'observation solaire à l'observatoire de Saint Luc tout proche. Ayant repéré ma casquette des derniers RAP, l'animateur m'avait recommandé le parking du barrage du lac de Moiry, à 2.250 mètres d'altitude, pour aller observer.

Malheureusement, depuis lors, la météo n'avait pas été favorable et, si les journées étaient assez ensoleillées, les nuits se révélaient plutôt plombées.

 

20h Chandolin. Le ciel couvert en journée se dégage progressivement et la météo annonce enfin une nuit claire. Je décide de tenter une observation au barrage de Moiry situé à environ 45 minutes de voiture.

 

21h Arrivée au barrage. Le parking semble très bien mais, bien que le petit restaurant situé à quelques mètres soit fermé, ses fenêtres sont éclairées. Je vais voir le parking situé de l'autre côté du lac mais il y a plusieurs motorhomes avec des personnes se préparant manifestement à passer la nuit sur place. L'emplacement ne convient pas

 

Je rebrousse chemin et repère deux emplacements possibles le long de la route mais ils ne sont pas très plats et sont recouverts d'un mélange de sable et de petits graviers humides qui risquent de salir fortement le socle du télescope. Si les occupants du restaurant ne laissent pas leurs lumières allumées trop tard, le parking du barrage est, de loin, le meilleur choix.

 

21h30 Je commence le montage du Dobson 400 sur le parking du barrage. Après quelques minutes, deux personnes quittent le restaurant et montent dans les alpages avec leur 4x4. Quelques instants plus tard les lumières s'éteignent aux fenêtres. Pendant ce temps, le ciel se dégage progressivement.

 

22h15. Le télescope est monté et collimaté. Le ciel est dégagé aux trois quarts.

J'observe quelques instants Mars mais le ciel est encore fort turbulent. Je ne peux pas grossir au delà de 165 fois. En effet, même à cette taille et sans filtre, la planète semble trop lumineuse pour le 400. J'ai des artéfacts et je dois centrer parfaitement l'œil dans l’oculaire sans quoi la planète se dédouble ou se détriple.

 

22h30 Je passe à Saturne avec une image nettement meilleure. Dans les trous de turbulences, je distingue nettement la division de Cassini sur tout le périmètre. Je devine également deux bandes atmosphériques et une région polaire un peu plus claire.

Cinq lunes sont bien visibles: Titan à l'ouest (en principe, j'aurais du voir Japet qui était plus loin vers l'ouest mais je l'ai raté); Encelade au Nord; Dione au Nord-Est, Thétis et Rhéa à l'Est.

 

22h40 La voie lactée est à présent bien visible. Je ne me souviens pas l'avoir jamais vue aussi claire ! Elle est presque brillante et on y distingue parfaitement les variations de densité et différentes nodosités.

 

22h55 J'oriente le télescope vers M51, la double galaxie du tourbillon. Elle est superbe et, pour la première fois, je distingue clairement les bras galactiques de la galaxie principale et l'extension vers la plus petite. Bien sur, il n'y a pas de couleurs, mais on se rapproche de ce qu'on peut voir sur les photos !

Tant que je suis dans la grande ourse, j'essaye M101, la galaxie du moulinet. Depuis ma terrasse belge, je ne suis jamais arrivé à la détecter. Ici, elle est évidente. Le cœur galactique ressemble à une étoile et plusieurs bras sont visibles en vision décalée.

 

23h30 Par facilité pour le pointage, j'installe le laser sur le télescope. Il me permet de repérer les objets aux jumelles puis d'amener le faisceau sur ceux-ci. Je pointe alors M63, la galaxie du tournesol. Elle est bien visible mais les bras galactiques sont nettement moins évidents.

 

00h J'ai assez vu de galaxies, je jette un rapide coup d'œil sur M13, l'amas globulaire d'Hercule puis M57, la nébuleuse planétaire de l'anneau. Ils sont superbes: M13 brille de milles feux, l'anneau de M57 se détache comme jamais et la centrale est parfaitement visible.

 

00h30 Il est temps de passer sur quelques nébuleuse en émission. Je descend dans le Sagittaire pour détailler M8, la nébuleuse de la lagune et M20, la trifide. Elles se révèlent bien détaillées et, pour la première fois, je distingue enfin les méandres de la nébuleuse obscure dans cette dernière.

 

00h45 Je me rappelle alors avoir lu récemment un CROA parlant de la petite galaxie située à côté de M13. Je retourne dans Hercule et repère très facilement cette galaxie NGC 6207. Grossie 165 fois, elle se présente sous la forme d'un fuseau assez allongé dont le grand axe est orienté vers M13.

 

01h Je voudrais mettre NGC 6826, la «*blinking nebula*» à mon palmarès car je ne suis jamais arrivé à la percevoir depuis mon domicile. Ici, seule frustration de la soirée, même sous ce ciel exceptionnel, je n'arrive pas à la centrer. Il faut dire qu'elle est pratiquement au zénith ce qui ne facilite pas son pointage avec un Dobson ...

 

01h15 Pour me consoler, je pointe M31 dans Andromède qui vient de se lever.

Je comprends enfin pourquoi, jusque là, je n'avais vu la grande bande d'absorption dont tous les «*astrodessinateurs*» parlent. C'est juste que je ne voyais qu'une fraction de la galaxie et donc, pas le bras situé au delà de cette bande !

Je m'attarde également un peu sur M32 et M110 toutes deux bien détaillées.

 

01h30 Il est temps de voir ce que le filtre UHC Lumicon à dans le ventre. En principe, il laisse passer les bandes OIII et H beta. Il devrait donc faire merveille sur les dentelles du cygne.

C'est bien le cas, la grande et la petite dentelles apparaissent bien structurées et ressemblent aux dessins des meilleurs «*princes du crayons*».

 

01h45 Je pars pour les Estivales le lendemain matin. Il faut penser à rentrer car il y a de la route à faire et la météo annonce une nuit prochaine de grande qualité. Je veux cependant terminer par une nébuleuse planétaire pour compenser mon échec sur la «*blinking*». Je repère assez facilement NGC 6543, la nébuleuse de l'œil de chat dans le Dragon. Elle apparaît de couleur bleue, ovoïde et structurée ... pas suffisamment toutefois pour discerner l'enchevêtrement de cercle qui a donné son nom à la nébuleuse.

 

02h Il est temps de partir. Il me faut environ 15 minutes pour démonter et ranger le matériel dans la voiture et 45 minutes pour rentrer à l'appartement.

Depuis mes 3 petites années d'observation, j'ai sans conteste passé ma plus belle soirée d'astronome amateur. Je me sens à la fois excité et heureux !

Modifié 4 août 2016 par yves piette

[cpeg]

 

01h Je voudrais mettre NGC 6826, la «*blinking nebula*» à mon palmarès car je ne suis jamais arrivé à la percevoir depuis mon domicile. Ici, seule frustration de la soirée, même sous ce ciel exceptionnel, je n'arrive pas à la centrer. Il faut dire qu'elle est pratiquement au zénith ce qui ne facilite pas son pointage avec un Dobson ...

 

 

Content pour toi, joli CROA .

 

Pour la blinking, inutile d'attendre un ciel d'enfer, depuis chez toi ça doit aller. Tu l'as peut-être prise pour une étoile?

[Sebasities]

Depuis mes 3 petites années d'observation, j'ai sans conteste passé ma plus belle soirée d'astronome amateur. Je me sens à la fois excité et heureux !

 

Il y a de ces soirs comme ça dont la qualité de nos observations nous donne un sentiment de plénitude. Bravo !

[Chtit Bilou]

Cher Yves, un grand chapeau pour cette session où les éléments furent avec toi !

Et merci pour ce CROA précis à la minute, j'aime ! :cool:

 

Bon ciel !