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Le 28 octobre, nous partons du Saumurois en début d’après-midi avec ma Françoise pour une observation astro dans le Berry.

 

Vous n’avez jamais entendu parler de l’OGO : l’Observatoire de la Grange-Ourse ?

 

C’est tout à fait normal, car il n’existe que sur le papier pour l’instant.

 

Il sera équipé d’un télescope C11 et d’une lunette TOA 130, tous deux fixés sur une monture 10 micron.

 

Elle sera elle-même supportée par une colonne oblique conçue par notre membre d’honneur et ancien président et qui sera réalisée par sa société Vertex.

 

L’observatoire en dur sur deux niveaux sera équipé d’une coupole de 2,20 mètres de diamètre de marque Pulsar, fournie et posée par la société COSMODiff, plus connue de nous sous le nom de La Clef des Etoiles.

 

Donc, que du matériel de qualité pour le futur observatoire de mon ancien président de Quasar 95, surnommé JPM.

 

Rien de tel pour exciter ma curiosité insatiable.

 

Un petit coup de téléphone et la réponse tombe : « L’observatoire n’existe pas encore, mais cela ne doit pas t’empêcher de venir observer avec moi ! ».

 

Certaines choses ne doivent pas être prononcées devant moi… une invitation à observer ne peut dignement être rejetée… Surtout quand il s’agit de regarder dans un Dobson Factory de 460 !

 

Le rendez-vous est pris pour la prochaine nouvelle Lune.

 

Nous ne connaissons pas cette région de l’Indre, donc nous prenons les petites routes.

 

Nous traversons un paysage vallonné avec de nombreuses exploitations agricoles d’élevage, très disséminées au milieu de vastes parties boisées exploitées en haute futaie.

 

Que c’est beau une forêt exploitée en haute futaie !

 

Cet aspect du Berry nous était totalement inconnu et nous sommes subjugués par sa beauté naturelle et sans artifice.

 

Le soleil est présent, mais caché par un épais matelas brumeux, qui stagne au ras du sol et qui refuse absolument de s’élever depuis le départ.

 

Une demi-heure avant l’arrivée, la brume comme par enchantement s’évapore.

 

Magie d’une météo que je n’arrive toujours pas à comprendre !

 

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La Grange-Ourse est une vaste et ancienne demeure fermière typiquement berrichonne, refaite à neuf, avec des matériaux nobles et un goût exquis.

 

Nous posons nos valises dans l’une des nombreuses chambres de cette demeure et dînons rapidement, car la nuit tombe vite et nous voulons profiter un maximum du début de nuit, avant l’inévitable brouillard qui s’abattra obligatoirement sur nous après la semaine que nous venons de passer avec des pluies continuelles mais fort heureusement intermittentes.

 

La brume reprendra alors ses droits de propriété au sol et nous chassera sans ménagement.

 

Le magnifique T460 prône au milieu de la pelouse et piaffe son impatience, bouche bée devant un ciel un peu moins bon que celui d’Eygalayes dans la Drôme où mon club va parfois observer, mais par une nuit noire d’encre au possible car nous ne nous distinguons même pas à moins d’un mètre de distance !

 

Au menu, nous avons comme mise en bouche NGC 7789, un très joli et fort structuré amas ouvert dans la constellation de Cassiopée, dont le nom de Rose de Caroline a été attribué en l’honneur de sa découvreuse, l’astronome Caroline Herschel.

 

Nous le cherchons en vain.

 

Impossible de l’avoir au centre de l’oculaire.

 

Après un temps infini et un nombre incalculable de recherches, nous abandonnons… la rage au ventre de n’avoir pu le trouver.

 

Au menu les plats d’entrées suivent et nous donnent moins de fil à retordre, car beaucoup plus classiques :

 

– M57, la nébuleuse de la Lyre. Je cherche la naine blanche qui se trouve au milieu mais je n’arrive pas à la distinguer.

 

– M27, la nébuleuse de l’haltère ou Dumbell, dans la constellation du Petit Renard,

 

– Un petit saut de puce supplémentaire et nous voici sur M31, la galaxie d’Andromède, visible à l’œil nu. Dans l’oculaire, on distingue parfaitement la petite galaxie elliptique M110 située juste à côté.

 

– Puis nous faisons un autre saut de côté pour filer sur la constellation de La Flèche au milieu de laquelle trône le très bel amas globulaire M 71.

 

JPM me dit qu’il ne l’observe que très rarement et qu’il est impressionné ce soir par sa densité d’étoiles, que l’on arrive assez facilement à résoudre en vision décalée, même au cœur.

 

Le plat principal du menu servi ce soir est cependant un peu fade.

 

La vision de la petite dentelle du Cygne avec le filtre OIII est plus que passable, voire même décevante.

 

Je n’apprécie pas et nous passons tout de suite à M13 dans la constellation d’Hercule pour voir l’un des objets les plus brillants et le plus souvent observé du ciel d’automne.

 

Sa vision est également fadasse.

 

Beurk !!

 

Le ciel est en train de se voiler.

 

Le brouillard ne va pas tarder à nous tomber dessus.

 

La constellation du Cocher est maintenant assez haute.

 

Nous visons M 37, son amas ouvert le plus remarquable.

 

C’est un objet superbe, toujours aussi agréable à regarder !

 

Le point de rosée est atteint et l’eau commence à ruisseler sur le corps du chercheur.

 

Une espiègle et vicieuse petite goutte en profite même pour faire de l’œil à JPM…

 

Il n’apprécie guère notre JPM qu’une charmante petite – gouttelette - lui fasse de l’œil!

 

Nous sommes transis de froid et avons les pieds trempés.

 

Nous décidons de rentrer une dizaine de minutes dans la maison pour nous réchauffer.

 

Mais il faut faire vite si nous voulons profiter du peu de bon temps qu’il nous reste.

 

Nous faisons vite, mais cependant quand nous revenons un coup de lampe rouge dans le secondaire – c’est une véritable soucoupe par rapport à celui de mon petit 250! – nous informe que nous arrivons trop tard.

 

Il est couvert de buée.

 

Inutile de continuer.

 

Nous bâchons le DF 460 et rentrons sécher les oculaires et le matériel dans le garage.

 

Allez ! Allez !

 

Vite, au lit !

 

L’observation a quand même été fructueuse et je me remémore à souhait ces superbes visions avant de m’endormir…

 

Avant aussi de me faire engu..ler par ma Françoise lorsque je lui colle amoureusement mes petons frigorifiés sur ses gambettes pour me réchauffer.

 

Grandeurs et décadence de l’astronome amateur !!

 

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Après une bonne nuit de sommeil réparateur, comme à nos habitudes, nous partons faire un peu de tourisme dans cette région que nous ne connaissons pas.

 

Nous visitons la basilique Saint-Etienne du XIème siècle à Neuvy-Saint-Sépulchre dont la rotonde est unique en France.

 

Je suis surpris d’y retrouver des chapiteaux sculptés typiques de l’art roman du moyen-âge, avec son bestiaire symbolique de personnages luttant contre les forces du mal symbolisées par des hideuses figures d’animaux.

 

Ils ressemblent étrangement à ceux de l’église de Cunault qui se trouve de l’autre côté de la Loire, face à notre maison saumuroise.

 

Il est midi.

 

Mon quintal dépassé réclame son dû.

 

Nous allons manger au Lys Saint-Georges à l’auberge de la Forge que nous ne pouvons que vous recommander.

 

Le menu y est plus gratifiant que celui que celui de nos observations de la nuit dernière.

 

Allez ! Pour vous faire saliver : en entrée, escalope de foie gras poêlé au coteau du Layon avec ses poires confites, arrosé d’un petit rosé du domaine de la Noue à Saint-Nicolas de Bourgueil.

 

Admis comme membre à la confrérie de l’Hyper Rouge, je vous dois quelques mots sur ce vin délicieusement aromatique, légèrement corsé et peu tannique, élevé sur le sol de graviers argileux du Fondis protégé des vents du Nord par la forêt qui se trouve sur le coteau.

 

Suivra une balade digestive dans la région toute proche des marais et des étangs de la Brenne.

 

Cadre idyllique pour l’assouvissement de la seconde passion de notre ancien président : la photographie animalière.

 

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Sans avoir eu besoin de céder à la tentation d’allumer un cierge pour implorer tous les dieux du ciel de nous donner un bon seeing lors de notre visite à la basilique Saint-Etienne, comme par miracle les mauvaises conditions annoncées par la météo s’estompent.

 

Après un rapide souper, nos épouses se dirigent vers le salon pour regarder la télévision et nous nous dirigeons vers le jardin pour regarder nos chères étoiles.

 

Nous commençons par régler notre vieux contentieux avec la prude et effarouchée Rose de Caroline.

 

Quelle splendide vision…

 

A l’oculaire, que tu es belle ma Caroline !

 

Suivront ensuite dans la foulée :

 

- La toute petite nébuleuse planétaire NGC 7662, également appelée la Boule de neige Bleue dans la constellation d’Andromède,

 

- Puis la nébuleuse planétaire de l’Œil de Chat, NGC 6543, dans la constellation du Dragon.

 

JPM aperçoit immédiatement le petit point brillant formé par sa naine blanche centrale.

 

Il me faudra quelques minutes d’observation intensive pour la distinguer en vision décalée, puis en vision directe.

 

- Nous continuerons ensuite par l’amas globulaire M15 dans la constellation de Pégase.

 

C’est un amas superbe par sa densité d’étoiles, toutes résolues y compris au cœur grâce aux qualités du DF 460.

 

On y reste scotché de longues minutes à l’oculaire tellement il est beau et puissant.

 

C’est en regardant de tels objets que l’on devient accro à l’observation astronomique !

 

- Puisque nous sommes sur les somptuosités du ciel, nous glissons ensuite le chercheur sur l’amas elliptique M2, un amas globulaire tout proche, dans la constellation du Verseau.

 

Il est magnifique mais je n’arrive pas à résoudre son cœur trop riche en étoiles. Un 460 a quand même des limites…

 

- Par un ciel pareil, ce serait un crime que de ne pas aller admirer les dentelles du Cygne.

 

Nous commençons par 52 Cygni et sa Petite Dentelle (NGC 6960).

 

Avec l’OIII à bande étroite de JPM, elle est très bien définie et l’on distingue très bien les volutes formées par les filaments de gaz poussiéreux de ce rémanent de supernova.

 

Le triangle de Pickering ne m’attire pas plus que ça et nous passons vite sur NGC 6992-6995, la Grande Dentelle.

 

Quel plaisir que celui de se promener en bougeant le télescope au travers d’un si vaste objet.

 

Quelle vision féerique à laquelle il ne manque que la couleur !

 

Un véritable amoureux des étoiles se doit d’en vouloir toujours plus !!

 

- Ensuite, la constellation d’Andromède nous offre NGC 891, sur l’alignement Almaak-Algol.

 

C’est une superbe galaxie spirale vue par la tranche.

 

Après la Grande dentelle, son observation me semble cependant un peu pâlotte et ne reflète pas sa véritable nature.

 

- Les constellations d’Orion et des Gémeaux commencent à sortir de l’horizon à l’Est.

 

Nous nous dirigeons sur M1, la nébuleuse du Crabe, un rémanent de supernova dans la constellation du Taureau.

 

Sa vision est faible et vaporeuse, sans aucun détail.

 

Par contre, c’est un objet facile à trouver, que tout débutant devrait commencer à aller chercher pour s’habituer à se diriger dans le ciel.

 

- Les amas ouverts M35 et NGC 2158 dans les pattes de Castor sont bientôt placés au centre de l’oculaire.

 

Leur vision annonce déjà l’arrivée de l’hiver et de ses courtes mais fructueuses et givrées nuits d’observation.

 

- Le froid commence à faire sentir et nous terminerons notre nuit d’observation par M33, la galaxie du Triangle qui se trouve maintenant juste au zénith.

 

Le lendemain matin, il nous faut hélas repartir de la Grange-Ourse vers notre région parisienne et son ciel pollué de lumière.

 

Mille mercis à JPM et à son épouse pour leur accueil et leur disponibilité.

 

Ils me demanderont de faire passer ce message : l’Observatoire de la Grange-Ourse et ses nombreuses chambres pour s’y remettre de vos émotions est ouvert à tous leurs copains astronomes amateurs.

 

Et il n’est situé qu’à 3 heures et demie d’autoroute de la région parisienne !

Posté

Très chouette CROA, riche en notations précieuses et qui me rappelle un séjour récent à Raveau, dans un gîte sympa, non loin de La Charité-sur-Loire. La Voie Lactée irradiait, éclairait le site tant le ciel était noir. Et puis, comme tu le dis, cette fichue humidité m'a fait rentrer, avec ma chaise et mes jumelles. Mais quel souvenir, cette M31 flanquée de ses deux copines !

Merci pour ce passionnant témoignage.

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