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CROA d'une nuit d'automne


'Bruno

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Voici mon récit d'une (partie de) nuit d'observation que je ne suis pas prêt d'oublier.

 

Le contexte

 

Vendredi soir, mon Lukehurst 495/2032 fêtait son premier anniversaire (par une observation de la belle comète SWAN). Ce télescope ne m'a pas tellement servi : trois observations en octobre-novembre dernier, puis rien jusqu'à mai, et enfin une semaine de vacances sous un ciel qui m'a un peu déçu par rapport à l'an passé. Mais déjà quelques observations mémorables : M42 en novembre dernier avec ses dégradés de couleur, NGC 246 en forme de mortadelle, puis Jupiter fantastique par courts instants lors d'une soirée stable de mai (avec remballage du télescope pas trop tard car c'était en semaine, dommage) et les Dentelles merveilleuses cet été. J'ai surtout constaté un astigmatisme lié à la mise en température du secondaire, qui m'oblige à laisser le télescope prendre la température plusieurs heures, et aussi à tarder à collimater précisément (pas de collimation avant qu'il soit parti). Bref, j'ai l'impression de ne pas encore maîtriser ce télescope, de ne pas encore profiter de tout son potentiel. Pas grave, j'ai le temps...

 

La nuit dernière, j'ai maîtrisé le télescope, j'ai profité de son potentiel. Nuit magique ! Et imprévue.

 

Le matériel et le site

 

Météosurf annonce du brouillard et un peu de beau temps en deuxième partie de nuit. Le Dobson Lukehurst 495/2032 est rangé dans la cuisine, prêt à sortir sur la terrasse. Le sac à oculaires contient deux Pentax XW 20 mm (x100) et XW 7 mm (x290) et deux Nagler 9 mm (x225) et 5 mm (x406). Avec le 495 mm, les observations courantes se font au 9 mm ou au 7 mm (selon la turbulence). Le 5 mm n'a quasiment jamais servi (grossissement trop fort, même pour inspecter la Polaire). Le 20 mm donne 0°40' de champ mais on voit qu'il grossit trop faiblement : fond du ciel clair, perte de magnitude limite. Le dilemme, c'est que le grossissement moyen (9 ou 7 mm) est déjà un fort grossissement et montre la turbulence... J'ai aussi deux filtres : Lumicon OIII et Astonomik H_Bêta (j'aurais préféré un Lumicon mais il n'y en avait plus au magasin et j'étais pressé...)

 

La terrasse en pierre jouxte mon logement du côté de la cuisine. Elle est séparée de la rue par un mur en pierre pas trop haut : quand je pointe le zénith, je vois le lampadaire qui est à l'autre bout de la rue. L'autre lampadaire proche est caché par le bâtiment. La grande rue, seule éclairée dans mon village, passe au nord. Au sud, il n'y a pas d'éclairage. Mais c'est la ville de Sens, au sud-est, qui gêne le plus. Le ciel observable, c'est donc le zénith et la moitié ouest. Ça tombe bien, la maison me bouche le ciel est, celui qui est pollué. La magnitude limite plafonne au mieux à 5,2 - je vois la différence en allant en rase campagne - mais j'ai constaté l'an passé que le 495 mm utilisé dans ces conditions faisait un peu mieux que le 300 mm sous le ciel exceptionnel de la Lozère. En sortant sur ma terrasse, c'est comme si j'étais en vacances là-bas...

 

Bref, ce dimanche soir, je suis en vacances, j'ai décidé de veiller tard pour voir si la brume se dissipera, contrairement aux nuits précédentes. Je ne vais pas me déplacer en rase campagne puisque le beau temps n'est pas certain. De toute façon, le temps était gris toute l'après-midi.

 

Fausse alerte

 

Peu avant 22h00, le ciel s'étant dégagé malgré quelques restes de nuages, je me dis "la météo avait raison !" et je sors le matériel pour la mise en température. La boîte primaire est posée sur le socle (c'est le plus lourd), il ne reste plus qu'à monter la structure Serrurier. Je ferai ça après le film...

 

Peu avant minuit : fin du film ("Les sentiers de la gloire", sur Paris Première). Je sors dehors avec l'intention d'installer le télescope. Brouillard ! Le lampadaire de l'autre côté de la rue est fantômatique. Après accoutumance, l'oeil distingue peu d'étoiles dans le ciel. Je rentre donc tout dans la cuisine. J'avais bien fait de ne rien monter. Le même coup qu'hier et avant-hier : un faux espoir, le brouillard a tout gâché. Dommage, la Lune allait bientôt se coucher...

 

Je vais lire les forums pour me remettre de mes émotions... La météo annonce du mauvais temps pour les jours à venir, et comme la Lune devient de plus en plus gênante, c'est fini, c'était la dernière occasion avant fin novembre et les nuits d'hiver (alors que ce soir la température était clémente, c'est agréable). J'aurais bien voulu revoir M42. Et Saturne, dont je n'ai pas eu d'image potable l'an passé - c'est comme si je ne l'avais pas vu depuis l'hiver 2005.

 

Miracle !

 

Bon, je fais quoi ? Je vais me coucher ? Ah, la poubelle, j'allais oublier, il faut la sortir. Il est minuit 40. Le brouillard est complètement dissipé, Orion vient d'émerger de derrière la maison et s'approche du méridien sud. Il y a plein d'étoiles. Bon, c'est trop tard pour sortir le 495 mm, vu qu'il faut 4h de mise en température... Je décide donc de sortir le petit 300 mm en remplacement. Oui, mais je veux découvrir le ciel d'hiver (à peine vu l'an passé) au 495 mm ! Et puis, il n'a peut-être pas eu le temps de se réchauffer, puisqu'il n'est rentré que depuis une heure. Allez, courage ! Je sors le 495 mm et je l'installe. Et je le monte. Je sais, il faudra attendre 2 ou 3h avant qu'il soit en température, mais les nuits sont longues.

 

Alignement du secondaire au laser. Réglage du primaire au cheshire. Vérification sur la Polaire. Beuh, l'astigmatisme ! 1h à la maison (pourtant pas chauffée) a bien annulé le début de mise en température. Bref, les observations ne commenceront qu'à 3h du matin...

 

Mais la comète Faye ! (oui, il n'y a pas que SWAN) Elle a déjà passé le méridien, il n'y a pas de temps à perdre. Alors tant pis, j'enchaîne. Même à x100 l'astigmatisme est visible (quand on focalise/défocalise), mais ça urge. J'avais préparé une carte avant-hier, j'y rajoute sa nouvelle position (ouf, elle est toujours sur la carte) et je pointe Ksi-1 Cet. Oh la belle étoile jaune-or ! Avec un gros diamètre, les couleurs des étoiles sont autrement plus belles qu'avec un petit, même si le petit les montre. Je me déplace vers la comète. Salut NGC 827, salut NGC 840 (deux petites galaxies de magnitude 13-14 sur le chemin) et voilà la comète : ah elle est facile et pas trop petite ! J'en fais un dessin à x225, ce qui me permet de la détailler. Ce n'est pas juste un truc flou qui faiblit peu à peu et centré sur un noyau stellaire faible : il y a un allongement à peu près vers le nord, et en deux parties. Une étoile brillante à l'ouest est jaune comme le Soleil.

 

Voilà une bonne chose de faite. À présent, retour à la maison pendant la mise en température.

 

Et M42 ? Elle est là, elle me tend les bras... Bon, OK, M42 d'abord. Mais je commence par faire la mise au point sur Rigel (toujours à x225). Tiens, je ne vois pas le compagnon, juste une étoile bleue éclatante. Heu... ? Je vérifie au chercheur (complètement embué et ne montrant que des étoiles de magnitude 2) : ah, zut, j'étais sur Cursa ! Rigel est à côté, plus brillante, OK je la centre. Voyons à l'oculaire...

 

Wahou ! Déjà au 300 mm je l'adorais, mais là... ! Elle est moins bleue que Cursa je trouve (d'après le spectre, ça devrait être le contraire) mais éclatante de chez éclatante. Les quatre aigrettes sont brillantes, fines, et traversent tout le champ. Certains trouvent ça moche, pas moi, au contraire (et puis ça aide à faire la mise au point). Le compagnon est brillant, mais beaucoup moins, bien séparé. Mais l'astigmatisme gâche l'image. En tout cas, ça ne turbule pas comme avant-hier. Tiens, un petit satellite géostationnaire passe juste au nord de Rigel, de magnitude 13 environ je pense. On le reconnaît à ce qu'il reste au même endroit si je ne bouge pas le télescope. En fait, il se déplace légèrement, il dérive dans le sens contraire du ciel (mais moins vite !) Bizarre...

 

Je pointe M42, qu'on devine encore au chercheur (enfin, on voit une tache là où il y a M42 et les étoiles du champ). Que c'est beau ! Le Trapèze est composé de six étoiles, mais la sixième n'est pas visible aussitôt. M42 est verte, la région centrale est moutonnée, pleine de détails. Ceux-ci dessinent des arcs centrés sur le Trapèze, en plus du moutonnement chaotique. M43 ressemble aux photos, bien qu'elle soit nettement moins brillante.

 

Je me souviens de M43 au 300 mm il y a deux ans : grâce au dessin, j'avais réussi à détecter, en vision décalée, la fine ligne noire qui part de NU Ori. Là elle est bien visible, sans vision décalée. On voit sa forme : elle s'élargit vers l'extérieur, elle ne part pas de l'étoile mais de juste à côté. C'est autre chose qu'au 300 mm ! Je ne décris pas le reste, c'est impossible à dessiner et à raconter. Je reste sur l'image, je me promène à x225.

 

Puis je place le filtre H_Bêta sur le XW 20 mm. M42 est visible en entier de justesse et est très belle, bien contrastée. Je ne vois pas la "grande boucle", par contre je vois très bien la "petite boucle" (c'est comme ça que je les appelle), celle située au-dessus (quand le sud est en haut) du bras ouest. M43 baigne dans une faible nébulosité qui contient plusieurs nodosités. Plaçons maintenant le OIII, pour comparer. C'est un poil moins bien, je trouve, sauf qu'on voit un peu mieux l'extension au sud de M42 et la "grande boucle" qui rejoint presque Iota Orionis. La "petite boucle", par contre, devient difficile à distinguer (mais on la voit encore). Autour de M43, c'est un poil moins net qu'avec le H_Beta. Je me demande ce qu'aurait donné un UHC, peut-être le filtre le plus à même de détailler la nébuleuse, finalement ? Mais bon, sans filtre c'est fantastique aussi. Je replace le H_Bêta pour vérifier : oui, je préfère ça à l'OIII.

 

Puisque le H_Bêta est prêt, je pointe Ksi Persei. Normalement, il devrait y avoir NGC 1499 (la Californie) juste à côté, au nord-est. Avec le champ du x100 (0°40'), je n'aurais bien sûr qu'une petite partie. Allons-y... Ah oui, il y a une fine bande plus ou moins irrégulière. Et un peu plus loin une autre bande, plus facile et un peu plus large. Entre les deux, le ciel n'est pas tout à fait noir. La deuxième bande s'étend un peu plus loin et s'élargit. Et du côté opposé, une faible nuée est perceptible assez loin. Mais elle est trop grande ! Même à "faible" grossissement (x100) je n'en vois qu'une petite partie. Mais bon, je l'ai vue.

 

Allez, il est l'heure de la pause, le télescope doit se mettre en température !

 

Et puis non, j'y retourne !

 

À peine rentré, je ressors. J'ai envie de dessiner NGC 2158, le compagnon optique de M35. Je ne sais pas pourquoi, ça vient de me prendre... Mais il est encore derrière la maison... enfin, de justesse. Quoi faire en attendant ? Il y a Orion presque au méridien, qui ne demande qu'à être exploré. Tiens, et PK 198-06.1, alias Abell 12 ? C'est une nébuleuse planétaire rarement cartographiée (elle n'est pas sur Uranometria, en tout cas pas la 1ère édition) et pourtant visible dans un 300 mm. Vous connaissez NGC 404, la galaxie la plus facile à pointer ? Eh bien Abell 12 est encore plus facile à pointer : elle est située à quelques secondes d'arc de Mu Orionis ! C'est même ça qui la rend invisible, sauf avec un filtre interférentiel. Je viens de penser à elle et je décide de la chercher.

 

Je place le filtre OIII sur le Nagler 9 mm et je pointe Mu Orionis. Argh, de la buée... Évidemment, il ne faut pas confondre la nébuleuse avec la buée ! J'attends, ça s'enlève. Bon, je n'approche pas l'oeil, tant pis si je ne vois pas tout le champ. Mu est une étoile très brillante, et il y a une petite boule assez brillante à côté, dont le diamètre est à peu près égal à la distance entre le centre de la boule et Mu. C'est la nébuleuse ! Au 300 mm, je l'avais vue, mais difficilement, et mon dessin avait été fait d'abord afin de confirmer. Là, pas de doute, elle est là, facile. La partie la plus éloignée de Mu semble plus brillante, mais c'est probablement dû au fait que la partie proche de l'étoile est noyée dans un peu de diffusion. Je fais un dessin. Avec filtre, puis sans filtre pour placer un peu plus d'étoiles. Houlà, Mu est vraiment brillante ! (et blanche.) La nébuleuse reste visible, mais difficilement, un peu comme au 300 mm. Il y a plein d'étoiles dans le champ !

 

Ah, le temps de dessiner, et M35 est maintenant visible, allons-y ! (toujours à x225.) M35 est riche, composé d'étoiles brillante, et ne rentre pas dans le champ du x225. NGC 2158 me déçoit un peu : je m'attendais à voir plus d 'étoiles. Il contient 50 à 60 étoiles, la moitié visibles à la limite, un peu comme pour un amas globulaire dans un 200 mm, et il y a un fond nébuleux. L'amas a une forme vaguement triangulaire. Le dessin (à x225, puis x290 qui montre mieux les étoiles faibles) me prend du temps (c'est bon pour la mise en température, ça) et comme j'ai dessiné à petite échelle, on perd l'impression d'aglutinement. Finalement, je pense qu'il est pas mal réussi, sauf que je n'ai pas pu dessiner les étoiles perçues à la limite. On verra quand je le remettrai au propore (pas maintenant, pas le courage...)

 

Je regarde le ciel : il n'a jamais été au mieux, mais c'est pas mal. La Voie Lactée s'arrête au nord de la Licorne, alors que je l'ai déjà vue plus basse depuis mon village, et elle est faible. Mais bon, ça me convient. Par contre, au nord : du brouillard ! Le lampadaire est fantômatique. Cassiopée s'apprête à descendre dans la nappe. On dirait que le mur qui me sépare de la rue me protège du brouillard. Car au sud, rien, je vois bien les maisons devant moi, et les silhouettes des arbres derrière elles. Du coup, est-il nécessaire de faire une pause de mise à température ? Mieux vaut se presser !

 

La nuit devient magique

 

Je pointe la Polaire, qui surnage au-dessus de la nappe de brouillard. L'astigmatisme est-il présent ? Oui, mais bien atténué : je le distingue un petit peu à x290 en focalisant/défocalisant. L'image est belle, nettement plus qu'avant-hier (ça se voit à la taille de A par rapport à la distance AB). Je chipote sur la collimation : un petit coup de vis... je ne peux pas faire mieux. Le ciel est stable : la Polaire ne tremble pas, elle ne fait pas de vague. Malgré x295. C'est bon signe, très bon signe ! A est blanc jaunâtre, très brillante, et B est bleutée. Il est 3h00.

 

Je décide d'observer la nébuleuse du Clown. Mais elle est encore derrière la maison (à moitié, disons). En attendant, retour à M42, toujours à x290.

 

Fouyouyouyouye ! Oh là là là là, là là ! Je ne vois pas autant de couleurs qu'en novembre dernier en rase campagne (mais je vois le pourpre-orange qui borde à l'est et l'ouest la zone centrale, surtout côté est - par contre, pas de dégradé) mais j'ai l'impression de n'avoir jamais vu autant de détails. Les six étoiles du Trapèze sont faciles, même la sixième, et fines. Jamais je ne les ai vues si fines. La ligne noire de M43 est légèrement recourbée et il y a d'autres zones noires, dont une de forme vaguement cométaire au sud. Entre M42 et M43, c'est comme une côté découpée, avec caps et baies. Je me souviens d'avoir vu M42 qui "ondulait", comme si elle était vue au fond d'une piscine. Là non, ça ne bouge pas. Les étoiles ne sont pas des taches mais des disques. Et fins ! Il y a une étoile faible juste à gauche du Trapèze, que je n'avais jamais vue. La barre pourpre-orange à l'est est complexe, composée de petits bouts aglomérés en partie filamenteux. Je regarde et j'arrête de prendre des notes. Je préfère vraiment M42 en gros plan. Et là, à x290 ! (d'habitude, même à x225 je vois que ça turbule, mais pas là.)

 

Tiens, dans le coin il y a NGC 1999, ce sera plus facile à dessiner ! Au 300 mm depuis mon village, NGC 1999 était une petite boule floue ronde, faible, difficile, sans détail. Par contre, en rase campagne elle montrait un "trou noir" décentré. Je la pointe à x100 : une petite boule floue ronde, pas trop faible. Je place le x295 (allons-y, puisque cette nuit ça passe !) et... ooooh ! Comme sur les photos ! Le "trou noir" est une zone sombre facile à voir, et avec sa forme (sorte de croix à trois branches, l'une d'elles étant le "trou" principal, bien rond), son épaisseur. Le bord nord (côté étoile centrale) est bien contrasté. La zone centrale est brillante et est entourée d'une zone plus faible. En vision décalée, ça s'étend encore plus loin. Elle me semble bien plus grosse qu'au 300 mm - il est vrai que je grossis 295 fois, au 300 mm je me contentais de 133 fois. Je fais un dessin, que j'ai hâte de revoir au propre.

 

Et le Clown ? Ah, il n'est plus derrière la maison ! Je pointe Delta Gemini (toujours à x295), étoile double contrastée (A blanc jâunâtre, éclatante, et B faible, orange). D'après la carte, il y a quelques petites galaxies par là. Voyons ça : je détecte UGC 3803, NGC 2365 et son compagnon PGC 20810 (très faible), UGC 3827 et IC 2188. Bon assez rigolé, allons voir le Clown (NGC 2392).

 

C'est le clou de la nuit !!!!! Ce petit rond brillant au 300 mm qui montrait si peu de détail (mais on devinait qu'il y en avait), eh bien là ce n'est pas un clown mais un esquimau ! (son autre surnom) Le nez rouge (qui est d'une blancheur éclatante, contrastant avec la teint gris-bleu-vert de la nébuleuse) entouré d'un fin anneau pas rond mais en forme d'écusson (en gros), le tout baignant dans une nébulosité ronde non uniforme. Il y a trois zones sombres autour de l'"écusson", et la nébulosité ronde ressemble bien au capuchon d'un anorak. Ce sont les détails des photos ! Je dessine, je m'y attarde, notant notamment sa teinte, plutôt bleu-vert que vert-clair. L'étoile centrale bien blanche rehausse le spectacle. Le contour de l'écusson est plus brillant sur les côtés, et semble plus fin par moments. En vision très décalée, les irrégularités du capuchon de l'anorak apparaissent mieux. Mon dessin se surcharge, je l'ai fait trop petit, je redessine en plus gros la nébuleuse (tant pis pour les étoiles autour). Je m'aperçois, en relisant mes notes, que j'ai oublié de noter l'orientation du dessin. Ah, j'ai trop contemplé l'Inuit au gros nez blanc !

 

Le brouillard est toujours présent au nord de la terrasse et absent au sud, comme si le mur l'arrêtait. Tant mieux, profitons-en ! Je commence à me dire que je vais peut-être revoir Saturne, et j'ai conscience que la nuit est stable...

 

Je pointe Sirius (x295 toujours), au cas où le compagnon... Ben non, il est invisible le compagnon. Sirius est très belle, mais trop brillante : elle m'éblouit. Il me faudra un filtre siriusien... Et le compagnon d'Aldébaran ? Pas vu non plus. Aldébaran est très belle, d'un superbe orange clair. Elle est figée, et ses quatre aigrettes traversent tout le champ. Je ne détecte plus l'astigmatisme.

 

Du coup je retourne sur la Polaire. x295, x406... Ah si, à x406 on devine que ce n'est pas tout à fait symétrique quand on arrive à la focalisation, mais il faut le savoir. La collimation me paraît parfaite, je n'y retouche pas.

 

Dans le ciel, la Voie Lactée a quasiment disparu et s'arrête à M35 (en gros). Je pense que le brouillard commence à tomber, même si ce n'est pas visible à l'oeil nu. Sauf au nord, où le brouillard est bien dense.

 

Je n'avais pas prévu de rester si tard, mais pourquoi pas... Tiens, et M46 ? Je me souviens que sa nébuleuse planétaire laissait deviner la forme annulaire au 300 mm, et j'y ai même détecté l'étoile centrale en rase campagne. Ce qui est impossible d'après les catalogues. Voyons si le 495 mm confirmera... Première difficulté : le pointage, surtout que par flemme j'ai laissé le 7 mm... Je vois Sirius au chercheur et quelques étoiles autour. Bon, je pars à gauche... une étoile, une autre... et un groupe de trois : ça doit être M47. M46 serait donc là, à peu près. Je regarde à l'oculaire. Plein d'étoiles. Je bouge un peu... l'amas est là ! Et la nébuleuse, ronde, étendue (elle était si grosse au 300 mm ? Forcément, à x295, tout est gros). Pas trop faible, avec son anneau. Il est irrégulier : les deux portions les plus brillantes sont opposées. L'étoile centrale est bien visible, et j'en vois une autre à côté. Comment se fait-il que la centrale soit si facile (ce qui confirme mon observation au 300 mm) alors que les catalogues la donnent à magnitude 17,7 (Sky Catalogue) ? Il faudra vérifier d'autres catalogues.

 

Allez, un dessin ! C'est en faisant le dessin que l'énigme va être résolue. D'abord, je distingue faiblement une troisième étoile qui se projette sur la nébuleuse. Puis je me rends compte qu'il y a quelque chose qui cloche : la centrale n'est pas tout à fait au centre ! Voilà : ce n'est qu'une des étoiles de l'amas qui se projette devant la nébuleuse. Après tout, il y en a deux autres plus faibles qui font pareil. Mais bon, elle est presque au centre, et c'est en m'attardant sur la forme de la nébuleuse que je me suis rendu compte qu'elle était un poil décentrée. Sans dessin, je serais resté ignare... Sans filtre, la nébuleuse est ronde et sa forme est nette. L'anneau semble fin. Il est plus large avec le filtre OIII, qui rend invisible la "fausse centrale". Le filtre permet de mieux distinguer les différences d'intensité sur l'anneau. Je complète le dessin...

 

Et Saturne ? Je la vois, mais derrière la maison, il faudra attendre. Elle est jaunâtre, proche de Régulus et un poil plus brillante. Il est 4h30.

 

Et NGC 2261 ? Le ciel sud est toujours correct (même si ça a dû être un peu mieux plus tôt) et le brouillard au nord s'arrête toujours au mur. Bon, toujours le problème du pointage. Je vois Alhena au chercheur... Ksi Gemini (Alzir) aussi, et S Mon ! Ah, pas trop difficile. Gros plan sur S Mon à x295 : elle possède un faible compagnon, bien séparé, et il y a une étoile double à un peu plus de 1' SE de même écartement (mais plus faible). Une nuée de diffusion allongée entoure l'étoile. Nébuleuse ou buée ? Pour le savoir, je place le XW 20 mm : c'est confirmé, et c'est bien allongé (est-ouest en gros). On voit sa forme ; ses limites sont floues, mais pas autant que de la buée : c'est une partie de la nébuleuse du Cône. Je me souviens comment trouver NGC 2261 (la nébuleuse variable de Hubble) : on grimpe au sommet du sapin (S Mon est l'étoile principale de l'amas NGC 2264, surnommé l'Arbre de Noël), puis l'étoile au-dessus, et un coup à gauche... la voilà ! Oh, elle est faible. Je replace le XW 7 mm. Je pensais qu'elle serait plus brillante. Sa forme cométaire, vue souvent et dessinée au 300 mm, a changé. J'avais le souvenir d'une forme effilée, presque pointue, ben non.

 

Je dessine quand même. Au fur et à mesure du dessin, les détails apparaissent, plus nombreux que prévus. Ah, 495 mm, c'est utile pour ce genre de nébuleuse ! NGC 2261 ressemble à une comète, avec sa queue de plasma et sa queue de poussière (dans le style Hale-Bopp, ou West). La queue de plasma est fine, ses limites sont nettes. Mais en vision décalée, on voit une coupure. Elle s'étend plus loin, très faible, et se termine par un début de petite boucle. L'étoile qui fait office de "noyau de la comète" est assez faible, et entourée d'une zone nucléaire brillante. Mais il y a une autre zone brillante, plus irrégulière, en arrière. Quant à la queue de poussière, elle est complexe. La vision décalée montre bien la forme générale, et plus je regarde de côté, mieux c'est. Encore un dessin que j'ai hâte de voir remis au propre (dès que j'aurais le courage). Je ne regrette pas d'avoir pensé à cette nébuleuse. C'est exactement ce que j'espérais en achetant ce télescope : voir des détails dans le ciel profond. Mais je pensais plutôt aux galaxies, et finalement ce sont les petites nébuleuses qui me comblent.

 

Et Saturne, elle avance ?

 

Non, toujours derrière la maison, mais on y est presque. En attendant, je pointe M67. Toujours à x295. D'abord Alpha Cancri. Oh la jolie double ! Elle était difficile au 300 mm (compagnon à la limite de visibilité), mais là pas de problème : une étoile très brillante, blanche, et un petit compagnon bien visible. Tiens, j'ai l'impression que les disques d'Airy sont visibles. Je me déplace un peu à l'ouest... et voici M67. L'amas déborde du champ. L'étoile brillante au nord-est est jaune, un peu plus jaune que le Soleil. Sinon, RAS, il y a plein d'étoiles dans le champ mais on n'en profite pas trop... C'est juste pour patienter.

 

Saturne est maintenant à moitié sortie de la maison (disons que la moitié du miroir la voit). Heu... Ah oui, Dzêta Cancri ! Je place au chercheur le carré qui entoure M44, puis un coup à gauche (ouest) vers un couple optique orienté est-ouest. L'un des deux est Dzêta, mais je ne sais plus lequel. Coup de chance, je pointe le bon. Oh ! Trois petits disques blanc-jaunâtres pas tout à fait alignés, faciles. Il y a en a deux serrés, mais pas collés : deux petits disques séparés qui baignent dans leur diffusion. On dirait l'un des deux couples d'Epsilon Lyrae. Beaucoup plus facile qu'au 300 mm ! Une, deux, et trois un peu plus loin et pas alignée. C'est alors que je comprends : la turbulence est absente du ciel ! J'attends Saturne avec hâte... [tiens, j'aurais dû tenter Gamma And B-C...]

 

Allez, encore une étoile double : Castor. Ooooh ! Deux disques blancs éclants (surtout celui du haut), un petit peu bleutés (surtout celui du haut), entourés de portions d'anneaux de diffraction. Les quatre branches des aigrettes s'entrecroisent. Les disques sont nettement plus petits que l'écartement. Les étoiles sont très brillantes mais ne m'éblouissent pas comme Sirius. La teinte bleutée très subtile réhausse le spectacle. Pas d'astigmatisme à x295, pas le moindre non plus à x406. Ah ! Enfin !

 

Et Saturne est visible avec certitude ! Je descend de mon escabeau, je pointe vers le mur de la maison, un coup à droite. Puis je place l'oeil au x295. Aussitôt j'ai compris : un disque net, une impression que je n'avais connue qu'une fois dans ma vie. C'était au Pic du Midi, à l'oculaire de la lunette guide de 130 mm : j'avais l'impression que Saturne était un dessin tellement sa forme était nette. Là pareil. Mais avec plein de détails ! La première impression, c'est que Saturne est un dessin de papier qui a été placé devant le télescope. En effet, je perçois que Saturne est devant le ciel noir, pas dedans. C'est une boule en relief, avec un anneau tranché, rien n'est flou. L'anneau est extraordinairement fin, et il y a une impression de sillons dessus. La division de Cassini est nette : large sur les bords, juste une ligne noire devant, presque confondue avec le bord extérieur de l'anneau. Plusieurs petits satellites entourent la planète. Tout ça vu en quelques secondes. Ensuite, mes yeux s'embuent (c'est bête, mais ça m'a mis les larmes aux yeux - peut-être aussi à cause du sommeil ?) et une grosse tache de buée apparaît à l'oculaire.

 

Je me retire du télescope. Toujours le brouillard au nord, et plein d'étoiles au sud. L'image est fantastique, j'essuie mes yeux, j'y retourne, sans trop m'approcher de l'oculaire. Et ça recommence ! La planète est un dessin placé devant mon télescope... Mais grossis, crétin, tu ne vois pas que tu n'es qu'à x295 ! (me crie une partie de moi même.) Lors de ma soirée de mai dernier où j'avais vu Jupiter comme jamais, pendant quelques secondes (sur une bonne heure), j'avais essayé les deux grossissements (x295 et x406) mais je préférais x295. Ben là non : x406, c'est mieux. Et c'est insuffisant (mais je n'ai pas plus gros). Saturne est toujours nette, et son anneau est tout fin. Côté intérieur de l'anneau, il y a des sortes de rayonnements. Côté extérieur, une fine ligne noire, courbe, Encke. La bande principale de la planète, brune, contient des taches, dont un "couple de taches" presque au méridien. Le disque de Saturne est riche en teinte diverses, par exemple le brun de la bande principale n'est pas celui de la zone polaire. Encke est difficile, mais vue avec certitude 1/3 ou 1/4 du temps. Titan est un disque un peu plus gros que les autres satellites. Est-ce sa forme ? L'anneau donne toujours son impression de microsillons, même si on ne les voit pas vraiment. Je me contente de rester à l'oculaire, en m'éloignant de temps en temps pour laisser la buée partir. Il fait froid. Pas le temps de rentrer m'habiller. Je regarde, je regarde...

 

Puis l'image tremblotte un peu. Je n'arrive plus à faire la mise au point, ou plutôt à la faire aussi nette. Du chromatisme apparaît (rouge au nord, bleu au sud, je crois). Plus de Encke, plus de "tache double", plus de microsillons. Cassini se confond avec le bord externe de l'anneau, devant. Puis ça revient. Mais sans Encke. Ah si, mais pas longtemps. Il y a un léger frémissement constant, cette fois. Je reste en orbite autour de Saturne encore, espérant que l'image va se restabiliser comme tout à l'heure. Mais non, à présent ça frémit en permanence. Mais c'est beau quand même et le x406 tient la route. J'ai sommeil. Allez, encore un peu. Encore... Puis j'arrête.

 

Le brouillard a maintenant envahi tout le ciel, et le ciel bleuit. Il est presque 6h30, au lit ! Demain, j'ai un long CROA à rédiger...

 

C'est vrai qu'il est rare d'avoir de bonnes conditions pour "exploiter" un gros diamètre. Mais bon, sans ça on s'amuse bien quand même (c.f. mes observations d'été). Mais cette nuit, j'ai vu la différence. Vivement un ciel stable et transparent !

Posté

En un mot : passionnant ! J'ai plus d'ongles !

 

Les observations de l'Esquimau, de M42 et de la Variable de Hubble sont mythiques.:woao:

Dire qu'il fait beau et que j'ai qu'une paire de jumelles 8x40... J'aime pas les vacances !! (Surtout loin de mon scope.)

Posté

Un régal.

 

Ca fait plaisir de voir le 500 à l'oeuvre...et quelle oeuvre... Le Clown et Saturne en vedettes de la nuit. :rolleyes:

 

Bravo et merci pour ce CROA. (Et les dessins ? Dans le forum ad hoc ?)

 

...et "les sentiers de la gloire" est un très très bon film (je considère Stanley Kubrick comme le plus grand cinéaste de tous les temps) Hors-sujet :b:

Posté

Pffffffffff, on y vient à bout, en trois fois quand même :be:

 

Ah la nébuleuse du clown, faut que je me la fasse aussi celle là.

 

Les aigrettes à l'oeil nu, ça doit être sympa aussi ça, faudra que j'y fasse attention la prochaine fois, à moins que ce soit ton diamètre qui le permette de les voire aussi bien. :)

 

En tout cas merci de nous avoir fais partager ce moment de toute beauté ;)

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Dommage qu' il soit aussi frileux ce téléscope ...

Tu devrais l' emmener en WE plus souvent (message subliminal).

 

et pour "paths of glory", je suis d' accord avec Jeff, c' est un excellent film. La scène finale est excellente. Il me semble bien qu' il a été interdit en France pendant un bon moment ...

 

 

Posté

Il me semble bien qu' il a été interdit en France pendant un bon moment ...

 

Il n'a carrément pas été distribué... Les distributeurs américains n'ont pas osé le proposer en France (de 1957 à la fin des années 70...Même après le succés de 2001 et du fabuleux Orange Mécanique).

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Ouille ! Quel CROA...

Un détail intéressant dans toute cette richesse : le dessin qui a permis de lever le doute au sujet de la "fausse étoile centrale" : c'est bien l apreuve que la pratique du dessin accompagne et enrichit l'observation !

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et pour "paths of glory", je suis d' accord avec Jeff, c' est un excellent film. La scène finale est excellente. Il me semble bien qu' il a été interdit en France pendant un bon moment ...

Pour moi, c'est la scène finale qui fait l'intérêt de ce film. Sans elle, c'est un très bon film, mais avec elle ça change tout, c'est le conclusion de la démonstration. Le film était programmé sur FR3 en deuxième partie de soirée le 11/09/2001, mais ils ont préféré paser en boucle, à la place, les images du drame de ce jour là (qu'on pouvait voir sur toutes les chaînes). Les jours suivants, les chaînes de télé avaient décidé d'annuler toutes les diffusions de films de guerre, pour ne pas traumatiser les gens où je ne sais quoi (comme si un film intelligent pouvait traumatiser quelqu'un, alors que les images de voyeurisme morbide, si). Quelques années plus tard, Arte a rendu hommage à Kubrick en passant plusieurs de ses films (mon préféré est Barry Lyndon), ce qui m'a permis enfin de découvrir Les Sentiers de la Gloire. Depuis hier soir, il est sur cassette.

Posté

Première lecture, ma conclusion:

 

il y aura une deuxième lecture avec l'atlas en main.

 

Puis une troisième avec mes bouquins.

 

Puis une quatrième avec des recherches internet.

 

Puis une cinquième quand les dessins seront là.

 

Merci Bruno!

 

Patte.

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Bon, ça fait 226 fois que j'essaie d'ouvrir une discussion pour présenter un dessin dans le forum des dessins, et ça bloque. Apparamment le forum des dessins est cassé (mais je vois bien le coup que, demain, il y aura 226 discussions identiques...) Donc je le place ici.

 

Voici ce que je considère comme mon plus beau dessin, depuis que je dessine le ciel :

ngc2261.jpg

 

C'est la remise au propre du dessin de NGC 2261 (la nébuleuse variable de Hubble) réalisé la nuit dernière, nuit pas très transparente mais d'une stabilité exceptionnelle. Je trouve mon dessin très réussi, c'est mon préféré. (Et ne me dîtes pas le contraire ! :) )

 

Méthode :

 

1) Dessin des étoiles sur une feuille blanche A4, au feutre noir. Les étoiles, il faut les faire au feutre, pas au crayon de papier, pour qu'elles aient suffisamment d'éclat, par contraste avec le crayon de papier, plus terne, qui sera réservé aux nébulosités. Le cercle est dessiné au stylo noir en utilisant le contour d'une assiette (ne pas dessiner les cercles au compas, le crayon de papier n'est pas assez noir.) Puis scannage et passage en négatif.

 

2) Dessin séparé de la nébuleuse sur une autre feuille blanche. La nébuleuse a été coloriée au crayon de papier. Avant, je la dessinais sur le même dessin que les étoiles, en négatif, mais se pose le problème de la couleur. Après avoir raté le dessin en couleur de SWAN, j'ai décidé de laisser tomber cette méthode, qui m'oblige à colorier en rose (négatif du vert). Elle avait deux graves inconvénients :

- le crayon de couleur ne donne pas d'aussi bons résultats que le crayon de papier pour l'estompage ;

- trouver la bonne couleur négative est difficile (comme cette étoile jaune-orange qui s'est retrouvée jaune-vert sur le dessin de SWAN...).

Ensuite, scannage et passage en négatif, puis j'ai modifié la balance des couleurs pour que la nébuleuse paraisse légèrement verdâtre, d'une teinte vert-clair, presque bleu-vert. Il suffit d'essayer jusqu'à obtenir la bonne teinte. J'ai également effacé le contour du dessin, car il a été "verdi" aussi, et à l'étape 3 ça apparaîtrait.

 

3) Addition des deux dessins (les étoiles avec le contour + la nébuleuse verdie). Allez, il y a quand même un défaut : l'étoile à la pointe de la nébuleuse (R Monocerotis) est en fait plus au centre de la nodosité brillante à la pointe de NGC 2261.

 

Je trouve le dessin très esthétique, la nébuleuse est douce (je n'ai appliqué aucun filtre dessus), ça évoque bien les dessins du 19è siècle, sauf qu'il y a la couleur en plus. Ça évoque aussi l'observation, même si la nébuleuse était en réalité plus faible et les détails étaient plus subtils. Mais bon, on ne va pas faire un dessin qu'il faut regarder en vision décalée... :)

 

Bref, mon plus beau. Je sais, j'ai les chevilles qui enflent, mais je suis trop content de ne pas l'avoir massacré (comme SWAN avant-hier) ! :)

Posté

ben t'as bien raison d'avoir les chevilles qui enflent !!!

 

magnifique dessin !!! ;)

Posté

Ah non non non ça ne va pas du tout ! :grr

 

Bon c'est vrai que ce dessin est réussi par rapport au reste (c'est dire la qualité dudit reste) mais là non quand même. Un vert pareil pour une nébuleuse par réflexion non mais alors où va-t-on ? Hein ? Franchement ? En plus tu écris dans ton CROA que tu t'attendais à quelque chose de plus brillant. A mon avis tu as laissé traîner ton OIII quelque part sur le chemin optique. En tout cas ça décrébilise direct la couleur de tous tes autres dessins de toutes les autres nébuleuses : vu qu'on retrouve quasiment le même vert partout on vient à se demander si M42 n'est pas un nébuleuse par réflexion ! (Ou alors par émission mais dans le rouge uniquement, enfin bref pas verte en tout cas.)

 

Bruno, tu vois la vie en vert. Je sais bien que c'est la couleur de l'herbe, mais quand même !

 

Y'en a c'est les éléphants roses, Bruno c'est les nébuleuses vertes.

 

Et c'est pas la peine d'essayer de détourner la conversation avec des arguments du genre "bah de toute façon toi tes dessins du ciel profond sont tous monochromes alors pouët pouët" : ça ne prend pas.

 

Des chaussettes toutes neuves en plus...

 

;)

Posté
(mon préféré est Barry Lyndon)

 

Barry Lindon est effectivement magnifique (et m'avait incidemment permis de découvrir cet autre chef d'oeuvre qu'est le trio avec piano n°2 de Schubert... Deuxiéme mouvement dans le film).

 

Un conseil pour ceux qui apprécient la belle littérature du XIXème siècle' date=' lisez le bouquin de William Trackeray dont le film est tiré, "les mémoires de Barry Lindon"...Même le génie de Kubrick ne pouvait parvenir à rendre intégralement la richesse et l'extrême subtilité de ce roman. [/size']

 

 

Sinon, NGC2261, qu'elle est belle !

Posté

MatP : bah de toute façon toi tes dessins du ciel profond sont tous pixélisés alors pouët pouët !

 

En fait, j'ai oublié de l'indiquer dans le texte, mais je l'ai vue verdâtre (je m'en souviens, et c'est écrit sur mes notes d'observation, à côté du dessin). Le Sky Catalogue indique E+R, c'est-à-dire à la fois à réflexion et à diffusion. Bref, normal qu'elle soit verdâtre. Mais tu me fais penser que je n'ai pas utilisé le filtre OIII, et ça aurait pu être intéressant. Je ne l'ai pas fait pour NGC 2392 non plus, alors que j'y ai pensé pour NGC 2438. J'ai toujours la flemme de descendre de mon escabeau pour aller chercher les accessoires... Il faudrait que je trouve le moyen d'avoir toujours les accessoires sur moi (sac à dos ?)

Posté

Pour vous départager, NGC2261 je l'avais vu verte avec et sans filtre avec un télescope de 200mm.

 

Ton dessin, Bruno, me donne envie de la repointer dès que la météo le permet.

 

Xavier

Posté

:be:

 

Bon, comme ça ça me donne une occasion de la repointer dès que l'occasion se présente. Comme ça je me départagerai tout seul. ;)

 

 

 

(Elle tire quand même pas un peu sur le bleu ? Rien qu'un tout petit peu ? Nan ? Bon...)

Posté

Bonsoir!

 

Eh ben, Bruno! Le plus beau c'est ta fraîcheur, ton enthousiasme! On voit bien d'après le choix de tes cibles que tu es un vieux briscard, mais tu le racontes comme un gamin qui découvre sa lulu de 60mm! Et c'est merveilleux, tellement notre mode de vie fait de nous des blasés qu'il faut écraser de lumière et de bruit pour se laisser surprendre. Et dans ton village, cette nuit là, un voisin a peut être vu l'autre fou, dehors, qui regardait on ne sait quoi dans le brouillard :D !

 

Salut, gamin!

 

:)

Posté
Bruno, tu vois la vie en vert...;)

Mais heu... Si Bruno a choisi le dessin plutôt que la photo, c'est peut-être que derrière la voix puissante de l'homme précis, une autre petite voix, de poète cette fois, tout en sensibilité, chuchotte "Et le rêve? Et le rêve? Dessine moi un rêve!"

 

:)

Posté

Le CROA c'est déjà :waaarg: Mais le dessin, c'est énorme :wub: !

 

Bravo à toi !!!

 

Ps; je porte plainte! Poster 226 fois ses messages pour virer ceux des autres, c'est pas loyal:cry:

 

Encore bravo

Posté
Et dans ton village, cette nuit là, un voisin a peut être vu l'autre fou, dehors, qui regardait on ne sait quoi dans le brouillard

Ça, c'est bien possible ! :) Le mur de ma terrasse doit faire 1m50 environ, et le Dobson dépasse quand il pointe près du zénith. Je le sais, parce qu'alors le lampadaire du bout de la rue peut me gêner. Si des passants passent sur le trottoir, ils doivent voir un drôle d'engin qui dépasse du mur, avec parfois ma tête (de dos)... Mais bon, quand je suis dehors je ne fais pas de bruit. Si les voisins entendent quelque chose, ça doit être :

 

wwwouuuuffff (déplacement de la monture)

tong, tong, tong, tang (je grimpe à l'escabeau pour pointer l'objet)

... (rien, je cherche l'objet, je le trouve, je regarde à faible grossissement)

tang, tong, tong, tong (je descend pour chercher un oculaire)

flouf (j'ouvre la malette à oculaires)

plop (j'ouvre la boîte en plastique pour ranger l'oculaire de tout à l'heure)

plop (j'ouvre la boîte de l'autre oculaire)

grîîîn, grîîîn, grîîîn (je visse un filtre)

flouf (je ferme la malette)

tong, tong, tong, tang (je remonte l'escabeau)

clock (je positionne l'oculaire)

wouf (léger mouvement pour retrouver la cible, qui a profité de mon absence pour aller faire un tour à l'ouest)

... (rien, je regarde)

scratch, scratch, scratch (je prends des notes)

toc, tic, tac (ça, c'est le stylo qui vient de tomber, zut)

tang, tong, tong, tong (je redescends...)

Posté

Ouah ! :o

J'ai bien fait de mettre ce CROA de côté pour prendre le temps de le lire sans être dérangé ! Merveilleuse nuit et quel beau récit !

Ton dessin est comme tu le décris : doux et vraiment très agréable à regarder. Chapeau ! :pou:

 

PS : Bruno tu faisais les doublages sons pour le film la Cité de la peur ou c'était pour les petites annonces d'Elie Semoun... ? :D

Posté

Bonsoir,

 

J'ai essayé de me renseigner un petit peu sur NGC 2261, et visiblement (c'est le cas de le dire) je me suis trompé : je pensais que c'était une nébuleuse par réflexion mais il y a apparemment aussi émission. Sur certaines photos on voit nettement des nuances roses (comme ici http://www.noao.edu/outreach/aop/observers/n2261westphals.jpg) et il y a à l'adresse http://www.hearstobservatory.com/ngc_2261.html une photo qui a, si j'ai bien compris le descriptif, été prise avec un filtre OIII.

 

Au temps pour moi, donc. C'est la fameuse et fichue image de Hubble qui m'a enduite d'erreur. ;)

 

P.S.: Au fait, si cette nébuleuse est variable il doit y avoir moyen de détecter des variations d'une décennie sur l'autre non ? Voire même sur une période plus courte ? Bruno, si dans 10 ans tu as toujours le 500, ça serait peut-être intéressant de refaire un dessin pour essayer de comparer, non ? Et pourquoi pas tous les ans ? :)

 

P.S. pour Gérard Sirven : il fait mal aux yeux ce rêve. :be: A propos de rêve c'est drôle, il y en a qui savent s'ils rêvent en couleurs ou en noir et blanc. Pour moi j'ai jamais su ; mais Bruno, lui, doit rêver uniquement en 495,9 et 500,7 nm. :p

Posté
A propos de rêve c'est drôle, il y en a qui savent s'ils rêvent en couleurs ou en noir et blanc. Pour moi j'ai jamais su

 

Il parait que, majoritairement, on rêve en noir et blanc..ce qui peut semblait bizarre, mais pas tant que ça pour peu que l'on se représente que ce n'est qu'une question d'intensité...Le rêve produit en général une image de basse intensité...C'est sans doute pour cela qu'il parait que rêver en couleur est signe de désordre mental...Rêves trop intenses...J'ai des doutes sur cette théorie, et j'ai passé un peu de temps à essayer de savoir si je rêvais en couleur... Au réveil, il faut rester les yeux fermées et faire remonter, non les actes du rêves qui vient de s'évanouir, mais l'image, les décors, et se concentrer sur des détails du décors...dans mon cas, pas de doute, revérifié plusieurs fois, je rêve en couleurs. :b:

Posté

Dans le livre de Burnham, il y a une série de photos prises entre 1919 et 1951 qui montrent de légères variations d'intensité dans la nébuleuse. Mais j'ai peur que le dessin ne soit pas adapté à ça, car c'est quand même subtil. Il faudrait bien noter les cotes d'intensités de chaque zone... Sur mon dessin, je n'ai d'ailleurs pas bien respecté les cotes d'intensité du brouillon. Ça ne me dérange pas plus que ça, parce que je ne fais pas du dessin scientifique, je cherche juste à dessiner l'impression que j'ai eu à l'oculaire (et là c'est bon). Par exemple la zone en arrière de l'étoile centrale était nettement plus brillante que le reste. Mais bon, si j'avais respecté sa luminosité, on n'aurait pas bien vu les deux "queues" de la nébuleuse (celle à l'ouest est bien représentée, mais celle à l'est est exagérée pour être mieux visible et j'ai laissé plus faible la nébulosité entre les deux). Bref : j'ai privilégié le dessin des détails mais pas celui de leurs intensités. Bon, du coup c'est la faute à ma technique.

 

Sinon, je suis sûr d'avoir déjà rêvé en couleur. Par exemple, quand j'étais enfant et avant d'avoir une petite lunette, j'avais fait un rêve où je voyais à l'oeil nu de grosses planètes (comme sur les photos de mon livre d'astronomie), et je m'étais souvenu de la couleur rouge sombre, frappante, de ces planètes.

 

Tiens, ça me rappelle la fois où j'avais rêvé que j'étrennais un 200 mm (j'avais alors un 115/900) ; je pointe M27 et... réveillé par l'aspirateur ! :) (c'était un samedi matin, je faisais la grasse matinée mais pas ma mère...)

Posté

Jeff> D'accord, donc si on pense rêver en noir et blanc c'est juste qu'on ne se souvient pas de la couleur, c'est bien ça ? Ou c'est plus subtil ?

 

Si c'est pas plus subtil, pour le coup du désordre mental à cause du rêve trop intense, je comprends pas trop pourquoi. Ça pourrait aussi très bien être la capacité d'attention au réveil, non ?

 

Je me souviens qu'il y a quelques temps, j'avais évoqué avec d'autres personnes la question du souvenir du rêve. J'aurais juré que je ne rêvais que très rarement (pendant le sommeil du moins) mais on m'a dit que c'était simplement parce que j'oubliais. Effectivement j'ai le sommeil très lourd (sûrement parce que je dors habituellement peu) donc le réveil est long et difficile et je ne pense jamais à essayer de me souvenir du rêve. J'ai essayé une fois, en vacances, alors que je pouvais me permettre de dormir de longues heures, de faire un aide-mémoire avant de me coucher (je ne sais plus ce que j'avais trouvé, peut-être un nœud au poignet) et ça avait marché, j'avais pu me souvenir assez précisément de mon rêve puisqu'au réveil j'ai su tout de suite à quoi il fallait faire attention.

 

Il faudra que je retente le coup, en pensant à faire attention aux teintes de l'image.

 

Intéressant tout ça. (Bon, ça dérive un peu, mais... :be:)

 

Bruno> Excellent le coup de l'aspirateur ! Déjà tout petit il rêvait d'un télescope plus gros. :D

Sinon pour la nébuleuse variable de Hubble, c'est dommage, mais c'est vrai que c'est un choix. Sinon, tu as toujours ton brouillon, si tu fais un nouveau dessin dans 20 ans tu pourras peut-être voir une variation ? A la limite pas besoin de l'excuse scientifique : tu te dis « tiens, ça fait longtemps (20 ans, quand même, quoi !) que j'ai pas dessiné 2261 » et après comme par hasard tu compares et tu constates que c'est pareil ou pas pareil. ;)

Posté
Jeff> D'accord, donc si on pense rêver en noir et blanc c'est juste qu'on ne se souvient pas de la couleur, c'est bien ça ? Ou c'est plus subtil ?

 

Non non...C'est que, au moment où le rêve survient, l'activité cérébrale n'est pas assez intense pour générer la couleur dans les images produites par le rêve.

 

Le souvenir (fugace) lui, est toujours précis et fidèle, il n'est que de prendre le temps de le faire remonter avant qu'il ne se dissolve sous les impressions intenses de la vie diurne.

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