Chez Théo

[Albuquerque]

Me suis avisé avant-hier que mon chemin fréquent de la Creuse vers la Marne passait à travers Bourges à cent mètres de la maison exotique et observatoire de notre ami Louis-Théophile Moreux. Y suis donc passé hier. Stationnement très facile. La bâtiment que j'ai vu depuis le trottoir est parfaitement net, propre, entretenu. Bien sûr un toit ordinaire remplace la coupole disparue. La rue s'appelle Ranchot, et au bout de celle-ci c'est la rue perpendiculaire qu'on a appelée rue de l'abbé Moreux.

 

 

[C02]

 

Alors, t'as les réponses ?

 

[Albuquerque]

J'ai récemment acquis de Théophile Moreux Pour comprendre Einstein et Mon Curé chez les savants.

 

L'abbé n'a déjà pas compris grand-chose à Einstein, mais bon , il ne se dégonfle pas pour si peu. C'était un tempérament. Il a d'ailleurs eu quelques ennuis avec nos amis allemands pour sa liberté de ton devant ses ouailles du temps où nous roulions au gazogène.

Son observatoire lui a coûté bonbon, mais il ne faisait aucune concession à l'esprit du temps. Il disait que l'argent ne lui manquerait guère s'il avait bien voulu écrire tous les horoscopes qu'on sollicitait de lui des quatre coins du monde ; mais sa conception de la grandeur de la science lui interdisait pareil péché mortel contre l'esprit. 

Mon Curé chez les savants est plus digeste. Des savants de province du niveau académie de chef-lieu d'arrondissement se réunissent par les beaux soirs d'été dans la propriété de la plus charitable des paroissiennes pour venir étaler avec suffisance l'incrédulité qui est le fruit de leurs lectures scientifiques mal digérées. Mon curé est au nombre des invités ; les savants de province le prennent d'abord pour un imbécile, en ignorant les grades universitaires dont il est titulaire et dont il ne vante pas, lui. Aussi leurs théories matérialistes sont-elles au fil des soirées et des chapitres fortement mises à mal par le spiritualisme scientifique acéré de leur adversaire. Il y a même une happy end : l'époux que la maîtresse de maison voyait avec chagrin sous l'effet des doctrines matérialistes s'éloigner de l'humilité chrétienne est revenu à des sentiments plus humains.

Je dois avoir au fil des décennies trouvé en furetant une bonne douzaine d'ouvrages de l'abbé Moreux dont je suis vraiment fan. Abbé Moreux, abbé Morin, abbé Mouret : je laisse aux amateurs de quizz le soin d'identifier les deux derniers.

[C02]

Et l'abbé Levert tu connais ?

 

Y'en a eu quelques abbés un peu dissidents entichés de science au début du XXe on dirait.

 

Je m'intéressais davantage à des mecs comme l'abbé Breuil, Jean Bouyssonie, Teilhard de Chardin.

 

Enfin je suis à des années lumières de faire une fixation sur les ecclésiastiques...

 

Pour se remettre la tête dans les étoiles un autre cureton fameux : Georges Lemaître.

 

Mais tu t'intéresses à quel genre de dissidence finalement ?...

Ils sentent un peu la fesse tes derniers curés...

Devraient aller à confesse.

 

[Albuquerque]

Et dans le genre des associations de noms, il y a aussi Thérèse Desqueyroux, Thérèse Raquin, Thérèse Etienne. De quoi ne pas croiser une Thérèse sans de sérieuses raisons de s'inquiéter. 

[C02]

Et l'abbé Arminjon tu connais ?

 

Je ne connaissais pas 5 minutes avant de poser la question...

Mais avec tes histoires d'associations de noms...

 

En revenant à la vulgarisation de l'astronomie : https://fr.wikipedia.org/wiki/Thérèse_Encrenaz

Elle me semble de bonne compagnie cette Thérèse là.

 

édit :

Trêve de couillonnades, des trucs intéressants sur ce site au sujet de notre abbé Moreux : http://naturnet.free.fr/html/abbe.htm#bourges

Apparemment le n° 118 de la revue L'astronomie (2004) lui était consacré.

 

edit n°2 :

Au hasard de pérégrinations numériques je tombe là dessus : LES LIVRES DE VULGARISATION DE L'ASTRONOMIE. (1686-1880). THÈSE DE DOCTORAT

Modifié 28 avril 2018 par C02
Le jeune abbé craignait les rôdeurs hérétiques quand il allait à l’évêché.