Compilation vernale

[etoilesdesecrins]

  Salut à tous !

 

On ne présente plus le superbe anticyclone qui nous a permis de vivre récemment de chaudes journées ensoleillées et de belles nuits étoilées, tant attendues. Enfin !!

Comme tout un chacun,  j’en ai profité pour sortir plusieurs soirs et engranger de belles observations au 300, principalement de galaxies. Cela a eu lieu chez moi dans les Monts du Lyonnais, dans mon hameau sans pollution lumineuse directe.

Je vais donc présenter ici une sorte de compilation, de synthèse, des principaux objets observés, ceux les plus dignes d’intérêt ou qui m’ont le plus marqué. Pour ne pas alourdir le récit, je laisse les petites galaxies secondaires observées, de côté.

Entrons tout de suite dans le vif du sujet.

 

17/04, pas de vent, rares voiles nuageux, bonne transparence et turbulence assez faible.

 

Dans la Chevelure de Bérénice, NGC 4559 est assez monumentale. C’est une sorte de vaste fuseau s’étirant au NO d’un triangle de mag 11 à 13 environ, ayant des faux-airs de NGC 253 je trouve, en plus contrastée et moins étendue quand même.

Rapidement on voit que la majeure partie de la galaxie est localisée près de ces étoiles, et que la partie s’étirant vers le N est bien plus fine et diaphane. Sur les photos il s’agira bien d’un bras spiral ! Plus difficilement, je note des irrégularités à la surface (très fugaces), une condensation vers le centre à l’ouest, ainsi qu’une sorte d’encoche à l’ouest aussi. C’est peut-être la zone sombre qui apparaît sur la photo entre le bulbe et une région HII ? La vue la plus gratifiante semble être obtenue avec le Delos 14 (96 X). Un bel objet, prometteur à plus gros diamètre encore (400-500 mm je pense) …

 

Observée juste après, NGC 4725 me semble d’abord un vaste et vague halo ovalisée NE/SO sans limites, centré sur un centre brillant et marqué, un peu comme M31 aux jumelles ou dans une petite lunette. Mais avec attention, une barre plus lumineuse se dessine dans l’axe de la galaxie, ainsi que deux très vagues nodosités sur cet axe, assez loin du centre, de part et d’autre de ce dernier. Le tout baigne dans le halo très diffus.

Curieusement, en grossissant jusqu’à 270 X, le halo disparaît mais cette structure se renforce, barre et condensations un peu allongées perpendiculairement à la barre devenant presque évidentes en vision indirecte 75 % du temps (VI2). C’est subtil, mais voilà enfin du détail intéressant ! Ces condensations correspondent à l’accroche des bras sur la barre.

 

Dans l’abondance de galaxies de la zone de Melotte 111, NGC 4278 est une facile et brillante elliptique, avec les caractéristiques visuelles qui leur sont propres : relativement ronde ou un peu ovalisée, lueur dégradée partant d’un centre brillant voire ponctuel. Mais l’intérêt réside là dans la présence d’une seconde galaxie proche, NGC 4283, de mag 12,0, assez semblable mais plus petite et moins brillante, encore visible en VD (vision directe).

Les choses se corsent (ou se pimentent !) avec une 3^ème galaxie très proche, mais très difficile, uniquement décelée en VI4 (intermittences moins de 50 % du temps) : normal, c’est NGC 4286 de mag 14,1 !

 

Un peu plus au nord, toujours dans cette zone très riche relatée par Alexandre Renou dans l’avant-dernier Astrosurf, je passe sur la brillante spirale barrée NGC 4314.

Hélas je ne verrai pas ses spires, mais je note nettement son allongement NO/SE de rapport 4/1 environ, trahissant la présence de la barre centrale. De plus, 2 étoiles viennent ajouter du charme à la scène, l’une de mag 13 sur l’extrémité NO de la barre, l’autre estimée à 14.5 sur l’extrémité SE.

 

Place maintenant pour changer un peu des galaxies à deux amas globulaires phares de la Chevelure de Bérénice : M53 et NGC 5053.

Hélas pour lui, j’ai observé NGC 5053 après son brillant voisin : à 56 X ce n’est qu’une zone pâle, étendue, quasi ronde, pas trop difficile mais en VI1-VI2.

A 96 ou 170 X par contre il commence à montrer quelques astres très sombres et faibles, épars, mal localisables, de mag > 14 probablement.

 

En revanche, M53 est une splendeur ! Et j’insiste encore sur le gain qui me paraît énorme concernant les globulaires, entre les lunettes de 80 ou 100 et le 300 mm ! J’ai déjà eu l’occasion de dire que cela me paraissait moins flagrant sur les galaxies.

A la FC-100 X 148, je percevais de vagues extensions, et une impression furtive de début de résolution, avec 2-3 étoiles sûres et d’autres très faibles devinées. J’étais déjà content …

Ici au T300 dès 56 X, l’amas paraît très dissymétrique, tranché à l’E, avec une périphérie O et une chaîne au S granuleuses, un centre encore uni mais nettement ovalisé N/S …

A 96 X il n’est pas entièrement résolu mais le halo est étendu en VI, bien granuleux ou très finement résolu, même à l’est. Le centre est un peu anguleux, le halo semble en forme de losange.

A 170 X il est superbe ! Ces détails sont plus faciles, d’autres apparaissent (des chaînes stellaires, des extensions …), de nouvelles étoiles sont résolues. Toutefois, les myriades d’étoiles ne sont pas évidentes comme sur M3, il faut souvent ici aller les chercher en vision oblique. Le fond reste un peu flou.

 

18/04, mêmes conditions, quelques très rares voiles de cirrus, température de 22° en début de séance !

 

Comme la veille, je commence avec quelques étoiles doubles au 300 car déjà les crépuscules s’allongent …Splendeurs ! L’image n’est peut-être pas toujours aussi fine qu’à la Taka FC-100, mais les couleurs sont plus évidentes, notamment dans le halo (ah !! le halo bleu-vert sombre de Denebola !), et la présence des discrètes aigrettes ajoute un effet certain !

 

Au crépuscule encore, j’attaque par la planétaire NGC 3242, dite Fantôme de Jupiter. Récemment par fort vent ce n’était que bouillie unie bleue, ici de suite je perçois une structure évidente, puis je peine un peu pour en voir plus. Le meilleur compromis ce soir semble être 170 X sans filtre, ce dernier la rendant encore plus brillante mais plus unie.

Il y a donc un assombrissement central facile à voir, puis un anneau marqué entouré d’une zone plus diffuse, donnant un aspect très flou au bord. La couleur nettement bleu clair et la centrale évidentes à faible grossissement semblent disparaître. Très faiblement je perçois une zone quasi ponctuelle plus brillante sur la bord sud de l’anneau lumineux.

A 270 X, guère mieux, les pôle N et S de l’anneau semblent plus marqués, et le halo flou est peut-être plus étendu par endroits ?

En tous cas, bien du bonheur de détailler tout cela si bas sur l’horizon, cela change des galaxies souvent unies !

 

Je profite ensuite d’une nuit pas tout-à-fait noire pour pointer la brillante M94. Surprise ! Ce n’est plus le petit astre compact et brillant comme à la lunette, elle présente maintenant autour de cette partie centrale très marquée un vaste halo ovale E/O, assez facile et uni, lui donnant un aspect tout autre !

Toujours dans les Chiens de Chasse, je ferai l’impasse sur M51 et M106, pour l’heure inaccessibles depuis mon site, et la longue NGC 4244, que je ne trouverai pas malgré mes effort de repérage, oui je l’avoue !

 

Pour mon premier passage au 300 dans cette constellation, je souhaite d’abord rencontrer les classiques.

Le duo NGC 4490 – NGC 4485 est ainsi un objet de choix. Toutefois, même si le compagnon NGC 4485 est visible en VD, le duo me déçoit quelque peu par un aspect très flou et diffus, surtout en grossissant. Je perçois l’allongement de ces 2 galaxies presque perpendiculaire, et une légère condensation à peine incurvée dans l’extension de NGC 4490 du côté de 4485.

 

NGC 4449 se montre aussi un peu en-deçà de mes attentes, certes le ciel est à cet endroit altéré par quelques voiles diffus. Elle ressemble un peu à NGC 4490 en plus brillante et moins longue, plus rectangulaire. A faible grossissement on perçoit des irrégularités de surface mais les bords restent très flous.

En grossissant, on voit que le bord O est plus net que l’autre, et on perçoit une condensation assez brillante, une zone faible à peine séparée de l’extension NO, et d’autres spots et zones sombres très fugaces en VI.

 

Ensuite, NGC 4631 est fidèle à cette impression : du détail se révèle mais toujours (très) difficilement, sur une surface indisdinctement granuleuse.

A 96 et 170 X, on voit une étoile de mag 13 sur le bord N (qui est plus net), et la galaxie compagnon NGC 4627 apparaît à peine difficilement en VI2 juste au-delà.

En jouant de l’œil, NGC 4631 reste peu contrastée mais se révèle toutefois esthétique, étendue et effilée. L’une des extensions est plus marquée et fine, on devine en VI une ou deux bandes sombres transverses ainsi que 2 ou 3 condensations.

 

La Crosse de Hockey NGC 4656 est visible à 56 X dans le même champ, elle reprend un peu l’aspect de NGC 4631 en moins longue et moins lumineuse. Elle est évidente en vision directe limite, dans un joli champ étoilé. Sa forme caractéristique est rapidement perçue, avec une partie plus marquée ovale au S, et une autre au niveau du coude.

 

Retour dans la Chevelure de Bérénice, passons rapidement sur 2 duos :

-         NGC 4298 / NGC 4302, la première ovale vue en VD, la seconde très faible fuseau N/S mal défini juste à côté, montrant une étoile de mag 14 sur l’extrémité N

-         M85 / NGC 4394, faciles avec la première brillante, une étoile de mag 13 proche

 

M88 montre d’abord un joli ovale flou orienté NO/SE, bien allongé, assez pâle autour d’un centre par contre brillant dont un noyau stellaire.

On note une étoile (en fait une double) de mag 14 sur le bord S.

A 96 X cela devient intéressant : je devine une sorte d’enroulement, de vague « S » ouvert notamment avec l’extension N recourbée, qui correspond à la structure spirale ébauchée sur les photos.

 

Après la déception de M91, mal définie et à peine visible en VD, je me console quelque peu sur M61 qui montre à 96 X et 170 X sa barre N/S ainsi qu’un vague départ de bras vers le NE, conformément aux photos. De même, le bord E est bien arrondi et asset net, trahissant probablement un autre bras spiral. Une étoile de mag 14 complète le tout sur le bord SO, ainsi que de vague zones sombres furtives. Intéressant, mais je ressens le besoin d’un ciel absolument pur pour mieux confirmer tout cela.

 

20/04, la transparence est meilleure mais la lune de 4 j est déjà là. Toujours 22°.

 

Après un départ avec les doubles dont la belle iota Cancer chère à Dédé, je continue en fin de crépuscule avec NGC 2392, pas vraiment de saison certes.

Très facile mais peu détaillée à 56 X, elle se « met en place » à 170 X en montrant sa forme à peine triangulaire, la zone sombre autour de la centrale et l’anneau plus brillant un peu irrégulier. Mais c’est encore petit et diffus.

A 270 X OIII, c’est bien mieux ! Ces détails sont confirmés et améliorés, on devine assez bien en VI la figure classique de cette célèbre nébuleuse, cela manque encore un peu de stabilité toutefois. Mais le scope est sorti depuis peu sur la terrasse surchauffée …

 

Après l’intéressant mais assez épars trio NGC 4111, 4138 et 4143 je passe sur M63. Le gradient est fort entre un centre ovalisé renfermant le noyau ponctuel et le halo étendu et diaphane. J’ai l’impression que l’extension SE est un peu plus marquée, avec comme une division en 2 « queues » …On voit effectivement sur les photos 2 condensations spirales dans le halo qui pourraient donner cette impression.

 

Des deux galaxies NGC 5005 et 5033, la seconde un peu plus faible et moins étirée m’a pourtant paru la plus intéressante. En effet, à 170 X elle montre une étoile de mag 14 sur le bord NO ainsi qu’une très faible séparation lumineuse, identifiée sur la photo comme une nodosité dans le bras spiral.

 

Après le joli duo NGC 4340 / NGC 4350, facile en vision directe et montrant des différences d’aspect sur les deux membres, je termine la soirée sur la Chaîne de Markarian.

 

M84 et M86 semblables dans une lunette me montrent bien leur différence d’allongement, car si la première est plutôt ronde, la seconde montre un vague halo bien allongé NO/SE.

Leur luminosité décroît graduellement du centre brillant vers la périphérie ténue.

Au S entre ces deux classiques apparaît la petite et plus faible NGC 4387 de mag 12,1, visible en VD3 – VI1.

 

Au S de M86 trône le long fuseau E/O de NGC 4388, avec un centre vaguement plus marqué et peut-être irrégulier. A l’est de ce fuseau, la petite galaxie NGC 4413 (mag 12,2) fait un arc avec deux étoiles de mag 10 et 12. Elle est pâle et diffuse, mal définie, accessible en VI2.

 

Au N de M86 cette fois, un autre fuseau se montre, mais plus faiblement et de façon quasi unie en vision indirecte. Il s’agit de NGC 4402 (mag 11,8)

 

Au SE de M86, le fuseau assez marqué de NGC 4425 (mag 11,8) ajoute une septième galaxie au champ.

 

Les fameux Yeux (NGC 4435 / 4438) sont bien visibles à l’est, mais peu détaillés, NGC 4438 étant seulement plus étalée et plus diffuse que l’autre, et de même allongement N/S.

 

En continuant la Chaîne encore plus à l’est, NGC 4461 défile maintenant dans l’oculaire, très contrastée avec un centre brillant. Toujours en vision directe mais limite, il y a NGC 4458 (mag 12,1) très près. Elle constituent un triangle rectangle avec une étoile de mag 10-11.

 

Et enfin, pour terminer, au NE, le facile duo NGC 4473 / 4477 se montre dans le même champ que la précédente. Ce sont deux galaxies assez semblables mais d’orientation perpendiculaire, d’allongement environ 2/1, à centres très marqués puis périphérie plus diffuse et dégradée.

 

Cette incursion au 300 dans la célèbre Chaîne montre certes plus de galaxies qu’aux lunettes, et plus brillantes, mais globalement sans détails et certaines comme NGC 4402 restent presqu’aussi faibles et difficiles. Ou alors était-ce la fatigue liée à cette profusion d’observations ces soirs-là, qui commençait à se faire sentir ?

Vivement la lune décroissante de mai, que l’on puisse plonger dans la superbe Virgo !

 

Bon ciel à vous !

[paradise]

Salut !

 

Finalement, tu t'es bien éclaté sur ces galaxies, et sur M 53 !

 

Avec les galaxies, on est TRÈS dépendant de la qualité du ciel, diamètre ou pas diamètre, pour moi elles restent les objets les plus difficiles à observer.

 

Ceci dit, en montant en diamètre, par ciel potable on monte dans les détails, je l'ai constaté en passant du 300 au 400, et quand j'observe au 500 d'un collègue, mais cela est très progressif, jamais éclatant.

Pour voir les bras des galaxies en dehors des habituelles, il faudrait un 600, un 800.

 

Par contre, pour les gloglos, les NP, les diffuses, on sent plus rapidement l'efficacité du diamètre.

 

Merci pour ce chouette CROA, et au plaisir de te lire à nouveau !