Broadhurst Clarkson 3'' (achromat 76,2/1074): quand je pense à la vieille anglaise...

[Vador59]

En 1750, Benjamin Martin établit un atelier de fabrication d’instruments, rejoint par son fils Joshua en 1778. Ce dernier déposa un brevet pour la fabrication de tubes en laiton en 1782, l’année même où l’affaire fut vendue à Charles Tulley. La famille Tulley poursuivit l’aventure jusqu’en 1844, lorsqu’elle fut vendue à Robert Mills, qui lui-même la vendit en 1873 à Alexander Clarkson. Broadhurst devint son associé en 1892, un partenariat bien provisoire car ils se séparèrent dès 1908. Broadhurst déménagea l’affaire au 63 Farringdon Road, dans une échoppe qu’il appela ‘The Telescope House’.

Néanmoins, le nom de Clarkson étant un gage de qualité, la société poursuivit ses activités sous le nom de Broadhurst Clarkson & Co. L’entreprise était en mesure de fabriquer à la fois les lentilles et les tubes des lunettes ; elle bénéficiait même d’un showroom et d’une maison de vente.

Avec la 1^ère Guerre Mondiale, l’affaire prit de l’expansion pour soutenir l’effort militaire, un nouvel atelier de polissage de lentilles ouvre à Londres, appuyé par un atelier de construction de télescopes à Watford.

Après la guerre, les affaires prospérèrent pendant plusieurs décennies avant de décliner sérieusement à partir des années 50. A la fin des années 60, la firme est contrainte de fermer tous ses ateliers et de recentrer son activité sur la ‘Telescope House’. La firme est rachetée en 1973 par Fuller et prend le nom de Broadhurst Clarkson & Fuller, devenant une filiale de Meade Instruments et un point d’entrée sur le marché anglais.

Broadhurst Clarkson a produit énormément de longues-vues de marine, des paires de jumelles, des microscopes, des baromètres…  ainsi que des télescopes de 2,3 et 4’’ (50,8 ; 76,2 et 101,6mm respectivement). Les modèles de 2 et 3’’ étaient livrés avec un trépied de table ou un trépied astronomique ; le modèle 4’’ était livré uniquement sur trépied astronomique.

Présentation générale :

 

Le modèle que j’ai acquis est donc une 3’’ de 42,3’’ de longueur focale (1074,42mm soit f/D=14,1). Le tube est en laiton recouvert d’un revêtement noir plutôt fragile. La cellule contenant l’objectif est également en laiton ; elle s’insère en force dans le tube et n’est donc pas collimatable. C’est un objectif de type Fraunhofer, mais sans cale. L’élément crown est un double convexe, la face la moins déformée étant tournée vers le ciel ; le flint est un plano-concave (encore que la surface plane soit en réalité très légèrement convexe. Ci-dessous, les spécifications techniques (@Lyl, si tu passes par là...)

Le chercheur est également en laiton. Son champ est extrêmement étroit, heureusement le réticule est très fin…

Le porte-oculaire n’est pas un classique : le bouton est situé sur le côté du tube et permet la translation d’un premier tube en laiton, équipé d’un tube allonge. Sur mon modèle, la mise au point est particulièrement dure ; sans doute faudra-t-il regraisser avec le produit idoine… A l’extrémité du tube allonge se trouve une bague filetée permettant de visser les oculaires. Cette configuration permet de réaliser une mise au point fine, en vissant plus ou moins l’oculaire… à condition d’avoir le bon. En effet, il s’agit là d’un produit britannique avec les standards britanniques. Les oculaires sont des 1,25’’ x 16 TPI Whitworth (16 Threads per Inch). Je dispose de deux modèles, acquis plus récemment : un Ramsden ¾’’ (19,05mm, donnant un G : x56) et un ortho de très belle facture de ½’’ (12,7mm, donnant G : x85)

La monture est sans doute très adaptée à une utilisation militaire, mais pas du tout pour de l’astronomie : le trépied n’est stabilisé par aucune traverse ou chainette, du coup il faut se montrer attentif car toute manipulation un peu trop prompte peut la faire basculer… avec la lunette dessus… La monture est à rotule, très (trop !) douce. Un changement de monture est nécessaire pour profiter pleinement de l’instrument, si possible du matériel qui tiendra le choc des 3,7 kg de la bestiole. Elle donne néanmoins une indication de l’âge de la lunette, puisqu’il est indiqué « 1943 ». Le tube peut (doit ?) être plus ancien de quelques années.

Test de jour :

 

Le fait que le bouton de mise au point soit aussi dur m’incite à réaliser un premier test sur une cible terrestre éloignée (clocher d’église). La lunette est posée sur un banc avec différentes cales, devant une fenêtre ouverte (oui, oui, je sais…). Que ce soit avec le Ramsden ou l’ortho, rien n’y fait : la mise au point est impossible ! Il s’en faut de trois-quatre centimètres, tube allonge tiré à fond ! Pas le choix, je décide de faire coulisser la cellule de l’objectif et la tirer vers l’avant afin d’avancer d’autant le foyer. Ca marche (de justesse). A 85x, malgré une turbulence de dingue, l’image n’est pas si mauvaise. Le contraste est bon, sans doute grâce à deux diaphragmes dans le tube. Un liseré violet se distingue sur les toitures du clocher ; il est toutefois beaucoup moins apparent que sur mon Fraunhofer 105/1450. Note pour moi-même : voir s’il est possible de transformer un renvoi coudé pour qu’il s’adapte à l’instrument et éviter ce problème de focalisation.

 

Test sur la Lune :

 

Le test a été réalisé là encore avec la lunette calée sur le rebord d’une fenêtre sur une Lune basse et avec un soleil levant. Malgré ces conditions, la Broadhurst Clarkson s’en tire très honorablement : à 85x, le Lune tient de justesse dans la totalité du champ de l'oculaire; les images sont contrastées, douces et stables. L’aberration chromatique, aperçue de manière flagrante sur une cible diurne, est beaucoup plus discrète. Sur le limbe, on la distingue à peine. Copernic est magnifique, avec des détails dans les gradins de l’arène. Le coucher de soleil sur Clavius est très sympathique ; la luminosité du jour empêche par contre de bien apprécier le Golfe des Iris et le promontoire des Héraclides. En tout cas, ce premier vrai test astronomique illustre la nécessité de disposer d’une bonne monture afin d’apprécier pleinement le potentiel de cette lunette de près de 80 ans. J’envisage de réaliser un adaptateur avec une queue d’aronde pour pouvoir m’en servir sur l’excellente monture Zeiss T2.

 

 

A suivre…

Modifié 7 mars 2021 par Vador59

[Vador59]

Nouveau test sur la Lune hier soir, dans des conditions indignes (lunette posée sur le rebord d'une fenêtre ouverte avec une différence très marquée de température entre l'intérieur et l'extérieur).

 

Eh bien malgré cela, les images sont superbes, avec une vue spectaculaire sur le trio Theophile-Catherine-Cyrille; l'orthoscopique fournit une image de la Lune en entier de très grande qualité (du beau matos!) et surtout, aucun chromatisme perceptible sur le bord de la Lune.

 

IL me tarde de poser cette lunette sur une monture digne de ce nom !

[tournevase]

salut vador

sur ma secrétan 1926 j'ai eu des durs dans le coulissement

j'ai trouvé 2 raisons :

 

- 2 dents du pignon un peu déformées   

arrangé avec un petit coup de lime finalement moins traumatisant que de peter une dent à coup de jet

 

- tube coulissant ovalisé    dans la position angulaire normale il y avait du dur  crémaillère déposée il y avait des positions angulaires à coulissement parfait 

arrangé en repérant les zones frottantes et en déformant le tube en le comprimant selon le diamètre qui les portait 

maintenant c'est même trop coulissant amis quand même sans jeu

 

il pourrait aussi y avoir des "paliers" en feutre "cirés"