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Dragon d’été dans l’éclaircie


Jeff Hawke

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Eole

 

Toute la journée le vent a soufflé sur la campagne percheronne, les nuages épais et bas défilant rapidement, et sans se lasser, sur la Basse-Normandie…Mais peu à peu dans l’après-midi, des trouées apparaissaient sporadiquement, d’abord rarement, puis un peu plus souvent. On sentait l’épaisseur de la couche céleste décroître, on pressentait la désagrégation progressive des masses grises et noires.

Et puis ça y est, c’est arrivé. Les nuages ont été défaits.

 

D’abord par l’Est-Sud-Est, le Nord… et ultime résistance Ouest-Nord-Ouest qui rend les armes vers les 20 heures. Nous aurons une nuit étoilée. Ventée certes mais étoilée. Ventée ? Eh non ! Le vent n’ayant plus de nuages à pousser furieusement, décide la trêve. :)

 

Je monte le Skyvision, il fait encore trop jour pour collimater au laser et pour régler le pointeur. Patience, patience, il en faut lorsque l’on a l’idée saugrenue de planifier un week-end astro en période de Solstice.

 

Adieu aux galaxies de Printemps

 

La nuit est enfin tombée, le dob est réglé, il voisine avec un Meade 200 et une Takahashi FSQ106. Un peu plus loin, un Lightbridge 400 est installé après une arrivée remarquée au crépuscule tardif de Juin. Il y a 2 ou 3 autres instruments, trop loin, je ne les verrai pas dans les quelques heures sombres où les étoiles vont brièvement régner.

 

Réplication du Luberon, j’explore la chaîne de Markarian et le petit amas du côté de 109 et 110. La nuit n’est pas aussi noire qu’un mois avant, la différence à l’oculaire saute aux yeux. Mais un peu d’attention, de calme observation, et ces retrouvailles sont heureuses. Je retrouve tout le monde et en reconnaît la plupart.

 

Ces observations sont entrecoupées de visite planétaires, Vénus, Saturne, Jupiter. Jupiter m’a impressionné, dans les trous de turbulence, une quantité de bandes nuageuses (j’en ai compté 7...), avec des structures discernées, et…la tache rouge, que je n’avais jamais vue vraiment (j’ai cru la deviner avec le Kepler 200/1200 au Printemps 2005, aussi dans le Perche).

 

Quelques comparaisons avec le Meade 200 et le Lightbridge 400. Elle est belle partout, la géante !

 

Les friandises d’été

 

Bien sûr M57, M27, M13 et NGC6207, M51 (avec les bras et le pont de matière, si, si !…).

 

Mais aussi Trifide et la Lagune. Je les détaille avec un filtre (J’ai essayé les 2 filtres, UHC et OIII, pour conserver celui qui donnait les meilleurs résultats sur ces nébuleuses. A la différence des fois précédentes, je progresse en rigueur en regardant quel est le filtre que je conserve. Pour cela, il me faut mettre mes lunettes et allumer la petite lampe verte, cadeau de Gérard. C‘est le OIII. Il faut que je m‘en souvienne.)

 

Les sillons de la Trifide sont évidents, l’intérieur tourmenté de la Lagune aussi.

 

La nuit du Dragon

 

Mais assez de ce petites promenade familières, ma cible de la nuit est l’animal de légende, cher aux chinois et aux amateurs de Fantasy. A partir de la Grande Ourse, je bondis vers ces espaces moins fréquentés. Pour trouver, en plein entre Edasich et Théta, les Pieds Nickelés, NGC5981, 5982 et 5985. Superbes ! Du coup, je vais les pointer avec le Lightbridge 400, le propriétaire ne les connaissait pas. Gros succès à l’oculaire.

 

Je laisse la file d’attente et retourner à mon modeste 320, pour mentenant sauter entre Edasich et une étoile à 5 degrés au Sud - Sud Ouest : NGC5866 (Messier à la manque), petit alignement d’étoiles et NGC5907 (encore une que je ferai pointer par le 400, elle est bien plus belle que la 5866).

 

En route maintenant vers une merveille, déjà vue dans un 200, mais jamais pointée personnellement : NGC 6543, l’Oeil du Chat…Il faut continuer sur le corps sinueux du Dragon : Eta, Dzeta, 27 et Omega, proches, et de là il faut piquer vers l’Est - Sud Est. Je manque la bifurcation, et je tombe sur une jolie galaxie, sur la tranche (c‘est une spirale en fait, mais presque vue sur la tranche, m‘apprendra Sue French le lendemain, dans sa bal(l)ades Around the bend in Draco, que je n‘avais pas préétudiée, je me la gardais en fait pour la Touraine en Juillet).

 

Voilà les charmes du pointage désinvolte, du télescope azimuté et des sauts d’étoiles : Une découverte, au détour d’un sentier étoilé.

 

J’ai fini par trouver ma nébuleuse, petite étoile bleue et « fuzzy ». Grossie, c’est une merveille. Avec le 9 (133 fois), on distingue clairement la centrale, une étoile jaune mordoré. On fixe ce truc et la magie opère : Un œil nous regarde, du fond du cosmos…Cette pupille rétrécie aux tons chauds, entourée d’un iris vert-bleu, où on discerne une structure d’anneaux emmêlés. J’y passe un temps qui m’échappe. Pour quand même sortir de mon rêve et aller prendre place dans la file devant l’oculaire du 400 pour y voir l’œil. Belle image, comparable à celle que j’ai avec le Sky, mais avec un léger plus d’intensité dans les couleurs. C’est beau ! Fin, subtil…

 

Fixant cet oeil, je pense aux reste d’un système planétaire dont cette nébuleuse témoigne, avec peut-être jadis de la vie là, sur une rocheuse en orbite, des êtres qui ont accédé à la conscience et qui se sont dit des mots bleus…(Il faut dire que la veille, j’ai lu un très bon article dans le Sky and Telescope de Juin, sur le destin de la planète Terre quand le Soleil vieillira).

 

Depuis que la nuit est tombée, profond, une symphonie de grenouilles concertante nous procure l’ambiance musicale. Il y a une mare par là, en contrebas…

 

Mais la position de la Terre autour du Soleil nous rappelle aux réalités. Déjà le ciel n’est plus aussi noir, M81 et 82 n’étincellent plus autant à l’oculaire, la Voie Lactée est toujours là, mais elle se fait timide et retourne sur sa réserve.

 

C’est la fin d’une courte mais belle nuit. Deux nouveaux objets « seulement », l’Oeil du Chat et NGC6205, mais un début de familiarité avec cette constellation attachante qui sinue entre Petite et Grande Ourse.

 

Et aussi, un échec : Je n’ai pas réussi à voir la galaxie de Barnard, NGC6822, du côté de la petite cuillère à thé du Sagittaire. La prochaine fois… :rolleyes:

Posté

Salut Jeff,

 

Tu observes dans quel coin du Perche? je sort plusieurs fois par an, pour l'astro, dans le coin de Senonches ou vers chez Pierre Bourge du coté de Mortagne, tu connais?

Sympa ton CROA :)

 

Sinon pour trouver NGC6822 (sans intelliscope ;) ) ma méthode en image, le plus grand cercle rouge correspond à mon Hyperion de 17mm 68° X70 et 0.96° de champ, il suffit de placer l'étoile HIP 97053 en bord du champ :

 

capture1bo6.png

 

Stéph.

Posté

Ah, on s'est balladé pas mal dans les mêmes coins, pas aux mêmes heures(je t'aurais entendu raler pour les coups de laser :be: ).

Vu la nuit prometeuse, j'avais fait le déplacement jusqu'au terrain de la société astro Rennaise(25 km sud de la ville) et je n'ai pas regretté le déplacement.

Je me suis dit que vu le temps j'y retrouverais bien quelques passionnés, mais bon ... :(

Du coup j'ai plus observé et moins bavardé ;)

Posté
Tu observes dans quel coin du Perche?

 

Ca dépend. Là c'était du côté de Mamers et Mortagne au Perche. D'autres fois c'est du côté de la Bazoche Gouet.

 

Ciel bien noir par la. :rolleyes:

 

 

Les balades de Sue French c'est un bouquin (Celestial sampler), compilations des articles qu'elle publie dans S&T. Pas dispo sur internet à ma connaissance.

 

Pour NGC6822, merci pour la carte. En principe oui, je sais où elle est, mais il faut croire que le ciel n'était pas assez noir, ou bien elle était trop basse, ou mon oeil fatigait (faut dire qu'elle est pas évidente cette voisine...).

 

j'ai plus observé et moins bavardé ;)

 

Aîe...Dur !... ;)

Posté

Encore du très beau Jeff ce croa!

 

NGC 6543...(là, c'est facile à retenir ces 4 chiffres) ma prochaine cible sous un beau ciel.

 

Pas su (pu?) la pointer cette dernière nuit au Lubeuhron.

Et pourtant j'ai scanné et rescanné et rerererererescanné la zone.

 

La raison? Je m'attendais à voir quelque chose comme l'anneau de la Lyre, je ne savais pas qu'elle était nettement plus petite.

 

Patte.

Posté
Je m'attendais à voir quelque chose comme l'anneau de la Lyre, je ne savais pas qu'elle était nettement plus petite.

 

Oui, petite...Harrington n'en cause même pas.

 

ET Gilis en dit : "Difficile à distinguer d'une étoile à X 20, cette brillante nébuleuse planétaire dévoile sa nature à X 40, où elle semble un peu plus diffuse et plus terne que les deux étoiles de même éclat qui l'entourent"

 

Vous noterez les termes dithyrambiques (je les ai mis en italiques) que Jean-Raphaël Gilis n'hésite pas à employer pour qualifier cette nébuleuse brillante ! :be:

Posté
Toute la journée le vent a soufflé sur la campagne percheronne....Et puis ça y est, c’est arrivé. Les nuages ont été défaits.

 

Un œil nous regarde, du fond du cosmos…

 

... une symphonie de grenouilles....

Aaaaaahhhh (soupir de plaisir), ça c'est du CROA!

 

:be:

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