Fiches de lecture: partager le plaisir de lire

[GeoffreyJoe]

Excellente idée de sujet

étant bibliothécaire, j'ai la chance d'être entouré de livres de toutes sortes et d'aller de découverte en découverte. La dernière en date que je viens de finir : Un Homme sans titre, de Xavier Le Clerc édité chez Gallimard. L'histoire terrible (car vraie) d'une famille kabyle racontée par le fils (l'auteur). Pendant longtemps pas tout à fait français, ni tout à fait algérien, avec une vie et une histoire d'une violence terrible à bien des niveaux mais beaucoup de résilience. Pas de jugements, pas (trop) de larmoiements, juste des faits et des souvenirs de gosses, le regard d'un fils, petit-fils et arrière-petit-fils sur son histoire. Je l'ai trouvé très prenant, avec un caractère presque sociologique. Il est très court (une grosse centaine de pages) et dynamique, avec une écriture très agréable qui ne gâche rien (quoi qu'un peu ampoulée parfois).

Bref je vous le recommande !

Sinon je suis aussi (et surtout) un lecteur de SF (comme beaucoup j'imagine parmi les astrams) et malgré le fait de travailler en bibliothèque, je me fait une petite collection des livres que j'aime, que j'aimerais relire ou faire découvrir... ou simplement m'entourer de leurs présence : mon petit monde à moi 😄 Quand elles existent, j'achète les éditions reliées avec jaquette illustrée (les éditions France Loisirs sont souvent excellentes) mais malheureusement certains spéculent complètement sur les prix de l'occasion et on se retrouve avec des aberrations totales...

Dans les lectures SF qui m'ont marquées, Asimov évidemment (Sa fresque du futur intégrale, sur 4000 pages en 4 volumes préfacés par Jacques Goimard et annotés par l'auteur lui-même : mon petit trésor personnel ), KSR avec sa Trilogie Martienne qui est proprement fabuleuse (un peu aride le premier tome, comme l'atmosphère martienne ), plus récemment la trilogie de Liu Cixin déjà mentionnée ici...
Spin de Robert Charles Wilson m'a aussi laissé un souvenir particulièrement agréable, comme Voyage, l'uchronie de Stephen Baxter... Enfin il y en a trop 😇

Modifié 14 novembre 2022 par GeoffreyJoe

[tictactoc]

C'est drôle , ce sont exactement les livres que je possède sur mon étagère ! 

[GeoffreyJoe]

@tictactoc

Ceux-là aussi ? 😄

[JMDSomme]

@GeoffreyJoe merci pour la relance du sujet Je ne connais pas KSR....

J'ai pris du retard, j'ai lu ou relus 2 ou 3 trucs sympa.

Entre autres Tonino Benaquista que j'adore (la comedia des ratés)...

[tictactoc]

Ha non, juste ''Spin'' de Robert charles wilson !

Sinon, il y a  ''La paille dans l'œil de Dieux '' de Larry Niven et Jerry Pournelle.

[GeoffreyJoe]

@tictactocje ne sais pas si tu as lu les deux suites de Spin ? Je les ai trouvées très bonnes aussi mais beaucoup plus "classiques" que le premier tome, qui lui est pour le coup vraiment original et particulièrement bon. Je note La Paille dans l’œil des dieux, que je ne connais pas. Il m'a tout l'air du bon gros Space Opéra comme je l'aime 🤗

@JMDSomme si tu as de l'appétence pour les fictions à (très) forte teneur scientifique, je ne peux que t'encourager à lire la trilogie martienne de KSR. Avec une mise en garde tout de même : le premier tome est vraiment "velu", des pages et des pages de descriptions de la géologie martienne. Mais si tu arrives à passer ça (voire, comme moi, à y trouver du plaisir), alors la suite t'offrira beaucoup plus encore !

[tictactoc]

Hé hé, déjà lu aussi les trois volumes, il y a longtemps, effectivement très bon !    Je m'en souviens encore comme si c'était hier.

[JMDSomme]

Tonino Benaquista: La comédie des ratés.

 

Ou, comment entraîner le lecteur, sur le ton de la comédie dans un roman qui parfois ressemble à un livre de cuisine, à s'instruire sur les heures les plus sombres de l'Italie des années 40 et la rémanence des blessures.

Un pur bonheur de lecture dans une langue du sud, de la poésie, de l'action et de la drôlerie côtoyant le drame, dans un regard acerbe sur ce qui fait la folie créative des Italiens.

Peut se lire en une après midi en grignotant des gressins à l'huile d'olive.

 

[cmltb612]

Salut les lecteurs,

 

Ce matin interview de Jonathan Coe chez Rebecca, France Inter 9:30, émission Totemic. L'écrivain y a présenté son nouveau roman : Le Royaume désuni.

 

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/totemic/totemic-du-mardi-22-novembre-2022-3155812

 

J'aime beaucoup lire cette production Made in UK. Toujours bien écrit, et bien traduit, ce qui ne va pas toujours de paire.

Il y a vraiment beaucoup de livres dans la biblio de Jonathan Coe, et je ne pourrai pas tous les présenter.

 

Quelques-uns qui m'ont particulièrement marqués :

Bienvenue au club, la femme de hasard, le cercle fermé et surtout Expo 58.

 

https://www.babelio.com/auteur/Jonathan-Coe/5359

 

Ses livres dépeignent, avec pas mal de réalisme, le déclin de l'Empire Britannique et la montée des désillusions dans la seconde moitié du 20ieme siècle en Angleterre. Le tout avec passablement d'humour et de péripéties.

Mais pas que. On ne pourrait pas résumer son oeuvre à cela seulement.

 

Si vous ne connaissez pas, Expo 58 est sympa, et plus court que ses autres opus.

 

Le Royaume désuni m'apparait comme furieusement intéressant également ;-)

 

Christophe

 

 

 

 

 

[yui]

Bonne idée ce sujet JMDSomme  

 

Depuis quelques années j’écoute des livres audio (gratuits), ce qui me permet d’avaler un grand nombre de romans tout en faisant autre chose  

 

De mes lectures, essentiellement du XIXème siècle, m’ont touché particulièrement les romans de Dostoïevski ainsi que Les Hauts de Hurlevent de Emily Brontë.

Et ce pour la même raison : des personnages outrageusement vivants aux pensées, paroles et actes tant libres qu’enchainés. La vie qui se vit en vrai quoi, attirante et effrayante.

 

Des romans de Dostoïevski il y en a beaucoup, celui qui m’a le plus remué c’est je crois bien celui-ci :

dans lequel Dostoïevski arrive à nous faire ressentir de l’intérieur les ressentis d’une petite fille à la vie tourmentée. 
En écoute gratuite ici : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/dostoievski-fedor-nietotchka-nezvanova.html

 

 

Emily Brontë, elle, n’a eu le temps de ne nous laisser qu’un unique roman :

Lu là aussi par René Dépasse qui est très bon : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/bronte-emily-les-hauts-de-hurlevent.html 
Mais attention il manque le plus fabuleux passage (celui chanté par Kate Bush) car c'est la lecture d'une traduction qui l'avait supprimée (!)
Du coup ce passage il faut le compléter en le prenant de cette lecture là par exemple : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/emily-bronte-les-hauts-de-hurlevent.html

 

Sinon pour écouter le livre in english :

 

[GeoffreyJoe]

Je remonte un peu ce sujet. J'ai lu l'intégrale de l'histoire du Futur de Robert Heinlein. Quelle avance sur son temps dans la réflexion ! Notamment des enjeux de société et énergétique. De la bonne vieille SF des années 40 qui n'a pour le coup pas mal vieillie. 

Je sais qu'il y a pas mal de controverses vis à vis de cet auteur, notamment son penchant "autoritaire" ou "misogyne". Franchement, après ces milliers de pages, c'est franchement faire preuve de beaucoup de mauvaise foi que de l'affirmer, ce serait même plutôt le contraire. 

 

Une belle découverte en tout cas que cet auteur classique.

[GeoffreyJoe]

 

Je viens de finir la lecture de ce livre qui m'a été offert par l'éditeur (Quanto, éditions de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne). L'auteur prend le prétexte de la traque (et la découverte en 2012) du Boson de Higgs  pour retracer l'histoire du CERN et celle, plus vaste, de la physique des particules.
C'est super intéressant à la fois sur le plan scientifique, ingénierique et aussi philosophique. Si la science de l'infiniment petit et l'histoire des sciences vous intéresse, je ne peux que vous le conseiller. Avoir quelques notions de de base de physique avant de le lire n'est tout de même pas du luxe

Si les gouvernements du monde dépensaient plus d'argent dans des programmes de science fondamentale comme celui-là, le monde serait bien meilleur...

[Lolo100._.moon]

Ohhh alors si j’ai bien compris, on recommande un romans ?

bon alors :

• Éden Island

• Hana Claistel

• alors vu que ça fait un bout de temps que je l’ai lu, et que j’ai peur de spoiler quelqu’un, voici ce que la Fnac en dit :

La montée des eaux a depuis longtemps réduit les continents à quelques îles arides disséminées sur l'océan. Alors que partout ailleurs la population lutte pour sa survie, une poignée de privilégiés vivent à Eden Island : archipel paradisiaque offrant une vie sereine en parfaite harmonie avec la nature.

Il y aura une histoire d’amour, on alterne de point de vue chaque chapitre 

il y a 2 tomes, le 2eme est beaucoup plus stressant et avec du suspense, tandis que le premier est plutôt sur la vie des 2 personnages

voila, j’espère que ça pourra inspiré quelqu’un

le lien :

https://www.fnac.com/a15162416/Eden-Island-Tome-1-Le-secret-Hana-Claistel#:~:text=Ajouter au panier-,Résumé,parfaite harmonie avec la nature.

[JMDSomme]

Boudiou, j'ai du retard !

Bizarrement quand j'interviens dans un fil j'ai ensuite des notifs. mais ceux que je crée restent silencieux...

Pas beaucoup lu ces derniers mois, je fabrique l'outillage pour construire proprement mon abri astro 😀

Content que ça vive ca vive ici, même quand j'oublie de venir !

[Great gig in the sky]

Bon, j'ai pas eu beaucoup de retours de la part de ceux qui ont acheté " La Maison des feuilles".  
Ils pourraient au moins nous dire au bout de combien de pages ils ont craqué ! 

[cmltb612]

Le 08/05/2023 à 20:09, Great gig in the sky a dit :

Bon, j'ai pas eu beaucoup de retours de la part de ceux qui ont acheté " La Maison des feuilles".  
Ils pourraient au moins nous dire au bout de combien de pages ils ont craqué ! 

 

Salut Great,

 

J'ai lu, mais j'avoue qu'il m'a fallu du temps pour absorber le truc.  Le pavé est monumental, il faut dire.

Il a quelque chose, ce roman, c'est certain. Il me rappelle un peu ces films type "caméra au poing" qu'on a pu voir ces vingt dernières années, dans le domaine fantastique/horreur. Le sujet est original, mais il a un côté dépassé, désormais. C'est du moins mon avis.  Même ça ne devait pas être le cas lorsque c'est sorti.

Je ne vais pas en dire davantage, pour ne pas spoiler.

 

Sinon, sur la forme, je dois bien confesser que je me suis un peu barbé par moment. C'est totalement barré et ça fait du bien au début, une telle liberté de rédaction, et puis le doute arrive, et on se surprend un peu plus loin à passer des pages entières de listes ou de paragraphes sans véritable rapport avec le sujet.

Et puis vers la fin, on en termine avec une envie d'en voir rééditée une version débarrassée de ses scories.

 

Cela reste néanmoins une expérience de lecture intéressante.

 

Bon, désolé, si ce n'est pas l'enthousiasme aussi total que le tien, mais du moins est-ce une critique honnête.

Attendons de voir ce que d'autres auront à en dire.

 

Christophe

[Great gig in the sky]

il y a 24 minutes, chrismlt a dit :

Bon, désolé, si ce n'est pas l'enthousiasme aussi total que le tien, mais du moins est-ce une critique honnête.

 

Ah mais tu n'as pas à être désolé, et ton avis est très intéressant. Et  je le comprends tout à fait vu l'étrangeté de cet ouvrage.  

Je l'ai acheté et lu à sa sortie en 2002 et c'est vrai que peut-être ne recèle t-il plus la curiosité qu'il avait engendrée au début. Peut-être aussi serais-je déçu si je le relisais maintenant mais je n'ai plus vraiment le temps de m'y replonger.

Je te félicite en tous les cas d'être quand même allé jusqu'au bout. Faut s'accrocher quand on n'est pas vraiment dedans !  

 

 

[cmltb612]

Voici le joli moi de mai et ses cerises bientôt mures.

 

Un pas de côté avec deux romans très fréquentables, ou la Révolution n'est que prétexte à exposer des personnage à des situations inusitées, presque surréalistes.

 

Au cinéma, il y avait eu le très fameux ... Milou en mai.

Si vous ne l'avez jamais vu, c'est à essayer.

 

https://www.youtube.com/watch?v=9ECPrxe6aCU

 

 

 

 

 

Daniel Picouly

68, mon amour, Grasset, 2008

 

https://www.babelio.com/livres/Picouly-68-mon-amour/55183

 

La grande et la petite histoire qui s'entremêlent, dans un ballet sans cesse renouvelé, où des personnages célèbres ou insignifiants se croisent, s'attirent et se repoussent.

29 mai 68, De Gaulle a disparu !

Les états d'âme et atermoiements dérisoires du général, mis en scène de façon jubilatoire, avec une écriture où les bons mots sont fréquents. Mai 68 vu par le petit bout de la lorgnette, et sous un angle unique, où le fait politique ne sert que de toile de fond.

 

Extrait :

 

29 mai 1968, sept heures

Le général de Gaulle a disparu.

Personne encore ne le sait. Pas même lui.

À cette heure, il se recueille dans la petite chapelle de l’Élysée, au rez-

de-chaussée de l’aile Est. Le Général est seul. Il se tient à sa place habituelle

agenouillé sur un prie-Dieu. Il est immobile, la tête inclinée. Sa silhouette

de pénitent se découpe sur le vitrage bleuté de la fenêtre en ogive. Le motif

est parfaitement centré, le contour net et plutôt fidèle. Il n’y aurait rien à

redire à la composition édifiante qui nous est proposée : un Charles

de Gaulle en saint Sauveur. Rien à redire, si ce n’était le nez qui offusque la

légèreté du trait, mais surtout cette haute carcasse qui s’entête à ne pas

respecter les proportions du lieu. Il y a là un conflit de représentations. La

masse du Général emplit la chapelle comme un fruit prisonnier de sa

bouteille. Elle l’engonce aux épaules, se bute le haut du crâne à la voûte et

finit de guerre lasse par dévorer tout l’espace. Si bien que, dans ce petit jour

qui peine à devenir, le général de Gaulle ressemble à un vitrail cannibale.

Sur le velours rouge du prie-Dieu, un éclat de lumière facétieux perce

son alliance à la main droite et tente de le distraire de son recueillement.

De Gaulle grogne. Il est mécontent. Ce n’est pas le moment de

l’importuner. Il décroise ses mains et retourne à la conversation qu’il

menait avec sa fille… Anne, c’est à croire qu’on ne veut pas nous laisser en

tête à tête ce matin. De quoi parlions-nous ? Des événements du dehors,

bien sûr. De ce mois de mai. J’espère que tu n’en es pas lassée. Déjà trois

semaines de désordres. Une éternité. Où en sommes-nous, aujourd’hui ?

Au plus mal, je te l’avoue. Cet après-midi, les communistes organisent une

manifestation qui peut mener à l’insurrection et au renversement du

pouvoir. Le mien. Je comprends ton étonnement, Anne. Lundi matin, je

t’avais quittée confiant, les accords de Grenelle signés, les travailleurs

allaient retourner à leur travail et les étudiants à leurs études, mais tout

cela a basculé si vite. J’ai une part de responsabilité. Ma dernière

intervention à la télévision a été une catastrophe. J’ai mis à côté de la

plaque… La participation… Quelle erreur ! Ce n’était pas ce que les Français

attendaient de moi. Ils aspiraient à de l’embrasement, de la hauteur de

vues et je leur ai servi une bassinoire de ménage dans des draps humides…

10 mai 58, 10 mai 68 : dix ans, ça suffit !… Ceux qui le crient dans les rues

ont peut-être raison. Ils ont vingt ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

Pauline Dreyfus

Le déjeuner des barricades, Grasset 2017

 

https://www.babelio.com/livres/Dreyfus-Le-dejeuner-des-barricades/962751

 

Un livre doté d'une belle langue, avec des situations cocasses. La rencontre de deux mondes. La riche clientèle des habitués d'un grand palace parisien confrontée au petit personnel de cet hotel de grand luxe, en un temps de remise en question de l'ordre naturel des choses.

 

Extrait:

 

Il y a quelques jours encore, pourtant, tout le monde trouvait ces

rassemblements d’étudiants hautement divertissants. Les femmes du

monde s’étaient précipitées à la Sorbonne d’abord, à l’Odéon

ensuite, non sans prendre la précaution de retourner vers l’intérieur

de leur paume le chaton de leur bague, avec la curiosité juvénile de

celles que tout amuse.

Elles ne voulaient pas passer à côté de l’événement.

Elles voulaient lire cette page du roman national qui était en

train de s’écrire.

Elles voulaient visiter la Révolution.

Il n’y avait plus d’université, il n’y avait plus de théâtre : on se

rendait dans des « permanences révolutionnaires créatrices ». Le

spectacle était gratuit. Elles avaient écouté les palabres des

étudiants avec le même sérieux qu’elles mettaient à écouter des

vers de Racine à la Comédie-Française. Elles revenaient de ces

soirées bruyantes grisées, l’esprit étourdi par ces phrases qu’elles ne

comprenaient pas toujours, ayant quand même saisi au vol

quelques formules qualifiées de ravissantes. « La barricade ferme la

rue mais ouvre la voie » les avait enchantées. « Assez d’actes, des

paroles » les avait comblées.

L’une d’elles, plus audacieuse que les autres, avait même ramassé

un pavé boulevard Saint-Michel et l’avait transformé en milieu de

table, à la fureur de son époux. Dans un état d’exaltation proche de

l’hystérie, elle lui avait dit, à son retour du Quartier latin : Si tu

avais vu, c’était d’une beauté ! Une fumée légère montait des arbres

abattus et calcinés, on aurait dit un Delacroix… Ce pavé, c’était sa

façon à elle d’entendre le souffle de l’Histoire (car, dans ce calme

appartement du 16e arrondissement, il fallait beaucoup tendre

l’oreille pour le percevoir). Son mari lui avait répondu que bien des

écervelées qui avaient applaudi à la Fête de la Fédération avaient

terminé sur l’échafaud. Ce soir-là, ils s’étaient tourné le dos à

l’heure d’éteindre les lampes de chevet.

Et puis il faut bien dire que l’impertinence de ces jeunes gens

donnait l’occasion de vengeances mesquines. On riait à gorge

déployée en se racontant comment Aragon avait été hué par les

étudiants et comment, depuis, il avait pris en grippe ces révoltés

qui avaient snobé son soutien. Il leur avait promis de consacrer un

numéro entier des Lettres françaises aux étudiants contestataires et,

en retour, n’avait reçu que des quolibets, d’où émergeaient les

qualificatifs de « vieux » et de « traître ». Un étudiant avait conclu :

Va-t’en vieille barbe. Le poète avait répliqué : Toi aussi, tu seras un

jour une vieille barbe. On avait évité de peu le pugilat. Dans les

salons, on avait susurré ces mots délicieux des soirées entières.

Modifié 28 juin 2023 par chrismlt

[tictactoc]

...

Modifié 17 septembre 2023 par tictactoc

[roger15]

Le 15/05/2023 à 15:16, chrismlt a dit :

Voici le joli moi de mai et ses cerises bientôt mures.

 

La grande et la petite histoire qui s'entremêlent, dans un ballet sans cesse renouvelé, où des personnages célèbres ou insignifiants se croisent, s'attirent et se repoussent.

Bonsoir Mon Cher  Chrismlt,  

Puise que tu aimes la période de mai-juin 1968 en France, il y a aussi le très intéressant film de Patrick Rotman "Mai 68 - Dix semaines qui ébranlèrent la France" :   https://youtu.be/fNRLP9fNiM4.

 

 

Roger le Cantalien.  

Modifié 30 août 2023 par roger15
Rectification d'une erreur de frappe. Désolé...

[Pyrene]

Le 30/08/2023 à 21:38, roger15 a dit :

Puise que tu aimes la période de mai-juin 1968 en France, il y a aussi le très intéressant film de Patrick Rotman "Mai 68 - Dix semaines qui ébranlèrent la France" :   https://youtu.be/fNRLP9fNiM4.

 

Et pour revenir dans la lecture, le pavé de Hamon et Rotman (dans les 1300 pages, en deux volumes) GENERATION, au Seuil...

[cmltb612]

il y a 21 minutes, Pyrene a dit :

Et pour revenir dans la lecture, le pavé de Hamon et Rotman (dans les 1300 pages, en deux volumes) GENERATION, au Seuil...

 

Salut Pyrene,

 

Tu as lu cette somme ? Je connais, mais n ai jamais franchi le pas. Les critiques sont partagees : la qualité semble au rdv, ainsi que l exhaustivité, mais au détriment de la lisibilité et ou de la digestibilité du truc.

C

[JMDSomme]

Je ne lis pas beaucouo a la belle saison mais suis heureux devoir quevous nourrissez ce fil.

J'irai voir l'histoire d'Aragon, je n'avais que 14 ans en 68 et bien des choses m'etaient obscures.

[roger15]

Il y a 7 heures, JMDSomme a dit :

Je ne lis pas beaucoup à la belle saison mais suis heureux devoir quev ous nourrissez ce fil.

J'irai voir l'histoire d'Aragon, je n'avais que 14 ans en 68 et bien des choses m'étaient obscures.

Bonjour Jean-Michel, le Gardois-Cévenol 

Deux petites anecdotes personnelles concernant cette période de mai-juin 1968 :

• si tu as lu mes interventions sur Webastro tu as pu constater que de tout temps j'adorais connaître l'heure exacte à la seconde près. Or le personnel (principalement les cégétistes) avaient coupé l'accès du numéro de l'horloge parlante de l'Observatoire de Paris (ODÉon 8400). Or, du coup, tous les médias audio-visuels français (ORTF et stations de radio périphériques) indiquaient un décalage important sur l'heure actuelle selon qu'on écoutait les uns et les autres... Alors ? Comment savoir l'heure (exacte à la seconde près) à cette période ? Eh bien, moi qui adorait capter les stations de radio étrangères (de préférence francophones) je me calais sur le poste de "Bruxelles 1" qui émettait sur "Petites Ondes" - on dirait aujourd'hui sur "Ondes Moyennes") et qui à chaque heure ronde lançait les "tops horaires internationaux" : d'abord cinq "bips" très brefs puis un "bip" plus fort et plus long à la seconde ronde. Ça m'a permis de constater qu'après quatre semaines d'interruption de l'horloge parlante de l'Observatoire de Paris il y avait plus d'une minute d'écart entre l'heure indiquée par les différents médias audio-visuels français.

• d'un point de vue téléphonique dans toutes les régions françaises seules les communications automatiques de voisinage étaient directement obtenables ; pour les liaisons téléphoniques dites "inter-urbaines" il fallait passer par une opératrice qui appliquait les consignes d'un autre temps : lui dire son numéro téléphonique et le numéro de son correspondant dans une autre partie de la France. Elle en prenait bonne note et répondait « Bien, vous serez rappelé d'ici un temps indéterminé lorsque nous aurons établi la liaison avec le numéro demandé ». Pour les liaisons téléphoniques internationales c'était plus net : le central "ARCHIVES" situé 63 rue des Archives (Paris 3ème arrondissement) avait carrément coupé toutes les liaisons téléphoniques entre la France et l'étranger.

Au bien triste matin du mercredi 5 juin 1968 j'ai appris, en écoutant France-Inter que les employés des PTT du central "ARCHIVES" avaient en urgence dans la nuit rétablies les liaisons téléphoniques internationales (et surtout celles entre la France et  les États-Unis) en raison de l'assassinat de Robert (dit plutôt "Bob") Kennedy à Los Angeles en Californie, le leader du parti Démocrate américain et probable futur Président des États-Unis.

 

 

 

 

 

Avec cet assassinat l'Europe elle aussi se sentait orpheline car il a permis au sinistre Richard Nixon du parti Républicain de devenir hélas le 37ème Président des États-Unis...      

 

Roger le Cantalien.  

Modifié 1 septembre 2023 par roger15
Rectification d'une erreur de frappe. Désolé...

[Pyrene]

Le 01/09/2023 à 09:57, chrismlt a dit :

 

Salut Pyrene,

 

Tu as lu cette somme ? Je connais, mais n ai jamais franchi le pas. Les critiques sont partagees : la qualité semble au rdv, ainsi que l exhaustivité, mais au détriment de la lisibilité et ou de la digestibilité du truc.

C

Je l'ai lu à sa sortie, parce que ça me parlait pas mal dans mon histoire personnelle. Je suis un lecteur boulimique, le volume ne m'a jamais impressionné, mais je dois reconnaître que maintenant le poids qui va avec me pose des soucis...

[cmltb612]

Le 02/09/2023 à 14:39, Pyrene a dit :

Je l'ai lu à sa sortie, parce que ça me parlait pas mal dans mon histoire personnelle. Je suis un lecteur boulimique, le volume ne m'a jamais impressionné, mais je dois reconnaître que maintenant le poids qui va avec me pose des soucis...

 

Merci pour cet avis. Je tenterai à l occasion.

 

Question poids, mon dernier déménagement a été un calvaire, genre cinq-six mètres cube de papier minimum, sans compter les bds.

Depuis j ai arrêté partiellement ce genre d achats, pour passer à la liseuse. Pas tout à fait le même plaisir, mais on s y fait. Et il y a des avantages.

Je songe à me délester de ces tonnes si lourdes à gérer, mais ce n est pas si facile, mine de rien.

 

[Pyrene]

J'écoule mes surplus auprès d'un bouquiniste. J'échange une caisse contre deux ou trois bouquins. Tout le monde est content.

[GeoffreyJoe]

 

Je viens de lire ça, c'est très bon. L'auteur prend le très classique thème du voyage interstellaire mais ajoute un ingrédient original : l'accélération continue. Le gros intérêt du livre est que l'auteur a fait des études de physiques et tout est très crédible sur le plan scientifique. D'ailleurs, une post-face de Roland Lehoucq reprend les principaux points de l'historie et nous explique en quoi c'est réaliste ou non, chiffres à l'appui. C'est très intéressant !

Sinon, c'est bien écrit et les personnages sont intéressants. Quelques longueurs dans le dernier tiers du livre mais pas trop gênantes. L'histoire est donc assez classique dans le fond, mais tout à fait intéressante dans son traitement. Je vous le conseille