Apport de la photo pour le visuel

[gil31]

"Apport de la photo pour le visuel" (titre original mais ça passe pas qd je post... si un admin peut corriger, merci à lui)

 

Salut tout le monde,

 

On parle souvent de l'apport du dessin pour développer l'observation visuelle, perso j'ai essayé une seule fois, le résultat est hideux mais ça m'a permis d'en faire l'expérience et j'ai trouvé ça intéressant.

 

Mais ce qui m'a le plus surpris l'hiver dernier (nan, pas celui de juillet/août... celui de décembre) c'est de voir M42 dans mon dobson comme je ne l'avais jamais vu. C'était juste après un mois de captures puis travail d'image sur ordi de la nebuleuse. Du coup à force d'être concentré sur l'objet en post-traitant on imprime. On imprime tellement que lorsque l'on se remet au visuel on devine ce que l'on n'est pas sensé voir. Evidemment les limites physiques restent les mêmes mais y'a pas... M42 je la vois différemment depuis.

[gil31]

C'est assez flagrant sur M43 que je situe et distingue nettement mieux qu'aparavant, sur les "ailes" d'M42 aussi que je vois plus facilement s'étendre, avec des détails sur l'aile gauche que je n'avais pas vu avant.

[patry]

C'est typique ; si on te demande de regarder une image avec une forme "cachée" dedans, tu ne vois rien. Si tu sais qu'il y a un triangle caché dedans, tu le verra à tous les coups.

Epsi à raison, il y a une (très grande) part d'auto suggestion dans l'observation.

Les bombardiers de la seconde guerre mondiale fixaient dans leur esprit les cibles afin de les reconnaitre "de tout temps" parce qu'ils savaient quoi chercher !

 

Edit : Dans le trapèze d'orion, quand tu arrive à voir 4, puis 5, puis 6 étoiles, aujourd'hui, en voir 6 "tout le temps" ne pose plus aucun problème.

[syncopatte]

Il y a de ça, c'est fort probable.

 

En même temps (avec le temps je veux dire) notre "expérience" augmente, l'œil est bien entrainé, passer de vision directe à décalée se fait naturellement etc...

 

D'une année à l'autre, en retournant sur les mêmes objets et avec le même matos et conditions, je vois de plus en plus de détails.

Pourtant je ne passe pas des heures à dessiner, ou en traitement d'images, ni à regarder les photos.

 

Par contre dans certains croa's ou bouquins (je pense au Sue French) il y a une bonne description, avec l'accent sur des particularités.

Ainsi j'étais "étonné" cette année de voir une étoile plus brillante que ces voisines dans M11, or l'année passée je n'avais pas noté ce truc qui me paraît bien évident aujourd'hui.

Puis aussi les nuitées avec d'autres, tiens Gildas, c'était bien dans M11 que tu m'avais indiqué une mini casserole?

J'avais noté cela mais j'ai complètement oublié cet astérisme dans l'amas cette année: on voit si on sait! Si notre attention est au préalable ou avec l'exercice bien guidée (au risque de passer à côté d'autres choses...)

 

Patte.

[fvb]

le résultat est hideux mais ça m'a permis d'en faire l'expérience et j'ai trouvé ça intéressant.

Peu importe si le résultat est "hideux" ! L'intérêt majeur de l'activité astrodessin est qu'elle t'oblige à chercher le détail, à ne pas te contenter de la vision générale de l'objet. Des fois, j'ai même plus envie de les remettre au propre, le brouillon suffit à me remplir de bonheur

 

Mais ce qui m'a le plus surpris l'hiver dernier (nan, pas celui de juillet/août... celui de décembre) c'est de voir M42 dans mon dobson comme je ne l'avais jamais vu. C'était juste après un mois de captures puis travail d'image sur ordi de la nebuleuse. Du coup à force d'être concentré sur l'objet en post-traitant on imprime. On imprime tellement que lorsque l'on se remet au visuel on devine ce que l'on n'est pas sensé voir. Evidemment les limites physiques restent les mêmes mais y'a pas... M42 je la vois différemment depuis.

J'ai déjà remarqué ce phénomène, sur bien des objets. Quand on a vu un truc particulier une fois, il est plus facile de le revoir ensuite parce que on sait quoi chercher.

Des exemples ?

- J'ai passé des mois, voire des années à chercher NGC7000 en visuel, jusqu'à ce que je l'attrappe aux J15x80. Je me suis alors rendu compte que j'étais passé bien des fois dessus sans m'en rendre compte (je ne m'attendais pas à un truc si gros !)

- Dans l'un des deux amas du double de Persée, il y a un petit astérisme en forme de parachute et l'une des étoiles du parachute est nettement plus fine que les autres, de sorte que ça donne une indication sur la qualité de l'instrument, de la collimation et de la turbu. Je n'y avais jamais prêté attention jusqu'à ce qu'on me le fasse remarquer et depuis, je ne manque jamais de l'observer.

- Dans M42, il y a le sillon sombre que tout le monde connaît, celui qui sépare les deux "ailes". Mais après avoir dessiné cette région à fort Gr l'an dernier, j'ai remarqué quelques détails là-dedans, notamment une extension en forme de "doigt" que je vois presque toujours maintenant. (voir ici le dessin : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=16465)

 

Tout ceci est d'après observation visuelle. Je ne fais plus de photos depuis pas mal de temps maintenant (sauf exception) mais je n'ai jamais remarqué que la photo puisse "enrichir" le registre visuel. Mais pourquoi pas après tout ? Cela dit, la photo du ciel profind est si différente de la vision en visuel qu'il n'est pas évident de faire des rapprochements. Enfin, ça dépend des objets je suppose... où alors on compare une photo faite à la L80 et la vision au T250... Dans le post du dessin de M42 cité ci-dessus, j'avais d'ailleurs fait la comparaison entre une de mes photos et mon dessin. Je trouve qu'on y retrouve pas mal les mêmes structures, avec plus de détails et d'étoiles sur la photo, évidemment ! Mais la démarche n'était pas la même, ce n'est qu'une comparaison "après coup", la photo n'a pas servi de base au dessin.

 

C'est typique ; si on te demande de regarder une image avec une forme "cachée" dedans, tu ne vois rien. Si tu sais qu'il y a un triangle caché dedans, tu le verra à tous les coups.

Epsi à raison, il y a une (très grande) part d'auto suggestion dans l'observation.

Les bombardiers de la seconde guerre mondiale fixaient dans leur esprit les cibles afin de les reconnaitre "de tout temps" parce qu'ils savaient quoi chercher !

 

Edit : Dans le trapèze d'orion, quand tu arrive à voir 4, puis 5, puis 6 étoiles, aujourd'hui, en voir 6 "tout le temps" ne pose plus aucun problème.

 

Patry, il a sans doute du vrai dans ce que tu dis. Mais si nous sommes victimes d'autosuggestion, ce n'est sans doute pas au point de perdre toute objectivité ! Ta dernière phrase me dérange un peu : quand j'observe M42, je ne vois pas les six composantes du trapèze à chaque fois ! J'en fais même un test de turbu : si je vois E et F, c'est que le ciel est bien stable...

C'est même surprenant de constater à quel point E et F peuvent être faciles certains soirs et invisibles d'autre soirs !

[déàé]

à ne pas te contenter de la vision générale de l'objet.

 

La vision générale d'un objet est pour moi primordiale, c'est elle qui vous imprègne de son image comme les canards de Lorentz. C'est elle qui vous marque pour toujours, en générale c'est "la première fois que...". C'est la découverte de l'objet. Ensuite vient l'approfondissement, la recherche de détails, le plaisir renouvelé.

 

J'ai l'impression que cette découverte en visuel peut être largement conditionnée par l'image de l'objet que l'on connaît tous, la part de l'autosuggestion n'est pas à négliger. Par exemple, lorsque que j'ai fait mon dessin de M57 (un objet que j'apprécie particulièrement), j'ai mis son étoile centrale, pourtant pas évidente à voir, j'ai cru la discerner. Mais les observations de cette objet par la suite ne m'ont pas permis de la voir. Je pense que ce premier soir, le subjectif l'avait emporté sur l'objectif.

 

C'est encore et toujours la part de l'imaginaire celle qui nous fait rêver.

Et bien rêvons les yeux ouverts sur cet imaginaire pourtant bien réel.