La Lune : mes dessins d'écolier

['Bruno]

Comme pas mal de dessins lunaires sont postés par ici, j'ai eu l'idée de scanner tous les dessins que j'ai fait lorsque je débutais. Ils ont été faits lorsque j'avais quinze et seize ans. La plupart sont plutôt moches, mais je trouve qu'on voit bien l'évolution (du coup je n'en ai censuré aucun). Ils illustrent le fait que l'expérience permet de dessiner mieux. Autre remarque : les premiers dessins sont restés moches pas mal de temps, les progrès ont été très lents, et pourtant je ne me suis pas découragé. Je pense que mon jeune âge était un avantage : à cet âge, on accepte plus facilement des dessins pas terribles (de même qu'un enfant ne jettera pas le dessin de ses parents qui ressemblent à des rectangles surmontés d'une tête ronde et avec des traits pour les bras et les jambes).

 

J'ai arrêté quand j'ai commencé à me débrouiller en ciel profond, et j'y ai incontestablement perdu. Quelques tentatives ont été faites plus tard, mais je crois qu'il est indispensable de pratiquer le dessin lunaire régulièrement. Et de ne pas avoir peur de débuts laborieux. Je ne sais pas dessiner (la preuve plus bas) mais mes derniers dessins me paraissent pas trop mal. Il m'a fallu quand même un an et demi pour y arriver, et il m'en faudrait sûrement autant si je m'y remettais.

 

La Lune à la lunette de 60/700 (sans marque, lunette de chez les Trois Suisses)

 

Tous les dessins ont été réalisés avec l'oculaire Huygens 6 mm (x117).

 

D'abord Hainzel et Mee. Pourquoi avoir choisi ces deux cratères inconnus pour démarrer ? Parce que je venais de voir, dans le premier numéro de Ciel et Espace que j'avais acheté, des dessins de cratères lunaires (pas géniaux, mais justement, c'est ça qui m'a donné l'idée d'essayer). Je m'en souviens encore (on se souvient toujours de ses premières fois) : je cherchais des cratères dessinables. Tiens, ces deux là ! Je les ai dessinés, puis j'ai mis un temps fou à les identifier sur ma petite carte lunaire. En plus, le renvoi coudé inversait l'image dans je ne savais jamais quel sens... (Déjà à cette époque, je ne m'entendait pas avec les renvois coudés ) Bref, voici ce premier dessin (beuh) :

 

 

Le même soir, j'ai dessiné Blancanus et Scheiner, qui sont situés juste sous Clavius (lequel était trop éloigné du terminateur) :

 

 

Quelques mois après... Orontius :

 

 

Et Maginus :

 

 

Bon, je ne devrais pas dessiner trop près du terminateur... Les semaines passent, et à la lunaison suivante je dessine Théophile, Cyrille et Catherine :

 

 

Deux soirs plus tard, le terminateur s'est avancé jusqu'à Ptolémée, Alphonse et Arzachel :

 

 

Bon, il n'y a toujours que trois teintes : blanc, noir, gris... Je vais mettre du temps avant d'utiliser un peu plus de nuances... Le même soir, voici un dessin des Appenins. Je me souviens que j'avais décidé, ce soir là, que c'était ma formation lunaire préférée. Mais le dessin a été plus long. D'ailleurs c'est la première évolution qui apparaît : mes dessins sont de moins en moins pauvres.

 

 

Et toujours le même soir, le dernier dessin : Eudoxe et Aristote, qui contredit ma dernière affirmation...

 

 

L'hiver passe, le printemps arrive... J'ai maintenant seize ans. Pendant les vacances de Pâques, je reçois le 115/900 (Ganymède 502T) acheté grâce à une annonce de Ciel et Espace (seulement 2000 F - 305 € - alors que ça coûtait 3500 F neuf - 533 €).

 

La Lune au 115/900 (Ganymède 502 T)

 

Tous les dessins ont été réalisés avec le Huygens 6 mm (x150), sauf le premier qui a été fait avec, en plus, la barlow x2 (x300). Elle n'a servi qu'une fois (beuh...)

 

Voici donc ce premier dessin au 115/900, celui de Théophile, Cyrille et Catherine. On notera que, cette fois, j'ai représenté l'allongement apparent des cratères (du fait de la perspective) et qu'on y voit des détails en plus par rapport au dessin réalisé l'année précédente. Et, enfin, ç'en est fini de l'inversion miroir !

 

 

Un mois et un jour plus tard, je dessine Eraosthènes. Le gain de diamètre est bien visible : ce cratère, c'est celui qui est visible au bout des Apennins (v. plus haut). Je me souviens que c'était le premier dessin que j'avais trouvé beau (quand on est jeune, on n'est pas exigeant...) D'ailleurs à présent, je distingue plusieurs nuances de gris.

 

 

À la lunaison suivante, je dessine Atlas et Hercule :

 

 

Deux jours plus tard, je dessine Eudoxe et Aristote, mais cette fois séparément. Eudoxe n'est pas terrible, mais Aristote est réussi, et je me souviens encore de la satisfaction que j'avais eu : c'était devenu mon nouveau dessin préféré. Mine de rien, par rapport à Hainzel et Mee, c'est quand même autre chose...

 

Eudoxe :

 

 

Puis Aristote :

 

 

Encore deux jours plus tard, voici Archimède, plutôt raté :

 

 

Le même soir, je dessine le Mur Droit :

 

 

Quelques mois plus tard, voici Jules César. Je stagne, Aristote reste la référence (aujourd'hui, je sais pourquoi : j'avais dessiné le cratère plus ses alentours, et j'ai fini par découvrir que c'est toujours plus esthétique de procéder ainsi). J'ai noté l'heure du début et l'heure de fin : le dessin a duré vingt minutes. Donc, J.C. :

 

 

Deux jours après, le cratère Tycho, un peu trop proche du terminateur... (durée : quinze minutes.)

 

 

Lors de la lunaison suivante, je fais des efforts. Le cratère suivant est une révélation : je découvre mon style : avec un crayon de papier très fin, je marque les contours. Il y a un côté un peu "ligne claire". Ce n'est pas très réaliste, mais c'est pour moi plus facile. Voici Fracastor (durée du dessin : 10 minutes) :

 

 

Quelques jours plus tard, je m'attaque à un gros morceau, Copernic, et je suis très fier du résultat. Mon nouveau dessin préféré. Nouvelle révélation : le dessin est d'autant plus réussi qu'il est ambitieux. Ne pas hésiter à y passer plus d'un quart d'heure (là, il m'a pris vingt minutes).

 

 

La lunaison suivante, je dessin Ptolémée. Ah ! Mon premier dessin vraiment réussi (je trouve), et peut-être mon préféré. Le dessin est fin, propre, et il y a plusieurs nuances de gris. Durée : quinze minutes. À comparer avec le dessin fait à la lunette de 60 mm, plus haut.

 

 

Deux jours plus tard, j'ai l'occasion de dessiner Clavius. Malheureusement, c'était un peu trop difficile et la forme du cratère n'est pas bien respectée. Mais bon, à part ce problème, les dessins se maintiennent à un bon niveau : un an et demi de pratique et une vingtaine de dessins réalisés m'ont clairement servi, ça devient montrable. (Durée : vingt minutes.)

 

 

Mon dernier beau dessin, le lendemain, celui du Golfe des Iris, que j'aime bien aussi :

 

 

Puis le temps passe, le ciel profond m'accapare de plus en plus. Quelques mois plus tard, je redessine Tycho (et un cratère voisin, en dessous) et c'est la déception : il est redevenu moche (pourtant, la durée du dessin est de trente minutes).

 

 

Manifestement, il faut une pratique régulière pour progresser. Tycho a été mon dernier dessin au 115/900.

 

Conclusion

 

Quand on ne sait pas dessiner, les progrès sont lents... Mes dessins ne concurrencent bien sûr pas les plus beaux dessins lunaires, mais à mon niveau d'astronome amateur lambda, je trouve que les tout derniers sont plutôt réussis. Comme quoi, même en ne sachant pas dessiner (je dessine les contours au crayon, ce n'est pas très réaliste !) il peut y avoir des résultats. Si on n'est pas trop exigeant - d'ailleurs je pense que c'est le secret : ne pas être trop ambitieux. Mais pour progresser, il faut une pratique régulière, et ne pas s'arrêter comme je l'ai fait...

[syncopatte]

Ce qui ressort surtout, c'est la rigueur d'observateur attentif.

 

Peu soucieux d'un rendu "artistique" qui se permet quelques libertés comme en poésie, c'est un travail précis.

Si le coup de crayon évolue de façon certaine, je suis sûr que l'œil, le regard, la vue, par ces exercices, progresse encore plus.

 

Tout intérêt pour le visuel en astro.

Allez, tous à vos papiers crayons!

 

Patte.

[Invité]

Ca, c'est un cri du coeur qui a résonné des Alpes jusqu'aux Pyrénées !

On l'a entendu ici, en Lozère, quand il est passé !!!

 

C'est vrai, les Pléïades au scope et dans tout le champ, ça donne cette impression.

 

Bon ciel, @+

Vincent

 

P.S : J'aurai quand même préféré un "Que c'est beau !" à ce "Keceboooo" !!!

[Invité]

70 ° ?

 

C'est pas un peu étriqué, ça ?

[ursamajor]

J'ai lu trois sujets à la suite, et ce que je trouve formidable, c'est la manière dont la Lune ressort sous les crayons de chacuns!

 

Chacuns des styles et des particularités qui font que tous les dessins (quelques soient leur auteur) sont très beau! Içi, je pencherais sur une approche plus shématique de la Lune. Un peu comme si un professeur devait expliquer les formation lunaire à des élèves. Le titre "dessins d'écoliers" et donc très bien choisit.

 

Je ne dirais qu'une chose, bravo!

[Invité]

Moins fort Elegac, pense à nos pauvres tympans !!

 

Ok, pas taper...

 

Albéric

Fais pas attention, Elegac, le pôvre xs ne regarde que les planètes, alors 2,6° de champ, ça ne lui parle pas!

 

Moi je comprends ton cri de joie , et le partage: AH LA-LA-LALAAAAA!

 

[Invité]

....

Donc lui et moi on est ennemis: mes cibles préférées en visuel sont les amas ouverts!

Erwan

 

J'ai beaucoup beaucoup d'ennemis : toi, Gégé, Zaurel, Patte, Jeff, Bruno, Tutu, Den, Takaya, Papillon,.... Presque tout le forum finalement... Comment ça totallement parano ?

Moi j'assume pleinement ma préférence planétaire, na !!

 

Je m'en vais comme un prince...

 

Albéric