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CROA : Observation d’OVNI et rencontre ivoirienne


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Lors de la sortie d’observation spéciale Lune au Mémorial de la Ferme de Richemont de Saucats (33) le samedi 18 novembre 2023, les surprises se sont enchaînées vitesse grand V.

 

Arrivés sur site vers 17h25, nous sommes surpris par le nombre de curieux venus « admirer » le coucher de Soleil et stationnés près de la barrière. Ce n’est pas rare de voir des personnes attendre que notre étoile se couche car les horizons au Mémorial sont parfaitement dégagés. Certains badauds se rapprochent même du monument, venant voir les dégâts occasionnés par la foudre en début de mois.

 

Véro est déjà présente. Le ciel n’était pas top top… pas mal de voiles nuageux mais les prévisions météo nous promettent un ciel nocturne assez sympa. Le Soleil commence à être très bas teintant de rouge, orange et jaune les voiles nuageux. Le tableau est magnifique… la nature est vraiment une très grande artiste. Je m’aperçois alors que j’ai oublié mon sac noir contenant mon appareil photo. Je peste un peu mais je dégaine mon téléphone pour tenter de capter la lumière de ce soleil couchant.

 

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Crédit : Corine Yahia

 

On monte alors les instruments d’observation avant que la lumière ne baisse trop. A 18h, bien que les couleurs du crépuscule s’estompent, les curieux sont toujours présents, certains faisant des allers-retours sur la route. Des badauds arrivent en voiture, se garent sur le pré et viennent jusqu’au monument faire quelques photos de la porte qui s’est effondrée.

A 18h30, la nuit s’installe doucement, les étoiles apparaissent les unes après les autres. Le croissant lunaire brille de plus en plus fort. L’humidité tombe déjà sur les tables et les jumelles, amenant la fraîcheur avec elle. Nous rajoutons des couches de vêtements et le bonnet.

Les spectateurs sont toujours là et aucun d’eux n’a demandé à regarder la Lune ou la planète Saturne, ce qui nous étonne un peu. Mais cinq minutes plus tard, les quatre voitures, encore présentes du côté de la barrière, partent. Nous n’étions plus que trois autour de l’obélisque.

Au loin, des coups de feu de chasseurs. Apparemment, ils auraient le droit de chasser le gibier d’eau jusqu’à deux heures après le coucher de Soleil… nous devons faire avec !

 

Vers 18h45, on décide d’avaler nos sandwichs avant qu’il n’y ait beaucoup plus de monde. Assis près de la voiture, on discute tout en mangeant le pain garni de jambon cru sur lit de beurre. Le jambon à peine avalé, voilà que l’alarme de mon téléphone nous avertit du passage imminent de la Station spatiale internationale. On se lève et on regarde le point brillant qui s’élève de l’horizon sud-ouest. Comme glissant sur le ciel nocturne, évitant les étoiles, le spot lumineux devient de plus en plus brillant tout en montant vers le sud et poursuivant vers le sud-est. Sa magnitude annoncée est -3,6, et le spectacle visuel, bien que différent du coucher du Soleil, est là aussi assuré

 

Nous reprenons notre pique-nique… cette fois, c’est le sandwich au fromage suivi du palmier en dessert. Le ciel est de plus en plus dégagé, bien propre à l’ouest. Alors que je déguste ma pâtisserie, Denis nous interpelle sur un objet lumineux qui monte doucement dans le ciel. Il est parti du bas de l’horizon sud-ouest nous dit-il. Véro et moi nous mettons face à l’OVNI et tous trois, le voyons monter en altitude et en intensité. Puis un bruit sourd se fait entendre. Je pense à un avion mais le bruit est étrange, plus proche de booster de fusée. Je penche donc pour une fusée amateur… Denis est plus sur un missile, quant à Véro, elle n’arrête pas de clamer : « c’est quoi, c’est quoi ? ». A environ 35° de haut, on perçoit nettement une traînée de condensation.

 

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Crédit : Véronique Sermage

 

L’objet est de plus en plus brillant et s’étire légèrement à l’horizontale. Le bruit est aussi plus fort. Et tout d’un coup, tout s’arrête : la lumière, le bruit. A la place, une petite boule de fumée qui, faisant la taille de la pleine Lune au départ, grossit et s’étale sur le ciel nocturne. C’est une vision impressionnante ! Alors que la boule grossit, la traînée de condensation s’échappe vers la gauche en se gondolant à la faveur des vents d’altitude. On pense tous à une explosion de l’engin mais sans détonation, ce qui serait étonnant. Au centre de la boule (si on peut la décrire ainsi), il apparaît comme un tunnel, toujours de fumée et vu en 2D. La boule a maintenant environ 20° de large et de haut sur le ciel, et elle s’estompe lentement. Là aussi des vents d’altitude décomposent la forme circulaire, diluant le nuage en quelques courtes minutes.

Alors que nous nous concertons pour analyser et expliquer notre vision, avec mon téléphone, je vais sur internet voir s’il y a eu d’autres témoins… c’est obligé ! Nous avons bien tenté d’immortaliser cet OVNI mais mon téléphone n’était pas assez puissant. Je me maudis une fois de plus d’avoir oublié mon appareil photo. Véro me passe des photos qu’elle a pu capter avec son téléphone. Et j’en récupère une sur Sud-Ouest. Ca ne rend pas justice à ce que nous avons vu mais c’est bien mieux que ce que j’ai et ça peut donner une idée.

 

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Crédit : Véronique Sermage

 

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Crédit : Yvan Ravelly – Sud-Ouest

 

Au loin, dans les champs, sur les chemins, un véhicule arrive plein phares. Au fur et à mesure qu’il approche, on voit qu’il ne roule pas en flemme. On récupère Chara, notre chienne qui furète partout à la recherche d’odeurs intéressantes pour sa truffe et son instinct de chasseresse. Encore quelques secondes et on peut identifier un quatre-quatre de chasseurs. En général, ils passent assez vite sortant du chemin sur le site du monument et filant droit vers la route. Mais là, non. Sortie du chemin, la voiture tourne à gauche, directement vers nous. Et ils s’arrêtent pile poil à notre hauteur. Là ils sortent du véhicule. Avec Denis et Véro, on se regarde, un peu anxieux… que veulent-ils ? Mais nous avons très vite la réponse. Ils avaient vu aussi l’OVNI et venaient nous voir en quête d’informations. Après leur avoir donné nos explications, fusée amateur ou missile, et après quelques échanges sur l’impressionnante observation, ils remontent en voiture et repartent vers la route.

 

Quelques minutes plus tard, Daniel, un astronome et radioastronome amateur, nous rejoint pour la soirée. Nous partageons avec lui notre témoignage. Il n’était pas au courant et n’a rien vu mais penche aussi pour un missile. Il nous explique qu’à Biscarosse, située au sud-ouest de notre position, des missiles sont tirés de temps en temps.

En continuant de consulter internet sur mon téléphone, je trouve enfin la réponse. Le ministère des Armées donne l’info, c’est bien un missile. Les réseaux sociaux sont saturés de témoignages parfois apeurés, parfois interrogateurs mais pour la grande majorité, comme nous, émerveillés par le spectacle. C’était grandiose !  

 

Plus tard, j’apprends que 24h auparavant, quelques personnes avaient été mise au courant par un arrêté destiné aux aéroports et aérodromes, ainsi qu’aux ports nautiques de la côte Aquitaine. L’arrêté est vague mais demande un arrêt des activités aériennes et nautiques de 13h à 22h le samedi 18 novembre. Cela me fait penser aux curieux du début de soirée… peut-être et même sûrement qu’ils étaient là dans l’attente de ce tir. Mais sans en connaître l’heure exacte, ils se sont découragés pensant à une annulation.

J’apprends aussi que ce missile est monté très haut, bien plus haut que l’ISS… Est-ce que les militaires ont attendu le passage de la Station avant de tirer… c’est probable. J’apprends également que le missile a été tiré en direction de l’océan. Pourtant, on a eu la nette impression que l’objet venait dans notre direction. Ce qui me laisse à penser que les observations nocturnes d’OVNI et/ou de PAN sont quasi impossibles à évaluer en matière de distance, de direction et d’altitude.

Sur le site du quotidien Sud-Ouest, des photos et vidéos circulent. Ceci me convainc d’au moins une chose : c’est qu’aujourd’hui, aucun OVNI et/ou PAN ne peut passer inaperçu de la population. Bien sûr, le missile a été tiré à 19h15, à une heure où la plupart des gens sont encore actifs à l’extérieur. Mais il semble que grâce aux smartphones et appareils photos modernes, ces phénomènes peuvent être parfaitement immortalisés.

 

Il est à présent 20h, les astropotes arrivent les uns après les autres pour s’installer. Le ciel est parfaitement dégagé. Cependant, les dernières pluies ont laissé pas mal d’humidité dans l’air et cette dernière se dépose déjà sur les instruments et tables laissés à l’extérieur. Deux familles nous rejoignent pour profiter aussi de cette belle nuit. Ils étaient déjà venu nous voir sur le pré communal de Saucats lors de l’animation du Jour de la Nuit mais ils n’avaient pas vraiment profité pleinement de la soirée car ils avaient dû repartir à 22h, heure d’extinction de l’éclairage nocturne, à cause des tout-petits qui les accompagnaient. Cette fois, aucun lampadaire pour les gêner… un peu de Lune certes mais le joli croissant se laisse admirer aussi bien aux jumelles qu’au dobson 400, deux visions si différentes et pourtant si impressionnantes !

Saturne vient ensuite épater la galerie avec ses anneaux clinquants… Jupiter n’est pas en reste et affiche ses bandes de nuages et ses satellites galiléens dans un ciel particulièrement stable. Je pointe aux jumelles l’astérisme du Cintre dans la constellation du Cygne. Il me paraît un peu palot. Mais en réfléchissant, les brumes, vues au sol dans les champs, semblent jouer au yoyo, montant et descendant au gré de leur humeur, voilant de temps à autre les cibles que nous tentons de capter. Je m’emploie aussi à essuyer régulièrement les optiques à la chamoisine.

 

21h, les familles nous quittent, ravies d’avoir pu profiter des quelques merveilles vues à l’oculaire. Un homme arrive avec une lampe torche, commence à faire le tour du monument, éclairant ça et là les dégâts visibles tout en restant derrière les barrières. A un moment, il me pointe avec sa lampe me posant des questions. Je lui demande sèchement d’arrêter de m’éclairer. Mais le mal est fait… j’en ai pour plusieurs minutes avant de retrouver me vision nocturne. L’homme à la lampe s’excuse et vient s’enquérir des conditions dans lesquelles ce Mémorial a été dégradé. Après explications du coup de foudre, il fait encore deux ou trois fois le tour et s’en va.

Il est rapidement remplacer par deux femmes désireuses de voir aussi les bijoux cosmiques que nous offre le ciel nocturne. Quelques minutes avant, on échangeait au téléphone car elles s’étaient égarées et ne trouvaient pas notre site du Mémorial de la Ferme de Richemont. Elles n’étaient pas loin et les quelques indications données leur ont permis de nous trouver.

L’une d’elle se présente comme une astronome amateur de l’Association Ivoirienne d’Astronomie. Elle est en visite à Bordeaux chez sa sœur. L’après-midi, elle a été rendre visite à nos amis Joël et Laurent de l’enseigne Astronomie Espace Optique et ces derniers leurs lui ont parlé de notre soirée d’observation. Et la voilà donc, avec son amie, prête à s’enrichir de nos connaissances. Moi aussi je veux en savoir plus sur les pratiques en astronomie du côté d’Abidjan. Elle nous parle de la pollution lumineuse de la capitale, identique à celle de Paris, l’obligeant elle et les adhérents de l’association ivoirienne d’astronomie à faire 2h de route pour trouver un ciel nocturne « propre ». Nous sommes plutôt vernis ici… une seule demi-heure de route et nous trouvons un ciel nocturne potable.

Le dobson de Denis l’intéresse au plus haut point. Elle aimerait que son club en acquière un pour leurs séances d’observation. Puis l’heure suivante se passe entre observation et discussion sur les constellations. Alors qu’elle m’enregistre, je lui raconte quelques histoires mythologiques. Elle me demande des détails sur les activités de notre association AG33. Le temps file vite… on a envie de leur montrer beaucoup d’autres objets mais, malgré qu’elles soient bien couvertes, le froid et l’humidité les poussent à nous quitter. Je sais que je la retrouverai, ainsi que l’Association Ivoirienne d’Astronomie sur Facebook.

 

La soirée continue et le secondaire du Dobson a fini par s’embuer. Malheureusement, on se rend vite compte que notre batterie ne supporte pas le sèche-cheveux 12V. Dès qu’on le branche, cela vide la batterie, alors que cette dernière fonctionne bien avec d’autres appareils. On tente de trouver une autre batterie mais rien ne correspond à ce que nous cherchons. Les astropotes ont bien des batteries mais aucune n’a de prise 12V. Heureusement Ronan trouve la solution avec un adaptateur. Et nous pouvons enfin faire fonctionner le sèche-cheveux et retrouver une vision nette du ciel profond. Je range mes jumelles qui dégoulinent littéralement.

Le café chaud est bienvenu ainsi que les meringues poudrées lyonnaises, ramenées par Sandrine lors d’un déplacement professionnel. Discussions, rigolades, observation, test de filtres, comparaison de grossissement, bref, encore une heure d’avalée.

A 23h30, il faut encore faire fonctionner le sèche-cheveux. Les voiles nuageux se déplacent au gré des vents d’altitudes. Cela devient difficile de maintenir les oculaires bien nets. Même conservés dans les poches, dès qu’ils sont à l’air libre, la buée s’y colle. Au dobson de Sandrine, mieux protégé de la buée par un tube plein, et dont le miroir a été lavé la semaine précédente, nous retournons sur Jupiter et profitons de la stabilité du ciel pour y chercher de petits détails comme les ovales blancs. La Grande Tache Rouge est déjà sur le limbe et donc invisible. On observe aussi M35, l’amas d’étoiles de la boucle de chaussure. Là on voit bien les deux boucles, qui sont moins évidentes en photo. Puis on tente d’aller sur la nébuleuse du Cœur pour voir le fameux « chien courant » de ma dernière photo partagée. Malheureusement, malgré des oculaires grands champs et des essais avec les filtres, on arrive à peine à voir la nébuleuse. Il faudra absolument retenter cette observation en mars quand on sera dans le ciel noir landais.  

 

0h30, il est temps de ranger. Le secondaire s’est à nouveau embué et la fatigue se fait sentir. Tout est trempe. On range le dobson de Denis et la table de réconfort. On déballera tout quand il fera jour pour le séchage. Nous allons voir nos amis encore en activité pour les saluer. La plupart ont déjà rangé et sont partis.

C’est à 1h que nous quittons le site laissant Jean-Pierre et Ronan finirent tranquillement leur soirée. Nous avons encore en tête cette incroyable observation d’un lancement de missile et cette rencontre africaine en terre girondine avec une représentante de l’Association Ivoirienne d’Astronomie et son amie.

 

Les soirées d’observation astronomique au Mémorial de la Ferme de Richemont à Saucats (33) ne se ressemblent vraiment pas… c’est ce qui en fait le charme au final ! :wub:

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Et voilà les chasseurs qui repartent broucouille et les astronomes amateurs ivoiriens y voient pas rien.

Merci pour ce CROA !

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