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Posté (modifié)

Salut tous,

 

8 juin 2004

 

Vingt ans déjà !

 

A l'occasion de cet anniversaire, petit retour en arrière sur un phénomène astronomique rarissime, d'ampleur considérable, tant au niveau de l'impact qu'il a eu sur l'évolution de notre science, que relativement à sa popularité au cours des derniers siècles, non seulement auprès des professionnels de l'astronomie et des amateurs concernés, mais de la population en général.

Les livres, films et BDs consacrés au sujet sont encore nombreux, et on a été jusqu'à  jouer une opérette en son honneur, en 1874 à Paris, pendant toute une saison.

 

 

 

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Je vous propose de revivre cette aventure avec, dans un premier temps, un volet historique, celui des aventures des astronomes français partis à la conquête de Vénus autour du monde en 1761. Faut-il présenter encore les célébrissimes Le Gentil de la Galaisière, Pingré et Chappe d'Auteroche ?

 

A la suite de quoi, nous pourrons faire une grande place aux souvenirs de ceux qui eu la chance d'observer le phénomène en 2004 ... Récits, images, vidéos ...

Tout est permis 😉 A vous de jouer !

 

 

***

 

6 JUIN 1761

 

LA FLEUR DE LYS, A LA POURSUITE DE VÉNUS ...

 

 

 

Où l'on envisage l'incommensurable grandeur de l'univers, en mesurant la seule parallaxe de Vénus, à l'occasion du rare passage de la planète devant le Soleil.

 

(Textes et illustrations initialement parus dans : Les Passages de Vénus, Éditions Vuibert, 2004.)

 

 

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Il faut se projeter, pour un temps, à la fin du XVIIIième siècle. L'on sortait d'une période d'obscurantisme pendant laquelle il avait été difficile aux hommes de science et de bonne volonté de faire valoir jusqu'à la plus simple logique, en tant que vérité scientifique. Des astronomes avaient été condamnés, et parfois même torturés, suppliciés, immolés, pour avoir osé énoncer la pluralité possible des Mondes. Pour avoir signifié que la Terre n'était pas au centre de l'univers, que le Soleil n'était qu'une étoile parmi une infinité d'autres, que la Lune et les planètes n'étaient pas des astres parfaits, mais des astres pourvus de cratères ou de taches.

La distance moyenne de la Lune était connue depuis l'Antiquité avec une précision assez confondante, eu égard aux moyens dérisoires mis en œuvre pour y parvenir : un bâton planté dans le sol pour tout instrument de mesure.

L'éloignement du Soleil à la Terre, toutefois, résistait. Était-il de l'ordre de quelques distances Terre-Lune, comme le soutenaient certains ? Ou se comptait-il plutôt en millions de lieues, comme le pensaient d'autres ?

On manquait de points de repères. Sur Terre, le voyageur évalue assez facilement les distances du simple coup d'oeil. La parallaxe, vous savez ? Cette géométrie de base dont tout le monde applique les principes, en chaque instants de son existence, pour se mouvoir dans l'espace, ou se saisir d'un objet disposé à bout de bras sur une étagère, sans même en avoir conscience. Mais appliquée aux distances pratiquement infinies du système solaire … la parallaxe … une gageure.

Mesurer la parallaxe de planète Vénus, eut permis de mesurer en une seule fois, et la distance du Soleil à la Terre, et la distance rapportée au Soleil de toutes les planètes du système solaire, à raison des lois de Kepler, puis de dimensionner peut-être, avec juste une petite dose d'audace supplémentaire – qui sait ? -, une fois pour toutes, la distance des étoiles.

Le Graal de l'astronome.

 

 

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En ce temps-là, Paris était à la campagne. L'électricité et les becs de gaz n'existaient que dans les rêves les plus fous de quelques savants physiciens illuminés. La nuit parisienne était noire comme l'intérieur d'un four, le ciel était sombre et cristallin, et les étoiles scintillantes. Comètes, nébulosités et faibles amas d'étoiles se laissaient découvrir et observer sans vergogne ; en un mot comme en cent, on étudiait le ciel profond et l'on faisait de l'astronomie de pointe depuis le centre même de la capitale. Les observatoires et les astronomes parisiens rayonnaient dans l'Europe entière, tandis que les Académies et les sociétés savantes françaises étaient enviées et copiées un peu partout.

 

 

PROLOGUE - LA MAPPEMONDE DE DELISLE

 

En 1760, tandis que Charles Messier, disciple prometteur, accumulait les travaux d'importance dans le ciel de Paris depuis l'Hotel de Cluny, le doyen Delisle (1688-1768) portait allégrement ses soixante-douze étés, goûtant sur le tard à un bien délicieux regain de notoriété. Parvenu en astronomie avec le siècle débutant, fils de l'historien et géographe Claude Delisle et frère de Guillaume, Premier Géographe du Roi, Joseph Nicolas Delisle, l'astronome, avait été admis à l'Académie des Sciences en 1716 et avait connu son heure de gloire en 1725, lorsque le Tsar de toutes les Russies, Pierre le Grand, alors en visite à Paris, lui avait fait l'honneur de lui proposer de s'expatrier un moment sur les bords de la Neva, afin d'y fonder un observatoire et une école d'astronomie à Saint Petersburg.

 

 

 

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Parti pour quelques années seulement, Delisle apprécia tant l'hospitalité russe qu'il y demeura durant vingt-deux ans, accomplissant ce pour quoi il avait été engagé, et poussant la délicatesse jusqu'à prendre en charge la responsabilité d'un ambitieux projet de cartographie et de reconnaissance de l'incommensurable territoire impérial. L'Atlas russicus, ouvrage collectif rédigé notamment avec l'aide du Suisse Euler et du Danois Bering, parut en 1745 ; après quoi Delisle jugea opportun de rentrer en France. De retour en 1747, le grand géographe de toutes les Russies fut, dans le sillage d'un Gassendi, nommé professeur de mathématiques au Collège de France ; on lui donna également le titre d'Astronome de la Marine et la charge d'un tout nouvel observatoire parisien, l'Observatoire de la Marine, sis en l'Hotel de Cluny. Le retour présumé de la comète étudiée par Halley l'occupa bien un temps, en 1758-59, mais ce fut en vain qu'il essaya d'en calculer la position dans le ciel ; l'astre fantomatique ne voulut pas se montrer, demeurant invisible dans l'oculaire de Messier, l'assistant bon à tout et à rien. Pire, la comète se laissa découvrir dans l'oculaire d'un autre quelque part en Prusse.

 

En 1724, Delisle avait effectué un court voyage en Angleterre, au cours duquel il avait rencontré le grand astronome anglais. La réputation de Halley avait bien évidemment traversé le Pas de Calais et sa requête de 1716 avait été agréablement entendue de ce coté ci de la Manche : il y aurait des académiciens pour observer le passage de Vénus en 1761, si tant est que l'on eût la patience d'attendre ce lointain futur. Le Français n'était pas complètement en accord avec l'opinion de l'Anglais, pourtant celui-ci fut si favorablement impressionné par Delisle qu'il lui confia une copie manuscrite de ses travaux et tables non encore parus.

 

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En particulier, Delisle pensait possible la détermination de la parallaxe solaire grâce à l'observations de l'un ou de l'autre des fréquents passages de Mercure devant le Soleil. Affirmation qu'il dût réfuter onze ans après la disparition de Halley, à la suite de l'observation du passage quasi central de 1753, qui ne permit pas de déterminer la grandeur espérée, malgré des observations nombreuses et soignées, préparées de longue date.

 

Infatigable calculateur, Delisle s'était remis au travail en dépit de l'échec cuisant de la comète. Armé des tables de Halley, son objectif fut alors de revoir entièrement les circonstances du passage de 1761. Car, bien que l'Anglais ait pressenti un mouvement de la ligne des noeuds de l'orbite vénusienne, Halley n'en avait pas tenu compte et avait entièrement basé ses hypothèses sur l'absence d'un tel mouvement ; or mouvement il y avait. La différence ne portait que sur de petits angles, à parler vrai, à l'échelle du système solaire, mais pour un observateur terrien, les circonstances du phénomène de 1761 seraient sensiblement différentes de celles décrites par l'Anglais. Et il convenait de préciser à quel point. En tout premier lieu, le passage de Vénus ne serait pas aussi central que celui calculé par Halley, la planète passant quelques 9' 30" au sud du centre du disque solaire, au lieu des 4' d'écart prévues par l'astronome ; la durée du passage s'en trouverait d'autant raccourcie, n'excédant pas 6h 35m au lieu des 8 heures calculées précédemment. Le premier contact aurait lieu sensiblement à l'horaire prévu, tandis que la fin du transit aurait lieu vers 8h 35m (1), et non aux environs de 9h 50m. Le milieu du passage serait visible au méridien, non depuis la baie du Bengale, mais plutôt depuis Sumatra ou le Royaume de Siam. En Ecosse et aux îles Shetland, le premier contact demeurerait invisible, le Soleil n'étant pas encore levé ; enfin, à Londres, le troisième contact se produirait à 8h 16m et non pas à 9h 37m ... Il fallait donc réviser la position des sites d'observation critiques avant de penser à disperser des astronomes aux quatre vents. Delisle traça donc une grande carte donnant l'ensemble des circonstances du passage de 1761 pour le monde entier, carte qu'il accompagna d'un mémoire sur l'observation du phénomène. Ces travaux furent présentés devant l'Académie des Sciences au printemps 1760, ce qui lança officiellement le début de la prestigieuse “ course à Vénus ”.

 

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Un point essentiel des réflexions de Delisle depuis des années, portait sur les données chiffrées que chacun des observateurs du phénomène devrait s'attacher à recueillir afin que la parallaxe du Soleil puisse être calculée. La méthode préconisée par Edmund Halley consistait à observer entièrement le transit depuis chacune des stations choisies et à déterminer à une ou deux secondes de temps près les instants des deuxièmes et troisièmes contacts ; la connaissance de la position géographique de l'observateur importait relativement peu, une précision commune étant suffisante, pour peu que la durée du transit pût être connue avec une bonne précision. Partant d'un raisonnement similaire, Delisle estima en fin de compte qu’il n'était pas utile d'observer le début et la fin du passage, mais qu'il serait nécessaire, judicieux et suffisant, de déterminer dans l'absolu l'instant de l'un ou de l'autre des contacts internes, pour peu que la position géographique de l'observateur fut très exactement connue. En effet, la durée du transit, ou ce qui revenait pratiquement au même, la longueur d'une corde tracée par la planète sur la surface du Soleil, ne dépendait que du lieu d'observation : que l'observateur occupât une position plus ou moins septentrionale sur Terre, et la durée du passage de Vénus raccourcissait ou s'allongeait en conséquence, la corde se déplaçant proportionnellement vers le sud ou vers le nord, relativement au centre du disque solaire, par simple effet de perspective - ou de parallaxe. Et Delisle de faire remarquer, fort habilement, que dans ces conditions, seule la différence de temps entre les instants des premiers ou des derniers contacts observés depuis deux lieux d'observation quelconques mais connus précisément caractérisait deux cordes vénusiennes différentes.

 

 

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Si la méthode de Halley était plus simple à mettre en oeuvre, elle supposait que chaque observateur fût stationné en un point de la surface terrestre où le passage de Vénus pût être observé entièrement dans de bonnes conditions, c'est à dire avec le Soleil suffisamment haut au dessus de l'horizon et avec un ciel également bleu d'un bout à l'autre du phénomène. A l'inverse, la méthode de Delisle était plus élégante sur le papier, mais elle requérait une précision extrême dans le relevé de la position géographique de l'observatoire et en particulier de la toujours délicate mesure de la longitude ; toutefois l'observateur pouvait mettre ses instruments en station dans n'importe quelle pâturage d'où il ne verrait que le début ou la fin du passage ou, ce qui revenait au même, il pouvait se permettre de rater l'observation de l'un des précieux contacts internes, au cas où le ciel ne lui serait pas clément, en un lieu où le passage serait vu en entier. Les conditions d'observation étant moins draconiennes qu'avec la méthode de Halley, les adeptes de Delisle avaient davantage de facilités pour trouver un site d'observation convenable à la surface du globe.

La querelle entre les tenants de la première méthode et les partisans de la seconde fit couler de considérables quantités d'encre et dura près de 150 ans, querelle de clocher qui ne s'éteignit qu'à la fin du dix-neuvième siècle, après que le transit de 1882 eût été observé et commenté, et que la fièvre des passages de Vénus fût retombée. Il fut dit que certains des quatre passages observés se prêtaient davantage à l'une plutôt qu'à l'autre des deux méthodes ... Mais que n'avait-on pas dit à propos de ces passages, sinon tout et le contraire de tout ? En fin de compte, que l'on eût ajouté crédit à la méthode de Halley ou que l'on n'eût juré que par celle de Delisle, cela eut bien peu de répercutions sur la détermination de la parallaxe solaire, car des effets autrement plus inattendus et subtils vinrent tempérer les ardeurs des théoriciens.

A l'aube du premier passage de Vénus depuis Horrocks (qui prédit et observa seul le passage de 1639), les deux méthodes avaient des avantages et, en hommes de sciences avertis et scrupuleux, la totalité des observateurs s'attachèrent à mesurer convenablement instants des contacts et positions géographiques, afin de satisfaire à toutes les exigences que les événements dicteraient.

 

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L'AFFAIRE DU SATELLITE DE VENUS

 

Delisle, entre-temps promu, dans les faits, grand coordonnateur du passage de 1761, avait envoyé sa mappemonde et ses recommandations à pratiquement tout ce que la France et l'Europe comptaient de sociétés astronomiques et de savants susceptibles de faire connaître le phénomène ou de l'observer. De l'Académie des Sciences à l'Observatoire de Paris, de la Hollande à l'Italie, de l'Angleterre à la Russie, plus personne désormais ne pouvait feindre d'ignorer que le lendemain du 6 juin 1761 débuterait une ère nouvelle, une ère où l'obscurité et l'ignorance n'auraient plus cours, une ère fabuleuse où l'on connaîtrait la distance du Soleil et des planètes, connaissance ultime susceptible de faire chavirer tout humaniste digne de ce nom. Le siècle des Lumières, enfin serait éclairé !

Que de phénomènes insoupçonnés et incroyables ne découvrirait-on pas à l'issue des observations ? Car déterminer la parallaxe solaire ne suffisait pas ; l'on prendrait tout ce qu'il y avait à prendre et à apprendre, à voir et à apercevoir, d'un si rare phénomène. L'observation des transits de Mercure avait montré la voie.

 

 

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Le 20 mai 1761, à peine plus de deux semaines avant le passage de Vénus, M. Baudouin, Conseiller du grand Conseil, vint à l'Académie Royale des Sciences lire son Mémoire sur la découverte du satellite de Vénus & sur les nouvelles observations qui viennent d'être faites à ce sujet (2) et exposer à une assistance certainement incrédule les travaux stupéfiants récemment effectués par lui-même et par M. Montagnex de Limoges.

 

Près d'un siècle auparavant, le 25 janvier 1672, observant Vénus à la lunette de 34 pieds, Jean Dominique Cassini (1625-1712), alors directeur de l'Observatoire de Paris, avait aperçu pendant un quart d'heure, tout à côté de la planète et juste avant l'arrivée du jour, une lumière informe qui semblait imiter la phase de Vénus et dont le diamètre apparent était égal à un quart de celui de la planète. Pareille observation fut renouvelée en 1686. Un demi-siècle après, le 3 novembre 1740, M. Short, astronome anglais de bonne réputation, avait fait une observation à peu près similaire à l'aide d'un télescope à réflexion de 16.5 pouces de focale. Avec un grossissement égal à 50 ou 60x, l'astronome avait aperçu une petite étoile fort proche de Vénus, plus précisément éloignée de 10' 20". Avec un grossissement à peu près égal à 200x, M. Short avait alors reconnu que l’astre montrait une phase identique à celle de Vénus. L'observation dura une heure environ, puis "la lumière du jour ou du crépuscule le lui ravit entièrement" (3).

Que l'objet aperçu fut une étoile ou un simple reflet dans l'instrument était le plus probable, car le satellite de Vénus s'était jusqu'alorsS montré pour le moins timide, échappant à la vigilance acérée et aux observations pointues de générations d'astronomes talentueux. Mais c'était à voir ...

 

"Depuis l'année 1686, où M. Cassini crut apercevoir un satellite près de Vénus, tous les astronomes l'ont cherché avec le plus grand soin ; mais excepté M. Short qui le vit en 1740 une seule fois, nous ne voyons que des soupçons & des efforts inutiles ; peu s'en faut même qu'on n'ait révoqué en doute ce que M. Cassini & M. Short en avoient dit.[...] Un astronome plus heureux, quoi qu'au fond de la province, vient de trouver ce que l'on avoit cherché si longtemps dans les observatoires les plus célèbres. Il a fait en quatre jours de temps trois observations du satellite de Vénus qui me suffiront pour déterminer sa révolution, sa distance & ses noeuds."

 

Ce 3 mai 1761 donc, M. Montagne observait Vénus depuis sa belle campagne, loin des remous de la capitale des sciences, à l'aide d'un grossissement égal à 40 ou 50x ; observation de routine.

 

"Cependant quelle fut sa surprise lorsque le 3 mai à 9 h 1/2 du soir, il aperçut avec une lunette de 9 pieds à 20' de distance de Vénus un petit croissant faible & situé de la même manière que celui de Vénus, son diamètre ayant le 1/4 de celui de la planète principale [...] La ligne menée de Vénus à ce satellite, faisoit au dessus de Vénus, avec sa verticale un angle d'environ 20° vers le midi. Cette première observation répétée plusieurs fois, laissoit encore M. Montagne dans le doute si ce n'était point une petite étoile." (4)

 

Le 4 mai, l'observation put être confirmée ; le présumé satellite se trouvait alors à 30" ou 1' de Vénus. Le lendemain, le temps était trop brumeux pour qu'aucune observation put être menée à bien, cependant, le 7 mai, le satellite put être observé et confirmé à nouveau, quoi que faible et dans une autre situation. Fort heureusement, les observations de M. Montagne étaient suffisantes pour que l'orbite du satellite pût être calculée, tâche à laquelle le très rusé M. Baudouin s'était attelé.

 

"Le satellite de Vénus n'est donc plus une chose équivoque ; je l'ai cherché à la vérité inutilement le 17 de ce mois, mais la lumière du crépuscule & celle de la Lune étoient plus que suffisantes pour m'empêcher de le voir. Le même inconvénient subsistera jusqu'à la fin de juillet prochain, temps auquel nous devons espérer de le retrouver, ou du moins redoubler encore nos efforts ; il pourra cependant se faire qu'on ne puisse de longtemps l'apercevoir, par des circonstances dont nous ignorons totalement la cause ; mais quand cela arriveroit ; il n'en sera pas moins constant qu'il existe, & nous aurons toujours l'espérance de l'observer, du moins dans le temps où il est visible & où l'on tombera nécessairement en y revenant plusieurs fois. C'est toujours beaucoup de savoir que ce satellite existe ; que son orbite est perpendiculaire à l'écliptique & la coupe au vingt deuxième degré de la Vierge ; qu'il tourne du nord au sud en 9 jours & 7 heures, & qu'il est éloigné de Vénus autant que la Lune l'est de la Terre, c'est à dire de 60 rayons ou 90 mille lieues."

 

Que l'existence du satellite de Vénus ait pu être certifiée aussi rapidement et dans des circonstances aussi délicates était une chose admirable qui tombait fort à propos à quelques jours de la conjonction inférieure de Vénus. Comme ne manquait pas de le faire remarquer M. Baudouin, il faudrait peut-être du temps avant que le temps n'autorise à nouveau pareille observation, à moins que.

 

"Monsieur Baudouin a su, d'une manière très astronomique & très savante, tirer parti du peu d'observations qu'on lui avoit fourni [...] et il annonce aux astronomes le passage du satellite sur le Soleil en même temps que Vénus le 6 juin 1761 quoique avec les restrictions convenant à un si petit nombre d'observations."

 

L'avenir dirait bientôt si les travaux de M. Baudouin susciteraient à jamais une curiosité tendre et respectueuse, bien qu'un rien amusée, ou si le savant rejoindrait le panthéon des astronomes inoubliables.

 

 

A L'ASSAUT DE PONDICHERY

 

Suivant les recommandations de Delisles, l'Académie des Sciences avait su très tôt tirer parti de la situation et obtenir les crédits nécessaires à l'envoi d'astronomes au bout du monde. Quatre expéditions au long cours avaient été financées officiellement et nombre d'observateurs moins ambitieux étaient soutenus, au moins moralement, dans leurs courtes pérégrinations européennes et privées. Pondichéry dans le golfe du Bengale, l'île de Rodrigue dans l'Océan Indien et la cité de Tobolsk en Sibérie centrale étaient les destinations les plus prestigieuses de trois voyageurs assurément téméraires (5). Vienne en Autriche serait celle, aisée, de César François Cassini de Thury (1714-1784), troisième du nom, ci devant en charge de l'Observatoire de Paris à l’époque.

L'ère n'était pas vraiment à l'aventure maritime ; outre les risques de naufrages et d'attaques de corsaires, ou de pirates, ceux qui partiraient dans les mers du sud devraient éviter des maladies aux noms plus poétiques les uns que les autres : fièvres et flux, scorbut, dysenterie, peste, choléra et typhus, ennui et cafard, mal du Pays ... Le tout sous le regard bienveillant du dieu Mars qui prélèverait peut-être sa moisson de vies humaines. Car il y avait la guerre aux colonies, la terrible guerre de Sept Ans, guerre mondiale avant la lettre, qui dressait une moitié de l'Europe contre l'autre. Certes il y avait eu des accords entre Anglais et Français pour favoriser les déplacements et les travaux des astronomes, et des laissez-passer officiels, promesses d'observations garanties, avaient même circulé entre les différents protagonistes de l'affaire. Mais chacun se défiait de l'autre ; en mer les conversations avaient toujours été à l'avantage de ceux qui avaient les canons qui portaient le plus loin. On lisait les laissez-passer seulement après avoir entendu parler la poudre.

 

 

 

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Guillaume Joseph Hyacinthe Jean-baptiste Le Gentil de la Galaisière (1725-1792) se faisait plus communément appeler Guillaume Le gentil, sans pour autant que sa fierté de jeune nobliau en prît ombrage. Né en plein coeur du Cotentin dans la bonne ville de Coutance, rien ne destinait ce jeune homme taciturne aux frasques nocturnes des observatoires parisiens. Ayant ambitionné de revêtir la soutane, il ne fut distrait de ce sacerdotal destin que grâce à l'habileté oratoire d'un Delisle, dont le jeune homme suivait les lectures astronomiques au Collège de France. Astronome dans l'âme, Le Gentil fut rapidement engagé comme assistant du Cassini de l'époque : Jacques (1677-1756), deuxième du nom, directeur de l'Observatoire de Paris à cette époque-là (directeurs de l'Observatoire de Paris, les Cassini le furent de père en fils pendant quatre générations) ; il fut ensuite élu à l'Académie des Sciences en 1753, à l'âge de 28 ans. Véritable observateur et découvreur d'étoiles, le ciel lui est redevable de quelques contributions fameuses parmi lesquelles la découverte de la petite galaxie que Messier catalogua ultérieurement sous le matricule M32, satellite de la soeur jumelle de la Voie Lactée, la galaxie d'Andromède. Les amas d'étoiles de la nébuleuse de la Lagune M8, de la nébuleuse de la Rosette NGC 2244, mais également M36 et M38 dans le Cocher, ainsi qu'IC 1396 dans Céphée furent également observés pour la première fois ou redécouverts par le Normand, qui non content de disposer d'une vision de nyctalope, entretenait également une plume fine et acérée, dont Halley fut la victime en 1756 dans un pamphlet demeuré célèbre chez les amateurs d'éclipses. L'Anglais avait un jour affirmé que la période du Saros équivalent à 18 ans et 11 jours (6), avait été découverte et utilisée dans l'antiquité par les Chaldéens pour prédire les éclipses ; Le Gentil avait démontré avec brio qu'une telle affirmation était plus qu'erronée.

 

 

Avant même que Delisle ne publie sa mappemonde, Le Gentil s'était proposé pour aller observer le passage de Vénus depuis Pondichéry. La ville, alors possession de la Fleur de Lys et comptoir commercial, était située à environ 150 km au sud de Madras sur la côte est de l'Inde, dans le golfe du Bengale, sur une côte au nom doux et romantique, évocateur d'odorantes épices et d'aventures sans fin : la côte de Coromandel.

La proposition de Le Gentil fut rapidement acceptée et, plus de quatorze mois avant le phénomène, l'astronome, alors âgé de 35 ans, embarqua avec ses malles et instruments un beau matin de mars 1760, à L'Orient, sur le Berryer, fier vaisseau de guerre de sa Majesté, 50 canons à bord.

 

 

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"Nous mimes à la voile le 26 mars dernier à 6 heures & demie du soir ; à neuf heures nous avions doublé tous les dangers & nous étions entrés dans la grande mer, ayant tout le reste de la nuit pour nous dérober à la vigilance de la Flotte ennemie, qui au nombre de plus de cinquante voiles, faisoit sa station aux environs de Quiberon & de Belle-Île : en conséquence nous portames le plus à l’Ouest qu’il nous fut possible ; nous avions un bon vent frais du Nord-est, mais nous nous aperçumes bientôt que le vaisseau ne portoit point la voile, & nous pensames en faire la triste expérience le 27 à quatre heures du matin. Le temps s'étoit mis à grains accompagnés de grêle ; il nous en vint un qui nous surpris toutes voiles hautes : le Vaisseau se coucha si fort sur bâbord, que nous crumes qu'il alloit sombrer. J'étois si malade du mal de mer, que j'avois la plus grande indifférence pour la vie ; la crainte où j'étois d'être malade pendant tout le voyage, comme il arrive à quelques personnes, ne me faisoit regarder la mort que comme un soulagement au mal que j'endurois." (7)

 

 

Le Gentil n'avait certes pas le pied marin, mais une première nuit passée à bord eut pu se dérouler plus calmement. Déjà il avait fallu essuyer un terrible coup de vent et défier la Faucheuse. Quatre sombres vaisseaux anglais qui faisaient le blocus au large furent ensuite aperçus ; "la partie n’étoit pas égale", mais le ciel se troubla fort opportunément et la nuit vint, "deux circonstances bien favorables dont nous sumes profiter & qui nous tirèrent d’embarras".

 

 

 

 

 

Le lendemain fut une journée de navigation bien plus tranquille ; le 3 avril à midi, le Berryer passait à plus de 200 lieues au large de Gibraltar et le 7, il était aux approches de l'archipel du Cap Vert. Le 6 mai, le navire avait atteint la latitude de l'île de Sainte Hélène, possession de la Couronne britannique, atterrages qui furent consciencieusement évités. Du premier au 11 juin, les conditions de navigation furent "effroyables", mais on doubla cependant le Cap de Bonne Espérance le 5, non sans quelques soucis avec la Royal Navy, qui eut l'outrecuidance d'envoyer ses chiens de guerre dans la voile du Français. Les fâcheux furent distancés de par la grâce d’un temps brumeux, mais la guerre se rappelait vivement aux bons souvenirs de tout un chacun à bord.

Le 14 juin, le navire abordait le large canal de Mozambique par le sud ; le lendemain, la longitude fut mesurée à 35° 43' 43" est. A la mi-juillet, après avoir contourné Madagascar par le sud et après trois mois et demi de mer, Le Berryer arrivait enfin à l'île de France (8). Restait à traverser l'Océan Indien dans sa plus grande dimension, distance considérable au bas mot.

Les nouvelles n'étaient cependant pas les meilleures que Le Gentil eut envie d'entendre à ce moment précis de son voyage : "En arrivant à l’isle de France, j’appris que la guerre étoit très vive dans l’Inde, & que j’aurois beaucoup de peine à y parvenir. De plus, il ne s’offrit point d’occasion d’y aller, quoiqu’on fut au milieu de la saison."

Pondichéry était assiégée par les Anglais, mais la place tenait. Les rares liaisons avec le comptoir étaient toutefois interrompues jusqu'à plus ample informé. Il n'y avait rien d'autre à faire que d'attendre des jours meilleurs, que d'attendre que l'Anglais voulût bien retirer ses navires et rendre Pondichéry à la Couronne de France, et à sa torpeur coutumière. Au surplus, le passage de Vénus n'aurait lieu que onze mois plus tard et l’astronome avait encore du temps devant lui.

En février 1761 toutefois, après huit mois d'atermoiements, d'hypothèses folles et de vains espoirs, la situation était toujours pareillement bloquée, et aucune avancée n'était à prévoir. La patience du savant s'étiolait, ainsi que sa santé. Depuis des semaines en effet, Le Gentil était victime du flux et des caprices du destin.

 

 

"Ce que vous me dites, Monsieur, dans votre lettre du mois d'octobre, ne peut calmer mes inquiétudes ; la fin de l'année s'est passée ici en projets chimériques de voyages dans l'Inde, sans aucun effet : j'ai jeté les yeux sur Batavia, j'en ai parlé à M. Desforges (9) ; il me dit pour toute réponse qu'il y penseroit ; qu'il attendoit un Vaisseau qu'il y avoit envoyé, & qu'il pourroit bien l'y renvoyer une seconde fois. Ce Vaisseau, comme vous le savez, est le Ruby ; il arriva le 30 octobre chargé de riz, de sucre, &c. J'ai fait connaissance avec le Capitaine, M. Desblotières, il m'a beaucoup parlé de vous Monsieur ; vous êtes même parens assez proches, à ce qu'il m'a dit. Cet Officier me paroît excellent Marin ; il est fort instruit d'ailleurs : il eut bien désiré retourner encore à Batavia ; il m'avoit promis tous les agrémens possibles ; de plus, instruit comme il me le paroît, ses secours ne m'eussent pas été inutiles pour mon observation : j'en ai parlé encore à M. notre gouverneur ; il a fort goûté le projet ; je ne sais ce qui l'a fait échouer, mais j'ai été forcé d'y renoncer. Pour surcroît de peine j’ai été malade à la mort d’une dyssenterie la plus opiniâtre du monde, dont j’ai bien de la peine à revenir ; je crois que le chagrin & l’inquiétude y ont eu beaucoup de part : mais je commence à prendre mon parti depuis que j'ai pensé à me porter au moins jusqu'à Rodrigues (10) ; & si d'ici à deux mois je ne trouve pas d’autre débouché, je suis résolu d'aller attaquer cette île à bout de bordée sur le Volant. [...] Je me suis occupé dans les intervalles de repos que me laissoient les douleurs aigües dont ma maladie étoit accompagnée, à calculer pour Rodrigues le passage de Vénus sur le Soleil, sur les mêmes principes qui m'ont servi à calculer le passage pour Paris ; j'ai trouvé qu'au moment de l'entrée de Vénus, le centre du Soleil seroit élevé sur l'horizon de Rodrigues de près de deux degrés.

Le calcul de M. de la Lande fondé sur des principes un peu différens, me donne à la vérité plus d'espérance, car cet Académicien a trouvé près de huit degrés. (11) [...]

Une autre cause rend encore fort incertain & fort douteux à Rodrigues, l'instant de l'entrée de Vénus : vous savez bien mieux que moi, Monsieur, que dans les parages de vos isles les mois de Juin, Juillet & Août sont le temps des grandes brises du Sud à l'est Sud est, lesquelles sont rarement accompagnées, de jour, d'un ciel clair & serein, & qu'il est presque toujours certain qu'on ne verra pas paroître le Soleil à son lever ; & qu'on ne l'aperçoit le plus souvent que lorsqu'il est déjà fort élevé, parce que ces grandes brises rendent l'horizon constamment embrumé ou bordé de nuages à plusieurs degrés au dessus. Tels sont, Monsieur, mes doutes sur l'île Rodrigues pour y observer l'entrée de Vénus ; au surplus, il y a toute apparence que je m'y transporterai à tout événement, car me voilà au 6 février sans espérance d'autres ressources que celle-là." (12)

 

Mais le destin qui est souvent farceur, aime à se moquer des humbles mortels et surtout des astronomes désespérés : les retournements de situation existent, ainsi que Le Gentil put le constater le 19 février. La Subtile, frégate de la Royale, était arrivée ce jour là avec de bien délicieuses nouvelles pour l'Académicien : on envoyait un corps expéditionnaire renforcer Pondichéry !

 

"La frégate la Sylphide, dont vous connoissez la supériorité de la marche, sur tout ce que nous avons de vaisseaux dans ces mers, eut, à l'arrivée de la Subtile, ordre de se préparer à sortir : nous n'étions qu'au 20 février ; j'avois donc trois grands mois devant moi pour me rendre à la côte de Coromandel, & pour m'y préparer ; tous les lieux m'étoient égaux ; & il y en avoit beaucoup de neutres entre lesquels je pouvois choisir, en cas que Pondichery fut bloqué par l'ennemi." (13)

 

La Sylphide, appareilla finalement le 11 mars, mais au grand déplaisir de Le Gentil, elle prit d’abord la direction de l'île Bourbon, direction opposée à celle qui eut enfin amené l'astronome à destination. Madagascar, puis Socotra furent ensuite croisées en chemin ; Le Gentil était au comble du désespoir, car tout ce temps perdu à louvoyer au lieu d'adopter un cap efficace se paierait forcément un jour. Le 3 mai, l'on prit encore la journée pour chasser un vaisseau qui, sur la foi des matelots, marchait rudement bien. Le navire, le Faymakay, ne fut finalement arraisonné que le lendemain. C'était un vaisseau maure transportant des marchandises et quelques personnalités de la Compagnie de France aux Indes Orientales avec passeports en règle ; autre journée perdue.

Le ciel était hélas peu souvent clément : c'était la saison des moussons, et l'on essuyait de fréquents et violents orages "avec tonnerre & grandes pluies".

Le 22 mai enfin, guidé par les pilotes "confisqués au vaisseau maure", l'on tourna bravement la proue en direction de Mahé aux Indes, autre comptoir français, hélas situé sur la côte de Malabar, loin de Coromandel et de ses promesses.

 

"Le 24 au point du jour, nous nous trouvâmes à 2 lieues environ des forts de Talichery, de Mahé & de Moélan, où nous aperçumes pavillon Anglois, ce qui nous instruisoit assez : nous mimes pavillons Portugais & tirames plusieurs coups de canon en diminuant en même temps de voiles. Nous aperçûmes deux Tonnes (espèces de longues Pirogues) qui se rendirent à notre bord avec chacune une lettre des commandans des forts de Talichery & de Mahé qui nous offroient, tant au nom de leur Nation qu'au leur, tous les secours dont nous pourrions avoir besoin ; mais nous n'en profitames point. Nous tirames des Indiens les éclaircissemens qu'ils furent en état de nous donner, & qui furent fort peu de choses si on excepte la confirmation de la prise de Pondichéry & de Mahé ; ils nous confirmèrent encore le propos du pilote Maure en nous conseillant de gagner le large, ce que nous fîmes en les renvoyant vers les dix heures. Nous avions pour l'heure une foible brise de terre : on prit donc la résolution de regagner l'isle de France ; nous mimes au Sud-ouest en forçant les voiles."

 

Le 29 mai enfin, une semaine seulement avant la date fatidique, la Sylphide passa au large de Galle, colonie hollandaise de la pointe sud de l'île de Ceylan, dernier espoir de terre ferme avant des semaines de navigation, dernier espoir de retour triomphant pour Le Gentil.

 

"La Tonne nous remit une lettre sous deux versions (Hollandoise & Latine) ; nous comprimes par la seconde, qui ne nous faisoit point d'offres comme avoient fait Mahé & Talichery ...", que les dés étaient jetés : il n'y aurait pas de compte-rendu d'observation du passage de Vénus signé Le Gentil de la Galaisière dans les annales de l'Académie des Sciences. Les autorités de Galle offrirent cependant pour la suite du voyage "beaucoup de voeux au ciel".

La belle affaire !

Le ciel justement : il fut parfait les 2 et 3 juin, et médiocre le 4. Le lendemain, 5 juin, la mer était belle ; seule demeurait "une houle de sud-ouest et un clapotage très sensible". Le 6 juin enfin, jour du tant attendu passage de Vénus, le temps fut fort beau le matin, tandis qu'en milieu de journée il y eut "des grains du sud-quart-sud-est mais très foible" jusqu'à deux heures, avant que le ciel "commença de s'éclaircir".

 

 

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"J'étois arrivé à l'époque du passage de Vénus par devant le Soleil, époque mémorable pour moi, comme vous le voyez, par les malheurs & les contre-temps que je viens de vous raconter que j'ai essuyés depuis que je vous ai quitté, & dont encore je ne vous envoie qu'un très court extrait ; cependant, Monsieur, pour ne pas rester oisif à bord pendant que tous les astronomes étoient attentifs à cette observation, je la fis le moins mal qu'il me fut possible, & je vous l'envoie telle qu'elle est. Pour observer l'entrée de Vénus, je me servis d'un objectif de quinze pieds de foyer très-excellent, attaché à un tuyau de quatre règles de sapin que j'avois fait faire assez solide sans être trop pesantes.

Pour le fixer, je fis dresser à bâbord, sur le gaillard d'arrière, un petit mat avec une drisse.

Je vis qu'il étoit inutile de chercher à observer le premier moment de l'entrée de Vénus, parce que je ne manquerois pas de me fatiguer, & que je courrois risque de ne pas observer l'immersion totale : en effet j'eus assez de peine à fixer le Soleil à cause du mouvement continuel du vaisseau.

Lorsque Vénus fut à moitié entrée, ou à peu près, sur le disque du Soleil, ce que je reconnus avec mon quartier de réflexion, je m'attachai pour ainsi dire à la lunette de quinze pieds pour tâcher de saisir le moment de l'entrée totale s'il m'étoit possible.

Comme ma montre n'est pas des meilleures, & que je ne pouvois pas prendre de hauteurs du Soleil précisément dans le moment que Vénus me paroîtroit tout à fait entrée, j'imaginai de me servir de l'horloge de sable avec laquelle on mesuroit le chemin du Vaisseau, & j'avois à coté de moi une personne très au fait de tourner cette horloge dans un instant, de façon qu'il ne fut pas possible d'avoir plus d'un quart de seconde d'erreur à chaque fois.

Lorsque je crus que Vénus étoit tout à fait entrée, je fis tourner promptement l'horloge, & je me préparai à prendre une hauteur du Soleil avec mon quartier de réflexion.

L'horloge finissant pour la 2ieme fois, je trouvai le bord supérieur du Soleil de 31° 29' 45".

Je répétai cette observation en continuant de faire tourner l'horloge jusqu'à huit fois pour servir de vérification.

L'horloge finissant pour la 4ieme fois, hauteur du Soleil 31° 45' 0".

L'horloge finissant pour la 6ieme fois, 32° 0' 30".

L'horloge finissant pour la 8ieme fois, 32° 16' 30".

A 11 heures 10 minutes, de ma montre je mesurai la distance du centre de Vénus au bord du Soleil le plus près de cette planète, avec ma lunette de trois pieds, garnie de son objectif vert & de son micromètre : je jugeai cette distance de trois cent soixante quinze parties environ, qui valent 7' 44" 10"'.

A midi, je trouvai la hauteur du bord supérieur du Soleil de 61° 53' 10" vers le nord.

D'où je conclus la latitude de 5° 44' 39' méridionale.

Nous étions selon notre estime à 87° 14' 0" à l'Est de Paris. Le temps s'étant couvert ensuite, comme nous l'avons dit, & la pluie s'étant déclarée, je ne crus pas qu'il seroit possible de voir la sortie de Vénus ; en conséquence je ne fis point changer mon mât de bord comme j'aurois du le faire, parce que nous avions viré de bord à onze heure & demie.

A deux heures il parût de légers éclaircis, & peu de temps après le temps se nettoya au point de voir Vénus très distinctement avec mon objectif vert, sans le secours d'aucun autre verre coloré, & je ne fus point gêné.

A 2h11' de ma montre, le bord de Vénus me parut encore éloigné d'un de ses diamètres de celui du Soleil.

A 2h19' de ma montre, Vénus étoit éloignée des bords du Soleil, de la moitié de son diamètre.

A 2h27' de la montre, Vénus me parut toucher le bord du Soleil ; dans ce moment on a tourné l'horloge de sable, & on continua de la tourner jusqu'à la fin de l'observation.

A 2h42' de la montre, Vénus étoit presque sortie.

A 2h43' de la montre, Vénus me parut sortie ; l'horloge de sable finissoit alors pour la 28e fois, mais on continua de la faire aller.

A 2h44' 1/2 de la montre, on avoit tourné l'horloge pour la 31e fois.

[...]

Il résulte de ces observations que

l'entrée totale de Vénus sur le Soleil, s'est faite à 8h 27' 56" 1/2.

Le commencement de la sortie à 2h 22' 53 et la sortie totale à 2h 38' 52" 1/4.

Ce qui donne la durée de 6h 10' 55" 3/4

et le temps que le diamètre a mis à sortir de 15' 59."

 

Le Gentil n'avait pas obtenu les instants absolus du passage de Vénus, mais il avait tout de même vu l'ombre de la belle s'offrir à ses regards concupiscents. C'était décidé, il ne rentrerait pas en France consommer son échec ; il resterait pour attendre le prochain passage, qui aurait lieu dans ces lointaines mers de l'Inde, encore, quelques huit années plus tard.

 

 

 

NOTES :

 

1 - Donnée géocentrique.

 

2 - De Guemadeuc Baudouin ; Mémoire sur la découverte du satellite de Vénus & sur les nouvelles observations qui viennent d'être faites à ce sujet ; Desaint & Saillant, Libraires, Paris, MDCCLXI.

 

3 - Cette observation avait eu lieu à l'aube, car Vénus était alors à l'élongation ouest maximale. Très curieusement, si l'on vérifie la position de Vénus ce matin là pour un observateur situé à Londres, l'on trouve une étoile relativement brillante (magnitude 8.3) à la position indiquée par Short, une heure et demi avant le lever du Soleil, c'est à dire à 10' de la planète.

 

4 - Il y avait bien une étoile relativement brillante à proximité de Vénus ce soir là (magnitude 6.3), mais elle n'était éloignée que de 14' de la planète et située dans une direction nettement opposée à celle indiquée par M. Montagne. Les circonstances des 4 et 7 mai ne correspondent pas davantage avec les observations de M. Montagne.

 

5 - Le rendez-vous de Vénus, excellent roman de Jean-Pierre Luminet, s'attache à décrire les péripéties des astronomes français partis au bout du monde dans le but d'observer les passages de Vénus de 1761 et 1769. Editions Jean-Claude Lattès, 1999. Réédité en édition de poche.

 

6 - Période après laquelle les éclipses se reproduisent quasiment à l'identiques à la surface de la Terre.

 

7 - Le Gentil de la Galaisière Guillaume Joseph Hyacinthe Jean-baptiste ; Première lettre à M. de la Nux, correspondant de l'Académie Royale des Sciences à Bourbon. 15 septembre 1760.

Contenue dans :

Voyage dans les mers de l'Inde, fait par ordre du Roi, à l'occasion du passage de Vénus, sur le disque du Soleil, le 6 juin 1761 & le 3 du même mois 1769 par M. Le Gentil, de l’Académie Royale des Sciences. Imprimé par ordre de sa Majesté. Deux volumes, Paris 1779 et 1781.

 

Jean Baptiste François de La Nux était astronome et scientifique amateur ; haut responsable à l'île Bourbon.

 

8 - L'île Maurice (Mauritius), autrefois possession française, devenue ensuite anglaise par le droit du plus fort en mer. Indépendante depuis 1968.

 

9 - Monsieur Desforges-Boucher était le gouverneur de l'île de France.

 

10 - Rodrigue est située 560 km à l'est de l'île de France. A ce moment là, Le Gentil ne savait pas que cette île serait la destination de l'astronome Pingré : "J'étois bien éloigné de penser que M. Pingré se mettoit en route pour aller à la même isle".

Actuellement sous tutelle de Mauritius, l'île est parfois orthographiée Rodriguès ou Rodriguez ; Le Gentil l'écrivait Rodrigues, tandis que Pingré la nommait Rodrigue. C'est cette dernière terminologie que nous avons adopté.

 

11 - Le Gentil était dans le vrai. L'utilisation de l'informatique permet de vérifier qu'à Rodrigue le premier contact eut lieu alors que le Soleil était encore à près de 3° sous l'horizon ; le second contact eut lieu peu après le lever du jour, tandis que le Soleil était à 1.5° au dessus de l'horizon.

 

12 - Le Gentil de la Galaisière Guillaume Joseph Hyacinthe Jean-baptiste ; Seconde lettre à M. de la Nux ; 6 février 1771.

Contenue dans le Voyage dans les mers de l'Inde ...

 

13 - Cette citation et les suivantes :

Le Gentil de la Galaisière Guillaume Joseph Hyacinthe Jean-baptiste ; Troisième lettre à M. de la Nux ; 16 juillet 1761.

Contenue dans le Voyage dans les mers de l'Inde ...

 

 

 

 

 

 

 

 

A suivre ...

 

Le Chanoine de Rodrigues : Alexandre-Gui Pingré dans l'île Rodrigues

La Malédiction de Tobolsk : Jean Chappe d'Auteroche en Sibérie.

 

Ces aventures sont disponibles :

 

- soit en PDF, zone des fichiers en téléchargement,

- soit directement à cette adresse :

https://millimagjournal.wordpress.com/il-y-a-vingt-ans-le-passage-de-venus/

 

***

 

Le temps d'ouvrir le grenier et de rechercher trois quatre images, et je reviens avec les observations du passage de 2004.

 

A vous de jouer  😉

 

C

Modifié par chrismlt
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Bonjour

Eh bien, le temps passe! La seule fois de ma carrière où j'ai simulé la maladie pour ne pas aller bosser...

Je n'ai rien à ajouter à ce brillant exposé, juste un souvenir qui me hante encore...

La fameuse goutte noire, non visible sur les (trop?) belles images numériques.

J'ai observé ce phénomène en visuel avec mon C8 et la pellicule argentique a réussi à le capter. Bien sûr, on me dira que c'est dû à la turbulence ou à autre chose mais bon , cela me relie aux observations des siècles passés et ça c'est cool!

 

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46 secondes séparent ces 2 images agrandies, prises au moment du 3e contact.

Dominique

 

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Ce jour là je ne suis pas prêt de l'oublier:  c'est celui du repas entre collègues pour fêter mon départ vers une retraite (bien) méritée😄

Et il faisait beau. Dès potron minet  le département scientifique d'un grand lycée du sud-ouest avait déployé les instruments high-tech pour observer le phénomène

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Si on pouvait me téléporter 20 ans en arrière avec mon matériel d'aujourd'hui.....

Malgré tout on a vu des choses

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Sinon le repas qui a suivi s'est très bien passé 😀

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Le 04/06/2024 à 15:54, chrismlt a dit :

Salut tous,

 

8 juin 2004

 

Vingt ans déjà !


(...)

A vous de jouer  😉

 

C


Salut Mon Cher Christophe le Drômois,   :)

Merci d’avoir évoqué le passage de Vénus devant le disque du Soleil du mardi 8 juin 2004 et commencé un historique de l’observation de ces passages.


 

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Patrick Rocher, très brillant astronome à l’Observatoire de Paris, a établi un énorme travail en réalisant le CANON DES PASSAGES DE VÉNUS DEVANT LE SOLEIL pour 6 000 ans (entre 3000 avant l’ère chrétienne et 3000 de notre ère) en y recensant pas moins de 82 passages [ pour voir les dates et circonstances de chacun de ces 82 passages vénusien : https://vt2004.imcce.fr/CDs/CD-VT-histoire/passage/html_passage/CanonVenus.html ].

J’ignore si tu comptais la raconter plus tard dans ton brillant sujet, mais en tant que Cantalien d’adoption je regrette l’absence de l’histoire passionnante et tragique dans ton sujet de mon compatriote Cantalien, l’abbé-astronome Jean Chappe d’Hauteroche qui a pu observer avec une très grande précision les deux passages consécutifs du samedi 6 juin 1761 à Tobolsk en Sibérie et le suivant le dimanche 4 juin 1769 à San José del Cabo en Californie Mexicaine. Ce second passage lui fut hélas fatal, et il ne revit jamais sa Haute-Auvergne natale à cause de sa trop grande perfection à vouloir absolument calculer la longitude de la mission catholique où il avait observé ce second passage (et ceci à cause de l’éclipse totale de Lune du samedi 17 juin 1769. Résultat : ce brave abbé-astronome mourut du typhus à San José del Cabo (actuellement au Mexique) le mardi 1er août 1769 à l’âge de 41 ans seulement…   :cry:  :cry:   :cry:

 

 

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Je signale que la question du passage de Vénus du 4 juin 1769 observé par l’abbé Jean Chappe d’Hauteroche fit l’objet d’une énigme posée par ton modeste serviteur, énigme en 10 questions lors du super quizz des 33 000 messages du QAC de Webastrole dimanche soir 28 avril 2013 (il y a donc déjà 11 ans et demi, à l’époque, qui semble hélas aujourd’hui bien révolue, où le QAC était très fréquenté par de très nombreux webastrams) : https://www.webastro.net/forums/topic/57434-quizz-alternatif-convivial-les-origines/?do=findComment&comment=1589369 pour les 10 questions posées et https://www.webastro.net/forums/topic/57434-quizz-alternatif-convivial-les-origines/?do=findComment&comment=1589542 pour les 10 réponses.

Fort heureusement ces travaux d’observation de l’abbé-astronome furent sauvés par
l’ingénieur-géographe Pauly, un des rares rescapés français de l’expédition qui les remis à Jacques Cassini (dit Cassini III), le Directeur de l’Observatoire de Paris qui demanda à son fils Jean-Dominique Cassini (dit Cassini IV) de les publier dans un livre paru en 1772 sous le titre Voyage en Californie [ https://archive.org/details/cihm_34531/page/n5/mode/1up?view=theater ].

 

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Enfin, pour terminer je signale qu’en étudiant attentivement le CANON VÉNUSIEN de Patrick Rocher on repère deux “curiosités” :

• tout d’abord, l’existence de trois
passages partiels : le passage n°30 (du 23 mai -930), le passage n°36 (du 19 novembre -540), et enfin le passage n°80 (du 14 décembre 2854) ;

• ensuite, l’existence de
passages ratés (qui virent ou verront l’étoile du Berger passer en-dessus ou en-dessous du disque du Soleil), dans ces cas-là la règle des huit années séparant deux passages ne s’applique pas) ; dernier exemple avant 2004, le passage n°54 le 25 mai 1275 suivi tout à fait normalement huit ans plus tard du passage de Vénus le 23 mai 1283 (passage n° 55 du “Canon”). Normalement le passage suivant aurait dû avoir lieu 105 ans ½ après, donc le 26 novembre 1388. Or, ce jour-là s'il y eut bien une conjonction inférieure entre Vénus et le Soleil, le disque de Vénus passa au-dessus du bord Nord du Soleil. Plus précisément le Bord Sud de Vénus frôla à seulement 44,36" le bord Nord du Soleil pour un observateur géocentrique à 06h 35m 18s (Temps Universel) [données indiquées par l'excellent logiciel astronomique Guide 9 de l'américain Bill Gray]. En revanche, le passage suivant a bien eu lieu huit ans après ce passage raté : il y eut en effet un passage de Vénus le 23 novembre 1396 (passage n° 56 du "Canon"). Le passage suivant, donc le passage n°57 du “Canon”, a bien eu lieu normalement le 26 mai 1518, donc 121 ans ½ après celui du 23 novembre 1396.

Il y a donc eu une durée exceptionnellement très longue entre le passage n°55 et le passage n°56 : 121 années et demi !!!

Le Wikipédia francophone nous en fournit l’explication [ https://fr.wikipedia.org/wiki/Transit_de_V%C3%A9nus ] « Les transits [de Vénus] se répètent suivant une séquence de 243 ans avec une paire de transits séparés de 8 ans suivis d'un intervalle de 121,5 ans, une autre paire de transits séparés de 8 ans et un intervalle de 105,5 ans. Cette période de 243 ans provient du fait que 243 années sidérales (365,25636 jours, un peu plus que l'année tropique) fait 8 8757,3 jours et 395 années sidérales de Vénus (224,701 jours) fait 8 8757,9 jours. Ainsi, après cette période, Vénus et la Terre sont revenues quasiment aux mêmes positions sur leur orbite. Cette période correspond à 152 périodes synodiques de Vénus.

La séquence 105,5 / 8 / 121,5 / 8 n'est pas la seule possible dans la période de 243 ans à cause du léger décalage entre la conjonction et le passage à la ligne des nœuds. Avant 1518, il n'y avait que trois transits tous les 243 ans suivant la séquence 8 / 113,5 / 121,5, et les huit transits précédant celui de l'an 546 étaient espacés de 121,5 ans. La séquence actuelle continuera jusqu'en 2846 et sera alors remplacée par la séquence 105,5 / 129,5 / 8. Ainsi, la période de 243 ans est relativement stable mais le nombre de transits et leur espacement pendant cette période change au cours des âges. »

De son côté
Fred Espenak indique [ https://web.archive.org/web/20110624032202/http://eclipse.gsfc.nasa.gov/transit/catalog/VenusCatalog.html ] : « When a transit of Venus occurs, a second one often follows eight years later. This is because the orbital periods of Venus (224.701 days) and Earth (365.256 days) are in an 8 year (2922 days) resonance with each other. In other words, in the time it takes Earth to orbit the Sun eight times, Venus completes almost exactly thirteen revolutions about the Sun. As a result, Venus and Earth line up in the same positions with respect to the Sun. Actually, the two orbital periods are not quite commensurate with each other since Venus arrives at the eight year rendezvous about 22 hours earlier that Earth. By the third eight-year cycle, Venus arrives too early for a transit to occur.

The next transit season occurs either 105.5 years or 121.5 years later at the opposite node of Venus' orbit. Once again, a pair of transits will often occur separated by eight years. This recurrence pattern of 8 + 105.5 + 8 + 121.5 years can be seen repeating itself in the catalog of Venus transits. An example of the pattern can be seen in the transits of 1631, 1639, 1761, 1769, 1874, 1882, 2004 and 2012. Occasionally, one of the eight year "double-transits" may disappear from the catalog for several centuries because one of them is a near miss. For instance, note the “missing” transits of 1388, 1145, 0902, 0659, 0416, etc. »

Ce qui devrait signifier en français (d’après le traducteur automatique Google) : « Lorsqu’un transit de Vénus se produit, un second suit souvent huit ans plus tard. En effet, les périodes orbitales de Vénus (224,701 jours) et de la Terre (365,256 jours) sont en résonance l'une avec l'autre pendant 8 ans (2 922 jours). En d’autres termes, pendant le temps que met la Terre pour faire huit fois le tour du Soleil, Vénus effectue presque exactement treize révolutions autour du Soleil. En conséquence, Vénus et la Terre s’alignent dans les mêmes positions par rapport au Soleil. En fait, les deux périodes orbitales ne sont pas tout à fait proportionnées puisque Vénus arrive au rendez-vous de huit ans environ 22 heures plus tôt que la Terre. Au cours du troisième cycle de huit ans, Vénus arrive trop tôt pour qu’un transit ait lieu. La prochaine saison de transit a lieu soit 105,5 ans, soit 121,5 ans plus tard, au nœud opposé de l'orbite de Vénus. Encore une fois, deux transits se produiront souvent espacés de huit ans.


Ce schéma de récurrence de 8 + 105,5 + 8 + 121,5 ans peut être vu se répéter dans le catalogue des transits de Vénus. Un exemple de ce modèle peut être vu dans les transits de 1631, 1639, 1761, 1769, 1874, 1882, 2004 et 2012. Parfois, l'un des doubles transits de huit ans peut disparaître du catalogue pendant plusieurs siècles parce qu'un l'un d'entre eux est un quasi-accident. Par exemple, notez les transits “manquants” de 1388, 1145, 0902, 0659, 0416, etc. »


Désolé Mon Cher Mon Cher Christophe le Drômois d’avoir été si long, mais ton sujet me passionne beaucoup. Je te rends la plume d’oie pour ta narration de la suite de ton très intéressant sujet.   ;)

Roger le Cantalien.   :rolleyes:


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Il y a 5 heures, pejive a dit :

les instruments high-tech pour observer le phénomène

 

A l'époque j'étais aussi dans un lycée (région parisienne) et il me restait encore 3 ans avant la retraite...

J'avais installé mon bricolage high tech minimaliste dans la cour pour que les élèves puissent voir le phénomène en passant.

 

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Autre observation intéressante faite ce jour-là: l'arc atmosphérique de Vénus. Avant le 2e contact, j'ai nettement vu un arc lumineux entourant la partie de la planète encore à l'extérieur du disque solaire, quelque soit le grossissement utilisé. Cet arc était un peu plus épais d'un côté et de la même couleur que la surface solaire vue à travers le filtre. Pas de photo, juste un croquis... Lors de la sortie de la planète du disque solaire, je n'ai pas revu ce phénomène.

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Cordialement

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Il y a 4 heures, roger15 a dit :

Désolé Mon Cher Mon Cher Christophe le Drômois d’avoir été si long, mais ton sujet me passionne beaucoup. Je te rends la plume d’oie pour ta narration de la suite de ton très intéressant sujet.  

 

Pas de souci mon Roger, pas de souci.

Merci pour toutes les précisions.

 

En fait, coller l'équivalent de 40 pages d'un bouquin ou d'un pdf sur un forum, avec toutes les illustrations qui vont bien, ça relève au minimum de la gageure, sinon du masochisme. C'est pourquoi je n'ai pas infligé au lecteur potentiel toutes les aventures de notre bon Chappe d'Auteroche, ni celles de ce coquin de Pingré ici.

J'ai indiqué plus haut que c'était disponible en PDF dans la zone téléchargement du fofo.

Ou à cette adresse :

https://millimagjournal.wordpress.com/il-y-a-vingt-ans-le-passage-de-venus/

 

 

Il y a 3 heures, doumé80 a dit :

Autre observation intéressante faite ce jour-là: l'arc atmosphérique de Vénus. Avant le 2e contact, j'ai nettement vu un arc lumineux entourant la partie de la planète encore à l'extérieur du disque solaire, quelque soit le grossissement utilisé. Cet arc était un peu plus épais d'un côté et de la même couleur que la surface solaire vue à travers le filtre. Pas de photo, juste un croquis... Lors de la sortie de la planète du disque solaire, je n'ai pas revu ce phénomène.

 

 

C'est vraiment très intéressant ! J'ai quasiment les mêmes observations. J'ai retrouvé des dessins assez proches du tien. Je n'ai cependant pas réussi à faire sortir ça en imagerie. Sans doute que nos webcams 8 bit de l'époque n'étaient pas assez dynamiques. Je posterai tout ça ce ouikaine.

 

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Il y a 16 heures, Ygogo a dit :

 

 

Lomonosov est généralement crédité pour avoir découvert l'atmosphère de Vénus à l'occasion du transit de Vénus de 1761.

Néanmoins, il existe au moins une autre observation totalement indépendante de ladite, nettement moins connue, pour ne pas dire totalement inconnue, effectuée par l'amateur anglais Samuel Dunn, que j'aie extirpée du néant au cours de mes recherches sur le sujet, au début des années 2000. Cette observation est d'ailleurs beaucoup mieux établie et circonstanciée que celle de Lomonosov - on en jugera en comparant le papier ci-dessus, indiqué par Ygogo, au récit que je vous joins plus bas.

 

Bonne lecture.

C

 

***

 

LES OMBRES DE CHELSEA

Juin 1761

 

A Londres le transit avait débuté environ une heure et quarante minutes avant le lever du Soleil et devait se prolonger pendant encore quatre heures et demie. La sortie de Vénus devait avoir lieu tandis que le Soleil serait à près de quarante degrés au dessus de l'horizon.

 

 

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http://www.heardfamilyhistory.org.uk/Samuel Dunn.html

 

 

Ne rien laisser au hasard avait été le maître mot de Samuel Dunn, gentilhomme et astronome amateur de Chelsea, petit faubourg de l’ouest de Londres, situé dans un méandre de la Tamise. Désormais englobé dans la grande ville, et situé à quelques stations de métro de la City, Chelsea était à l’époque un havre de paix où Dunn était professeur de mathématiques. La passion dévorante qui avait réuni ce jour là, en une communion parfaite, des hommes aussi éloignés que Maskelyne, Bevis, Hornsby, Hirst, Birch, Pigot, Bliss, Mason, Dixon, Bradley, Short, Winthrop et tant d'autres observateurs anglais de par le monde, guidait Samuel Dunn, comme une luciole dans l'obscurité ramène le voyageur égaré. Dunn, correspondant régulier et compétent de la Royal Society, aurait certainement accepté le voyage de Vénus à l'autre bout de la Terre, mais l'occasion ne lui fut sans doute pas offerte. Théoricien et géographe émérite, Dunn avait publié plusieurs ouvrages d’un excellent niveau abordant l’astronomie, la cosmologie, l’art de la navigation et les mathématiques, ainsi que plusieurs cartes et atlas, dont un certain nombre consacrés au nouveau monde. Astronome éclairé, très au fait des techniques et observations de son temps, sensiblement mieux équipé que bon nombre de ses collègues amateurs de l'époque, Dunn prit le parti fort honorable de tenter - connaissant ses limites -, de tirer le meilleur de ses instruments et de son savoir-faire. Son rapport d'observation, meilleur et plus détaillé certainement que bon nombre de travaux professionnels, fut d'un exceptionnel niveau scientifique et eut l’honneur d’être lu en séance auprès des membres de la Royal Society le 5 novembre 1761 (1).

 

"Dès que je fus au courant que plusieurs mathématiciens partaient au loin, à l'étranger, pour observer le transit de Vénus devant le disque du Soleil, je me proposais d'observer le même à Chelsea, et de comparer mes observations aux plus précises d'entre-elles qui, je l'espérais, seraient faites à l'Observatoire Royal à Greenwich. En supposant que mon observation de Chelsea fut faite avec le même soin, et avec d'aussi bons instruments de mesures du temps que ceux qui seraient utilisés par les observateurs lointains, il pouvait être utile de comparer mes observations à celles faites au loin, là où les observateurs ont moins de facilités dans la détermination du temps qu'à l'Observatoire Royal."

 

Samuel Dunn se proposait donc de réaliser à l'identique les expérimentations que Maskelyne, Mason et Dixon allaient tenter à Sainte Hélène et à Sumatra. Noble but, idée lumineuse.

Un nouveau télescope de Newton à miroir de bronze de six pieds de focale et six pouces de diamètre fabriqué par M. Dollond (2), avec lequel "le révérend Maskelyne (qui est maintenant à Sainte Hélène) et moi-même avons plusieurs fois observé combien de temps les satellites de Jupiter demeurent sur le limbe en entrant devant le corps [de la planète]", un télescope de Gregory (3) de deux pieds, une pendule de précision et un quadrant Hadley constituaient l'essentiel de l'instrumentation du très "professionnel" M. Dunn.

 

 

 

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"Les tables quotidiennes de déclinaison du Soleil, d'équation du temps, etc., que j'utilise, sont celles de l'éphéméride de l'Abbé de la Caille ; et la latitude de mon site est 51° 29' 5" N et 41" de temps à l'ouest de l'Observatoire de Greenwich, entre le Physic-garden et le Chelsea Hospital".

 

Aucun chronométrage des instants du transit ne pouvant être envisagé sans un étalonnage rigoureux des instruments de mesure, l'ingénieux M. Dunn s'astreignit, comme tout digne observateur de transit, à relever les précieux temps de culmination du Soleil durant les mois et surtout les jours précédents le phénomène.

 

"Ces dernières observations, montrant un gain de l'horloge de 3" de temps par jour, me surprirent, étant contraires à mes prévisions ; car l'horloge ayant perdu deux ou trois secondes par jour en hiver, j'en conclus qu'elle perdrait plus au printemps et en été, de par l'allongement du pendule ; mais ce fut plutôt le contraire, et je n'en pus déterminer la cause.

Pour déterminer le diamètre de Vénus, et aussi la position et la distance des maculae (4) à Vénus, je fis construire un micromètre angulaire, comme celui qui a déjà été décrit à la Royal Society, mais avec cette addition originale [...] de deux fils d'argent parallèles au diamètre. [...] Ce micromètre fut placé dans l'oculaire d'un télescope grégorien de deux pieds, qui grossissait 55 fois, et dont le champ de vision était traversé par le Soleil en 118 secondes de temps.

J'avais deux oculaires pour le réflecteur newtonien de six pieds, dont l'un était de six dixièmes de pouce de focale et grossissait 110 fois, et l'autre de trois dixièmes de pouce de focale, grossissant 220 fois, soit quatre fois [le grossissement] du réflecteur grégorien. Je me proposais de faire confiance au plus grand de ces deux verres, ayant souvent expérimenté sa supériorité lors d'observations d'occultations de satellites de Jupiter et de maculae solaires.

L'idée que je m'étais faite du contact interne était que la planète toucherait le bord du Soleil en un instant comme deux gouttes de vif-argent se rencontrant sur une surface plane, et qu'en un instant, le contact noir apparaîtrait ; mais en cela je fus déçu, les particularités du phénomène étant comme suit, à savoir :

6 juin, matinée nuageuse, jusqu'à six heures environ, puis les nuages commencèrent à se dissiper, mais pas assez pour offrir une vision complète de Vénus sur le Soleil avant qu'il ne soit sept heures et demi passé, et que la planète ne soit venue plus près du limbe du Soleil que je ne le souhaitais pour un premier regard. [...]

Avec le réflecteur newtonien de six pieds et son grossissement de 110 fois, et aussi celui de 220 fois, j'examinais attentivement le disque du Soleil, pour découvrir un satellite de Vénus, mais je n'en vis aucun ; j'avais un verre sombre très clair devant l’oeil, et le limbe du Soleil apparut le plus parfaitement défini ; mais une très étroite pénombre larmoyante apparut autour de Vénus, qui rendit son limbe imparfaitement défini (cette pénombre ne put en aucune façon disparaître, bien que j'essayais de l'enlever en altérant la mise au point du télescope un grand nombre de fois) ; et à la distance d'environ un sixième du diamètre de Vénus à partir de son bord, se trouvait la partie la plus sombre de la phase de Vénus, à partir de laquelle une lumière imparfaite s'étendait et brillait aux environs du centre (ceci ne pouvait provenir d'aucune imperfection du télescope, car les maculae solaires apparurent nettement définies, ainsi que dans un réfracteur).

A 8h 16' de l'horloge, j'étais prêt à observer le contact interne ; et tandis que Vénus s'approchait du limbe du Soleil, la pénombre près du limbe de Vénus devint plus sombre, et menaça d'obscurcir le point de contact à l'instant où cela aurait lieu. [...]

Un diagramme représente l'approche de Vénus du limbe du Soleil pour chaque trois secondes de temps. Dans ce diagramme, les segments sombres représentent Vénus, et les lignes droites dessinées presque en contact avec eux représentent de petites parties du limbe du Soleil, vu au travers du verre sombre ; l'espace blanc intermédiaire représente le ciel. En mots, (pour chaque seconde de temps selon l'horloge) ainsi :

 

A 8h 16' 41" Pas de diminution de lumière entre le limbe de Vénus et celui du

Soleil.

 

8h 16' 42" Légère pénombre, ou diminution de la lumière, là où le contact se

ferait.

 

8h 16' 43" Pénombre d'une teinte grise, près du même endroit.

 

8h 16' 44" Pénombre presque brune, et le filet de lumière très étroit et presque

perdu.

 

8h 16' 45" Pénombre brune, et le filet de lumière dans le point de contact,

indistinct ou perdu.

 

8h 16' 46" Pénombre plus brune, et le contact le plus petit possible.

 

8h 16' 47" Pénombre presque noire, et le contact un peu plus large.

 

8h 16' 48" Un peu de noir dans le point de contact, et les bords un peu plus

larges.

 

8h 16' 49" Noir véritable dans le point de contact, et les bords un peu plus

larges.

 

8h 16' 50" et ensuite. Ici, j'en conclus que les observateurs diffèreraient dans leur

jugement à propos du moment du contact, par quelques secondes de

temps, ou que certains estimeraient le contact plus tôt que les autres.

 

De ces observations, je conclus que le filet de lumière dans le point de contact était si obscurci au point d'être indiscernable à 8h 16' 46", et que le noir véritable ne succéda pas au même point avant 3" supplémentaires, soit 8h 16' 49" ; et de ces deux propriétés, je conclus que le contact interne réel était à 8h 16' 47" selon l'horloge, c'est à dire 8h 16' 11" de temps égal, et 8h 18' 2" de temps apparent à Chelsea ; et 8h 18' 43" de temps apparent à Greenwich.

Tandis que Vénus était sur le limbe du Soleil, aucune autre pénombre que celle apparue auparavant sur le disque du Soleil, n'apparut entre le limbe de Vénus et le Soleil ; en conséquence, j'en conclus qu'il doit y avoir une atmosphère autours de Vénus, laquelle recevant une faible impression de lumière entre les limbes de Vénus et du Soleil, occasionna l'incertitude dans la détermination de l'instant exact du contact interne, ainsi que décrit ci dessus ; et parce que mon réflecteur newtonien montrait plus clairement les objets qu'un réflecteur grégorien habituel, je conclus que ces précédentes propriétés étaient de celles qu'aucun réflecteur de deux pieds n'était capable d'examiner, l'atmosphère étant si étroite.

(Comme le télescope de six pieds newtonien grossissait quatre fois plus que le télescope grégorien de deux pieds, et que la disparition du filet de lumière, depuis son dernier degré d'assombrissement à un vrai noir, fut d'environ 3 secondes de temps avec le télescope de six pieds, le temps pendant lequel le filet de lumière s'évanouissait depuis le dernier degré d'assombrissement à un vrai noir avec le réflecteur grégorien de deux pieds peut être supposé avoir été égal à 4 fois 3 = 12 secondes de temps ; et ainsi une erreur, ou plutôt une différence de prononciation et non de jugement, peut avoir eu lieu parmi les bons observateurs, dans le cas où certains ont estimé le contact par l'invisibilité du filet de lumière, et d'autres par une apparente noirceur dans le point de contact, ou, ce qui est la même chose, l'instant où la planète a fait la moindre indentation dans le limbe du Soleil, de même couleur que le ciel au travers d'un verre sombre. Ceci fut vérifié à l'aide d'un réflecteur grégorien de deux pieds, lors des contacts ci dessus mentionnés, et cela peut avoir occasionné de plus grandes différences dans l'estimation des contacts avec de plus petits télescopes, jusqu' à au moins une demi minute de temps.)

A 8h 35' de l'horloge, le contact externe était proche et non encombré d'une telle pénombre, ou lumière partielle, ainsi que le contact interne avait été. A 8h 35' 4", la dernière dent possible, assez noire, apparut dans le limbe du Soleil. Et à 8h 35' 6", le limbe fut restauré dans sa forme parfaite, un petit tremblement de lumière eut lieu durant ces deux secondes de temps entre le bord étroit et larmoyant de Vénus et le point de contact avec le limbe du Soleil s'évanouissant. De cela, le contact externe à Chelsea eut lieu à 8h 34' 30" de temps égal, et 8h 36' 21" de temps apparent ; ce qui fait 8h 37' 2" de temps apparent à Greenwich.

Des circonstances précédentes, il m'apparut que le contact externe fut plus facile à déterminer que le contact interne, ce qui était contraire à ce que j'avais escompté auparavant ; et puisque le point de contact a du apparaître, dans un télescope tel que celui avec lequel j'observais, de sa vrai couleur, sombre ou noire, plus vite que dans un instrument de plus faible grossissement à lumière égale, je conclus que, au travers de mon télescope le contact interne fut visible plus tôt que dans un réflecteur de deux pieds, dix ou douze secondes de temps. [...]

Puisque ces observations furent faites avec les plus grands soins et attentions, je ne les ai déposées que devant la Société, avec la meilleure rédaction possible, puisqu'elles réconcilient une apparente contradiction dans les nombres du contact interne de M. Short ; et tandis que je suis vraiment certain en ce qui concerne les particularités du contact externe, je ne puis déterminer pourquoi elles diffèrent de celles de cet ingénieux observateur, ou d'autres."

 

 

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NOTES :

 

1 - Dunn Samuel ; Some observations of the planet Venus on the disk of the Sun, june 6th 1761 ; with a preceeding account of the method taken for verifying the time of that phenomenon ; and certain reasons for an atmosphere about Venus ; Philtrans, vol 52, 1761-62, London.

 

2 - Célèbre fabriquant d’instruments astronomiques de réputation internationale, le Londonien John Dollond (1706-1761), bien qu’injustement crédité de l’invention, développa et perfectionna la lunette achromatique jusqu’à un point d’excellence.

 

3 - Télescope de Gregory : réflecteur à deux miroirs concaves très populaire au dix-huitième siècle, conçu par l’Ecossais Gregory (1638-1675). L’image était obtenue à l’arrière de l’instrument au travers d’un trou pratiqué dans le miroir principal.

 

4 - Taches solaires.

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Salut tous,

 

En grattant encore un brin dans mes archives, j'ai retrouvé des images de la goutte noire telle que photographiée par l'expédition française de 1874 dans l'Île Saint-Paul.

Il s'agit de plaques daguériennes, exposée au photohéliographe.

 

 

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Vues des installations de l'île Saint-Paul.

Au premier plan la coupole de l'équatorial de 6 pouces. En arrière, la coupole de l'équatorial de 8 pouces. (il s'agit de pouces français, équivalents à 27 mm, soit 162, et 216 mm). A l'arrière plan, sur la gauche : la cabane du photohéliographe, et celle de la lunette méridienne.

 

L'île Saint-Paul :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Île_Saint-Paul_(océan_Indien)

 

 

 

Les passages de Vénus de 1874 et 1882

 

L'intérêt de la photographie astronomique naissante n'avait pas échappé aux membres de la Commission du Passage (Commission instituée dès le début de l'année 1870, en dépit des événements dramatiques auxquels la France était alors conforntée). Cette technique nouvelle recelait de nombreux avantages, et avait même été jugée potentiellement apte à fournir des résultats supérieurs aux observations purement visuelles. Visionnaire, Hervé Faye, alors président de la Commission, en était tout à fait convaincu :

 

"Je compte [...] moins sur la méthode de Halley que sur un progrès nouveau qui caractérisera l'astronomie moderne, je veux parler de l'adoption de la photographie comme moyen de mesure.

Imaginez qu'en A l'observateur photographie le Soleil et obtienne une image de 20 centimètres de diamètre, comme celles que M. Janssen montrait dernièrement à l'Académie. Tout y viendra, taches, facules, Vénus même, si à cet instant Vénus se montre sur le Soleil. Qu'en B l'observateur austral en fasse autant au même moment. Nous serons en possession à leur retour de deux images parfaites du Soleil, où le déplacement parallactique de Vénus deviendra aisément mesurable. Si A est à Saint Paul, par exemple, et B au Japon, ce déplacement sera de plus de 3 millimètres.[...] Il est aisé, avec une loupe et un vernier, de mesurer cet écartement à 0.1 mm. Alors vous avez la parallaxe du Soleil à 1/1200 près.

Et notez bien qu'ici tout est automatique. L'observateur n'y intervient pour rien avec ses agitations nerveuses, ses anxiétés, ses préoccupations, son impatience, les illusions de ses sens et de son système nerveux. C'est la nature même que vous avez sous les yeux ; vous l'avez fixée à jamais pour en reprendre l'examen et la mesure à volonté et à toute époque.

Il y a longtemps que cette admirable méthode, dont la précision semble être illimitée, a été proposée aux astronomes par un français. Elle va être appliquée en grand par les Américains le 9 décembre prochain. Ils ont fait construire pour cela des lunettes photographiques de quarante pieds de long. Je leur prédis un succès complet.

[...] En un mot, avec les deux ou trois mille photographies de grande dimension qu'on recueillerait aisément dans toutes les stations en 1874, je ne doute pas qu'on obtienne la parallaxe du Soleil à 1/1200 près, c'est à dire à moins de 0.01 seconde." (1)

 

L'optimisme était de rigueur. Ainsi exposée, la méthode n'avait que des avantages et son application ne pouvait être que positive. Il y avait bien quelques difficultés techniques à surmonter ; la confiance absolue dans le progrès ne pouvait à elle seule garantir l'obtention de résultats probants. Il fallait davantage compter sur le dévouement et sur le savoir-faire que sur la chance, car il y avait loin entre l'exposition correcte d'images de croissants de Lune réalisées sur des instruments imposants dans la douce quiétude des observatoires, et la réussite d'images scientifiquement exploitables, obtenues sur le terrain dans des contrées difficiles et lointaines.

 

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./...

 

Et justement …

 

LA COURSE AUX RESULTATS

 

L'Académie des Sciences et la Royal Society furent les premières à donner, presque en temps réel, des nouvelles de leurs expéditions d'alors, dans leurs publications dédiées et dans quelques journaux plus populaires, mais il fallut bien souvent regretter l'absence de données chiffrées dans les articles. La substantifique moelle était conservée bien à l'abri des convoitises d'autrui ...

Du reste, réduire les observations et déterminer la valeur de la parallaxe solaire était une tâche incommensurable, qui occupa longtemps des équipes entières d'astronomes et de calculateurs dans nombres d'institutions des pays concernés. La réduction des observations ramenées par cinq ou six expéditions supposait en effet la détermination des coordonnées géographiques des stations par l'étude de milliers de mesures de passages d'étoiles au méridien, de centaines de culminations de limbes lunaires et solaires, et par l'étalonnage de dizaines d'instruments d'optique et de quelques centaines de chronomètres. Il s'agissait de compiler des dizaines de milliers de mesures de précision en tous genres, ce qui représentait à tout le moins des années de travail.

 

L'Institut de France rendit public l'ensemble des observations et récits de voyages de ses astronomes, accompagnés des comptes-rendus des réunions préparatoires de la Commission du Passage, sous la forme de neuf énormes tomes, publiés progressivement entre 1876 et 1890, l'ensemble représentant une pile de plus de cinquante centimètres de hauteur d'une lecture passionnante. Mais les résultats tardèrent. Après bien des tergiversations cependant, les Français s'accordèrent sur une valeur "nationale" de la parallaxe comprise entre 8.78" et ... 9.17", André trouvant 8.88" ou 8.82" en se basant sur les seules observations visuelles obtenues à Nouméa et à Saint-Paul, valeurs incluant ou non les chiffres de Mouchez à la lunette de 8 pouces.

En Angleterre, Tupman, Neate et quelques autres s'attelèrent à la tâche ; la nouvelle valeur de la parallaxe, publiée en juin 1878 dans les Monthly Notices, calculée non seulement à partir des observations britanniques obtenues par les expéditions officielles mais aussi à partir de dizaines d'observations amateurs venues de tout l'Empire de Victoria, était égale à 8.857" à quelques centièmes de seconde d'arc près. Mais il s'agissait là de la valeur obtenue uniquement en tenant compte du premier contact interne. Lorsque observations du second contact interne étaient réduites, la valeur de la parallaxe s'abaissait jusqu'à 8.792", valeur a priori insuffisante, mais relativement proche tout de même de celle qui fut publiée sous la direction d'Airy dans le rapport officiel des missions anglaises, et qui était égale à 8.74".

Après avoir éliminé un certain nombre de résultats douteux et pondéré les valeurs conservées, après avoir discuté ceci, supputé cela et moyenné encore quelques mesures ici ou là, Tupman adopta finalement la valeur 8.846" comme représentant le plus probablement la parallaxe solaire, d'où il déduisit la distance réelle du Soleil : 92 400 000 miles (148 700 000 km). Tupman ajouta cependant qu'il était plus raisonnable de considérer que la parallaxe réelle était comprise entre 8.82" et 8.88", valeurs généralement admises par l'ensemble des astronomes. Stone, Astronome de sa Majesté au Cap, déduisit quelques valeurs sensiblement différentes des mêmes observations : 8.860" pour l'entrée de la planète, 9.04" à 9.06" pour la sortie, et 8.897" en valeur pondérée. De son côté, W.H.M. Christie, le rédacteur en chef du périodique anglais The Observatory calcula une parallaxe égale à 8.750" ...

Du côté américain, une première série d'observations photographiques et visuelles fut couchée sur le papier, mais pas avant 1880. Les récits des expéditions et autres observations complémentaires furent pré-établis en 1881 sous la direction de Simon Newcomb ; il manquait encore les observations obtenues à l'île Chatham, mais tout semblait en bonne voie. Pourtant Vénus passa une seconde fois devant le Soleil avant que les choses n'avancent encore. En 1886, la Commission adopta la résolution selon laquelle le travail serait achevé et les résultats de 1874 publiés au plus tard le premier janvier 1888. En 1891 pourtant, rien n'avait bougé, et William Harkness précisa alors, s'il en était besoin, que rien n'était encore décidé au sujet des observations de 1882 ... Entre temps les crédits pour l'achèvement des calculs et la publication des résultats avaient été alloués ailleurs et Newcomb avait démissionné. Rien ne fut jamais officiellement publié sous le sceau du Congrès, mais un exemplaire unique du second tome des résultats américains existe encore à l'état d'épreuve annotée, à la bibliothèque de l'US Naval Observatory de Washington …

 

La valeur de la parallaxe de Vénus ne serait jamais connue avec une précision suffisante à l'occasion des passages de Vénus observés en 1761, 1769, 1874 et 1882.

Il y aurait lieu d'imaginer d'autres méthodes pour déterminer la valeur de l'Unité Astronomique.

Mais ceci est une autre histoire.

 

 

Notes :

 

1 - Faye Hervé ; Le prochain passage de Vénus sur le Soleil ; Association française pour l'avancement des sciences, congrès de Lille ; RSFE, 17 octobre 1874.

 

 

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Et voilà ! Tout juste vingt ans ce jour. Ce que le temps passe 😉

 

Voici donc quelques images capturées ce jour-là, et quelques dessins, aussi. Les observations ont été faites depuis Nauplia, dans le Péloponnèse. L'occasion de tenter une mini expédition à la façon des grands astronomes voyageurs du XVIIIième siècle. Le ciel était sensé être plus clément statistiquement là-bas qu'ici, et les contacts se faire avec un Soleil plus haut dans le ciel. Mais les nuages se jouent des statistiques, et aiment à ridiculiser le mortel.

 

 

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L'entrée :

 

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La sortie :

 

 

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Observation en Halpha :

 

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L'entrée, à la webcam, au mak150 :

 

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La sortie :

 

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Et pour terminer, un petit cro qui (sans le vouloir, à l'époque) prend, à la relecture, de faux airs de Compte-Rendu à destination de l'Académie Royale des Sciences. (J'en avais trop lu depuis des décennies, sans doute 😉 ).

Bon .... on a tous pris vingts ans, depuis, et on ne refairait sans doute pas les choses de la même manière.

 

 

Aperçu préliminaire des observations faites à Nauplia.

 

Sans être le moins du monde laiteux, signe de voile d'altitude, le ciel bleu du Péloponnèse n'était pas au mieux de sa forme ... Bleu assurément oui, mais sans doute pas aussi pur que ce que nous avions rêvé ; magnitude 5.2 en vision directe, et 6.0 en vision décalée en magnitude limite au coeur de la nuit du 7 au 8 juin, avant que la Lune ne se lève.

De clair et entièrement dégagé pendant toute la seconde partie nuit et jusqu'au premier tiers du phénomène, le ciel s'est ensuite progressivement couvert de lourds nuages de moyenne altitude, entrées d'air maritimes, condensations au dessus des reliefs environnants. En l'absence quasi totale de vent, ces formations nuageuses faisait du sur-place et ont envahi toute la zone sud de notre ciel pendant de trop nombreuses heures, nous empêchant de voir quoi que ce soit - ou presque - pendant les trois dernières heures du passage.

Fort heureusement, après de lourds moments d'angoisse morne, le ciel a finalement consenti à se dégager presque totalement quelques minutes seulement avant le troisième contact, nous laissant à peine le temps de repointer tous les instruments, de lancer la capture d'image et d'observer dans des conditions idéales les quatre dernières minutes avant le dernier contact interne, et toute la sortie de Vénus.

 

Au final, donc, les quatre contacts ont été observés dans d'excellentes conditions, dans un air relativement turbulent pour les deux premiers contacts, et dans des conditions de stabilité remarquables pour la sortie avec, alors, de longue secondes de turbulence zéro entrecoupées de périodes de turbulence très faible.

 

La turbulence au moment de l'entrée de Vénus a empêché de faire une mise au point correcte à 3900 mm de focale (Bx2), aussi les images furent-elles capturées directement au foyer du Mak 150 à 1800 mm de focale. A la sortie, les images ont été parfaites à 3900 mm et Vénus apparaît bien ronde, son limbe, ainsi que celui du Soleil, étant très faiblement dégradé par les optiques, presque découpé au rasoir parfois, sur certaines images.

 

Visuellement, il nous est presque apparu en totalité la palette des phénomènes optiques décrits historiquement et nous avons été plus que comblés :

(Observation faites à l'etx90 et au Mak 127, filtre Astrosolar, grossissement 75 à 100x, occasionnellement 125 à 150x)

 

A l'entrée de Vénus (Soleil à 24° de hauteur) :

- observation du premier contact avec trente seconde de retard environ,

- auréole lumineuse ténue mais réelle observée visuellement deux à trois minutes avant le deuxième contact,

- premier contact interne "géométrique" puis apparition du filet de lumière entre le limbe de Vénus et celui du Soleil observés avec un décalage de quelques dix-quinze secondes (bandes son encore à relever), persistance de l'auréole lumineuse au moment du quasi contact interne, se transformant progressivement en "filet de lumière solaire" en une à deux secondes environ, absence de toute forme de goutte noire, mais aspect curieux du limbe solaire pendant vingt à trente secondes, en quelque sorte incurvé en direction de Vénus, comme si une deuxième planète Vénus venait de faire son entrée sur le limbe solaire à la suite de Vénus, phénomène déjà observé sur les images du dernier transit de Mercure ...

 

A la sortie de Vénus :

- contact interne pas vraiment net ; au préalable, trémulations rapides et apparition dans la zone de contact de "lignes parallèles mouvantes et tremblotantes" tangentes aux deux limbes, assez longtemps avant le contact géométrique, Vénus étant encore assez à distance du limbe solaire, puis transformation progressive de toute la "zone de trémulation"en "zone de contact", avec assombrissement de cette région d'affleurement de Vénus contre le limbe solaire, et passage progressif du blanc au gris léger puis moyen de toute la zone. Apparition ensuite d'un très mince et discret fil gris sombre entre Vénus et le limbe solaire, sorte de ligament tel que décrit historiquement ...

Ce ligament s'épaississant et se transformant progressivement en point sombre puis en un petit rond noir, la teinte de toute la zone de contact s'assombrissant continuellement en simultané, devenant gris "ardoise", puis "anthracite" et enfin presque noire. Le contact interne géométrique était alors largement dépassé, que toute cette zone de tangence est alors devenue noire formant une sorte d'immense pont de "matière" entre les deux astres. Les cornes étaient alors très nettement arrondies, et dans le "pont de matière sombre", on pouvait à nouveau discerner la très discrète auréole lumineuse déjà vue au moment de l'entrée de Vénus. Cette seconde auréole eut une durée de vie d'environ deux minutes peut-être, sans doute plus courte qu'à l'entrée de Vénus, puis ce fut la longue sortie de la planète ...

- le dernier contact fut bien observé et chronométré, mais sur un limbe solaire tout de même tremblotant, il y a lieu de penser qu'il y aura au final un décalage avec la théorie. Nos chronométrages diffèrents de vingt à trente secondes au jugé ...

 

En Halpha (Coronado 40 mm sur Taka FS102), Vénus est entrée sur le Soleil à quelques distances d'une magnifique protubérance et les images seront superbes (du moins l'espère-t-on).

Autre phénomène curieux : à fort grossissement, le limbe de Vénus présentait un net dédoublement annulaire concentrique, avec une sorte de petit filet lumineux à une ou deux secondes d'arc du limbe réel. Certaines images webcam à 2400 mm de focale semblent montrer le phénomène, sans doute dû au très faible diamètre de l'optique (40 mm) ...

 

Sans optique, mais avec un simple morceau d'Astrosolar, Vénus se laissait parfaitement observer à l'oeil nu, sous la forme, non pas d'un point immatériel, mais bel et bien d'un petit "pois" bien rond et très net, ayant une "consistance palpable" et un diamètre certain, non nul. Le contraste était excellent, et l'image était au final bien meilleure que ce que nous avait laissé présagé une simulation sur papier de détection de Vénus sur le disque solaire avant notre départ.

 

Au final, nous n'avons encore passé en revue qu'une très petite quantité d'images au hasard (gravure de CD de sauvegarde en priorité), mais nous avons déjà pu confirmer la plupart des phénomènes que nous avons observés visuellement et ce en toute indépendance (au Mak 127 et à l'ETX90). Préalablement déjà, nous avions pris un temps pour dessiner immédiatement après le transit, ce que nous avions vu, et nous assurer que nous avions bien vu, globalement la même chose.

 

L'angoisse accumulée sous les nuages, sans voir le Soleil pendant près de trois heures, et la tristesse supposée de ne pas pouvoir observer la sortie de Vénus nous ont sans doute donné à percevoir alors ce que fut le désespoir de tous ceux qui étaient allés jadis au bout du monde pour ne rien apercevoir de ce spectacle magique - combien de fois avons nous pensé à notre ami Le Gentil de la Galaisière ce 8 Juin ? - ou plus prosaïquement, à tous ceux qui, bloqués sous les nuages sans avoir eu la chance de pouvoir se déplacer, n'avaient pas eu comme nous la chance d'avoir pu assister au moins à l'entrée de Vénus.

 

Il est des spectacles célestes qui rendent humble.

 

 

 

 

Modifié par chrismlt
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Posté (modifié)

Une petite contribution "artistique" à ce thème bien particulier... Lors d'une récente visite du Musée des Beaux Arts de Lille, je suis tombé sur ce vase monumental réalisé en 1883 ; L'étiquette parle d'un "phénomène astrologique" (!)

 

 

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Modifié par jackbauer
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