L'occultation de Eta Gémeaux par Vénus.

[roger15]

L'occultation de Eta Gémeaux par Vénus le 27 juillet 1910.

 

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous,

 

Les astronomes amateurs français et européens étaient assez inquiets en cette nuit du mardi 26 au mercredi 27 juillet 1910 : vers trois heures du matin le ciel serait-il dégagé pour observer un phénomène astronomique exceptionnel : l'occultation d'une étoile de troisième grandeur par une planète ?…

 

La Société Astronomique de France les avait informés que Vénus allait occulter l'étoile variable (Eta) des Gémeaux (dite "Praepes" ) le mercredi 27 juillet 1910 pendant trois minutes et trente secondes. Ils étaient conscients de vivre un événement historique car Camille Flammarion lui-même l'avait fait savoir : « Si les planètes s'approchent quelquefois à une très faible distance des étoiles, par perspective, pour qu'elles passent juste devant et les éclipsent, il faut des conditions tout à fait exceptionnelles. Les étoiles ne sont pas aussi nombreuses qu'on se l'imagine. Ce que vous verrez le 27 juillet 1910 n'arrive certainement pas une fois par siècle. »

 

Aujourd'hui on peut facilement grâce à des logiciels astronomiques reproduire cette occultation. Ainsi "Guide 8" indique-t-il, pour un observateur situé à l'Observatoire de Paris (48° 50' Nord, 2° 20' Est, 67 mètres) :

 

* immersion (bord éclairé de Vénus) : 2h 54 m 11s (TU) ;

* émersion (bord obscure de Vénus) : 2h 57m 14s (TU) ;

 

Magnitude de l'étoile : 3,2 ;

Magnitude de Vénus : - 3,9 ;

Hauteur de Vénus sur l'horizon théorique : 9°,2.

 

Eh bien, le temps fut superbe cette nuit là en France. Voici par exemple les conditions d'observation de ce phénomène à Souillac (Lot) telles que rapportées par le bulletin de la Société Astronomique de France de septembre 1910, page 412 : « Monsieur Albert Aymé, membre de la Société, à Souillac (Lot), a eu un très beau ciel, mais les images étaient très agitées. Il n'a pas été possible d'observer les contacts. L'occultation a duré 4 minutes environ. L'émersion au bord obscur a été fort intéressante par ce fait que, pendant les 20 ou 30 secondes qui ont suivi la réapparition de l'étoile, celle-ci a montré une augmentation continue d'éclat due en grande partie à l'éloignement de l'étoile du champ très lumineux de la planète (lunette de 108mm, grossissement : 175). »

 

A la page 409 Camille Flammarion raconte comment il a observé cette occultation de Eta Gémeaux par Vénus depuis l'Observatoire de Juvisy (Seine-et-Oise) en compagnie de Messieurs Eugène-Marie Antoniadi, Fernand Baldet et Ferdinand Quénisset :

« Nous avons observé à Juvisy, le 27 juillet au matin un phénomène céleste d'une extrême rareté : le passage de la planète Vénus devant une étoile. Elle est passée juste devant et l'a entièrement occultée pendant 3 minutes 30 secondes.

La nuit était belle et étoilée, calme et pure, ce qui est fort rare cette année, et les circonstances atmosphériques ont admirablement favorisé l'observation. La radieuse étoile du matin trônait dans le ciel oriental, se levant à deux heures. La conjonction était calculée pour trois heures. La Lune, approchant de son dernier quartier, répandait une pâle lumière dans le ciel du Sud. De légères nuées transparentes ne nuisaient pas à la beauté du spectacle. La température était un peu fraîche : 7 degrés, et ces nuits-ci devraient être les plus chaudes de l'année ! Il y a eu de nombreuses étoiles filantes émanant du Verseau.

L'étoile qui devait être occultée par Vénus n'est pas un astre ordinaire ; c'est une étoile variable (η des Gémeaux), qui oscille en 231 jours de la troisième à la quatrième grandeur. Son dernier minima a eu lieu le 19 mai ; elle était assez brillante (3,5) mais a disparu, toutefois, à l'œil nu, avant le contact, effacée par le grand éclat de Vénus. Au télescope, le disque de la planète présentait une phase marquée analogue à celle de la Lune deux jours avant le dernier quartier, précisément telle qu'elle était au moment de l'observation du phénomène. Vénus a caché l'étoile par son côté éclairé, de sorte que l'étoile est réapparue en sortant du côté obscur.

Monsieur Quénisset a pris à l'équatorial des photographies de la marche du phénomène ; Monsieur Baldet observait au télescope Foucault ; Monsieur Antoniadi a pris plusieurs dessins à la lunette Secrétan. »

 

Au passage, j'espère que vous avez apprécié le style de Camille Flammarion, dans ce "CROA" de 1910…

 

Tous ceux qui ont observé ce phénomène se sont dit qu'ils ne seraient pas près d'en observer un identique… Effectivement, quatre ans après cette occultation ce fut le début de la "Grande Guerre" (1914-1918), suivie 21 ans après par la Seconde guerre mondiale (1939-1945).

 

Et puis, 49 ans après cette occultation mémorable, il y en a eu une autre, encore plus spectaculaire, puisque le mardi 7 juillet 1959 Vénus occultait la brillante étoile de première grandeur Régulus Alpha du Lion. Voir la description de l'observation de ce phénomène dans l'Astronomie de septembre 1959 aux pages 378 à 388.

Voir : http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?bibcode=1959LAstr..73..378.&db_key=AST&page_ind=0&data_type=GIF&type=SCREEN_VIEW&classic=YES&high=4849a22f0a14374

 

Vous remarquerez à la page 383 la description de l'observation de cette occultation par Pierre Bourge depuis Saint-Aubin-de-Courteraie (Orne).

 

Mais en 1959, qui pouvait se souvenir de la précédente occultation observée en 1910, 49 ans plus tôt ? Personne… Eh bien, non ! Au moins une personne s'en est souvenue : vous verrez à la page 387 qu'un certain F. Le Coultre écrit : « J'avais pris mes dispositions à Draveil (Seine-et-Oise) pour étudier à nouveau ce beau phénomène, où cette fois, la petite étoile des Gémeaux avait cédé sa place à la brillante étoile Régulus, de la constellation du Lion. »

 

J'ai recherché dans le bulletin de la Société Astronomique de France pour 1910, il y est indiqué à la page 622 que Fridtjof Lecoultre (qui habitait alors 3 place Montbrillant à Genève) avait adhéré à la Société Astronomique de France en 1909 et en était le 4 956ème sociétaire. Fridtjof Lecoultre est décédé le 31 décembre 1971 à l'âge de 80 ans (voir : http://articles.adsabs.harvard.edu/cgi-bin/nph-iarticle_query?bibcode=1972LAstr..86..260.&db_key=AST&page_ind=0&data_type=GIF&type=SCREEN_VIEW&classic=YES&high=4849a22f0a18905 ).

 

Après l'occultation de 1959, beaucoup se sont demandés : quand pourrons-nous revoir un tel événement ? Nul ne pouvait alors le prédire…

 

Et puis, sont arrivées les années soixante-dix où les calculateurs astronomiques (qui travaillaient jusqu'alors avec des tables trigonométriques manuelles) ont pu disposer d'un merveilleux instrument : l'ordinateur !… Celui-ci, de plus en plus rapide et de plus en plus puissant a permis de donner enfin la réponse : Vénus occultera de nouveau Régulus le vendredi 1er octobre 2044 vers 22 heures (TU).

 

Dans son ouvrage "Mathematical Astronomy Morsels" (éditions Willman-Bell, 1997) Jean Meeus donne à la page 159 la liste des quatorze cas seulement en deux siècles (de 1900 à 2100) où une planète a occulté ou occultera une étoile d'une magnitude supérieure à 3,5.

 

 

 

Je vous souhaite d'être toutes et tous en pleine forme le vendredi 1er octobre 2044.

 

Roger le Cantalien.

[Invité]

Bonsoir

Ça peut aussi être des satellites.

Bonne nuit.

Luc.

[Invité]

Bonjour Starslover

 

C'est un spectacle toujours déroutant et agréable que de surprendre ces oiseaux qui dorment sur le vent et dont les rêves ne nous sont révélés que par la Lune

 

Une lunette de 70 les montre quasi ponctuels, mais un plus gros diamètre 150 ou 300 mm nous révèlent sans ambiguïté leurs silhouettes

 

Lors de mes flâneries je croise régulièrement ainsi martinets et chauves-souris, Kenaroh a parfaitement argumenté ce phénomène

[Invité]

Je suis persuadé que Kenaroh a raison. J'ai déjà observé des oiseaux passant lentement devant la Lune (avec un télescope plus puissant) : c'était minuscule et la trajectoire est évidemment rectiligne. J'observe rarement la Lune mais je sais que j'ai déjà vu ça plusieurs fois, donc ça ne doit pas être rarissime.

 

Dans le calcul de Kenaroh, il faut aussi tenir compte du fait que la Lune est basse sur l'horizon ces derniers jours (ah, c'est ce que viens de dire Den). Si l'oiseau est à 2 km d'altitude, en réalité il est peut-êter à 5 km de distance car il n'est pas au-dessus de nous mais nettement devant. Du coup, l'oiseau ne fait plus que 20" à l'oculaire, ce qui correspond parfaitement à la description de Starslover : « tout petit et noir ».

 

de voir un martinet qui dort a 2000m en ce laissant emporté par des courants qui monte avec des trajectoire si droite et si lente

Tu n'as jamais vu de planeur ? Tu crois que les planeurs grimpent en faisant des loopings ? Bon, eh ben les oiseaux, c'est pareil que les planeurs.

[Invité]

Bande d'hypocrites. Vous savez bien que ce sont des OVNIs Pruliriens, qui profitent de la faible activité solaire pour venir voir notre évolution...

Pourquoi vous sortez ces histoires d'oiseaux qui dorment en volant, c'est n'importe quoi.

[CATLUC]

Bonjour

Merci Roger je pensais moi aussi que des occultations d'étoiles par les planètes il devait y en avoir pas mal.

Ben je suis déçu.

Merci pour ces informations.

Bonne journée.

Luc.

[roger15]

Bonjour Luc,

 

En fait, ce sont les occultations d'étoiles "relativement brillantes" (d'une magnitude supérieure à + 3,5) par les planètes qui sont très rares. Si on prend des étoiles beaucoup plus faibles, de telles occultations sont assez fréquentes. Ainsi, la nuit prochaine Jupiter (magnitude : -2,7 ; diamètre angulaire apparent : 47",19) va occulter de 5h 52m 30s à 5h 53m 30s (TU) l'étoile TYC 1396 1752 dans la constellation du Cancer (magnitude : + 10,5).

 

Bon dimanche à toi.

 

Roger.

[Toutiet]

Oui mais, hélas, invisible depuis la France car près de 34° sous l'horizon !

[kalifa]

pour ce qui veus voir

voila une carte ou est ce qu'on poura voir l'occultaion en 2044