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Baroud d'honneur dans le Quintet


garfieldthecat

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Ce week-end, en Normandie, s’est passé un évènement dont vous n’avez peut être pas eu vent : il a fait beau… qui plus est, les nuits ont été claires, sans brouillards et sans lune… Oui, je sais, pour mes collègues astrams ayant la chance d’habiter au Sud de notre chère Loire nationale, rien d’exceptionnel… mais pour un astram normand, ce genre de choses, ça se remarque.

 

En fait, il y a eu deux évènements. Car samedi soir, beau temps oblige, c’était aussi la dernière – la « last but not least » - avec mon cher petit Dob’ de 200, qui va rejoindre très prochainement le club de Gravigny (j’ai déjà eu l’occasion de m’étendre sur cette difficile séparation ailleurs, je n’y reviendrais pas... :bye2:)

 

Pour la dernière, j’avais donc décidé de viser haut, de franchir les limites du raisonnable, de faire une sortie en fanfare couteau entre les dents façon Thelma et Louise (mais non, j’ai pas balancé le petit du haut d‘une falaise :be:). Pour cela, deux objets situés dans Pégase avaient été prévus au programme :

 

• L’amas de galaxies Pegasus 1, en guise d’échauffement,

 

• Le mythique Quintet de Stephan, objet de fantasme pour tous les astrams fondus de l’observation des galaxies (il paraît que c’est mon cas) mais aussi objet inaccessible pour nombre d’entre eux, pour peu qu’ils ne disposent pas d’un ciel excellent et/ou d’un télescope d’une taille respectable… du moins à ce qu’il paraît :)

 

La plupart des galaxies constituant ces amas tournant autour de la magnitude 13, il me fallait donc dépasser les limites déjà bien éprouvées du petit (12,6 sur du galactique et sous les cieux normands) et mettre toutes les chances de mon côté en me réfugiant dans le seul coin « bleu » de toute la basse vallée de la Seine : la Forêt de Brotonne.

 

Installé et prêt au service à 21 heures (avec le camembert dans le coffre au cas ou un p’tit creux imprévu se ferait sentir), bien casé sur un bord de clairière avec les horizons Sud et Est dégagés, je commence la soirée par un petit au revoir au Sagittaire, avec Jupiter en maîtresse de cérémonie, puis les différentes nominées qui se succèdent dans l’oculaire : M23, M24, M25, M17, M8, M20…

 

22h30, il est temps de s’y mettre. La magnitude limite en visuel tourne autour de 6, sauf à l’Est ou le halo de Rouen – pourtant située à 30 km - grignote sérieusement l’horizon. Pas grave, Pégase trône largement au dessus et offre une cible toute trouvée pour le petit.

 

J’attaque donc par l’amas Pegasus 1, situé à la frontière entre Pégase et les Poissons. L’étoile repère choisie pour le Telrad est Thêta du Poisson, il suffit ensuite de centrer l’étoile à l’oculaire et de dériver Nord-Ouest sur 2,5 degrés. A cet endroit se trouve une belle étoile de magnitude 8 (au jugé), qui doit également être accessible au chercheur. Et juste au Nord de cette étoile, dans le même champ, se trouve l’amas Pegasus 1.

 

L’amas est occupé en son centre par deux belles galaxies elliptiques bien rondouillardes de magnitude 11, qui s’offrent même en vision directe. Elles offrent un bon repère visuel pour aller chercher les petites qui traînent autour, dans un champ de moins de 1degré… Au final, après 10 bonnes minutes de recherches scrupuleuses, j’en compte 5 dans le champ du Panoptic de 19mm : NGC 7619 (mag. 11,1), NGC 7626 (mag. 11,2), NGC 7611 (mag. 12,6), NGC 7623 (mag. 12,5) et une petite dernière bien discrète : NGC 7631, de magnitude 13,2... La première galaxie de magnitude supérieure à 13 pour le petit, après 12 ans de bons et loyaux services : il y a déjà de quoi être satisfait. Mais en l’occurrence, c’est un bon étalonnage pour savoir si le Quintet est accessible…

 

Et donc, après une demi heure bien remplie sur Pegasus 1, direction vers l’amas de sieur Stephan. Pour viser le Quintet, en théorie, rien de difficile. Il faut d’abord centrer dans l’oculaire la galaxie NGC 7331, une des plus belles galaxies de Pégase, brillante (mag. 9,5) et occupant la pointe Nord-Ouest d’un grand triangle rectangle formé avec les étoiles Eta et Pi de Pégase. Une fois, NGC 7331 centrée à l’oculaire grand champ (en l’occurrence toujours le Panoptic de 19), il faut chercher dans le champ deux étoiles de magnitude 10 situées à 20 minutes d’arc au Sud-Ouest de celle-ci. Une fois ces deux étoiles recentrées dans l’oculaire, le Quintet est à portée d’œil, puisqu’il est situé à peine à 10 minutes d’arc au Sud-Ouest du couple stellaire. Ensuite, il faut une bonne carte stellaire et de la patience…

 

Au bout de 2 minutes, je repère NGC 7320, la plus brillante du Quintet, difficile toutefois à bien voir en vision décalée car une petite étoile de magnitude 11 ou 12 se surimpose presque parfaitement à celle-ci.

S’en suit un exercice de vision décalée « sur la corde » pendant 20 bonnes minutes, afin de trouver le reste de l’amas. Au final, un œil qui pleure comme une madeleine à force de l’exercer, mais surtout trois galaxies et demi sur cinq :), qui se décomposent comme suit :

 

• NGC 7320, donc, de magnitude 12,6,

 

• NGC 7318, normalement deux galaxies de magnitude 13,1 en interaction ( 7318A et 7318B ), mais impossibles à différencier en visuel dans le petit, d’où le « un et demi »,

 

• NGC 7319, de magnitude 13,1.

 

NGC 7317, dernier et plus faible membre du groupe (mag. 13,6), restera trop timide pour se montrer, mais il faut dire qu’avec sa magnitude les limites du petit en galactique auraient été explosées… Pas grave, avec le 300 qui va bientôt arriver, elle ne devrait plus faire la discrète longtemps.

 

Il est presque minuit, il est temps de faire la pause camembert réglementaire et bien méritée. La nuit se poursuivra bien tard, des voiles du Cygne en passant par les amas ouverts de Persée, jusqu’à la première M42 de la saison à 4 heures du matin, avec en décor de fond la brume envahissant la vallée en contrebas et les cris des chouettes effraie (M42, qui tient à peine entière dans le Nagler de 11… que du bonheur :rolleyes:), mais ceci est une autre histoire…

 

Une bien belle soirée d’adieu pour le petit… Mais surtout, une « preuve par 5 » que les 200 sont des télescopes merveilleux, qui peuvent satisfaire leur astram pendant de nombreuses années (12 ans dans mon cas) et dont les capacités sont quasiment illimitées pour peu qu’on les pousse un peu dans leurs retranchements. Vivent les 200 :bond:!

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Salut the Cat.

 

Belle performance avec un 200mm, attention, la cinquième galaxie est un peu à l'écart, en bas à droite dans ton oculaire et tout dépend le champ de celui-ci, il faut même sortir les autre galaxies de ton oculaire.

 

D.D

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Salut the Cat.

 

Belle performance avec un 200mm, attention, la cinquième galaxie est un peu à l'écart, en bas à droite dans ton oculaire et tout dépend le champ de celui-ci, il faut même sortir les autre galaxies de ton oculaire.

 

D.D

 

Yep Dédé, je l'ai cherchée longtemps, mais elle n'a pas voulu se montrer. En fait, j'ai repéré précisemment l'endroit ou elle aurait dû être, sauf qu'elle n'y était pas :D. Ca passera peut être mieux au 300 dans quelques temps...

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Très intéressant et prenant récit de cette quête galactique. Bravo pour la ténacité ! :)

 

Avec un 200, cela reste un joli challenge.

 

 

Par contre, la remarque de Dédé me surprend. J'ai toujours vu les 5 dans le même champ d'oculaire. (Ca ne fait que 3'5 de champ réel total, d'après le Night Sky Observer's guide).

 

Celle qui est plus franchement en dehors, c'est 7320C, une sixième larrone (toute petite).

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Jeff:

Par contre, la remarque de Dédé me surprend. J'ai toujours vu les 5 dans le même champ d'oculaire. (Ca ne fait que 3'5 de champ réel total, d'après le Night Sky Observer's guide).

 

Celle qui est plus franchement en dehors, c'est 7320C, une sixième larrone (toute petite).

Donc, moi aussi j'en ai zappé une :confused:

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Donc, moi aussi j'en ai zappé une :confused:

 

En ce qui me concerne, je vois assez facilement la brillante (7320), puis deux autres, 7318 et 19 (ça fait un triangle), et enfin "l'étoile double" dont une des deux composantes est la quatrième (7317).

 

Pour voir la cinquième, il faut dédoubler une des 3 du triangles, c'est la plus tough (7318 A & B ).

 

Je ne me souviens pas avoir jamais vu la "sixième"... (peut-être dans le 500 de Bruno ?).

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En ce qui me concerne, je vois assez facilement la brillante (7320), puis deux autres, 7318 et 19 (ça fait un triangle), et enfin "l'étoile double" dont une des deux composantes est la quatrième (7317).

 

Pour voir la cinquième, il faut dédoubler une des 3 du triangles, c'est la plus tough (7318 A & B ).

 

Je ne me souviens pas avoir jamais vu la "sixième"... (peut-être dans le 500 de Bruno ?).

 

En fait, je crois que la "sixième" dont parle Dédé est située plus au Sud du Quintet (pas loin de deux étoiles de mag. 10), mais elle doit tourner autour de mag. 14 et est bien détachée des cinq autres... je l'avais repérée sur les cartes que j'avais (elle doit être sur l'uranométria), mais pas la peine de préciser qu'avec une telle magnitude je ne l'ai pas observé en visuel...

 

Autour de 7331, il y en a également 4 ou 5 petites qui doivent être visibles dans un 300 ou un 400

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Le quintet de stéphan dans le C14 de stefastro a Lure a 1600m d'altitude restera pour moi le souvenir de l'été gravé dans ma mémoire .

Posté

Et bien.....je te félicite également pour ta ténacité! :o c'est un sacré défi ces petites galaxies et de voir qu'avec un 200, tu as réussi à les attraper me rassure un peu...si je devais passer à un diamètre supérieur, ce serait assurément un 200 aussi.

Mais le ciel se doit d'être transparent...

 

Merci pour ce très intéressant compte-rendu! :)

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