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La part des Anges


Neve

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A Takaya, Tatien, Super, Jeff.:p

 

 

 

De ces nuits, je fais fi de la chronologie et préfère mêler les deux rencontres (nuits de mercredi et samedi derniers). Bien plus d'objets que nommés ont été observés, cependant, les compagnons bien plus aguerris donneront sans doute à lire avec plus d'exhaustivité les trouvailles. Les astérisques renvoient à un vocabulaire œnologique.

 

De ces nuits, j'ai été happée par la sympathie immédiate, par la facilité avec laquelle nous nous sommes "adoptés" :D. Enthousiastes, ravis, attentifs au ciel (n'est-ce pas, Takaya ?), nous nous sommes attablés, réunis aux agapes célestes...

 

[…]Mon auberge était à la Grande-Ourse.

Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

 

Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur[…]

 

 

Les observatoires sont posés là, fixés sur les profondeurs du ciel, compagnes furtives d'errantes et regards éhontés vers les amants de la Jupiter charnue, les disques colorés, si discrets de bleus, de rouges, de verts...Takaya et Tatien s'enivrent des mouvements des galiléens, voient les révolutions en ombres chinoises, la rondeur* intrinsèque aux planètes...Ganymède s'impose pour donner plus de vigueur* encore à leurs regards, leurs interprétations justes. La chair glaciale et candide d'Europe confond un instant les esprits. A chaque fois, dans la coupe des outils, tous devisent des robes* astrales ou planétaires. Toujours, la première impression sur l'œil et dans le palais se déclarent en nuances * de longueurs d'ondes...

 

Et le ciel profond. Qui m'est bien plus l'occasion d'émois. Aqueux*, amaigri*, aimable* puis lumineux*. Les grands classiques tout au long des nuits, ceux qu'on qualifierait de loyal* s'il n'y avait tant de cépages auxquels on doit une personnalité remarquable. A travers la lunette de Tatien, dégustatrice de nectars, elles se donnent, sculpturales, au regard : du double amas de Persée, au Zénith, net et franc*, au moelleux* M13 qui étincelle doucereusement, sensiblement racé*. M31, que je revois depuis le télescope de Jeff dont le fin palais est indéniable. Instrument immanquablement viril* et le trio galactique d'Andromède ardent* et subtil* à la fois. Solidaires, elles sont les Bacchantes généreuses*, à ras-bord d'oculaire.

 

Les Dentelles*, les bien nommées, larmes* retenues au ciel à une défunte dont l'univers garde encore mémoire famélique des poussières ductiles à l'imaginaire des astronomes...

 

Les amas ouverts du Cocher, M35, M36, M37 chaque fois riches* d'un étonnant festival stellaire, bien que l'un d'eux se distingue par un agencement harmonieux* de ses hôtes aux magnitudes agréablement variées qui laisse croire à une tentative pointilliste en dégradés d'épaisseurs lumineuses. Ailleurs, de l’autre côté, M52 explose en bouquet* ses belles.

 

Entre les étoiles, un aparté sur la mécanique quantique, perdue entre macrocosme et microcosme, variation scalaire où s'évanouit la part des anges* sur l'échelle de Jacob.

 

Et des silences empyreumatiques* sous les volutes des fumées de M82, grisée de Cairanne et de liqueur d'abricot. Des élixirs de Kemble, roulant en cascade écumante un amas splendide (NGC 1502).

Helix, anneau nuptial du songe shakespearien, accent foxien* des égarements nocturnes, de la facétie de Puck peut-être amusé d' évanouir les nébuleuses cristallines* à nos yeux parfois en peine. Blink Nebula serait-elle une raillerie de farfadet ? Bien heureusement, d’autres nébuleuses planétaires dont les identités se sont échappées avec le jour, se sont laissé saisir avec, pourtant, le sentiment d’un enchantement…

 

M42 conclut les nuits, et Orion décrit sur son baudrier le calendrier des nuits sans fin.

 

Et l'ISS et le clown triste.

 

 

Vénus paraît, rougeoyante, à l'horizon. Je la craignais. Si belle soit-elle, si dépouillé soit l'horizon devançant de luminosité, comme un parterre exhalant les primes rayons, étalé à la majesté systémique. En Vénus, je vois la redoutable Ishtar babylonienne qui voue bientôt à l'exil les « observants » de la nuit. La Lyre cesse sa musique, le froid arrête nos bras, l'humidité aveugle nos instruments... Si je vous oublie nuits sans lune, et vous, Blancs ruisseaux de Chanaan... L'Ishtar cruelle gagne en magnitude et altitude, déesse érotique et belliqueuse; je comprends la lutte déjà vaine contre l'inexorable danse cosmique qui scelle ces rencontres trop brèves... Un condensé du drame existentiel dans le jeu des astres. Les alcools conviviaux se métamorphosent en une alchimie indélicate au contact des rayons solaires pourtant salués par Super. L'âpreté* envenime désormais les membres, la volonté soumise à l'astringence* de la fatalité. Insupportable issue, amertume* et faiblesses lacrymales sur le chemin du retour... A bientôt, n'est-ce pas ? A bientôt, part manifeste d'espérance chez les hommes, si proches des étoiles soient-ils.

 

 

 

:bye2:

Posté

salut, tu sais que la drogue ou l'alcool ( ou même les deux... encore pire !!! ) ne t'apporteront que des ennuis :) non, j'deconne, trés beau croa tout en poésie et envolées lyriques.

Posté
Vénus paraît, rougeoyante, à l'horizon. Je la craignais. Si belle soit-elle, si dépouillé soit l'horizon devançant de luminosité, comme un parterre exhalant les primes rayons, étalé à la majesté systémique. En Vénus, je vois la redoutable Ishtar babylonienne qui voue bientôt à l'exil les « observants » de la nuit. La Lyre cesse sa musique, le froid arrête nos bras, l'humidité aveugle nos instruments... Si je vous oublie nuits sans lune, et vous, Blancs ruisseaux de Chanaan... L'Ishtar cruelle gagne en magnitude et altitude, déesse érotique et belliqueuse; je comprends la lutte déjà vaine contre l'inexorable danse cosmique qui scelle ces rencontres trop brèves... Un condensé du drame existentiel dans le jeu des astres. Les alcools conviviaux se métamorphosent en une alchimie indélicate au contact des rayons solaires pourtant salués par Super. L'âpreté* envenime désormais les membres, la volonté soumise à l'astringence* de la fatalité. Insupportable issue, amertume* et faiblesses lacrymales sur le chemin du retour... A bientôt, n'est-ce pas ? A bientôt, part manifeste d'espérance chez les hommes, si proches des étoiles soient-ils.:bye2:

J'ai dû faire appel à Verlaine pour ne pas rabaisser le niveau :) Un des poèmes saturniens que j'ai récemment relu:

 

L'heure du berger



 

La lune est rouge au brumeux horizon ;

Dans un brouillard qui danse, la prairie

S'endort fumeuse, et la grenouille crie

Par les joncs verts où circule un frisson ;

 

Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;

Des peupliers profilent aux lointains,

Droits et serrés, leur spectres incertains ;

Vers les buissons errent les lucioles ;

 

Les chats-huants s'éveillent, et sans bruit

Rament l'air noir avec leurs ailes lourdes,

Et le zénith s'emplit de lueurs sourdes.

Blanche, Vénus émerge, et c'est la Nuit.

(Paul Verlaine)

 

Merci Snounit pour ces envolées qui manquent tant à nos vies de terriens. Le ciel inspire l'âme. Merci de nous le rappeler ;)

Posté

Brèves sont les rencontres, l'éphémère est notre quotidien, c'est ainsi ... Ne pas se soucier des choses sur lesquelles nous n'avons pas d'emprise comme dirait Jeff.

 

Ce rendez vous est clos, il a été vécu pleinement par chacun il me semble, il en appelle d'autres qui ne viendront jamais assez vite comme toujours, mais qui viendront! :cool:

Pour notre plus grand bonheur, drogue douce, sous ce beau ciel de touraine, nous comaterons à d'autres reprises ...

 

Le Croa est très court, très léger, très beau. Une Snounit comme ils disent la bàs

Heureux de t'avoir rencontré dans cette contrée :rolleyes:

Posté

Je me suis repu, à cette table, d'une douce Ambroisie et abreuvé d'un Nectar de nuit. :wub:

 

N'aurais-tu pas un certain Dionysos dans ta famille ainsi qu'un Ibis au plumage noir et blanc?

Invité Scopy
Posté

Il est riche ce croa, et chaque phrase est un voyage au pays des mots !

Je l'ai lu avec grand plaisir :) !

 

J'avoue ne pas connaître le terme "empyreumatique" et j'ai donc sauté sur mon dico posé tout près, mais il ne le connaissait pas non plus :b: !

Heureusement il y a internet !

 

Par contre, j'y ai découvert le terme "empyrée" qui signifie poétiquement "ciel, paradis".

Ce qui me rappelle que du temps ou j'étais étudiante faisant les vendanges pour arrondir ma cagnotte, le premier vin qui était tiré après notre récolte et dont on adorait la fraîcheur légèrement pétillante (et laxative :be: !!) s'appelait le "paradis" !! ...et la boucle est bouclée :p !)

 

Amitiés, Anne

Posté

Bonjour Snounit :)

 

Très plaisant à lire au réveil, ça me met de bonne humeur pour la journée :rolleyes:

 

Les rencontres éphèmères entre membres du club Webastro sont toujours des instants magiques où seul la séparation est difficile :(

 

Merci de nous avoir invité de ta plume magique à votre nuitée céleste :wub:

Posté

Quelle aisance, quelle richesse de mots ! Je suis restée accrochée tout du long sans (presque) reprendre haleine à la gastronomique (tant par la qualité des termes que par le côté oenologique :)) dégustation de ton verbe !

Ce devait être une belle rencontre en effet.

Si poétiquement retracée :)

Bravo et merci pour ces quelques minutes de lecture gourmande. Que les mots sont bons ! :)

Posté

Merci à tous pour vos messages. Heureusement que vous n'avez pas tenu compte des fautes d'orthographe de la première mouture ! ^^ Là ça va mieux, il y a eu une nuit de sommeil et des songes pour me requinquer. :D J'ai décuvé...

 

 

@Super : pas toujours facile de faire montre d'un peu de sagesse. Mais il va sans dire que tu as pleinement raison. :)

Posté

Commentaire tardif, mais ce CROA a une telle longueur en bouche* qu'il interdit toute réplique précipité. :) Du lexique de la dégustation des single malt, j'emprunterai final pour noter ici sa profondeur, agrémenté d'une certaine puissance.

 

Tu cites Rimbaud, mais ce beau CROA met en oeuvre un projet quasi mallarméen : Jouer de la complexité et d'une certaine obscurité du langage, pour révéler un mystère. Et cela même dans l'après-midi épigone de la nuit étoilée. Chapeau ! ;)

Posté

Super Croa; bravo Snounit!

 

Mais attention!! pas trop d'herbe quand même:D:D

 

Non je galèje; cela m'a vraiment beaucoup plu

Posté
Super Croa
Ah non, pas encore posté le croa de Super ! ^^

 

Mais attention!! pas trop d'herbe quand même:D:D

 

Je me contente de tabac...:be:

 

Non je galèje; cela m'a vraiment beaucoup plu

 

Merci ! :)

Posté

Quel beau CROA! c'est une bien jolie mélodie des mots qui nous berce doucement....

 

Merci Demoiselle Snounit! :p

Invité astrobruxelles
Posté

c'est trop beau ton croa..:wub:

Posté

Et moi qui me demandais à quoi tu pouvais bien penser, enroulée dans le duvet sous les lueurs de l'aube...

 

Mais d'où te viennent tous ces mots ? C'est envahissant, nourrissant, avec une force incroyable ! Tout de même, tu es bien sévère avec Vénus, qui parfois augure des nuits magnifiques lorsqu'elle est de l'autre côté. ;)

 

je t'embrasse :rolleyes:

Posté
Tout de même, tu es bien sévère avec Vénus, qui parfois augure des nuits magnifiques lorsqu'elle est de l'autre côté. ;)

Vénus est à double tranchant, comme souvent les dieux des anciens grecs. Dans Euripide, sous le nom de Cypris, elle provoque le malheur de Phèdre pour anéantir Hippolyte, coupable de n'adorer qu'Artémis...

 

Éparse dans le monde et flottant dans les astres,

Je suis Cypris au nom fameux ! Entre le Pont

Et le grand Océan, je protège tous ceux

Qui veulent mes faveurs ; mais je punis aussi

Ceux qui, à mon égard, déversent leur mépris.

(...)

 

C"était pour rester dans le régistre de la (belle) tragédie...

Posté
Vénus est à double tranchant, comme souvent les dieux des anciens grecs. Dans Euripide, sous le nom de Cypris, elle provoque le malheur de Phèdre pour anéantir Hippolyte, coupable de n'adorer qu'Artémis...

 

Éparse dans le monde et flottant dans les astres,

Je suis Cypris au nom fameux ! Entre le Pont

Et le grand Océan, je protège tous ceux

Qui veulent mes faveurs ; mais je punis aussi

Ceux qui, à mon égard, déversent leur mépris.

(...)

 

C"était pour rester dans le régistre de la (belle) tragédie...

 

C'est pas le croa "tragique" celui ci, ici c'est Dionysos et compagnie .... des dieux d'un tout autre tonneau !!! :be:

Posté

D'un ambre^ profond, refermenté en bouteille^, une mousse^ onctueuse^ et légère^, un arôme^ délicatement fruité^, un goût puissant^

 

une Hoegaarden grand cru ! :)

 

^ les obélix renvoient au vobulaire du moeder lambik, un café de Saint Gilles, 400 bieres à la carte... :ninja:

Posté

@Super : Si ça peut éveiller un sentiment dionysiaque, c'est gagné ! :-_-:

 

@Otzi : Chacun y va de ses références "ethyloculturelles" : Merci beaucoup ! :)

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