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La notion de calendes, nones et ides d'un mois.


roger15

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La notion de calendes, nones et ides d'un mois.

 

 

Bonjour à toutes et bonjour à toutes, :)

 

Aujourd'hui, nous sommes en réalité le 7ème jour avant les ides de septembre 2009.

 

Qui n'a pas été intrigué d'entendre un jour évoqué dans la littérature se référant avant le 18ème siècle ces notions de calendes, de nones et d'ides ?..

 

Si vous entendez évoquer le sixième jour des calendes de mars de l'an 1581 (en latin : "anno Incarnationis dominicæ MDLXXXI, sexto Kalendas Martii") comment retrouver le jour précis de cette date si importante dans l'histoire du calendrier ?... :?:

 

Il faut savoir que jusque vers les années 1680 les dates étaient données en référence à trois moments forts d'un mois du calendrier romain : les "calendes", les "nones" et les "ides".

 

Voici ce qu'il en est pour chacune de ces trois notions :

 

- 1°) Les calendes ("Kalendæ" en latin).

 

Là, c'est la notion la plus simple : c'est tout simplement le premier jour du mois, et ceci pour les douze mois de l'année.

 

L'expression populaire "renvoyer aux calendes grecques" ("Ad kalendas graecas") signifie renvoyer indéfiniment, puisque le calendrier grec ne comportait pas de calendes... (voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Calendes).

 

Le premier jour du mois était donc "le jour des calendes". Le premier septembre était donc mentionné : "Kalendæ September" (jour des calendes de septembre). Mais, dès le lendemain, donc le deuxième jour du mois, les choses se compliquaient car on faisait déjà référence au deuxième moment fort du mois, les nones.

 

 

- 2°) Les nones ("Nonæ" en latin).

 

On indiquait dès le 2ème jour du mois, à combien on était des "nones". Ainsi le deux septembre était le "a.d. IV Nonas" (4ème jour avant les nones) et le trois septembre le "a.d. III Nonas" (3ème jour avant les nones). Nous pourrions nous attendre à ce que le quatre septembre fut le deuxième jour avant les nones, eh bien : pas du tout !!!... C'était curieusement le "Pridie Nonas" (1er jour avant les nones). On passait en effet directement du troisième au premier jour avant les nones...

 

Le cinq septembre était le "Nonæ September" (le jour des nones de septembre).

 

Dès le lendemain des nones, on se référait au troisième moment fort du mois, les ides.

 

 

- 3°) Les ides ("Idus" en latin).

 

Le six septembre était le "a.d. VIII Idus" (8ème jour avant les ides). Le sept septembre (donc aujourd'hui) était le "a.d. VII Idus" (7ème jour avant les ides). Puis ça continuait normalement jusqu'au 11 septembre qui était le "a.d. III Idus" (3ème jour avant les ides). Et, tout comme pour les nones, le jour suivant (donc le 12 septembre) n'était pas le 2ème jour avant les ides, mais le "Pridie Idus" (1er jour avant les ides). Ici aussi on passait directement du troisième au premier jour avant les ides...

 

Le treize septembre était le "Idus September" (jour des ides de septembre).

 

Dès le lendemain des ides, on se référait au premier moment fort du mois suivant, donc des calendes d'octobre.

 

Le quatorze septembre était le "a.d. XVIII Kaendæ" (18ème jour avant les calendes). Le quinze septembre était le "a.d. XVII Kaendæ" (17ème jour avant les calendes), et ainsi de suite jusqu'au 29 septembre qui était ainsi dénommé : ""a.d. III Kaendæ" (3ème jour avant les calendes). Et, tout comme pour les nones et les ides, on sautait une numérotation, et le jour suivant (donc le 30 septembre) était très logiquement le "Pridie Kalendæ" (1er jour avant les calendes).

 

Ça semble assez simple, sauf qu'à part les calendes (fixées obligatoirement au premier jour d'un mois) les nones et les ides variaient de date selon les mois :

 

Les nones se produisaient le cinquième jour du mois pour huit mois de l'année (janvier, février, avril, juin, août, septembre, novembre et décembre) mais le septième jour du mois pour quatre mois de l'année (mars, mai, juillet et octobre).

 

Les ides se produisaient le treizième jour du mois pour huit mois de l'année (janvier, février, avril, juin, août, septembre, novembre et décembre) mais le quinzième jour du mois pour quatre mois de l'année (mars, mai, juillet et octobre).

 

En février, il y avait une particularité. Comme on voulait éviter de rajouter un mois avec un nombre impair de jours (car les chiffres impairs étaient considérés comme ne plaisant pas aux dieux), on rusait et toutes les quatre années, lorsqu'on rajoutait un jour à février, on n'avait pas comme depuis 1700 environ un "29 février", mais on procédait de la sorte : on bissait le 24 février, et ce mois avait donc toujours en apparence 28 jours. Voici comment cela était noté :

 

* 22 février : "a.d. VIII Kaendæ" (8ème jour avant les calendes)

 

* 23 février : "a.d. VII Kaendæ" (7ème jour avant les calendes) ;

 

* 24 février : "a.d. VI Kaendæ" (6ème jour avant les calendes) ;

 

* 25 février : "a.d. bis VI Kaendæ" (6ème jour bis avant les calendes) ;

 

* 26 février : "a.d. V Kaendæ" (5ème jour avant les calendes).

 

C'est l'origine du terme "bissextile"... :p

 

Revenons à la question que j'ai posée au début : quel était, en notation moderne, le sixième jour des calendes de mars de l'an 1581 (en latin : "anno Incarnationis dominicæ MDLXXXI, sexto Kalendas Martii"), jour si important dans l'histoire du calendrier ? Eh bien, c'était le 24 février 1581, et plus précisément, le vendredi 24 février 1581.

 

Et en quoi cette date est elle si importante ? Eh bien, c'est le jour où le pape Grégoire XIII a signé, à la villa Mondragone de Frascati (près de Rome, en Italie) la bulle pontificale « Inter Gravissimas ». Cette bulle visait à réformer le vieux calendrier, dit " julien ", car établi en l'année 708 de la fondation de Rome (ce qui correspond à l'an 45 avant Jésus-Christ pour les historiens, et à l'an -44 pour les astronomes) par l'empereur romain Jules César lui-même, en vue d'en améliorer la précision astronomique. Cette bulle de Grégoire XIII se traduisait concrètement par deux points :

 

- 1°) il faudrait désormais supprimer le caractère bissextile à trois années séculaires (c'est-à-dire dont le millésime se termine par deux zéros) sur quatre. En pratique si les deux chiffres de gauche du millésime étaient divisibles par quatre (ainsi 1600, 2000 et 2400) l'année séculaire continuerait à être bissextile comme dans le calendrier julien, mais s'ils ne l'étaient pas (ainsi 1700, 1800, 1900 et 2100) l'année n'aurait que 365 jours et non 366 comme dans le calendrier précédent.

 

- 2°) Le deuxième point de la bulle pontificale « Inter Gravissimas » de Grégoire XIII était littéralement révolutionnaire. De quoi s'agissait-il ? de supprimer carrément dix jours dans l'histoire du monde, et de faire suivre le jeudi 4 octobre 1582 du vendredi 15 octobre 1582 !!!... de quoi laisser perplexe bien des laïcs mais aussi bien des clercs ... La période fut soigneusement choisie pour tomber en dehors du Carême et de l'Avent.

 

C'est à cause du pape Grégoire XIII que notre calendrier actuel est dit "calendrier grégorien".

 

Le pape Grégoire XIII :



 

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Roger le Cantalien. :rolleyes:

Posté

Très intéressant cour d'histoire Roger merci beaucoup :)

En gros j'ai tout appris vu que je ne connaissais pas du tout le sujet :D

 

Ploumy

Posté

Super ton cours Roger. Très intéressant. Il vaut vraiment comprendre le truc parce qu'ils n'ont pas fait simple.

 

Une question : pourquoi pas de 2 ???

Posté
Une question : pourquoi pas de 2 ???

 

Salut Christophe, :)

 

Eh bien, il faut savoir qu'il y a eu une très longue bataille entres les "astronomes laïcs" et les "astronomes religieux". Ceux-ci ont jalousement veillé à entourer le calendrier romain (d'abord "julien" jusqu'en octobre 1592 puis "grégorien" depuis lors) de mystères. Seuls les "computistes" (des clercs spécialistes du calendrier) arrivaient à s'y retrouver dans les notions (qu'on retrouve toujours dans notre calendrier de la poste de 2009, mais auxquelles plus personne ne fait attention - elles se trouvent généralement placées en petits caractères en bas du mois de février) de :

 

* épacte (épacte pour 2009 : 4) ;

 

* lettre dominicale (lettre dominicale pour 2009 : D) ;

 

* cycle solaire (cycle solaire pour 2009 : 2) ;

 

* nombre d'or (nombre d'or pour 2009 : 15) ;

 

* indiction romaine (indiction romaine pour 2009 : 2).

 

A quoi tout cela servait-il ? Eh bien, à crypter les "lettres de change" et "billets à ordre" qui permettaient d'obtenir des espèces sonnantes et trébuchantes de la part des banquiers contre la remise d'un document écrit. Ces banquiers ne les délivraient toutefois qu'après avoir vérifié (dans des livres à tirages confidentiels ;) ) qu'une date quelconque était la bonne avec ces cinq éléments corrects. Les éventuels faussaires avaient beaucoup de mal à pouvoir déterminer ces cinq éléments mystérieux… :cry: :cry: :cry:

 

Pour savoir comment calculer ces cinq éléments, je vous renvoie à l'excellent site de Gilbert Javaux "PGJ - l'Astronomie une Passion à Partager" : http://pagesperso-orange.fr/pgj/paques.htm

 

Et, le passage direct du 3ème jour avant les nones (ou les ides, ou les calendes) au 1er jour, en occultant le 2ème, était une de ces sophistications… ;)

 

Sinon, tous ceux qui voudraient en savoir plus sur le calendrier auraient intérêt à se procurer un de ces deux excellents ouvrages :

 

* "Le Calendrier" par Paul Couderc, astronome titulaire à l'Observatoire de Paris ; édition des Presses Universitaire de France, collection "Que Sais-je ?" n° 203 (1ère édition : 1946 ; 5ème édition : 2ème trimestre 1981) ;

 

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* "Calendriers et chronologie" de Jean-Paul Parisot (professeur d'astronomie à l'Université de Bordeaux 1 ; astronome à l'Observatoire de Bordeaux) et Françoise Suhagher (professeur de mathématiques au lycée Jules Haag à Besançon) ; édition Masson 1996.

 

 

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Et aujourd'hui, les "clercs" ont perdu la bataille du calendrier, seuls les astronomes (ainsi le brillant calculateur Patrick Rocher à l'IMCCE, voir par exemple : http://www.imcce.fr/page.php?nav=fr/ephemerides/astronomie/calendriers/index.php peuvent en expliquer les rouages. :be: :be: :be:

 

Ça va faire plaisir à François Debricon : les religieux ne sont plus maîtres du calendriers, ils furent vaincus par les astronomes !… :p :p :p

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Posté

A cause de toi j'ai appris ton post plutôt que mes cours hier soir... PAS BIEN !

 

Amicalement, Ploumy ;)

Posté

Merci Christophe :be: et merci Ploumy :be: ,

 

J'en profite pour signaler que la recherche d'un calendrier annuel exact, c'est-à-dire ramenant exactement l'équinoxe de printemps (ou "point vernal") à la bonne date fut la principale et toute première préoccupation des astronomes et amateurs de la beauté des "choses du ciel" depuis plus de dix mille ans... ;)

 

Aussi, il est extrêmement fâcheux que les astronomes amateurs d'aujourd'hui ne s'intéressent point à ce merveilleux document qu'est le calendrier actuel (aboutissement de milliers et de milliers d'heures d'observation de la voûte céleste...) :cry: :cry: :cry: , et surtout osent se poser la question : « quel rapport le calendrier a-t-il avec l'astronomie ?... » :( :( :(

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Posté

Très intéressants tes écrits Roger! mais que c'était complexe cette notion de temps! pffiou....je ne sais pas comment ils pouvaient s'y retrouver, si ça changeait constamment! :b:

 

J'avoue, je n'ai jamais cherché à me documenter là-dessus; sans tes recherches, je n'en saurais toujours rien...

 

Merci Roger, tes posts sont vraiment très intéressants! :p

Posté

Bonjour à toutes et bonjour à tous, :)

 

Voici maintenant la très longue route qu'a dû suivre le calendrier grégorien pour devenir actuellement le calendrier international.

 

D'abord, comment a été accueillie dans le monde la bulle pontificale « Inter Gravissimas » signée par le pape Grégoire XIII le vendredi 24 février 1581 ? Eh bien, il y eut deux types de réaction :

 

* les trois pays qui acceptèrent tout de suite de s'y soumettre (j'emploie la terminologie actuelle) : l'Italie, l'Espagne (et ses colonies) et le Portugal (et ses colonies). Dans ces trois états le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 fut le vendredi 15 octobre 1582 !!!...

 

* tous les autres états du monde, pour qui le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 fut simplement le vendredi 5 octobre 1582 !!!...

 

Donc, pour tous les autres pays du monde, les pays de rite orthodoxe, de rite protestant, et les pays mixtes comme la France n'ont pas suivi le souverain pontife. Pour eux le 4 octobre 1582 a bien été suivi du 5 et non du 15 ... Les clercs catholiques de France étaient bien embêtés, certes le Saint-Père leur demandait bien d'avancer le calendrier de 10 jours, mais non le roi de France qui était leur supérieur hiérarchique direct en vertu du Concordat de Bologne en 1516. Quand allaient-ils célébrer Noël ? le 25 décembre ou dix jours plus tôt ? :?:

 

Et le pape Grégoire XIII était sans doute bien gêné de voir que sa décision d'avancer le calendrier de 10 jours était rejetée par quasiment tous les états du monde... :( :( :(

 

Fort heureusement, Grégoire XIII eut rapidement deux alliés. Le premier allié fut le roi de France Henri III. Celui-ci, par une ordonnance du 3 novembre 1582 décida que le lendemain du lundi 9 décembre 1582 serait le mardi 20 décembre 1582. Cette année-là l'Avent n'eut donc en France que deux dimanches au lieu des quatre habituels et Noël fut célébré dès le 15 décembre, selon l'ancien calendrier. Désormais, il y avait un important bloc d'états contigus qui utilisaient le calendrier de Grégoire XIII.

 

Mais, le deuxième allié de Grégoire XIII fut curieusement... un protestant !... Et pas n'importe quel protestant puisqu'il s'agit du maître incontesté de la mécanique céleste : Johannes Kepler lui même !!!...

 

Johannes Kepler (1571-1630):



 

220px-Johannes_Kepler_1610.jpg

 

 

En tant que "géomètre du ciel" Johannes Kepler étudia très attentivement les raisons qui motivèrent l'introduction de la réforme grégorienne. Pour cela il lut l'ouvrage de l'astronome allemand Clavius, de son vrai nom Christophe Schlüssel, un jésuite, dans son livre paru en 1603 (à la demande du pape Clément VIII) "Explication du calendrier romain restauré par le souverain pontife Grégoire XIII" ("Romani calendarii a Gregorio XIII pontifice maximo restituti explicatio").

 

Christophe Schlüssel, dit "Clavius" (1537-1612):



 

414px-Christopher_Clavius.jpg

 

Et, après avoir lu cet ouvrage de Clavius, Johannes Kepler accepta de se rallier au calendrier grégorien. Il l'utilisa donc dans ses deux ouvrages fondamentaux :

 

* "la chronologie et l'année de naissance de Jésus de Nazareth" (De Vero Anno quo Aeternus Dei Filius Humanam Naturam in Utero Benedictae Virginis Mariae Assumpsit") paru en 1613. C'est dans cet ouvrage que Johannes Kepler démontra que le calendrier chrétien comportait une erreur de cinq années et fut le premier à revoir l'année de naissance de Jésus Christ, qu'il calcula en l'an -4.

 

C'est en décembre 1603 que Johannes Kepler se mit à douter de l'année traditionnellement indiquée pour la naissance de Jésus-Christ : l'an 1 de l'ère chrétienne, et ceci lorsqu'il fut émerveillé par le spectacle qu'il observait. Il fut alors fasciné par le très grand rapprochement qu'il admirait en décembre 1603 (rappelons que c'était donc six ans avant que Galilée ne commence ses observations avec une lunette astronomique) entre Jupiter et Saturne. Il y eut une conjonction entre Jupiter et Saturne le 19 décembre 1603 à 18h55 (TU) où dans le petit matin, juste avant le lever du Soleil les deux planètes n'étaient séparées que par 1°. Jupiter avait une magnitude de -1,6 et Saturne de +0,6. Leur rapprochement était si spectaculaire que Johannes Kepler a immédiatement recherché par le calcul si un tel rapprochement ne s'était pas produit vers l'époque de la naissance de Jésus-Christ et ne pourrait pas être l'explication de la fameuse "étoile des rois mages" ? Il trouva qu'en 7 avant Jésus-Christ (l'an -6 des astronomes) il y avait eu une triple conjonction entre les deux planètes : le 29 mai (séparation : 59'), le 30 septembre (séparation : 58') et le 5 décembre (séparation : 63'), dans la constellation des Poissons. Jupiter avait une magnitude de -2,3 et Saturne de +0,7. C'était peut-être l'explication du phénomène raconté par les textes religieux ?…

 

* "Les tables Rudolphines" ("Tabulæ Rudolphinæ") publiées en 1627, les tables astronomiques les plus précises jusqu'alors. C'est à ce titre que je lui décerne le titre, fort mérité, de "Maître incontesté de la mécanique céleste".

 

Le frontispice des "Tables Rudolphines" :



 

800px-Frontispice_Tables_Rudolphines.jpg

 

Johannes se moquait gentiment de ses coreligionnaires protestants qui refusaient par principe le calendrier grégorien en disant : « Les protestants préfèrent être en désaccord avec le Soleil plutôt que d'être en accord avec le pape !... »

 

Avec le ralliement de la France la réforme grégorienne gagna du terrain, d'autres états s'y rallièrent peu à peu : aux Pays-Bas les provinces catholiques le firent le lendemain du 14 décembre 1582, où ils fêtèrent Noël ; en 1584 pour les provinces catholiques de Suisse et d'Allemagne ; en 1586 en Pologne et en 1587 en Hongrie. Les provinces protestantes d'Allemagne, des Pays-Bas et de Suisse n'adoptèrent le nouveau calendrier qu'en 1700, et enfin en 1752 ce fut le tour de la Suède et surtout de la Grande-Bretagne et ses colonies. Donc les États-Unis d'Amérique, indépendants depuis le 4 juillet 1776, n'ont toujours connu que le calendrier grégorien, dont ils sont un des plus ardents défenseurs. Ce n'est qu'entre 1918 et 1927 que les pays de rite orthodoxe (Bulgarie, Grèce, Russie, Turquie, Yougoslavie) ont adopté le calendrier grégorien, mais uniquement pour les usages civils. Pour les fêtes religieuses ils conservent leur vieux calendrier julien. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, en 1945, les autres états du monde (les états asiatiques, africains, arabes et Israël) ont eux aussi adopté, plus ou moins officieusement, le calendrier grégorien pour leurs relations commerciales et diplomatiques.

 

Précisons un dernier point : en 1805 (dans le rapport remis à l'empereur Napoléon 1er préconisant le retour de la France au calendrier grégorien, après la période du "calendrier révolutionnaire", à compter du 1er janvier 1806) Jean-Baptiste Delambre avait suggéré que l'an 4000 et l'an 8000 ne soient pas bissextiles comme ils devraient normalement l'être, pour que le calendrier grégorien soit toujours en accord avec le retour de l'équinoxe de printemps sur plusieurs millénaires. Mais d'ici-là nous avons le temps de voir venir... d'autant plus que la durée de l'année tropique n'est pas constante, que la durée de la rotation de la terre ne l'est pas non plus, et qu'aucun calendrier n'a survécu plus de 5 000 ans sans être réformé plus ou moins profondément ...

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Posté

Effectivement, ça laisse songeur. Surtout que ce n'était pas un problème de religieux mais astronomique et ce calendrier a vraiment eu du mal s'imposer.

 

Merci Roger pour les compléments.

Posté

La notion de calendes, nones et ides d'un mois.

 

Et on se demande pourquoi l'empire romain a décliné :D

 

Très bien documenté, Roger.

A mal au crane avec tout ça.

 

Bon ciel

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