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Posté (modifié)

Hypatie, (vers 370 ~ 415) était le fille de Théon d’Alexandrie, mathématicien, astronome et philosophe renommé. On lui doit une édition des Eléments d’Euclide, ouvrage qu’il corrigea et améliora. On lui doit aussi un Commentaire sur le livre III de Ptolémée ainsi que des Tables manuelles, autre nom pour des tables astronomiques.

 

On connaît assez peu de choses sur Hypatie, les sources sont rares et de qualités variables et de nombreuses extrapolations ont été faites à partir de celles-ci.

Alors qu’il y a de nombreux sites sur Hypatie, j’ai préféré donner ici une anthologie des quelques textes qui y font référence. Ils sont relativement courts et permettront à chacun de se faire une idées de la personnalité, vraisemblablement peu commune, d’Hypatie.

 

Socrate, Histoire de l’Eglise, VII.15. C’est un contemporain, chrétien, qui déplore sa perte et lui rend hommage.

Il y avait dans Alexandrie une femme nommée Hypatie, fille du Philosophe Théon, qui avait fait un si grand progrès dans les sciences qu'elle surpassait tous les Philosophes de son temps, et enseignait dans l'école de Platon et de Plotin, un nombre presque infini de personnes, qui accouraient en foule pour l'écouter. La réputation que sa capacité lui avait acquise, lui donnait la liberté de paraître souvent devant les Juges, ce qu'elle faisait toujours, sans perdre la pudeur, ni la modestie, qui lui attiraient le respect de tout le monde. Sa vertu, toute élevée qu'elle était, ne se trouva pas au dessus de l'envie. Mais parce qu'elle avait amitié particulière avec Oreste, elle fut accusée d'empêcher qu'il ne se réconciliât avec Cyrille. Quelques personnes transportées d'un zèle trop ardent, qui avaient pour chef un Lecteur nommé Pierre, l'attendirent un jour dans les rues, et l'ayant tirée de sa chaise, la menèrent à l'Eglise nommée Césaréon, la dépouillent, et la tuèrent à coups de pots cassés. Après cela ils hachèrent son corps en pièces, et les brûlèrent dans un lieu appelé Cinaron. Une exécution aussi inhumaine que celle-là couvrit d'infamie non seulement Cyrille, mais toute l'Eglise d'Alexandrie, étant certain qu'il n'y a rien si éloigné de l'esprit du Christianisme que le meurtre et les combats. Cela arriva au mois de Mars durant le Carême, en la quatrième année du Pontificat de Cyrille, sous le dixième Consulat d'Honorius, et le sixième de Théodose.

Cyrille est un évêque chrétien, certaines sources lui impute la responsabilité de la mort d’Hypatie et Oreste était le gouverneur d’Alexandrie, chrétien et ami d’Hypatie semble-t-il.

L'intégrale de l'oeuvre est numérisé chez Remacle.

 

la notice de la Souda à l'article homonyme, XIIe, inspiré de la Vie d'Isidore de Damascios, première moitié du VIe. La Souda est une vaste encyclopédie byzantine du 10e siècle. C’est une compilation de textes, en général, anciens.

Hypatie, la fille de Théon le géomètre, le philosophe Alexandrin, était elle-même une philosophe bien connue de beaucoup. Elle était la femme d’Isidore le philosophe. Elle vécue sous le règne d’Arcadius. Elle écrivit un commentaire de Diophante, un canon astronomique et un commentaire sur les coniques d’Apollonius. Elle fut mise en pièce par les alexandrins et son corps fut violé et dispersé dans toute la ville. Elle souffrit ceci à cause de la jalousie et de son exceptionnel savoir en astronomie. Selon certains, c’était la faute de Cyrille, mais selon d’autres, cela résultait de l’insolence opiniâtre et de l’esprit de rebellions des alexandrins. Car ils infligèrent les mêmes supplices à plusieurs de leurs propres évêques, tels George et Ptotérios. Le cas d’Hypatie, la philosophe, prouve que les Alexandrins étaient insoumis. Elle est née, fut élevé et éduquée à Alexandrie. Elle était d’une noblesse d’âme plus grande que son père et n’était pas satisfaite de son instruction mathématique, mais elle embrassa le reste de la philosophie avec assiduité. Se couvrant du manteau du philosophe, bien que femme, elle allait à travers la ville et expliquait publiquement à ceux qui désirait l’entendre soit Platon, soit Aristote ou tout autre philosophe. En plus de ses enseignements, elle était de haute vertu, devenant juste et avisée, elle resta vierge. Elle était très belle et attirante au point que l’un de ceux qui assistaient à ses cours tomba amoureux d’elle. Il ne fut pas capable de contenir son désir, et lui déclara son état. Des informations erronées rapportent qu’Hypatie soulagea celui-ci de son mal par la musique ; mais la vérité révèle que la musique faillit à tout effet dans ce sens. Elle apporta quelque lingette de femme, la lança devant lui, montrant ainsi la preuve de son impureté et dit « Tu aimes ceci, O jeune homme, et il n’y a là rien de beau ». Son âme fut éconduite de honte et de surprise, et à cette vue désagréable il reprit ses sens. Telle était Hypatie adroite et éloquente en paroles, avisé et aimable dans ses actes. Le reste de la ville l’aima et l’honora à titre exceptionnel, et ceux qui étaient nommés, à chaque fois, pour diriger la ville assistaient d’abord à ses conférences, comme cela arriva à Athènes. Car si la vie quotidienne s’était altérée, le mot philosophie semblait toujours magnifique et admirable pour ceux qui détenaient les plus hautes charges de la communauté. Ainsi, un fois que Cyrille, évêque de la faction adverse, passait par la maison d’Hypatie, il vit qu’il y avait une grande bousculade, contre les portes, « d’hommes et des chevaux ensembles », certains approchant, certains sur le départ et certains attendant. Lorsqu’il demanda qui était cette foule et ce tumulte dans la maison, il entendit de ceux qui suivaient que c’était la philosophe Hypatie qui parlait maintenant et que c’était sa maison. Quand il appris ceci son âme fut piquée d’envie, de sorte qu’il complota immédiatement sa mort, la plus affreuse de toutes les fins. Car, alors qu’elle sortait d’une réunion, une meute serrée d’hommes féroces, vraiment méprisables, ne craignant ni l’œil des dieux ni la vengeance des hommes tuèrent la philosophe, infligeant une très grande souillure et la honte sur leur patrie. Et l’empereur aurait été furieux de cela si Aidesios n’avait été subordonné. Il remit les peines aux meurtriers, mais en supporta pour lui-même, sa famille et sa descendance le prix à payer.

La Souda est disponible en ligne avec des traductions anglaises.

 

Les lettres de Synésius, son disciple et ami, preuve que tous les Chrétiens n'étaient pas fanatiques et hostiles, est une correspondance assez touchante, connaissant l'épilogue tragique que Synésius ne semble pas avoir connu. Vous remarquerez l’amitié très respectueuse de Synésius envers celle qu’il qualifie ma Maitresse.

J’ai mis ici les extraits des lettres faisant directement référence à Hypathie , les textes intégraux, en français sont accessible sur Remacle.

 

13. A SON FRÈRE. (A Alexandrie.)

(...). De nos jours c’est en Egypte que se développent, grâce à Hypatie, les germes féconds de la philosophie. Athènes fut jadis la demeure des sages : aujourd’hui elle n’est illustrée que par des fabricants de miel, et par ce couple de sages Plutarchiens, qui attirent les jeunes gens au théâtre, non par l’éclat de leur éloquence, mais avec des pots de miel de l’Hymette.

D’Anagyre, 396.

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24. A LA PHILOSOPHE (HYPATIE). (A Alexandrie.)

Mais je m’y souviendrai pourtant de ma chère Hypatie. Je vis au milieu des malheurs de ma patrie; ses désastres me remplissent de douleur : chaque jour je vois les armes ennemies; je vois des hommes égorgés comme de vils troupeaux; je respire un air corrompu par l’infection des cadavres, et je m’attends moi-même à subir le même sort que tant d’autres; car comment garder quelque espoir quand Le ciel est obscurci par des nuées d’oiseaux de proie qui attendent leur pâture? N’importe, je ne quitterai point ces lieux: ne suis-je pas Libyen? C’est ici que je suis né, c’est ici que je vois les tombeaux de mes nobles ancêtres. C’est pour vous seule que je négligerais ma patrie; et si jamais je puis la quitter, ce ne sera que pour aller auprès de vous.

De Cyrène, 401.

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52. A LA PHILOSOPHE (HYPATIE). (A Alexandrie.)

Je suis assez malheureux pour avoir besoin d’un hydroscope. Faites-m’en donc faire un, je vous prie. C’est un tube cylindrique, de la forme et de la grandeur d’une flûte. Tout le long de l’instrument, sur une ligne droite, sont des entailles qui servent à indiquer la pesanteur des eaux. L’une des extrémités est formée par un cône, si justement adapté au tube que ce cône et le tube n’ont qu’une seule et même base : l’appareil se trouve de la sorte lesté. Quand on le plonge dans l’eau, il prend donc une position verticale; on peut compter aisément les entailles, et calculer ainsi la pesanteur du liquide.

De la Cyrénaïque, 402. -----------------------------------------------------------------------

154. A LA PHILOSOPHE (HYPATIE). (A Alexandrie.)

 

(...) Il y a eu un temps où je pouvais être utile à mes amis; vous m’appeliez même le bien d’autrui; j’usais, pour rendre service, de la faveur que m’accordaient les grands; ils étaient en quelque sorte mes bras. Mais aujourd’hui je n’ai plus aucune influence, aucune, excepté la vôtre; je vous compte comme l’unique bien qui me reste, avec la vertu. Vous pouvez beaucoup, et vous ferez bon emploi de ce pouvoir. Je vous recommande Nicée et Philolaüs, jeunes gens excellents et unis par des liens de parenté: ils cherchent à rentrer dans leur patrimoine. Procurez-leur l’appui de tous vos amis, simples particuliers ou magistrats.

De Ptolémaïs, 413.

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156. A LA PHILOSOPHE (HYPATIE). (A Alexandrie.)

Je vous salue et je vous prie de saluer de ma part vos bienheureux compagnons, ô vénérable maîtresse ! Depuis longtemps je vous reprochais de ne pas m’écrire; mais aujourd’hui je vois que tous vous me délaissez. Ce n’est point que j’aie des torts envers vous; mais je suis malheureux, aussi malheureux qu’on peut l’être. Si du moins j’avais pu recevoir des lettres de vous, savoir comment vous allez tous, apprendre que vous n’avez pas de chagrins et que le sort vous sourit plus qu’à moi, je ne me trouverais plus qu’une demi-infortune, puisque je jouirais de votre bonheur. Mais votre silence ajoute encore à tous mes maux. J’ai perdu mes enfants, mes amis, l’affection de tous ; je regrette surtout la vôtre, qui m’était si précieuse. J’avais espéré cependant qu’elle me resterait fidèle, et qu’elle résisterait aux injures de la fortune et aux coups de la destinée.

De Ptolémaïs, 413. --------------------------------------------------------------------

157. A LA PHILOSOPHE (HYPATIE). (A Alexandrie.)

C’est du lit où me retient la maladie que j’ai dicté pour vous cette lettre; et puisse-t-elle vous trouver en bonne santé, ô ma mère, ma sœur, ma maîtresse, vous à qui je dois tant de bienfaits et qui méritez de ma part tous les titres d’honneur! Pour moi les chagrins m’ont amené à leur suite la maladie. (...)

Pour vous, portez-vous bien, et saluez de ma part vos bienheureux compagnons, le vénérable Théotecne d’abord et mon cher Athanase, puis tous les autres. Si leur nombre s’est accru de quelque nouveau venu qui mérite votre affection, je dois lui savoir gré de la mériter: c’est un ami pour moi; qu’il reçoive aussi mes salutations. Me portez-vous encore quelque intérêt? je vous en suis reconnaissant; m’avez-vous oublié? je ne vous oublierai pas cependant.

De Ptolémaïs, 413.

 

Enfin pour terminer une épigramme élogieuse de Paladas, contemporain et compatriote d'Hypatia (Anthologie Pallatine, IX.400).

PALLADAS. Lorsque je te vois, que je t'entends, je m'incline comme en présence du signe de la vierge Astrée ; car toutes tes pensées, toute ta vie ont quelque chose de céleste, auguste Hypathie, gloire de l'éloquence, astre pur de la sagesse et du savoir.

 

 

Oeuvre scientifique d’Hypatie.

On n’en sait guère plus que ce qui est rapporté dans ces témoignages. Elle aurait écrit :

un Commentaire sur les coniques d’Appollonius de Perge (-200), qui fut mathématicien et étudia les dites coniques (Ellipse, parabole, Hyperbole),

un autre commentaire sur Diophante (+/-100) qui était aussi mathématicien et écrivit un ouvrage sur l'arithmétique.

Un table astronomique appelé Canon astronomique (tables numériques permettant de situer facilement dans le ciel les corps célestes).

Tous ces ouvrages sont perdus et on ne sait même pas sur quoi exactement portaient les Commentaires. A moins qu'il ne faille attribuer à Hypathie une partie de la paternité des Tables manuelles attribuées à son père Théon d'Alexandrie et que nous conservons. Voici d’ailleurs la page d’entête d’un des chapitres, copie faite par le traducteur du manuscrit. Il est possible que ce soit ce Canon astronomique dont il est fait mention dans la Souda.

 

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Sources :

Grand merci à Thersite du forum Passion histoire pour ses commentaires sur les sources utilisées.

Encyclopedia Universalis

Théon d’Alexandrie (et Hypatie) Commentaire sur le livre III de l’Almageste ..., traduction de l’abbé Halma, Paris, 1822.

Modifié par Jean-ClaudeP
Posté

Merci pour cette belle synthèse!

 

Je voudrais signaler que le film Agora, qui retrace la vie d'Hypatie, actuellement sur les écrans, est une réussite. A voir....

 

:)

Posté

Bonsoir Jean-Claude, :)

 

Merci de nous en avoir appris un peu plus sur Hypatie d'Alexandrie. :)

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Invité Scopy
Posté

Vraiment très intéressante cette page d'histoire !! Merci Jean-Claude :) !

Posté

Merci pour avoir réuni toutes ces précieuses et trop rares informations sur ce grand personnage. Hélàs, l'on n'entend pas assez parler d'elle mais le film dernièrement sorti est un bel hommage à la vie d'exception qu'elle a menée. Une fin tragique, atroce victime de l'intolérance , mais que de sagesse chez une seule personne.

 

Une très grande femme. :-_-:

Posté

Merci pour vos encouragements,

j’ai donné dans ce petit article les sources pro-Hypathie. Mais, il n’y a aucune raison de privilégier ces sources parce qu’elles nous arrangent. je vous fournis maintenant une source du partie adverse. C’est celle de l’évêque copte, Jean de Nikiou, Chronique, 84, du VIIe siècle, donc 300 ans après la mort d’Hypatie. Le texte est extrêmement hostile, Hypatie est accusée de tous les maux, entre autre sorcellerie, etc. Jean de Nikiou apparait ainsi comme l'héritier spirituel des lyncheurs.

 

En ces temps là il y avait à Alexandrie une femme païenne, philosophe, nommée Hypatie, constamment occupée de magie, d’astrologie et de musique, séduisant beaucoup de gens par les artifices de Satan. Le préfet de la province l’honorait particulièrement, car elle l’avait séduit par son art magique : il cessait de fréquenter l’église, comme il en avait l’habitude ; il y venait à peine une fois par hasard. Et non seulement, il agissait ainsi en ce qui le concernait personnellement, mais il attirait auprès d’Hypatie beaucoup de fidèles et lui-même faisait bon accueil aux mécréants. Or, un certain jour, alors que, sur l’ordre d’Oreste, le préfet, qui suivait la coutume des juifs habitant Alexandrie, l’on donnait un spectacle, et que tous les habitants de la ville étaient rassemblés au théâtre, Cyrille, qui avait succédé comme patriarche à Théophile, cherchait à être exactement renseigné à ce sujet. Un chrétien, nommé Hiérax, homme instruit et capable, qui avait l’habitude de railler les païens, qui était dévoué au vénérable patriarche et recevait ses avis, et qui était versé dans la science de la religion chrétienne, ayant été aperçu au théâtre par les juifs, ceux-ci s’écrièrent : « Cet homme ne vient pas ici dans une bonne intention, mais pour apporter du trouble ! » Oreste, le préfet, qui haïssait les enfants de la sainte Eglise, fit saisir Hiérax et le fit battre publiquement au théâtre, quoique cet homme n’eut commis aucun crime. Cyrille fut très irrité contre le préfet non seulement à cause de fait, mais aussi parce qu’il avait fait mettre à mort un vénérable moine du couvent de Pernodj , nommé Ammonios, et d’autres moines. Le gouverneur de la province , ayant été informé de cet évènement, fit dire aux juifs : « Cessez vos hostilités contre l’Eglise ». Mais les juifs, qui se prévalaient de l’appui de cet autre magistrat qui était d’accord avec eux, ne tinrent aucun compte de cet avertissement ; puis, accumulant crime sur crime, ils complotèrent un massacre au moyen d’un guet-apens. Ils prirent avec eux des hommes et les postèrent pendant la nuit, dans toutes les rues de la ville, tandis que certains d’entre eux criaient : « L’Eglise de Saint Athanase l’apostolique est en feu ! Chrétiens, au secours ! » Les chrétiens ne se doutant point du piège, sortirent à leur appel, et aussitôt les juifs tombèrent sur eux, les massacrèrent et firent un grand nombre de victimes. Au matin, les autres chrétiens, en apprenant le crime commis par les juifs, se rendirent auprès du patriarche, et tous les fidèles réunis se portèrent, pleins de colère, vers les synagogues des juifs, s’en emparèrent, les sanctifièrent et les transformèrent en églises, l’une desquelles reçut le vocable de Saint Georges. Quant aux assassins juifs, ils les chassèrent de la ville, pillèrent leurs propriétés et les firent partir dans le plus grand dénuement, sans que le préfet Oreste pût les protéger. Ensuite la foule des fidèles du Seigneur, sous la conduite de Pierre le magistrat, qui était un parfait serviteur de Jésus-Christ, se mit à la recherche de cette femme païenne qui, par ses artifices de magie, avait séduit les gens de la ville et le préfet. Ayant découvert l’endroit où elle se trouvait, les fidèles, en y arrivant, la trouvèrent assise en chaire. Ils l’en firent descendre et la traînèrent à la grande église, nommée Caesaria . Cela se passait pendant le carême. Puis, l’ayant dépouillée de ses vêtements, ils la firent sortir, la traînèrent dans les rues de la ville jusqu’à ce qu’elle mourût et la portèrent à un lieu appelé Cinaron, où ils brûlèrent son corps. Tout le peuple entourait le patriarche Cyrille et le nommait nouveau Théophile, parce qu’il avait délivré la ville des derniers restes de l’idolâtrie.

Posté

Imagine there's no heaven,

It's easy if you try,

No hell below us,

Above us only sky,

Imagine all the people

living for today...

 

Imagine there's no countries,

It isnt hard to do,

Nothing to kill or die for,

And no religion too,

Imagine all the people

living life in peace...

 

John Lennon

Posté

Bonsoir Jean-Claude, :)

 

Excellente idée que tu as eu de présenter maintenant une toute autre vision d'Hypatie d'Alexandrie, totalement à l'opposé de la première. :)

 

Roger le Cantalien. :rolleyes:

Posté
C’est celle de l’évêque copte, Jean de Nikiou, Chronique, 84, du VIIe siècle, donc 300 ans après la mort d’Hypatie.

Aïe, ça commence mal, en effet!

En ces temps là il y avait à Alexandrie une femme païenne, philosophe, nommée Hypatie, constamment occupée de magie, d’astrologie et de musique, séduisant beaucoup de gens par les artifices de Satan. Le préfet de la province l’honorait particulièrement, car elle l’avait séduit par son art magique : il cessait de fréquenter l’église, comme il en avait l’habitude ; il y venait à peine une fois par hasard. Et non seulement, il agissait ainsi en ce qui le concernait personnellement, mais il attirait auprès d’Hypatie beaucoup de fidèles et lui-même faisait bon accueil aux mécréants. Or, un certain jour, alors que, sur l’ordre d’Oreste, le préfet, qui suivait la coutume des juifs habitant Alexandrie, l’on donnait un spectacle, et que tous les habitants de la ville étaient rassemblés au théâtre, Cyrille, qui avait succédé comme patriarche à Théophile, cherchait à être exactement renseigné à ce sujet. Un chrétien, nommé Hiérax, homme instruit et capable, qui avait l’habitude de railler les païens, qui était dévoué au vénérable patriarche et recevait ses avis, et qui était versé dans la science de la religion chrétienne, ayant été aperçu au théâtre par les juifs, ceux-ci s’écrièrent : « Cet homme ne vient pas ici dans une bonne intention, mais pour apporter du trouble ! » Oreste, le préfet, qui haïssait les enfants de la sainte Eglise, fit saisir Hiérax et le fit battre publiquement au théâtre, quoique cet homme n’eut commis aucun crime. Cyrille fut très irrité contre le préfet non seulement à cause de fait, mais aussi parce qu’il avait fait mettre à mort un vénérable moine du couvent de Pernodj , nommé Ammonios, et d’autres moines. Le gouverneur de la province , ayant été informé de cet évènement, fit dire aux juifs : « Cessez vos hostilités contre l’Eglise ». Mais les juifs, qui se prévalaient de l’appui de cet autre magistrat qui était d’accord avec eux, ne tinrent aucun compte de cet avertissement ; puis, accumulant crime sur crime, ils complotèrent un massacre au moyen d’un guet-apens. Ils prirent avec eux des hommes et les postèrent pendant la nuit, dans toutes les rues de la ville, tandis que certains d’entre eux criaient : « L’Eglise de Saint Athanase l’apostolique est en feu ! Chrétiens, au secours ! » Les chrétiens ne se doutant point du piège, sortirent à leur appel, et aussitôt les juifs tombèrent sur eux, les massacrèrent et firent un grand nombre de victimes. Au matin, les autres chrétiens, en apprenant le crime commis par les juifs, se rendirent auprès du patriarche, et tous les fidèles réunis se portèrent, pleins de colère, vers les synagogues des juifs, s’en emparèrent, les sanctifièrent et les transformèrent en églises, l’une desquelles reçut le vocable de Saint Georges. Quant aux assassins juifs, ils les chassèrent de la ville, pillèrent leurs propriétés et les firent partir dans le plus grand dénuement, sans que le préfet Oreste pût les protéger. Ensuite la foule des fidèles du Seigneur, sous la conduite de Pierre le magistrat, qui était un parfait serviteur de Jésus-Christ, se mit à la recherche de cette femme païenne qui, par ses artifices de magie, avait séduit les gens de la ville et le préfet. Ayant découvert l’endroit où elle se trouvait, les fidèles, en y arrivant, la trouvèrent assise en chaire. Ils l’en firent descendre et la traînèrent à la grande église, nommée Caesaria . Cela se passait pendant le carême. Puis, l’ayant dépouillée de ses vêtements, ils la firent sortir, la traînèrent dans les rues de la ville jusqu’à ce qu’elle mourût et la portèrent à un lieu appelé Cinaron, où ils brûlèrent son corps. Tout le peuple entourait le patriarche Cyrille et le nommait nouveau Théophile, parce qu’il avait délivré la ville des derniers restes de l’idolâtrie.

Par Dieu, on aurait les arroser d'essence et mettre le feu à tous ces religieux.

 

 

En tous cas c'est la trame exacte du film "Agora":o

 

:hm:

Posté

 

Excellente idée que tu as eu de présenter maintenant une toute autre vision d'Hypatie d'Alexandrie, totalement à l'opposé de la première. :)

 

 

Je suis d'accord. C'est une démarche d'historien. Je me dois de le reconnaître.

Posté
[

Oeuvre scientifique d’Hypatie.

On n’en sait guère plus que ce qui est rapporté dans ces témoignages. Elle aurait écrit :

un Commentaire sur les coniques d’Appollonius de Perge (-200), qui fut mathématicien et étudia les dites coniques (Ellipse, parabole, Hyperbole),

un autre commentaire sur Diophante (+/-100) qui était aussi mathématicien et écrivit un ouvrage sur l'arithmétique.

Un table astronomique appelé Canon astronomique (tables numériques permettant de situer facilement dans le ciel les corps célestes).

Tous ces ouvrages sont perdus et on ne sait même pas sur quoi exactement portaient les Commentaires. A moins qu'il ne faille attribuer à Hypathie une partie de la paternité des Tables manuelles attribuées à son père Théon d'Alexandrie et que nous conservons. Voici d’ailleurs la page d’entête d’un des chapitres, copie faite par le traducteur du manuscrit. Il est possible que ce soit ce Canon astronomique dont il est fait mention dans la Souda.

 

<a href=8561-1263924603.jpg' alt='8561-126392460

 

Sources :

Grand merci à Thersite du forum Passion histoire pour ses commentaires sur les sources utilisées.

Encyclopedia Universalis

Théon d’Alexandrie (et Hypatie) Commentaire sur le livre III de l’Almageste ..., traduction de l’abbé Halma, Paris, 1822.

 

Bonjour,

 

Je viens de m’inscrire sur ce forum. Je me présente, je suis auteur de romans policiers historiques (publiés à compte d’éditeur). J’ai fait une trilogie policière avec pour héroïne Hypatie d’Alexandrie. Cela fait 5 ans que je travaille sur ce personnage et je n’ai jamais pu lire en français de biographies la concernant. Il m’a fallu pour cela que j’en lise en espagnol, d’ailleurs de multiples livres et articles de presse lui ont été consacrés en Espagne depuis la sortie du film Agora. Bref, à force de la côtoyer et de faire la promo du dernier roman (et d’Hypatie) qui est sorti en janvier, l’idée m’est venue de réaliser la première biographie en langue française sur cette savante.

La photo des Tables Manuelles de Ptolémée que vous avez mis sur le forum et où apparaissent également les noms de Théon et Hypatie m’interpellent. Pourriez-vous me dire où vous l’avez trouvée ?

D’avance merci.

Posté

J'ai mis la référence bibliographique plus haut:

Théon d’Alexandrie Commentaire sur le livre III de l’Almageste ..., traduction de l’abbé Halma, Paris, 1822. p. 109

Les éditions Blanchard, Paris 6e, on en fait une réédition en 1990.

Ayant ce livre je n'ai pas cherché sur Internet si l'ouvrage original était numérisé.

Posté
J'ai mis la référence bibliographique plus haut:

Théon d’Alexandrie Commentaire sur le livre III de l’Almageste ..., traduction de l’abbé Halma, Paris, 1822. p. 109

Les éditions Blanchard, Paris 6e, on en fait une réédition en 1990.

Ayant ce livre je n'ai pas cherché sur Internet si l'ouvrage original était numérisé.

 

Merci. Pas d'édition numérisée malheureusement !

Y trouve t-on dans votre édition la dédicace suivante qu'à fait Théon à sa fille :

 

Théon d’Alexandrie, commentaire au livre III

du Traité mathématique de Ptolémée.

Edition révisée par la philosophe Hypatie, ma fille

Posté
Y trouve t-on dans votre édition la dédicace suivante qu'à fait Théon à sa fille :

Théon d’Alexandrie, commentaire au livre III

du Traité mathématique de Ptolémée.

Edition révisée par la philosophe Hypatie, ma fille

Je n'ai pas trouvé cette dédicace dans la traduction des Tables Manuelles de l'Abbé Halma, il faut dire que cela date de 1822. L'abbé Halma commente dans son introduction les manuscrits qu'il à utilisés mais aucune trace d'une dédicace autre que celle que j'ai donnée plus haut.

Dans l'Histoire des mathématiques de Montucla (Tome 1, p.332, numérisé à la Bnf) il est dit

(...) si ce n'est le troisième livre du commentaire sur l'Almageste, que son père Théon lui attribue expressément.

Qui rejoint ce que vous dites, mais ce renseignement n'est pas localisé.

Je n'ai malheureusement pas d'autre renseignement à vous donner.

Au fait, où avez-vous trouvé ce passage ?

Si vos recherches vous conduisent à localiser précisément cette dédicace pourriez-vous nous en faire état s'il vous plaît.

Posté
Au fait, où avez-vous trouvé ce passage ?

Si vos recherches vous conduisent à localiser précisément cette dédicace pourriez-vous nous en faire état s'il vous plaît.

 

Je l'ai trouvé dans "Hipatia" de Clelia Martinez Maza, biographie écrite par une universitaire espagnole. Il existe une édition de 1943 du commentaire au livre III faite par la bibliothèque du Vatican. Je viens de voir qu'un exemplaire existe sur mon lieu de travail (le cnrs) et je vais demander l'autorisation de le consulter. Je vous tiendrai au courant de la présence ou non de cette mention dans cette édition.

  • 2 semaines plus tard...
Posté

Si vos recherches vous conduisent à localiser précisément cette dédicace pourriez-vous nous en faire état s'il vous plaît.

 

 

La mention apparaît bien dans l'édition de 1943 de la Biblioteca Apostolica Vaticana (voir PJ) qui se traduit ainsi (l'édition n'est qu'en grec, seules les notes sont en français !)

 

"Commentaire de Théon d'Alexandrie au livre III de l'oeuvre mathématique de Ptolémée

 

Edition qui a été révisée par ma fille, la philosophe Hypatia (Hypatie)"

 

En fait, il existe deux commentaires de Théon sur l'Almageste, le petit sur les tables de Ptolémée et le grand commentaire.

Vous, vous avez le petit commentaire ; celui du Vatican que j'ai consulté est la reproduction du grand commentaire.

C'est la raison de l'absence de cette mention dans votre ouvrage.

Par contre, l'abbé Halma semble donc attribuer aussi à Hypatie une partie du travail de ce petit commentaire. C'est ainsi que j'explique le titre qu'il a donné à la page que vous aviez mis en ligne :

'Tables de Ptolémée, Théon et d'Hypatia"

 

La bnf a mis en ligne l'ouvrage que vous avez (à force de chercher on trouve !) mais en lisant l'intro je n'ai rien trouvé sur quoi s'appuyait ce fameux abbé pour lui en attribuer ainsi une part....

Posté

Il y a, semble-t-il, une traduction en français du grand commentaire de Theon d'Alexandrie aux tables faciles de Ptolémée par Anne Tihon (Livre sorti en 1991).

Posté
Il y a, semble-t-il, une traduction en français du grand commentaire de Theon d'Alexandrie aux tables faciles de Ptolémée par Anne Tihon (Livre sorti en 1991).

 

En fait, je me suis mal exprimé...:( Je vais donc donner quelques précisions :

Les tables faciles ou manuelles sont extraites de l'Almageste et Théon en a réalisé un petit et grand commentaire.

Il a aussi fait un grand commentaire de l'Almageste dans sa totalité et c'est dans celui-ci que se trouve la mention d'Hypatie et non dans les tables faciles.

La dernière édition du grand commentaire de l'Almageste dans sa totalité date de 1943 et est en grec avec des notes de A. Rome. Je n'ai pas connaissance d'éditions précédentes traduites en français. Peut-être en existe t-il par contre en anglais ?

Posté
Aïe, ça commence mal, en effet!

 

Par Dieu, on aurait les arroser d'essence et mettre le feu à tous ces religieux.

 

 

En tous cas c'est la trame exacte du film "Agora":o

 

:hm:

 

j'ai adoré "AGORA"la présentation discrete des personnages rend l'ensemble du film plus crédible et "plus mémorisable" que si hollywood s'en etait occupée....avec "son star system"(de Ben Hur je ne me souviens que des muscles de charlton Eston, et du char)

 

JC

  • 1 année plus tard...
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Elle a écrit aussi des ouvrages à propos de sa science préférée, l'astronomie. Elle a composé Le « Canon astronomique », et a également édité le troisième livre de son père, « Commentaire sur l'Almageste de Ptolémée ».

Le canon astronomique n'a pas été retrouvé sinon des citations du titre chez quelques écrivains postérieurs; il y a peut-être quelques traces de sa rédaction dans les tables manuels de Théon, mais ce n'est pas clair. Je ne sais rien de plus.

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