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Notre Eternité est de givre


Neve

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« Notre Eternité est de givre. » (René Char)

 

 

Ravie bien qu'encore engourdie d'une journée relativisant la praticité de l'automobile; après l'établissement du lieu d'observation, nous voici pèlerins saisonniers brusqués par le rythme du monde demandant pour le temps imparti dans les Alpes provençales, son abolition. « Notre Eternité est de givre. »

 

 

Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains.

 

Ce qu’il nous faudra comprendre. Comme s'il fallait nous arrêter ainsi les déploiements végétaux ou ralentir la progression active... Mais sourdement, travaillent à leurs réveils. Ici s'abattent les pies, ventre au ciel. Ciel noctambule et trompeur tant que nous l’ignorons, ciel qui accueille comme il s'éclipse jusqu'à la dernière nuit troublée en les instruments, où l'œil reçoit pourtant, en hôte privilégié, la nuit originelle.

 

 

La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie. Le verre de fenêtre est négligé. Qu'importe à l'attentif.

Qu’importe à l’attentif. Nous attendrons. Et si cela nous ne savons plus, nous apprendrons.

 

Un peu perdue déjà par une mémoire qui confond les instants, je me rappelle surtout ce premier soir comme celui de la galaxie du Lynx, NGC 2683, par l’heureuse et hasardeuse manœuvre de Jeff. NGC 2683, ce sombre rostre acuminé pénétrant la clarté de la chair effilée, lumineuse et détachée. Ailleurs, La Flamme soyeuse révélée par les contournements diaphanes. Ce ciel, vous l’avez lu, ou brumes ou embrasements !

 

 

Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.

 

Orione

 

Dans les mouvements d'ombres et de lumières, des corps galactiques donnés et cachés -hiberne l'urside M 82, modelée en courbes-, s'élève chaque nuit Al-Jauza, le sexe désigné par de mystérieuses étymologies. D’elle, épaule et pied magnifiques, Betelgeuse et Rigel. La guerrière vêtue…à peine : Ceinte simplement d’une lanière perlée, Alnilam ; de résonances sémitiques. Mintaka : stellée aux reins par les gutturales lissées de langues pour elle savantes ; elles saisissent Bellatrix, l’Archère livrée aux deux Ciels. Qu’elle émerge, la Géante anadyomène, des rotondités noires de neige de l’horizon ! Le désir dévoile à notre curiosité la volupté-labelle -M 42-, la couleur perse de la nébuleuse, les plissements symétriques pointant, en creux obscur et intime, la goutte diamantée humectée.

 

Il n'y a pas d'ombre maligne sur la barque chavirée.

 

La dernière nuit semblable, croyons-nous, à la première, s'écarte doucereusement des optiques dirigées en quête et en hâte. Offertes sous conditions. Elles se donnent ou ne se donnent pas. Pas qu’il ne faille pas attendre, mais qu’il ne faille rien attendre. Les amas ouverts, feux d'artifice glacés, étoiles de neige avec ravissement acceptées. NGC 2420, onde en ce ciel aqueux de la barque chavirée. Onde merveilleuse, ombellifère argentée miroitant en eaux calmes. Proches, les Messier 35, 36, 37, 38 rivalisant de placides éclats, éclaboussés, pour la première et la dernière, d'amas retenus (NGC 2158, NGC 1907). Puis surprend le regard de M 78 - le fantôme- et parait le Chat du Cheshire, tous deux si curieusement évidents. Ironie des formes et illusions des noms et des apparences. Ciel si clair qu'il éteint les instruments !

 

Bonjour à peine est inconnu dans mon pays.

 

Resongeant à l’accueil de la nuit prodigue...M 1, le Crabe aranéeux, entrecroise ses filaments...J’ignore si la vision de ces embruns encore entremêlés de tempêtes maintenant assourdies, furent imagination ou observation.

 

 

On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté

Alors, tenter de rendre sans savoir comment davantage que ce que nous reçûmes.

 

 

Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les branches sont libres de n'avoir pas de fruits.

 

Quand même les fruits, ciel indéhiscent, ton opulence ne signifie pas l’abondance. Comment garde-t-il ce qu’à d’autres nuits il abonde ? Que deviennent, entre temps (et temps libres incessibles à nos humeurs), ses richesses ?

 

 

On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.

 

Car il n’était pas possible de vaincre puisque nous ne pouvions et ne devions désigner des ennemis. Nous ne pouvions non plus nous désigner gagnants ou perdants. Il n’y a pas de gain à observer le ciel, il n’y a pas de profit. Pas plus qu’il n’y a de perte dans son attente. Il y a un don et une aptitude à recevoir…

 

Dans mon pays, on remercie.

 

…Et reconnaître.

 

 

René Char, Qu'il vive ! (1968) (Extrait des Matinaux)

 

 

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Pfiouu ! Et beh ... l'ambiance est à la poésie en ce moment ...

 

il y a de trés beaux passages, ... mais attention à l'overdose ;)

Posté

je sais pas vous, mais j'ai du mal à tout comprendre de ce style ampoulé

n'y vois pas de mal Snounit mais parfois, tu n'es pas facile à suivre :(

(ou alors je suis nulle, ce qui est également une possibilité valable :D )

Posté

Merci pour vos remarques ! :)

 

@Christel : Non, je n'y vois pas de mal. Indigeste ou surdosé, peut-être...

Posté

Un très joli CROA Snounit, vraiment, très très joli. La magie des mots, l'ambiance délicate qu'ils véhiculent nous transporte bien au -delà de la simple observation.

C'est profond et doux, j'aime beaucoup tes reprises poétiques , accompagnant tes mots mélodieux.

C'est pour moi, le plus beau de tes CROAs, merci! :wub:

Posté

@Christel : Non, je n'y vois pas de mal. Indigeste ou surdosé, peut-être...

 

je t'ai relu (bon j'ai toujours du mal à tout saisir :p)

mais...

j'y vois une poésie très sensuelle voire érotique dans certaines expressions ;)

Posté

J'aime ce panneau d'Etoile enneigée...et la description d'Orione, la chasseresse d'Hiver...:) et cette densité des mots...scandés par les vers splendides de René Char...

Posté

@ Zaurel : Merci beaucoup. :blush:

Je suis contente que ce CROA soit celui que tu préfères car il a été écrit avec soin, vraiment.

 

@ Christel : Tu as bien perçu les allusions... ;)

 

@ Gégé : C'est comme te dit Jeff. Une interprétation d'Orion qui repose sur une étymologie énigmatique. ^^

 

@ Jeff : Merci... :blush:

  • 2 semaines plus tard...
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Un Croa à lire sur les rostres.

Lorsque les mots évoquent des visions....:cool:

 

Au concours antique de Fourvière, tu n'aurais pas eu le déshonneur d'effacer, avec ta langue, ta composition.

Bien au contraire!

Posté

C'est gentil, Christel. Je ne sais pas vraiment. A la fois cigale et tortue...peut-être pas avant quelques semaines, voire quelques mois ! ^^

Posté
C'est gentil, Christel. Je ne sais pas vraiment. A la fois cigale et tortue...peut-être pas avant quelques semaines, voire quelques mois ! ^^

 

Hoooo, quelle belle expression, et bien .....................Croatez maintenant :wub:

Posté

Le style est particulier, j'ai beaucoup de mal avec certains passages. Mes ignorances en poésie et littérature me laisse ... comment dire ... en carafe ! :o

Posté

@Super : Ben... Je ne suis pas certaine qu'il faille nécessairement posséder des connaissances en littérature pour lire ce texte (j'en suis même convaincue). ;)

La lisibilité des textes (tels que pour les croas, plutôt littéraires) est conditionnelle, certes. Cependant, je mettrais plus en avant un accord de sensibilités. J'apprécie grandement, à ce sujet, les critiques et les réserves qui ont été émises et m'ont amenées à cette question : "Comment devrais-je écrire ? Doit-on nécessairement donner à lire évidemment lisiblement ?". La réponse est non. Le CROA est un don (une création plus ou moins réussie, une chose émanant de soi) et non un stock de marchandises à écouler, ou quoi que ce soit qui exige un retour positif(faut pas déconner non plus, j'aime bien qu'on aime ce que je fais). Et qu'il ait été accueilli favorablement me laisse penser qu'il a sa "capacité littéraire" propre. Une relation possible -émotionnelle, spirituelle- au lecteur.

 

Bref, une petite pensée, comme ça.

Posté

Je l'avais tout d'abord manqué, ce CROA au titre Charien, et puis il m'a fallu attendre un moment de calme, que dis-je de recueillement, pour apprécier ces mots. Les vers de René Char, autant que tes mots choisis, rendent aux objets célestes une dimension oubliée, celle de divinité. Au-delà de la simple précision de l'observation, les mots redonnent du volume à ces visions astrales.

 

Merci Snounitl! :)

 

PS: s'agit-il de l'Etoile dans le Jura ?

Posté

Super, tu me fais plaisir en écrivant que tu as du mal avec certains passages, je me sens moins idiote :D :D

 

les termes sont certes choisis avec soin mais certains mis ensemble, ce n'est pas évident à en saisir le sens

 

Snoun, on était pas avec vous nous !! :p

 

par contre, pourquoi tant de temps avec le prochain ?

tu ne peux observer d'où tu es ?

Posté
@Super : Ben... Je ne suis pas certaine qu'il faille nécessairement posséder des connaissances en littérature pour lire ce texte (j'en suis même convaincue). ;)

La lisibilité des textes (tels que pour les croas, plutôt littéraires) est conditionnelle, certes. Cependant, je mettrais plus en avant un accord de sensibilités. J'apprécie grandement, à ce sujet, les critiques et les réserves qui ont été émises et m'ont amenées à cette question : "Comment devrais-je écrire ? Doit-on nécessairement donner à lire évidemment lisiblement ?". La réponse est non. Le CROA est un don (une création plus ou moins réussie, une chose émanant de soi) et non un stock de marchandises à écouler, ou quoi que ce soit qui exige un retour positif(faut pas déconner non plus, j'aime bien qu'on aime ce que je fais). Et qu'il ait été accueilli favorablement me laisse penser qu'il a sa "capacité littéraire" propre. Une relation possible -émotionnelle, spirituelle- au lecteur.

 

Bref, une petite pensée, comme ça.

 

 

Je suis tout à fait d'accord sur la non nécessité de rendre absolument accessible à tous un croa (ou tout autre récit d'ailleurs). Ecrire en pensant trop à un tel cahier des charges pourrait te faire accoucher d'un texte tout fade, ou du moins d'un texte n'ayant rien "d'intime" avec toi !

 

Quand je parle de manque de littérature ou de poésie (manque est un grand mot, je n'ai aucun regret, seulement des déficiences ... :o ), je parle en terme de structure du texte, de vocabulaire, de mécanique (oh le vilain mot :D ). Toutes ces tournures, ces images et effets de style font elles références à tel ou tel auteur ? je ne peux y répondre car je suis loin de ce monde. C'est pourquoi ton croa m'est difficile d'accés ... en tout cas dans une certaine mesure ! mais jamais ne change ce que tu as envie d'écrire au moment de le coucher sur l'écran, c'est se brider. Mais ce n'est pas la voie que tu t'es choisie sur ce récit et c'est très bien ainsi. :rolleyes:

Posté

Vous n'êtes pas gentil avec Snounit, je suppose qu'elle a dut se casser les méninges pour sortir le meilleurs d'elle-même avec ce CROA :(

 

Je nes écoutes pas Snounit, continues à croater, il y a des lecteurs qui apprécient :wub:

Posté
Vous n'êtes pas gentil avec Snounit, je suppose qu'elle a dut se casser les méninges pour sortir le meilleurs d'elle-même avec ce CROA :(

 

Je nes écoutes pas Snounit, continues à croater, il y a des lecteurs qui apprécient :wub:

 

Il n'y a pas de lapidation dans nos commentaires DD, c'est juste un ressenti déroutant auquel nous ne sommes pas habitué et qui nous rend la lecture et/ou la compréhension un peu chevrotante ... ;)

 

Et j'invite Snounit à continuer d'être Snounit ... ^^

Invité Scopy
Posté
Vous n'êtes pas gentil avec Snounit, je suppose qu'elle a dut se casser les méninges pour sortir le meilleurs d'elle-même avec ce CROA : (

 

C'est dommage de reprocher d'exprimer un ressenti sincère sur un texte ... il est encore plus facile de faire un compliment de façade pour faire plaisir ... bien plus facile que d'échanger un véritable sentiment ...

Vérité, franchise, sincérité ... ce sont des mots que j'aime.

 

Alors, je le répète : Snounit est un écrivain formidable, j'ai juste préféré ses précédents croas.

Posté

Dédé, tu te méprends totalement... absolument rien contre Snoun

je hais la méchanceté

 

simplement j'ai du mal avec certaines phrases à en saisir pleinement le sens

tout le monde peut se rendre compte que c'est un croa soigné, dense, riche

 

par contre, il est rare de trouver un croa si érotique... Snoun, je te soupçonne d'être une sacrée coquine :p

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