Le problème de la technique (Heidegger sans peine...)

[Rêveur]

Jeff Hawke m'a envoyé lire ce sujet à partir de la page 3 d'un autre sujet que voici : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=39123.

 

Pas facile de suivre tout dans les détails. En tout cas, pas pour moi. Je vais essayer de prendre un exemple et vous me direz si cela résume bien l'idée générale.

 

Exemple

De nos jours, l'homme possède la technique suffisante pour créer des véhicules. Mais, au lieu de diminuer le temps passer à se déplacer à l'aide de ses véhicules, l'homme a augmenté les distances qu'il parcourt : il se sert de ses véhicules pour aller travailler, faire ses courses, transporter des matériaux ou des bien de plus en plus loin. Le mode de vie de l'homme et son rapport avec le monde ont changé du fait que, en utilisant la technique avec des oeillères, l'homme s'est privé de sa liberté de vivre comme il le faisait avant l'arrivée des véhicules.

[Jeff Hawke]

Je vais essayer de prendre un exemple et vous me direz si cela résume bien l'idée générale.

C'est un challenge de résumer le truc en un seul et bref exemple...

 

Mais l'illustration est plutôt bien trouvée.

 

Je ferais une petite réserve sur le terme "oeillères", qui semble dire que l'aveuglement des hommes seraient séparé de la technique, ici de l'automobile (ce serait les oeillères qui nous feraient misemployer l'automobile), alors que c'est précisément la technique qui est l'aveuglement.

 

L'automobile, qui se présente fallacieusement à nous comme un moyen de transport, est en réalité un instrument et un langage qui définit l'espace où nous vivons, qui nous dévoile ainsi un monde dans lequel elle est nécessaire, incontournable.

 

Le mode de vie de l'homme et son rapport avec le monde ont changé du fait que, en utilisant la technique avec des oeillères, l'homme s'est privé de sa liberté de vivre comme il le faisait avant l'arrivée des véhicules.

[Rêveur]

OK pour la réserve si on veut que l'exemple colle à la pensée de l'auteur.

 

Je peux accepter l'idée que la technique provoque l'aveuglement, mais je pense que l'homme est capable d'éviter celui-ci. Pour moi, la technique n'est pas mauvaise. Certes, elle est engendre une tentation mais l'homme peut ne pas céder à celle-ci. Ce n'est que l'usage que l'homme fait de la technique qui est éventuellement mauvais. La sagesse ne réside pas à renoncer à la technique, mais plutôt à parvenir à utiliser celle-ci judicieusement. Pour en revenir à notre exemple, il est mauvais de se servir autant des voitures que nous le faisais dans notre société, mais il n'est pas mauvais de disposer d'ambulances.

[Jeff Hawke]

mais il n'est pas mauvais de disposer d'ambulances.

Mais on peut aussi considérer les ambulances comme la matérialisation, autocréant son besoin, d'une certaine conception de la médecine et de la santé.

 

 

(La tendance actuelle de centralisation hospitalière lourdement technologique, va de plus en plus rendre indispensable l'hélicoptére, qui comme par magie deviendra un "progrès" en matière de santé).

[PierreDesvaux]

EN ATTENDANT LE DES-ASTRE... :)

 

Zweifeln is verzweifeln...Le désespoir est le pêché, qu'il disait, le petit père Kierkegaard...

[Rêveur]

Mais on peut aussi considérer les ambulances comme la matérialisation, autocréant son besoin, d'une certaine conception de la médecine et de la santé.

 

On peut, il y a certainement des abus en matière d'utilisation des ambulances. Néanmoins, c'est un manque de sagesse de l'homme et non pas la technique consistant à créer l'ambulance qui crée le problème. Et on ne peut pas nier qu'il est très utile d'avoir des ambulances dans certain cas, du moins si on est dans une optique de sauver des vies humaines lorsque cela est possible.

[jarnicoton]

Je ne crois pas que les réserves de Jeff portassent sur les abus du service ambulancier.

[Jeff Hawke]

Je ne crois pas que les réserves de Jeff portassent sur les abus du service ambulancier.

 

Il est exact que je ne suis guère intéressé par les abus...Car en vérité, si l'abus de quelque chose ou d'un dispositif pose problème, c'est que le problème réside déjà, latent, dans la chose ou le dispositif.

 

Pour l'argent par exemple, ce ne sont pas les taux usuraires (l'abus du taux d'intérêt) qui est le problème essentiel, mais bien les taux d'intérêt, tout court, c'est à dire le fait que l'argent, contrepartie abstraite d'une richesse réelle, puisse s'auto accroitre magiquement, pas sa seule existence fictive thésorisée, sans création de contrepartie réelle dans le monde concret des humains. Essence du mécanisme qui nous conduit aux errements actuels : Détruire de la richesse réelle, ou la capacité à la produire, pour équilibrer des signes plus et moins dans des tableaux Excels...

 

Il en va de même de l'ambulance, qui est la façon dont l'automobile dessine notre système de santé, technologique, éloigné, lourd et inhumain, adapté à une conception de la médecine qui voit le corps humain comme une machine, que l'on entretient et répare par morceaux, que l'on fait durer au-delà de toute raison, tandis que l'âme rendue folle ne peut plus que divaguer ou attendre prostrée que tout s'arrête. Une conception qui quantifie la vie selon sa longueur, tandis que sa qualité - qui est l'essence de la vie - s'enfuit inexorablement.

 

De toutes façons, et plus prosaïquement, la société industrielle moderne crée les accidents qu'elle est ensuite fière de savoir traiter.