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Mécanique quantique : intrication et décohérence


christel

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Vraiment très intéressant la conf de Jean-Michel Raimond. Il démystifie bien la physique quantique.

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Vraiment très intéressant la conf de Jean-Michel Raimond. Il démystifie bien la physique quantique.

 

Dans cette conférence, à la fin, Raimond répond d'ailleurs à une question sur les univers parallèles. Il commence par dire qu'il s'agit de l' "interprétation multimonde d'Everett", décrit un peu cette interprétation, et finit par déclarer (il parle très vite, j'espère avoir noté sans erreur) : "C'est complètement équivalent à la mécanique quantique, il n'y a aucune communication possible entre ces univers, c'est conceptuellement rassurant - et c'est pas idiot d'ailleurs. Mais c'est invérifiable expérimentalement." J'avoue avoir été surpris par sa bienveillance à l'égard de cette interprétation tellement "science-fiction".

Posté

C'est d'ailleurs le problème de la mécanique quantique c'est qu'on s'approche de la science-fiction à cause de mauvaise interprétation.

Posté

Ah non : l' interprétation d' Everett n' est pas "mauvaise", puisqu' elle ne contredit en rien ni les observations, ni le formalisme.

C' est plutôt ça le problème : qu'il existe de bonnes interprétations qui ressemblent à de la science-fiction ;)

Posté
J'avoue avoir été surpris par sa bienveillance à l'égard de cette interprétation tellement "science-fiction".

 

Ca prouve qu'il a de la rigueur scientifique. Même si elle parait "délirante", rien ne permet d'écarter cette conception d 'Everett.

 

 

Cela dit, pour rebondir sur la remarque d'Astrotophe, j'ai plutôt le sentiment que les interprétations de type SF sont là pour nous "rassurer" (la SF, c'est assez proche de nos conceptions "normales" en fait). Une réalité non locale et hors du temps est sans doute bien plus étrange que des univers "classiques", même en quantité hyperastronomique... ;)

Invité akira
Posté
Ah non : l' interprétation d' Everett n' est pas "mauvaise", puisqu' elle ne contredit en rien ni les observations, ni le formalisme.

C' est plutôt ça le problème : qu'il existe de bonnes interprétations qui ressemblent à de la science-fiction ;)

 

Je ne sais pas si elle ressemble a de la SF mais en tout cas ce n'est pas a proprement parler une theorie scientifique car elle ne possede par ce critere de falsifiabilite (cf K. Popper).

Posté
ce n'est pas a proprement parler une theorie scientifique car elle ne possede par ce critere de falsifiabilite (cf K. Popper).
Non, tu as raison, mais Arthur a bien parlé d'interprétation, pas de théorie... :cool:
Posté
Je ne sais pas si elle ressemble a de la SF mais en tout cas ce n'est pas a proprement parler une theorie scientifique car elle ne possede par ce critere de falsifiabilite (cf K. Popper).

Cela pourrait d'ailleurs être l'objet d'un débat : Est ce que nos moyens techniques ne vont pas bientôt atteindre une limite empêchant de faire de la "bonne science" (comme dit Smolin), c'est à dire permettant de construire des théories falsifiables ?

Quid de la physique théorique post LHC ? Les physiciens ne seront ils pas condamnés aux hypothèses ? Serait ce alors, le grand retour de la métaphysique ?:?:

Invité akira
Posté
Cela pourrait d'ailleurs être l'objet d'un débat : Est ce que nos moyens techniques ne vont pas bientôt atteindre une limite empêchant de faire de la "bonne science" (comme dit Smolin), c'est à dire permettant de construire des théories falsifiables ?

Quid de la physique théorique post LHC ? Les physiciens ne seront ils pas condamnés aux hypothèses ? Serait ce alors, le grand retour de la métaphysique ?:?:

 

Ca depend ... il y a des theories fondamentales testables sur les observations du Big Bang par exempe. OK c'est moins direct qu'un accelerateur mais on peut faire des predictions et les tester.

Posté
Est ce que nos moyens techniques ne vont pas bientôt atteindre une limite empêchant de faire de la "bonne science" (comme dit Smolin)
Ben il y a quand même, comme le signale Akira, toute l'astronautique de recherche fondamentale (pas les âneries habitées) pour scruter le Big Bang.

 

Et puis toutes les expérimentations genre Aspect, Zeilinger,...je ne suis pas sûr que cela soit très coûteux...

 

Les limites, c'est en physique des particules à haute énergie...mais là, de toutes façons... :confused: Pour aller tutoyer des trucs comme les cordes, ou les boucles de la gravitation quantique, c'est totalement hors de notre portée, en ce monde ici-bas en tout cas.

 

Il va peut-être falloir que l'on s'occupe de biologie un peu sérieusement, maintenant , non ? Parce que ça, c'est plus à notre portée, et peut-être que comprendre un jour comment la vie vient à la matière peut aussi nous ouvrir des horizons nouveaux sur la matière ?

Posté
Ben il y a quand même, comme le signale Akira, toute l'astronautique de recherche fondamentale (pas les âneries habitées) pour scruter le Big Bang.

 

Et puis toutes les expérimentations genre Aspect, Zeilinger,...je ne suis pas sûr que cela soit très coûteux...

 

Les limites, c'est en physique des particules à haute énergie...mais là, de toutes façons... :confused: Pour aller tutoyer des trucs comme les cordes, ou les boucles de la gravitation quantique, c'est totalement hors de notre portée, en ce monde ici-bas en tout cas.

 

Il va peut-être falloir que l'on s'occupe de biologie un peu sérieusement, maintenant , non ? Parce que ça, c'est plus à notre portée, et peut-être que comprendre un jour comment la vie vient à la matière peut aussi nous ouvrir des horizons nouveaux sur la matière ?

Physique des particules bientôt dans une impasse (20 ans, le temps de digérer les trouvailles du LHC, ou moins si on ne trouve rien:D).

En cosmologie, en revanche, les futurs téléscope (ELT et consor), mais aussi certaines missions en cours (Planck qui gagne en résolution sur le cmb), devraient permettre à la discipline de ne pas "stagner".:)

Posté
(20 ans, le temps de digérer les trouvailles du LHC, ou moins si on ne trouve rien:D).

 

Au contraire, si on ne trouve rien, ça va être plus long à digérer...:ninja:

Posté

Et puis toutes les expérimentations genre Aspect, Zeilinger,...je ne suis pas sûr que cela soit très coûteux...

Pour en revenir au sujet.

Y a t il encore des expériences à mener de ce côté ? Qui aideraient dans l'interprétation de la MQ (pas simplement pour confirmer la non localité etc...des choses que l'on "sait" déjà) ?

 

Est ce que les physiciens proposent quelque chose

Posté
Pour en revenir au sujet.

Y a t il encore des expériences à mener de ce côté ? Qui aideraient dans l'interprétation de la MQ (pas simplement pour confirmer la non localité etc...des choses que l'on "sait" déjà) ?

 

Est ce que les physiciens proposent quelque chose

 

A mon avis, une expérience combinant non-localité et décohérence. L'idée est la suivante : la mesure quantique, selon la théorie (expérimentalement prouvée) de la décohérence, n'est pas quelque chose d'instantané. Si on envoie deux "quantons" intriqués (pas 2 photons, la décohérence doit être trop rapide dans ce cas) dans deux bras d'un appareil de mesure, que l'on mesure le premier à 10 mètres de la source et le second à 10 kilomètres, que se passe-t-il dans le second bras "pendant" que l'on effectue la mesure sur le premier quanton, sachant que cette mesure prend un temps non négligeable et que l'on peut scruter ? J'avais posé la question il y a quelques années à Jean-Michel Raimond, il m'avait dit qu'une telle expérience était envisagée à l'ENS. En effet, dans le livre qu'il a écrit avec Serge Haroche, "Exploring the Quantum" (Oxford University Press, 2006), il y a un sous-chapitre 7.6 "Non-local cats" avec une section 7.6.1 "Two weirdnesses combined : toward mesoscopic non-locality". Il y est question d'une expérience proposée en 2005, référence Milman, P., Auffeves, A., Yamaguchi, F., Brune, M., Raimond, J.-M. and Haroche, S. (2005), Eur. Phys. J. D, 32, 233. En fait il ne s'agit pas d'appareil de mesure à très grandes branches, mais de deux cavités à une dizaine de cm l'une de l'autre, dans lesquelles on projette un champ dans un état intriqué, avec plusieurs dizaines de photons dans chaque cavité. Les états du "chat" non-local seraient préparés en utilisant un atome en tant que "phase-shifter" pour champs cohérents. Je lui ai demandé par e-mail en septembre dernier où ça en était, il m'a répondu que l'expérience n'avait pas encore commencé car ils n'avaient pas pu disposer de deux cavités, mais qu'ils l'envisageaient pour l'automne. En tout cas, Haroche n'en a pas parlé à l'IAP vendredi dernier, selon Akira.

Posté
Cela pourrait d'ailleurs être l'objet d'un débat : Est ce que nos moyens techniques ne vont pas bientôt atteindre une limite empêchant de faire de la "bonne science" (comme dit Smolin), c'est à dire permettant de construire des théories falsifiables ?

Quid de la physique théorique post LHC ? Les physiciens ne seront ils pas condamnés aux hypothèses ? Serait ce alors, le grand retour de la métaphysique ?:?:

 

Bof.

La génération spontanée était bâtie sur du vérifiable (possible de démontrer que ça marche pas avec les moyens de l'époque),

ça a pas empêché de tricher.

 

En médecine, les académiques faisaient crever les malades avec des principes faux,

avec de mauvais résultats mais avec une aura qui les faisaient accepter.

 

Planck et Einstein ont pondu du rigoureux, ça s'est vérifié plus tard.

Plus on mesure précisément et plus ça se vérifie en plus.

http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/physique-1/d/la-dilatation-du-temps-une-nouvelle-confirmation_13586/

 

Les travaux de Pasteur ont bousculé la médecine.

 

Ce ne sont pas les seuls scientifiques rigoureux.

Quelquefois, la science dépasse la mise en oeuvre et explique des choses qu'on observera que plus tard.

Mais la vache, faut une sacrée discipline et intégrité pour en arriver là !

 

Quant tu as un furieux qui veut à tout prix prouver quelque chose,

c'est pas toujours très rigoureux.

 

Bon ciel

Posté

- L' interprétation "moderne" s' appuie sur une MQ relativiste et la décohérence. Un outils (l' intégrale de chemin) permet de raisonner et d' attribuer (peut-être à tord) une signification physique aux différentes "histoires possibles" ou "amplitudes". Ces "amplitudes" portent en elle l' interférence potentielle. Le formalisme (intégrale de chemins ou espaces de Fock, peu importe) permet de rendre compte à l' aide d' un objet unique (le champ quantifié) des aspecs ondulatoires et corpusculaires de la théorie : Plus besoin de notion de "complémentarité".

Je suppose que tu voulais plutôt dire "plus besoin de notion de dualité".

 

Parce que, de ce que je comprends de l'interprétation "moderne", la complémentarité (différents "point de vue" sur un même phénomène, aspect exclusif de plusieurs types d'observations...) est toujours un concept valide. Que l'on parle d'un champ quantifié, d'un quanton, etc...on a bien un objet unique (et non plus "dual") mais on continue d'être confronté à la complémentarité dans les mesures que l'on effectue sur ces objets...

Posté
Que l'on parle d'un champ quantifié, d'un quanton, etc...on a bien un objet unique (et non plus "dual") mais on continue d'être confronté à la complémentarité dans les mesures que l'on effectue sur ces objets...

Pas vraiment, justement : Les expériences modernes sur la décohérence montrent une "gradation" dans les mesures (avec , par exemple, diminution du contraste des franges d' interférence) quand on modifie le dispositif expérimental. La réalité n' est pas aussi binaire, il me semble, que celle imaginée dans les expériences de pensées des fondateurs de la théorie. Ce qui était un principe exclusif dans l'ancienne interprétation devient une conséquence explicable (par la décohérence) et quantifiable par le calcul (franges d' interférence plus ou moins contrastées) dans la nouvelle.

Les expériences à échelle mésoscopiques qui deviennet possibles devraient permettre fixer un peu les idées et démystifier tout ça.

Posté
Une complémentarité continue en lieu et place de la vieille complémentarité discrète, alors...:cool:

 

 

Oui, c'est ce que dit Basdevant. Les "limites" dont il parle ci-dessous sont l'onde et le corpuscule :

 

"Il est complètement faux de parler de dualité «onde-corpuscule» en sous-entendant que la physique est tantôt l'un tantôt l'autre. Nous venons de voir des états où le même objet physique apparaît sous des formes proches de l'une ou de l'autre de ces limites. Mais il y en a beaucoup d'autres ! On sait fabriquer expérimentalement des états quantiques bien définis qui ne sont ni onde, ni corpuscule. Ces états sont appelés des états comprimés. Quantiquement, ils ont une existence et une légitimité parfaitement normales."

Jean-Louis Badevant, «12 Leçons de Mécanique quantique», Vuibert, 2006 (page 40).

Invité shf
Posté
Ca prouve qu'il a de la rigueur scientifique. Même si elle parait "délirante", rien ne permet d'écarter cette conception d 'Everett.

 

 

Cela dit, pour rebondir sur la remarque d'Astrotophe, j'ai plutôt le sentiment que les interprétations de type SF sont là pour nous "rassurer" (la SF, c'est assez proche de nos conceptions "normales" en fait). Une réalité non locale et hors du temps est sans doute bien plus étrange que des univers "classiques", même en quantité hyperastronomique... ;)

 

Même si tu me détestes, et bien sûr, tu en fais ce que tu veux, prends la peine de lire ceci, je l'ai cité aussi (sans vouloir dire du "moi-je" et ça n'a rien à voir) , mais ça n'a sûrement pas été lu par beaucoup sur ce forum :

 

http://users.skynet.be/radoux/textes/quantique.pdf

 

C'est long à lire, même pour moi ....MAIS CA VAUT LE COUP ! ;)

 

Et dis au moins ce que tu en penses, même pas pour moi, :p

 

Allez :horse:

Posté

 

Pour information : Ce texte de Bricmont date de 1994; il en a tout récemment écrit un autre, dans la même veine et un peu actualisé, "La mécanique quantique pour non-physiciens", dans un livre qu'il a co-écrit avec Hervé Zwirn "Philosophie de la mécanique quantique", Vuibert, 2009. Dans ce livre, il répond aussi aux questions de Soazig Le Bihan, une normalienne philosophe des sciences, et de Jan Lacki, directeur de recherche au CNRS.

Invité shf
Posté
Pour information : Ce texte de Bricmont date de 1994; il en a tout récemment écrit un autre, dans la même veine et un peu actualisé, "La mécanique quantique pour non-physiciens", dans un livre qu'il a co-écrit avec Hervé Zwirn "Philosophie de la mécanique quantique", Vuibert, 2009. Dans ce livre, il répond aussi aux questions de Soazig Le Bihan, une normalienne philosophe des sciences, et de Jan Lacki, directeur de recherche au CNRS.

 

Ok

Posté
Je vous conseille aussi la conférence de Jean-Michel Raimond le 26 février 2009 à l'UPMC, déjà recommandée par Christel :

 

http://www.edu.upmc.fr/conferences/2009/sciences_a_coeur/

Je viens de la regarder...Très bonne conférence, l'expérience avec les boites à photons vaut le coup. :)

 

Je crois bien qu'il parle à un moment de l'intégrale de chemin de Feynman (sans doute en réponse à une question).

Oui, et il est très clair pour dire qu'il s'agit bien de la même mécanique quantique que les autres. Avec donc, les mêmes problèmes...

 

D'une façon générale, il est très Bohrien dans ses conceptions et formulations (il insiste notamment à plusieurs reprises sur l'importance du vocabulaire pour penser le non intuitif, il mentionne nos "catégories" de pensée,...).

Posté
Pour information : Ce texte de Bricmont date de 1994;
J'ai lu ce texte. In fine, ce n'est qu'un plaidoyer pour la théorie de Bohm... Ce qui me parait philosophiquement un peu "court" pour répliquer à Copenhague (d'autant plus qu'en tant que théorie physique, Bohm n'apporte rien car il ne permet aucune prédiction qui n'aurait été déjà faite, à la différence de l'interprétation de Feynman).

 

il en a tout récemment écrit un autre, dans la même veine et un peu actualisé, "La mécanique quantique pour non-physiciens", dans un livre qu'il a co-écrit avec Hervé Zwirn "Philosophie de la mécanique quantique", Vuibert, 2009.
J'ai trouvé ce dernier en bibliothèque. Pas encore lu, mais ça ne saurait tarder. J'espère que ses arguments sont plus élaborés que dans le papier de 94. :refl:
Posté
J'ai lu ce texte. In fine, ce n'est qu'un plaidoyer pour la théorie de Bohm... Ce qui me parait philosophiquement un peu "court" pour répliquer à Copenhague (d'autant plus qu'en tant que théorie physique, Bohm n'apporte rien car il ne permet aucune prédiction qui n'aurait été déjà faite, à la différence de l'interprétation de Feynman).

 

J'ai trouvé ce dernier en bibliothèque. Pas encore lu, mais ça ne saurait tarder. J'espère que ses arguments sont plus élaborés que dans le papier de 94. :refl:

Quelques réflexions sur le texte de Jean Bricmont «La mécanique quantique pour non-physiciens», paru en 2009 dans «Philosophie de la Mécanique quantique» (Vuibert).

 

Bricmont aurait aimé que la physique soit : locale, déterministe et réaliste.

Pour la localité, c'est râpé. Après les expériences d'Aspect, Bricmont doit bien l'admettre, et il reconnaît «le caractère déconcertant de la non-localité». Il présente (pages 24-25) une bonne analyse de ces aspects déconcertants : «instantanéité, individualité, non-décroissance avec la distance». Il va même plus loin que bien des physiciens et se pose le problème d'un conflit avec la relativité.

Pour sauver le déterminisme et le réalisme, mis à mal selon lui par la mécanique quantique, il envisage deux solutions :

1)substituer à la MQ une théorie à variables cachées non locale (solution «à la Bohm»),

2)modifier l'équation de Schrödinger, en y introduisant des réductions aléatoires de la fonction d'onde (solution «à la GRW» - Ghirardi, Rimini, Weber).

Bricmont pose alors le principal problème auquel sont confrontées ces tentatives : «Premièrement, peut-on avoir une théorie «à la Bohm» ou «à la GRW» qui rende compte des résultats prédits par les théories quantiques relativistes, comme la théorie quantique des champs ? Deuxièmement, cette théorie sera-t-elle véritablement relativiste, c'est-à-dire, en termes techniques, invariante sous le groupe de Lorentz ?»

Pour les théories «à la Bohm», la réponse semble être négative. Bricmont présente une variante théorique à due John Bell, qui présente un grave inconvénient : il lui faut un «repère privilégié» (ce qui fait fâcheusement penser à l'espace et au temps absolus d'avant Einstein) pour «préserver l'idée de causalité», et de ce fait elle n'est pas «complètement invariante sous le groupe de Lorentz».

Il dit que, si l'on veut vraiment éviter cet inconvénient, il faudrait sans doute abandonner les solutions «à la Bohm» et s'orienter vers un genre de solution «à la GRW» proposée par Roderick Tumulka en 2007.

Cependant, Bricmont (à juste titre) n'aime pas les solutions «à la GRW». Dans ses réponses aux questions de Soazig Le Bihan, il écrit (page 50) «En ce qui concerne ces dernières, il faut bien constater que, dans l'état actuel des choses, elles sont terriblement ad hoc : les paramètres qui caractérisent les réductions spontanées et aléatoires de la fonction d'onde sont choisis de façon totalement arbitraire avec, comme seule contrainte, que :

on évite la contradiction avec l'expérience pour les systèmes microscopiques usuels, pour lesquels la mécanique quantique est bien confirmée;

on élimine les superpositions pour les systèmes macroscopiques.»

 

Remarque : j'ai peut-être lu trop vite, mais je n'ai même pas vu le mot «décohérence» dans le texte de Bricmont ! Pourtant ça concerne bien la réduction de la fonction d'onde, ça découle de la mécanique quantique et c'est vérifié expérimentalement...

Bricmont semble espérer encore une solution «à la Bohm» pour satisfaire ses préjugés philosophiques. A mon avis, ça relève un peu du contorsionnisme intellectuel.

Posté

Merci pour ces réflexions. je suis justement en train de lire ce texte.

 

Bricmont aurait aimé que la physique soit : locale, déterministe et réaliste.

Pour la localité, c'est râpé. Après les expériences d'Aspect, Bricmont doit bien l'admettre, et il reconnaît «le caractère déconcertant de la non-localité». Il présente (pages 24-25) une bonne analyse de ces aspects déconcertants : «instantanéité, individualité, non-décroissance avec la distance». Il va même plus loin que bien des physiciens et se pose le problème d'un conflit avec la relativité.

Oui, c'est curieux, et ça peut paraitre bizarre que je dise cela (je ne suis pas physicien, et lui l'est), mais il semble ne pas avoir compris ce que c'est que la non-localité. Il est enfermé dans une représentation rigide des catégories espace et temps qui fait qu'il ne parvient pas à concevoir cette non-localité comme autre chose qu'une action instantanée à distance. Sans envisager que c'est le concept même de distance qui est inopérant. Du coup, pas étonnant qu'il voit un pb avec la Relativité, alors qu'il n'y en a pas.

 

Ce qui me surprend (désagréablement), du moins au point où j'en suis de ma lecture (2/3), c'est que comme il semble un peu obtus au niveau philosophique, il tourne un peu en dérision les affirmations de gens comme Bohr, Born,... en disant qu'ils ne sont pas clairs.

 

Le comique, c'est que lorsqu'il reformule "clairement" une affirmation de Born (p 23) , il montre qu'il n'a pas compris, en fait... La formulation de Born n'amenait absolument pas nécessairement aux variables cachées, mais à la non-localité.

 

Ses commentaires sur le débat Bohr-Einstein (avec force citations de Bell) en pages 21 et 22 sont assez surprenants aussi. "Supériorité intellectuelle" d'Einstein sur Bohr (argument très scientifique, on en conviendra), les adversaires d'Einstein n'ont pas compris ce qu'était la non-localité (ils ne parlaient que de ça depuis au moins 1927).

 

Bref, les préjugés philosophiques semblent ne pas aider à l'intelligence calme des choses... :refl:

  • 5 semaines plus tard...
  • 1 mois plus tard...
Posté

Nouvelle vidéo-conférence de Jean-Michel Raimond (13 février 2010). C'est court (environ 15 minutes). A la fin, il donne quelques références intéressantes (ouvrages de vulgarisation en particulier).

 

  • 4 semaines plus tard...
Posté

Bon soir

 

j'aime ajouter un mot aux paradoxes de la mécanique quantique.

Bien entendu j'attends une critique à ce que je vais dire.

 

A mon avis, les paradoxes de la mécanique quantique (l'intrication, le chat de Schroginger, etc) montrent qu'on est en train de faire une fausse route dans les interprétations du formalisme mathématique qui définit la mécanique quantique. C'est l'application des formules qui est à l'origine de l'essor technologique d'aujourd'hui et non pas ce qu'on pense selon les interprétations qu'on fait. La mécanique quantique est un ensemble de règles opérationnelles, et ces règles relèvent des mathématiques, et les mathématiques se fondent sur la logique. Donc il ne doit pas y avoir de contradictions. En bref, il n'y a pas d'intrication, ni de phénomène comme particule occupant deux positions en même temps. Ce sont de fausses interprétations d'observations qu'on fait. D'ailleurs, les dispositifs de l'expérience et les critères de validité correspondants sont réalisés d'une façon qui s'appuie sur les probabilités et les objets mathématiques qui n'ont pas de correspondants physiques. Par exemple, le nombre complexe i n'a pas de correspondant physique et pourtant il permet de faire des calculs utils. Il ne faut pas donner aux composantes d'un vecteur sur une base des correspondants physiques qui n'ont pas de sens comme se trouver simultanément en deux positions différentes. On peut donner à une particule des observables différents en même temps comme par exemple, avoir simultanément une position, un spin et une quantité de mouvement, mais pas deux observables de même nature (comme par exemple deux positions simultanément). Si nous donnons à la formule de probabilité "nombre de cas favorables sur nombre de cas possibles" une interprétation physique comme celles qu'on donne en mécanique quantique on arrivera à des bizarreries innatendues et inacceptables!

 

Au revoir

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