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Autre outburst dans le Cygne


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Posté

J'en convient, le titre est aguicheur, mais pas malhonnête.

En fait cet outburst a commencé en 1964. V1016 Cyg habituellement à mag 15,5 a mis plusieurs années à atteindre mag 10,5, 100 fois sa luminosité habituelle, vers 1968. Depuis, la luminosité décline très lentement (elle est actuellement à 11,1). V1016 Cyg fait partie du club très fermé des novae symbiotiques (une dizaine environ). Là, pas besoin d'attendre la bonne fenêtre météo pour obtenir le dernier spectre avant qu'elle ne soit trop faible : un ou deux spectre par an pendant 10, 20 30 ... ans : l'outburst d'AG Peg entamé dans les années 1850 a atteint son maximum en 1871 avant d'entamer un très long déclin durant des dizaines années. Elle porte également le nom de Nova Cygni 1964.

 

Voici donc à quoi elle ressemble :

v1016%20cyg%2020100512.gif

 

Eh, oui, typiquement le spectre d'une nébuleuse planétaire, bien différent de celui de nombreuses autres symbiotiques (quelques raies en émission sur le continuum d'une géante rouge). Et autrement plus riche que celui d'une cataclysmique en outburst!

 

v1016-cyg-20100512.gif

 

Les raies [OIII] bien intenses, mais aussi He I et He, et le fer ionisé 6 fois, signe d'une forte excitation.

 

Et puis la raie "6826" qui est restée une énigme jusque dans les années '80. Il s'agit en fait d'un effet de diffusion Raman sur la raie ultraviolette OVI 1032. Et oui, avec une symbiotique, pas besoin d'un télescope spatial pour observer dans l'UV !

 

Parmi les symbiotiques faibles (11-12) j'en ai une autre en réserve qui n'est pas mal non plus.

 

Amicalement

 

François Teyssier

 

http://www.astronomie-amateur.fr/feuilles/Spectroscopie/SyS/V1016%20Cyg.html

Posté

Superbe spectre et besoin d'explication.

Je m'y perds un peu. Ici c'est clairement une nébuleuse planétaire en expansion, Ha est asymétrique mais le pro géniteur est une symbiotique.

Le mécanisme initiateur est donc thermique, friction interne dans le disque d'accrétion. Où touve t on l'énergie pour projeter une enveloppe dans l'espace avec un si haut niveau d'exitation ? A moins qu'il s'agisse d'une nova thermonucléaire ? Mais alors, si lente... :hmm:

 

Autre question : est ce que tu vois la rouge ?

Posté

Je m'y perds un peu.

 

Autre question : est ce que tu vois la rouge ?

 

C'est normal Thierry, tu n'es pas le seul. La nature de ces événements reste l'objet de débats.

 

La définition des symbiotiques est initialement basée sur le spectre :

Combinaison 1) d'un spectre de type froid (géante rouge) avec des bandes d'absortion TiO 2) d'un faible continuum dans le bleu et 3) de raies nébulaires (H, HeI ... ) et de raies correspondant à une forte excitation (au moins celle correspondant à la formation de [OIII].

La composition des systèmes correspondant à ces caractéristiques a fait l'objet de discussions (étoile unique, systéme binaire). La définition communément retenue à l'heure actuelle est qu'il s'agit de systèmes binaires détachés, composés d'une géante rouge (parfois de type Mira), d'une étoile chaude, compacte (généralement une naine blanche), et d'une zone nébulaire formée par le vent stellaire issu de la géante rouge.

L'étoile compacte est très chaude (100 000 K) et très lumineuse, conditions nécessaire pour expliquer la formation des raies de fort potentiel d'ionisation.

Différentes zones d'ionisations sont définies dans l'espace nébulaire qui enveloppe les deux étoiles. Des zones de collisions de vents stellaires ont été mis en évidence.

L'excentricité des orbites peut provoquer régulièrement des variations importantes des conditions physiques. Lorsque la géante est une Mira (systèmes notés D), les pulsations de la Mira modifient également ces conditions ...

On a donc affaire à un systéme de 3 composants seulement , mais dont la complexité est grande, de même que les variations.

Derrière la définition relativement vague des symbiotiques se cumulent donc toutes ces variations. Rien d'étonnant à ce que leur apparence, leur comportement puisse être très différent d'un système à l'autre.

De plus, il semble que certains systèmes renferment en plus un disque d'accrétion formé autour de l'objet compact.

 

En ce qui concerne les outbursts, 3 théories coexistent :

1. événement thermonucléaire à la surface de la naine blanche. En fonction du taux d'accrétion cette explosion nucléaire peut prendre 3 formes :

1.1. Taux faible : la matière s'accumule à la surface de la naine blanche sans réagir, jusqu'au moment où la pression à la base de la couche devient suffisamment forte pour provoquer une réaction nucléaire brutale de type nova, avec éjection d'une coquille de matière

1.2. Taux moyen : une réaction nucléaire permanente, régulée, se produit

1.3. Taux élevé : la matière s'accumule sur la zone où se développent les réactions thermonucléaires et forme une enveloppe gigantesque.

2. Deuxième théorie : disque d'accrétion et accrétion de matière

3. Troisième théorie : ionisation provoquée par une augmentation du taux de formation de vent stellaire issu de la géante.

Pour compliquer un peu plus, certains considérent que 1 et 2 se combinent (ex de l'outburst de Z And en 2002)

 

Dans ce cas de V1016, c'est probablement 1.2., une réaction nucléaire contrôlée qui est à l'origine de l'actuel outburst ou 1.3.

 

La nébuleuse dont tu montres les photos prises par Hubble est effectivement formée par la matière expulsée par la réunion nucléaire. Elle est plus chaude et plus dense qu'une nébuleuse planétaire classique.

 

Pas simple, mais assurément un bel objet.

 

Sa couleur? Effectivement assez rouge je suppose, mais en fait je ne l'ai jamais vue que comme une cible pour la caméra d'autoguidage (ne le répète pas, certains pourraient jaser ...):rolleyes: (Suzy Collins, une grande spécialiste des quasars avait coutume de dire : ne me demandez pas où se trouve la constellation du Scorpion, je n'en sais rien).

 

Une autre obtenue le 12 mai : V443 Her, faible aussi, mag 11.4, avec cette fois, l'allure typique d'une symbiotique (continuum de géante rouge avec ses bandes d'absorption TiO, raies intenses d'émission H, HeI et [OIII]

 

v443her%2020100512%20crop.gif

 

a+

François

Posté

OK pigé !

Sauf la couleur. Ma question était est ce que tu vois la géante rouge dans ton spectre, après tout c'est ça une symbiotique ?

Mais sur Spectro-L tu dis que tu vois un deuxième spectre bleu, la naine blanche ?

Passionnant et variées tes variables cataclysmiques.

Posté
OK pigé !

Sauf la couleur. Ma question était est ce que tu vois la géante rouge dans ton spectre, après tout c'est ça une symbiotique ?

Mais sur Spectro-L tu dis que tu vois un deuxième spectre bleu, la naine blanche ?

Passionnant et variées tes variables cataclysmiques.

 

Bonne question en effet.

V1016 Cyg est actuellement en outburst. Le continuum des composants chauds (nébuleuse et naine blanche qui subit la réaction nucléaire des sa couche d'accrétion) domine donc très largement celui de la géante rouge, dont la magnitude est, de plus, de l'ordre de mag 14 à 17). Les bandes d'absorption ne sont donc pas visibles pour ces deux raisons.

Tu retrouve une situation semblable dans V407 Cyg : le continuum est presque plat. Sauf depuis quelques jours : les bandes d'absorption TiO dans l'IR proche commencent à apparaitre. Ce n'est pas elles qui ont changé, mais l'affaiblissement du continuum chaud qui leur permet d'apparaitre.

 

D'une façon plus générale, nous n'avons accès qu'au visible. La caractérisation des symbiotiques, au moins de certaines d'entre elles nécessite l'exploration de l'UV et de l'UV lointain ou de l'IR.

 

Pour ce qui est bleu dont je je parlais, il s'agit du continuum en dessous de 4500 A qui a parfois tendance à se dédoubler, je pense que c'est un problème de réglage, peut-être de focalisation.

 

a+

François

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