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Une escapade nocturne au col du Sanetsch


julon2000

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Bonsoir à tous,

 

Après quelques moments d'hésitation quant à publier mes inepties au milieu des nombreux compte-rendus de qualité qui peuplent ce forum, je décide finalement de me jeter à l'eau - il est 2h, le ciel est couvert, et je n'ai pas sommeil. Je plaide donc l'indulgence, il s'agit d'un premier CROA, qui plus est réalisé par un astram tout autant débutant - la peinture de mon XT10 (mon premier téléscope à moi) étant à peine sèche, je l'ai depuis la mi-juin. Note après rédaction: il s'agit d'une véritable logorrhée, toutes mes excuses pour vous faire subir mon décalage horaire!

 

Bien que mon tube soit donc tout récent, j'ai passé un certain nombre de nuits (pour ne pas dire un nombre certain - au point d'avoir un sévère décalage horaire; m'en fous je suis en vacances) à m'essayer au ciel de la campagne lausannoise (je suis Suisse, donc). J'en ai vu des jolies choses, mais il faut bien avouer que Lausanne et la côte lémanique ne manquaient pas de me rappeler leur présence toute proche: même au col du Mollendruz, situé à 1200m et grosso modo à 25 km à vol d'oiseau de Lausanne, un sinistre halo orange inondait tout l'horizon sud. Le nombre de lampadaires au kilomètre carré dans la région doit frôler les records, même en pleine cambrousse.

 

Comme j'ai du temps, je me dis qu'il pourrait être intéressant d'aller plus haut, et forcément plus loin (en essayant de faire en sorte que ce dernier qualificatif ne soit tout de même pas trop grand). Je pense donc à un lieu visité en crapahutant dans les montagnes, le col du Sanetsch, 2200m, accessible facilement en voiture. Je vérifie, google me dit que c'est à 1h45 de chez moi. Ca fait quand même une trotte, m'enfin bon, j'ai du temps, et ça fait longtemps que je n'ai pas vu de près la région du Wildhorn. Pour la petite histoire la ligne de démarcation eaux vers le rhône/eaux vers le rhin passe par là (pouvoir choisir dans quelle mer on pisse, ça n'a pas de prix!), et selon la légende, le col du Sanetsch reliant une région germanophone (Berne) à une région francophone (le Valais) il s'agissait d'un haut-lieu de passage de contre-bande, et également de vol de bétail (et de femmes!) d'une région vers l'autre.

 

Je vérifie donc la météo: risque faible d'orages sur les crètes, ouf! Des cirrus annoncés, cependant. Je charge tout le matos (y compris des accessoires dédiés à d'autres saisons, je m'apprète tout de même à passer la nuit à plus de 2000 mètres), et en voiture Simone! Le trajet me prend plus de temps que prévu (les travaux incessant sur les autoroutes, et vu le matos derrière, je voulais éviter de faire du rally sur la route qui monte au col, ce qui a dû me valoir quelques grincements de dents de la part des valaisans qui collaient à mes plaques vaudoises), mais j'arrive finalement sur les lieux sur le coup des 21h30. Quelques voitures sont là, probablement des marcheurs dormant en cabane, car pas âme qui vive à l'horizon, si ce n'est quelques sons de cloche, au loin; mon ouïe me dit qu'il doit s'agir de chèvres. J'installe donc le tube pour la mise en température, et j'admire les teintes rosées sur les crètes en attendant que les premières étoiles s'illuminent. Je remarque aussi avec un peu d'appréhension que la neige est encore toute proche.

 

En attendant le crépuscule astronomique, j'en profite pour commencer les hostilités de la nuit avec Vénus, qui joue à cache-cache avec les cumulus - la journée a été très chaude - qui ne tarderont d'ailleurs pas à disparaître. C'était la première fois que je l'observais, et comme je l'avais lu, il n'y avait pas grand chose à se mettre sous la dent. J'ai pu cependant constater qu'elle n'était pas complétement illuminée, et que le terminateur présentait un joli dégradé entre ombre et lumière. Vénus finit par disparaître derrière le Sanetschhorn, et le ciel est encore bien clair - j'en profite pour vérifier et paufiner la collimation du bestiau.

 

Après un café et quelques clopes, Saturne se montre - splendide! Je l'avais déjà observée il y a quelque temps dans un ETX125 prêté, mais elle est là sans commune mesure - le ciel aidant aussi évidemment. Je distingue 1 ou 2 satellites (je ne sais par contre pas lesquels). Je me dis cependant qu'il faudra que j'étoffe mon arsenal d'oculaires - je me "contente" pour l'instant d'un Nagler 13 avec une barlow x2 - histoire d'augmenter un peu le grossissement, mais plus tard, il faut que je fasse d'abord avaler la pilule du gros tuyau à ma chère et tendre!

 

Le ciel poursuivant son assombrissement, je braque le tuyau vers la Grande Ourse et ses galaxies. Je les ai déjà observées, il s'agit de vérifier que je sais bien les repérer, de me faire l'oeil à l'obscurité - et bien entendu de profiter du spectacle! Je commence par M51 que je trouve du premier coup, et je constate que l'altitude, ça paie: même si le ciel n'est pas encore complètement noir, et que mes yeux ne sont pas encore pleinement adaptés, je distingue les bras spiraux! Chose qui ne m'était pas arrivée en plaine. J'enchaîne avec M101, que je trouve laborieusement, en m'attardant un peu sur la double zeta: elle reste quand même un peu timide - l'aborder en début de soirée n'est probablement pas lui rendre justice. Je poursuis avec M82 et M81, et je constate une première fois (ça ne sera pas la dernière) que l'altitude a une conséquence: il y a beaucoup plus d'étoiles visibles! Du coup, bien que je les aies trouvées sans problème en plaine, j'ai plus de peine à les viser. J'y arrive finalement, et je passe un certain temps à observer les taches plus sombres de M82 - je ne distingue pas les bras de M81. Je termine avec M108, qui ne me laisse pas une grande impression à côté de ses voisines, et je fais un petit tour sur M97: je n'arrive pas à regarder le hibou dans les yeux.

 

Le ciel est maintenant bien noir, je me tourne vers le sud-ouest et l'objet de ma convoitise: le Sagittaire. Damned! Même ici, Sion et ses lumières sont bien visibles, et le Sagittaire est en plein dedans. Je souhaite sur le moment qu'on envoie véritablement

, mais juste un moment hein (pas envie qu'ils me jettent des cailloux la prochaine fois, déjà qu'avec mes plaques vaudoises).

 

Je décide donc de patienter un peu le temps que le Sagittaire monte un peu plus, et pour cela je rend visite à la Lyre. Je jette un oeil à Sheliak, puis je cherche M57: tout comme tout à l'heure, il m'est plus difficile de la trouver qu'en plaine, il y a beaucoup plus d'étoiles! Je reste un moment sur M57 (à nouveau, il me faudra probablement plus de grossissement), puis je décolle l'oeil de l'oculaire pour faire une petite pause. Le ciel est somptueux! Ne connaissant pas encore tous mes classiques, je jette un oeil sur une carte pour essayer de repérer la constellation du dragon, dans le but d'observer NGC6543 (facile à retenir, ces chiffres-là). Je passe un bon moment à m'y perdre (mais se perdre dans ce décor, j'en redemande), et je trouve un moyen de repérer l'objet de ma convoitise: un groupe de deux étoiles entre zeta et khi, un deuxième groupe entre delta et xi, l'oeil de chat est pile entre les 2! Content de moi, je tourne le téléscope, repère les groupes d'étoiles dans le chercheur, me dirige vers le milieu, et rien. Bon, j'ai dû pointer vers le mauvais milieu, que je me dis, je recommence, une fois, deux fois, et toujours rien. Je revérifie, je suis pourtant au bon endroit. Je laisse tomber en me disant que je creuserai la question le lendemain - et question creusée, je m'attendais à un objet de la taille de M57, M27 ou M97 (les nébuleuses planétaires que je connais), or il se trouve que l'oeil de chat est nettement plus petit, et que j'ai dû lui passer dessus plusieurs fois en la prenant pour une étoile. Ce sera donc pour une prochaine fois.

 

Le temps ayant passé, le Sagittaire est malheureusement toujours dans le halo sédunois. J'y jette quand même un oeil: la Lagune (une révélation la première fois que je l'ai vue en plaine), Trifide, Oméga et l'Aigle sont bien visibles, mais j'en suis un peu déçu. J'en profite pour errer un peu sur les nombreux amas du coin.

 

Re-pause. Je distingue une tache à l'oeil nu, à l'est, sous Cassiopée. Tiens ça doit être M31 que je me dis (la fatigue aidant - il doit être 3h - je ne me rend pas compte que le ciel a tourné et que mes repères ont changé!), j'y jette un oeil: ce n'est pas M31, mais quelle agréable erreur! Il s'agit du double amas de Persée, et j'ai dans l'oculaire un groupement d'étoiles, plus fines et lumineuses, et qui se détachent du reste de l'amas: un diamant posé sur son écrin. C'était l'amas en haut à droite dans mon oculaire, il doit s'agir de NGC 884 si je ne m'abuse.

 

Jupiter étant assez haut, je termine (presque) la nuit avec: magnifique, la tâche rouge est bien visible, les bandes sont bien colorées et détachées, et il n'y a quasiment pas de turbulence. Je tente de trouver Uranus qui devrait être tout proche, mais sans succès. L'est commence à s'éclaircir, je termine finalement avec les Pléïades, un café à la main, frigorifié (le vent s'est levé vers les 3h, et là ça commence à bien souffler) mais heureux.

 

Voilà! Une très (trop?) longue première tartine, pour une formidable nuit en altitude!

Posté

Salut Julon :)

 

Après quelques moments d'hésitation quant à publier mes inepties au milieu des nombreux compte-rendus de qualité qui peuplent ce forum, je décide finalement de me jeter à l'eau - il est 2h, le ciel est couvert, et je n'ai pas sommeil. Je plaide donc l'indulgence, il s'agit d'un premier CROA, qui plus est réalisé par un astram tout autant débutant

 

:nono: Pas d'excuses foireuses, il n'y a aucune raison qu'on te fasse des faveurs :be: (De toute façon, tu t'en sort très bien pour une première ;) )

 

 

J'enchaîne avec M101, que je trouve laborieusement

M101, sans doute la plus exigeante des galaxies, il faut vraiment avoir un ciel nikel pour l'apprécier :(

 

Damned! Même ici, Sion et ses lumières sont bien visibles, et le Sagittaire est en plein dedans. Je souhaite sur le moment qu'on envoie véritablement
, mais juste un moment hein (pas envie qu'ils me jettent des cailloux la prochaine fois, déjà qu'avec mes plaques vaudoises).

Une petite raclette pour digérer ça :D

 

un groupe de deux étoiles entre zeta et khi, un deuxième groupe entre delta et xi, l'oeil de chat est pile entre les 2! Content de moi, je tourne le téléscope, repère les groupes d'étoiles dans le chercheur, me dirige vers le milieu, et rien. Bon, j'ai dû pointer vers le mauvais milieu, que je me dis, je recommence, une fois, deux fois, et toujours rien. Je revérifie, je suis pourtant au bon endroit. Je laisse tomber en me disant que je creuserai la question le lendemain - et question creusée, je m'attendais à un objet de la taille de M57, M27 ou M97 (les nébuleuses planétaires que je connais), or il se trouve que l'oeil de chat est nettement plus petit, et que j'ai dû lui passer dessus plusieurs fois en la prenant pour une étoile. Ce sera donc pour une prochaine fois.

Ha oui, petite mais maousse costaud l'Oeil de chat, tu as fais la même approche que moi pour la localiser, la prochaine fois, lorsque tu seras dessus, insistes bien, tu verras un petit objet non ponctuel et sa couleur turquoise va la trahir, n'hésites pas à la grossir et si tu possèdes un filtre interférenciel, utilises le ;)

 

ce n'est pas M31, mais quelle agréable erreur! Il s'agit du double amas de Persée

 

Ha oui, quelle grossière erreur, mais bon, tu t'es bien rattrapé :b:

 

Voilà! Une très (trop?) longue première tartine, pour une formidable nuit en altitude!

 

Trop :?: , non, c'est agréable à lire :p

Posté

Que de bons souvenirs ce croa me remémore; mes nuits au Sanetch pour les papillons de nuit; (hétérocères) ainsi que des nuits à Tatch Hütte (othographe douteuse):be:

 

Merci pour ce Croa!

Posté
Salut Julon :)

Ha oui, petite mais maousse costaud l'Oeil de chat, tu as fais la même approche que moi pour la localiser, la prochaine fois, lorsque tu seras dessus, insistes bien, tu verras un petit objet non ponctuel et sa couleur turquoise va la trahir, n'hésites pas à la grossir et si tu possèdes un filtre interférenciel, utilises le ;)

Le ciel est nickel en cette fin d'après-midi, pas d'orage prévu, j'y retourne ce soir, et cette fois je l'aurai :) Ou alors au Grand Saint-Bernard, histoire de dégager le Sagittaire? Mouais, je risque de me faire emmerder par les phares des voitures en cette période de transhumance vers la mer.

 

Que de bons souvenirs ce croa me remémore; mes nuits au Sanetch pour les papillons de nuit; (hétérocères) ainsi que des nuits à Tatch Hütte (othographe douteuse):be:

 

Merci pour ce Croa!

 

Je ne savais pas que le Sanetsch était fameux pour ses papillons de nuit; je n'en ai pas vu, enfin je dois dire que je n'y ai pas beaucoup prêté attention. Et pour l'orthographe du Haut-Valaisan, je pense que même les principaux intéressés ne sont pas d'accord entre eux :)

 

Et merci de m'avoir lu!

Posté
Je commence par M51 que je trouve du premier coup, et je constate que l'altitude, ça paie: même si le ciel n'est pas encore complètement noir, et que mes yeux ne sont pas encore pleinement adaptés, je distingue les bras spiraux!
Un bon début, effectivement.

 

Je poursuis avec M82 et M81, et je constate une première fois (ça ne sera pas la dernière) que l'altitude a une conséquence: il y a beaucoup plus d'étoiles visibles! Du coup, bien que je les aies trouvées sans problème en plaine, j'ai plus de peine à les viser.
Mais pourquoi ?
Posté

Mais pourquoi ?

 

La maladresse du néophyte dont les maigres repères brinquebalant sont chamboulés par toutes ces nouvelles étoiles?

Posté
La maladresse du néophyte dont les maigres repères brinquebalant sont chamboulés par toutes ces nouvelles étoiles?

 

Ca ne devrait pas. Pourquoi ? parce que les "maigres repères" sont les étoiles les plus brillantes, ce qui fait que lorsqu'une multitude d'autres sortent, les repères sont toujours, en encore mieux, visibles. Ils sont simplement posés sur un fond étoilé plus riche.

 

En ce qui me concerne, j'ai toujours trouvé plus facile de m'orienter dans un beau ciel riche d'étoiles que dans un ciel étriqué...

 

Au moins, on voit les constellations complètes, pas seulement leurs squelettes. :cool:

Posté
mais avec un chercheur "classique", ça se complique :confused:

 

Ah oui, avec un chercheur... :refl:

 

Mais bon, en principe, une fois qu'on est sur la zone, on se repère aux motifs reconnaissables...

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