Le planétaire opportuniste

[Vakoran]

Date : Dimanche 6 mars, de 18h30 à 22h

Site : Colline de Grambois

Matériel : Dobson 254/1200, Panoptic 24, Pentax XW 14 et Nagler 7, Powermate x2,5.

Conditions : Ciel franchement clair mais turbulence extrêmement réduite.

Température : autour de 5°C.

 

Après plusieurs jours de disette astronomique, les nuages quittent enfin le Luberon voisin. Ca tombe bien, j'ai récemment reçu le (sans doute) dernier oculaire de ma panoplie : le Nagler 7. La soirée qui s'annonce me permettra de tester ce beau caillou.

 

A mon arrivée, le soleil se couche à peine dans le lointain. Je suis monté plus haut que d'habitude dans la colline pour bénéficier d'un horizon Ouest dégagé, et en contrebas, au loin, je remarque qu'une sorte de brume recouvre les premières lumières des villages alentours.

 

Bon signe ? On dirait que oui, puisque mes premières observations sur le très fin croissant de lune tout neuf sont exceptionnelles ! J'adore commencer à l'oeil nu, alors que notre satellite apparaît doucement dans le ciel encore bleu. Mais bien vite, le besoin de grossir de fait sentir. Je chausse alors le Pentax, qui me donne une vision globale splendide. Le fin trait de lumière est couvert de cratères allongés de toutes les tailles, certains plus gros abritant de petites montagnes.

 

Je pousse encore en utilisant pour la première fois le fameux Nagler 7, et suis fasciné par les détails visibles. L'image n'est pas floue du tout, ce qui me surprend... Cédant à la tentation, je pousse alors au maximum et ajoute la Powermate. Le grossissement est de 430x environ, et l'image, certes un poil floue, reste parfaitement exploitable ! Je suis soufflé par le niveau de détails visibles : sur cette fine partie éclairée de la lune, je vois trop de choses pour pouvoir tout noter, surtout que l'immense champ apparent du Nagler m'aide fortement dans le suivi. Serait-ce un soir à planétaire ? Il existe un moyen de le savoir...

 

Je pointe donc Jupiter, voisine de la lune ce soir là. Et l'impression de départ se confirme : je ne l'avais jamais vue aussi détaillée ! Je crois que c'est la première fois que la turbulence est aussi faible depuis un peu plus de 4 mois que j'observe le ciel. Une bande blanche centrale est parfaitement visible, entourée de deux bandes orange profond de largeurs différentes. Trois satellites sont visibles, j'apprendrai plus tard que le 4ème se trouvait en fait devant la géante gazeuse. Je ne l'ai hélas pas détecté, mais là encore, même à 430x, le spectacle reste inoubliable. C'est fou comme la moindre vibration du tube fait bouger l'image, mais l'observation reste tout à fait jouable.

 

Après m'être attardé pendant une bonne heure sur ces deux objets proches, je décide d'aller plus loin avec un bon test du ciel : M42, et surtout, son trapèze. Je me rends alors compte que je ne me suis pas trompé. La turbulence est assez faible pour me permettre de voir 5 étoiles sur le trapèze ! Merci le ciel (et merci Daube-Sonne pour la petite séance de collimation d'il y a deux semaines ) ! Là encore, je me fais plaisir à 430x, ce qui me donne l'impression que la nébuleuse m'entoure (m'enlace ? ) de ses bras fantomatiques.

 

Mais il est bientôt l'heure de pointer mon tube vers l'Ouest. Et lorsqu'une étoile semble avancer lentement vers le zénith en devenant de plus en plus brillante, je me sers du Pentax 14 et d'une bonne dose de sang-froid pour la pointer et la garder dans l'oculaire. L'ISS est bien là, couleur de feu, comme une conséquence de son extraordinaire vitesse. A 90x, un tube central et des panneaux solaires évidents se découpent dans le ciel désormais noir. Je tente de faire le malin et remplace le Pentax 14 par le Nagler 7, mais là ça va vraiment trop vite ! Et quand le satellite artificiel passe au zénith, j'ai bien trop de mal à le pointer pour parvenir à le suivre. Sa luminosité baissera ensuite rapidement avant la disparition inévitable à l'horizon Sud-Est. N'empêche, je n'étais pas certain de ce que je verrais, et suis donc sous le charme de cette vision très nette de sa structure !

 

Je tente ensuite de repérer quelques nébuleuse planétaires faibles, mais le ciel, excellent pour la turbulence, ne m'arrange pas pour la transparence : j'ai l'impression que la lune, pourtant couchée à présent, est là et gibbeuse. Je me console avec des cibles qui font toujours mon bonheur : Iota Cancri, toujours très belle double jaune et bleue, me donne envie d'aller dire bonjour à Almach, dans les mêmes teintes mais plus brillante. Je rencontre également des doubles inconnues jusqu'alors, comme 38 Lyncis, dont la principale blanche est très proche de sa secondaire qui m'apparaît beige.

 

Je me rends compte qu'il est des objets que je n'observe pas souvent : ce sont les amas globulaires. Je décide donc de me lancer à la recherche de M53, que j'ai un peu de mal à trouver car Alpha Comae Berenices, qui pourrait me servir de repère, est très difficile à distinguer. J'y parviens néanmoins et savoure enfin un amas globulaire plus gros et lumineux que M79 que j'ai l'habitude d'observer habituellement : les étoiles sont faciles à séparer à 210x, et à 430x, le spectacle reste magnifique, notamment une étoile assez brillante en marge de l'amas, qui semble vouloir s'en échapper.

 

Je cherche ensuite à voir 35 Comae Berenices, une double, mais là encore, il est compliqué d'avoir de bons repères dans ce ciel bleu foncé. Je finis par y parvenir en repérant en premier... M64, toute proche. Amusant qu'une galaxie me permette de trouver une étoile, habituellement c'est plutôt le contraire ! La principale est blanche tirant légèrement sur le jaune, et la secondaire est plutôt bleue. Quand à la galaxie, elle n'est hélas qu'une tachouille sans détail marquant, mais je m'y attendais.

 

Repensant à l'objet du mois, je tarde encore à me remettre en quête de globulaires et fais un détour par M97. La nébuleuse du Hibou, comme prévu, est hélas bien peu détaillée dans ce ciel décidément clair. Il me semble percevoir une vague zone un peu moins lumineuse, l'un des yeux du volatile, avec le Pentax, mais je ne peux jurer de rien...

 

J'aperçois alors Arcturus, une étoile que j'ai toujours trouvé assez grossière. Il faut dire qu'en général, je l'observe alors qu'elle est basse sur l'horizon. Cette fois, je pense qu'elle est assez haute pour devenir intéressante. Las, à l'oculaire, elle reste une grosse chose orange aux reflets multicolores. Je pourrais trouver ça beau, mais je n'y peux rien : je persiste à l'assimiler à une femme qui se couvrirait de maquillage à l'excès en pensant que ça la rendrait belle. A contrario, Sirius, que je ne peux m'empêcher de pointer pour comparer, me semble élégante, magnifique et attirante, mais sachant préserver ses effets. Une beauté glaciale, un joyau dans l'espace. Je suis sous le charme !

 

Je me ressaisis et cherche M3. Pas évident de repérer l'amas globulaire dans cette région assez pauvre en étoiles visibles sous mon ciel clair. J'y parviens néanmoins assez bien avec l'aide du Telrad et de ses cercles qui me servent de repères. Et là, je me régale : il est parfaitement sublime à tous les grossissements, chacun apportant sa vision de l'amas. Mais la plus belle est au Nagler 7, qui à 170x, permet de bien séparer les étoiles tout en conservant une luminosité très correcte. Le parfait compromis, qui me permet de profiter du spectacle de ces étoiles qui semblent partir dans tous les sens, une fois sorties du nuage central. C'est sans le moindre doute le plus bel amas globulaire que j'ai pu voir jusqu'à présent !

 

Je passe ensuite rapidement sur un très grand amas ouvert, Cr 463, chez Cassiopée. Habituellement, je ne suis pas très friand des amas trop grands, mais celui-ci est vraiment beau et me donne l'impression de contempler une structure en forme de spirale à quatre branches. Je passe ensuite rapidement sur Iota Cassiopeiae, une double assez belle, surtout au Pentax qui offre le meilleur compromis entre séparation des étoiles et conservation de leurs teintes. La principale est blanc-jaune tandis que la secondaire, très proche, est plutôt brune.

 

Vient le moment de profiter une nouvelle fois de ce ciel à planètes, en pointant enfin Saturne ! Sans surprise, elle est sublime, les anneaux se découpant parfaitement sur son disque jaune. Trois satellites sont visibles, mais il ne me semble pas voir la fameuse tempête dont tout le monde parle depuis quelques semaines. Néanmoins, quel délice... Je m'abreuve longuement de cette vision exceptionnelle à fort grossissement, puis je plie bagage.

 

Bilan de la soirée :

- Si le ciel avait été plus noir, j'aurais sans doute passé toute la nuit sur place ! Quel dommage qu'il soit resté si clair...

- Le Nagler 7 est une merveille, et en essayant de voir le bord de son champ, je me rends compte qu'il faut vraiment que je colle mon oeil pour le détecter. Autrement dit : pas besoin d'Ethos, le champ du Nagler me suffit largement !

- Je suis ravi de ma séance d'observation !

[Guillaumedu59]

Excellent CROA !

Toutes mes félicitations pour ce prestigieux Nagler 7 !

[Rigel de st off]

Trés bon croa:rolleyes:.

Merci du partage et bon ciel à toi:).

Modifié 10 mars 2011 par Rigel de st off

[Ardramus]

Trés bon crao.

 

Tiens donc!

 

Plus sérieusement,une bien belle soirée que tu nous fait partager là!

 

Au plaisir de te lire.

[Dédé de St Fé]

Bonjour Vakoran

mais là encore, même à 430x, le spectacle reste inoubliable. C'est fou comme la moindre vibration du tube fait bouger l'image

C'est certain qu'avec un tel grossissement, il vaut mieux avoir une monture bien stabilisé et une absence totale de vent

J'ignore comme tu procèdes, mais moi, en, général je place l'objet observé en dordure du champ de l'oculaire et je le laisse "dériver" sur tout le champ afin de bien l'observer sans avoir besoin de toucher le tube

 

Iota Cancri, toujours très belle double jaune et bleue, me donne envie d'aller dire bonjour à Almach, dans les mêmes teintes mais plus brillante

 

 

Je cherche ensuite à voir 35 Comae Berenices, une double, mais là encore, il est compliqué d'avoir de bons repères dans ce ciel bleu foncé. Je finis par y parvenir en repérant en premier... M64, toute proche

Tout à fait, cette zone du ciel est très pauvre en étoiles lumineuses

 

Je me ressaisis et cherche M3. Pas évident de repérer l'amas globulaire dans cette région assez pauvre en étoiles visibles sous mon ciel clair. J'y parviens néanmoins assez bien avec l'aide du Telrad et de ses cercles qui me servent de repères. Et là, je me régale : il est parfaitement sublime à tous les grossissements, chacun apportant sa vision de l'amas. Mais la plus belle est au Nagler 7, qui à 170x, permet de bien séparer les étoiles tout en conservant une luminosité très correcte. Le parfait compromis, qui me permet de profiter du spectacle de ces étoiles qui semblent partir dans tous les sens, une fois sorties du nuage central. C'est sans le moindre doute le plus bel amas globulaire que j'ai pu voir jusqu'à présent !

 

Ouiiiiii, M3, le plus beau globulaire hivernal (bon, vous me direz que ça court pas les rues les gmlobulaires en hiver )

 

Au plaisir de te lire

[Clef]

Merci du partage ! Un CROA qui m'interpellent puisque j'ai le même diamètre, par contre pas les mêmes oculaire (28, 11, 5, barlow x2). Les étoiles doubles que tu cites feront partie de mon prochain programme je crois

 

Pas très sympa pour Arcturus mais je crois que je comprends J'avoue préférer Betelgeuse ou Aldebarran (et même Sirius) question couleur

Au plaisir,

 

Fabrice

[Ardramus]

Ouiiiiii, M3, le plus beau globulaire hivernal (bon, vous me direz que ça court pas les rues les gmlobulaires en hiver )

 

Je l'adore moi aussi,magnifique hier au 25mm!

[Vakoran]

Merci à tous pour votre lecture et vos commentaires !

 

J'ignore comme tu procèdes, mais moi, en, général je place l'objet observé en dordure du champ de l'oculaire et je le laisse "dériver" sur tout le champ afin de bien l'observer sans avoir besoin de toucher le tube

 

Je fais pareil, il faut dire que la méthode vient instinctivement quand on voit la vitesse à laquelle fuit l'objet dans l'oculaire à un tel grossissement !

 

A bientôt pour de nouvelles aventures !

[petit lion]

quel beau voyage tu as fait.

 

merci de l'avoir fait partagé.

 

franck

[Daube-sonne]

- Le Nagler 7 est une merveille, et en essayant de voir le bord de son champ, je me rends compte qu'il faut vraiment que je colle mon oeil pour le détecter. Autrement dit : pas besoin d'Ethos, le champ du Nagler me suffit largement !

 

Salut Fréd,

 

Très joli CROA !

 

Finalement, tu as opté pour le Nagler 7mm et décidé de t'habituer au Pentax.

Comme toi, je pense aussi que, même si l'Ethos est un très bon oculaire, le compromis champ/qualité/prix et poids font des petits Nagler des oculaires adorables

 

Et la combinaison Powermate + Nagler T6 est géniale !

 

Je passe ensuite rapidement sur un très grand amas ouvert, Cr 463, chez Cassiopée. Habituellement, je ne suis pas très friand des amas trop grands, mais celui-ci est vraiment beau et me donne l'impression de contempler une structure en forme de spirale à quatre branches. Je passe ensuite rapidement sur Iota Cassiopeiae, une double assez belle, surtout au Pentax qui offre le meilleur compromis entre séparation des étoiles et conservation de leurs teintes. La principale est blanc-jaune tandis que la secondaire, très proche, est plutôt brune.

 

Ah tiens je vais aller le voir celui-là !

En échange je te recommande chaudement NGC 457 dans Cassiopée toujours.

En ville c'est un hibou, sous un ciel noir, c'est ... un Grand Duc !

 

J'espère qu'on te verra à une RAGBR (la 27ème en prévision) ; Pertuis - Rians t'es à côté !

 

Vincent

Modifié 10 mars 2011 par Daube-sonne

[Vakoran]

Salut Fréd,

 

Très joli CROA !

 

Salut Vincent, et merci de m'avoir lu !

 

Finalement, tu as opté pour le Nagler 7mm et décidé de t'habituer au Pentax.

 

Oui, il faut dire que l'image rendue par le Pentax est vraiment très bonne, avec ou sans Powermate. Les ombres volantes sont toujours là, mais finalement, l'effort de se placer juste comme il faut est récompensé par ce qu'on y voit.

 

Comme toi, je pense aussi que, même si l'Ethos est un très bon oculaire, le compromis champ/qualité/prix et poids font des petits Nagler des oculaires adorables

 

Et la combinaison Powermate + Nagler T6 est géniale !

 

Là encore une fois, je te remercie pour ton aide sur la collimation, le ciel de dimanche dernier était le test parfait pour en profiter !

 

En échange je te recommande chaudement NGC 457 dans Cassiopée toujours.

En ville c'est un hibou, sous un ciel noir, c'est ... un Grand Duc !

 

Il fait partie de ma "to-do list" !

 

J'espère qu'on te verra à une RAGBR (la 27ème en prévision) ; Pertuis - Rians t'es à côté !

 

Si ça colle avec mon agenda, sûr que je me joindrai à vous un de ces quatre. Je te tiens au jus !

 

A bientôt !