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[Vakoran]

Date : Mercredi 23 mars, de 19h30 à 23h

Site : Colline de Grambois

Matériel : Dobson 254/1200, Panoptic 24, Pentax XW 14 et Nagler 7, Powermate x2,5.

Conditions : Ciel pas très noir clair mais turbulence faible.

Température : autour de 8°C.

 

Moi, quand je vais au restau, j'ai envie d'en avoir pour mon argent. Alors quand vient l'occasion de faire un festin dans le restaurant gastronomique d'un hôtel 2000 étoiles, forcément, je me montre aussi gourmand qu'exigeant.

 

L'accueil est à la hauteur de la réputation de l'établissement : à peine installé, on me sert un apéritif surprise, une spécialité de la maison appelée "Flash d'Iridium". La sensation est surprenante, puisque la boisson semble vivement irradier dans ma bouche avant de fondre et disparaître en quelques secondes. Voilà de quoi me mettre en appétit !

 

En entrée, je commande une création complexe que seuls les grands chefs sont capables de produire : La Cascade de Kemble. Plat dont tout le charme vient de l'esthétique renversante, la cascade est une suite de mets alignés de manière lumineuse se terminant par un savant saupoudrage nommé NGC 1502, petit mais dont les composantes sont artistiquement disposées. Certains ingrédients sont si serrés les uns aux autres qu'on ne saurait les distinguer, mais leur union complémentaire leur donne une saveur unique. Le plat est servi avec divers amuse-bouches que j'identifie facilement : un NGC 457 en forme de hibou, dont les yeux scintillent au cœur d'une farandole d'ingrédients aux couleurs discrètes mais bien présentes, une HIP 18488 aux couleurs jaune et bleu foncé qui se marient admirablement, et même une NGC 1501, très discrète bien que j'y distingue une partie légèrement sombre, mais dont la présence ténue rehausse subtilement la saveur de la Cascade.

 

Après cette entrée en matière très réussie, je me laisse tenter par deux friandises en guise de trou normand : un M51, fin biscuit aux volutes en forme de spirale assez visibles, et surtout une NGC2261, véritable révélation de la soirée. Il s'agit d'une préparation délicate en forme de voile dont l'origine est un succulent point brillant. Je n'avais jamais rien goûté de tel jusqu'à présent, et mes papilles en frémissent de plaisir.

 

Nullement rassasié, je commande le plat principal. Il porte le nom de "Galaxies de l'Ourse", à juste titre puisque je reconnais immédiatement le goût caractéristique d'un M81 et d'un M82, aux formes très clairement reconnaissables dans mon immense assiette. Joueur, je passe un peu de temps à essayer de reconnaître un assaisonnement qui leur a été ajouté, et finit par identifier du NGC3077, discret mais bien présent, participant à la farandole de l'Ourse. Je sais que le chef de ce restaurant a pour habitude de personnaliser ses plats. Et il aime à rappeler au gourmet, lors du plat principal, les saveurs essayées en entrée. C'est ainsi que je retrouve dans cet œuvre d'art savamment conçue, un rappel du NGC457. Il aurait été trop facile et bien peu harmonieux de simplement remettre un peu de cet ingrédient dans mon plat. C'est pourquoi le chef a choisi d'incorporer un peu de M97, qui rappelle le goût du NGC457 mais en moins puissant, comme pour mieux s'accommoder aux subtilités du plat de "Galaxies". Je remarque même ses "yeux", mais cette fois, ils ne scintillent pas, et se contentent de découper une ombre dans l'amuse-bouche. C'est alors seulement que je remarque, près de ce M97, un dernier ingrédient que je n'avais jamais testé jusqu'alors : un M108 très discrètement lumineux, agrémenté d'une petite touche brillante qui semble vouloir se faire passer pour son bulbe. Tout ceci me conforte dans l'idée que j'ai fait le bon choix : ce plat principal est un véritable chef-d'œuvre.

 

Vient le moment des fromages, et je ne peux m'empêcher de goûter un peu à tout. A un morceau de NGC4361 au goût très peu prononcé mais à la texture agréable et lumineuse, surtout en son cœur, succède un Struve1604, mélange de trois saveurs extraordinaires, puis un M104, véritable délice dont je n'avais jamais jusqu'à présent senti la véritable saveur. Il s'agit d'un fromage en deux parties, séparé d'une couche d'un ingrédient sombre mystérieux. Bien des fromagers aimeraient posséder le rare talent permettant de réaliser un tel trésor sans que les deux couches blanches ne se mélangent : bien souvent, l'ingrédient noir disparaît lors de la cuisson de l'artisan inattentif ou turbulent. Mais là encore, le grand restaurant ne manque pas à sa réputation et ne sert que des mets de choix : la couche noire est bien là, séparant les deux parties du fromage de manière inégale, ce qui leur donne un goût puissant qui reste longtemps en bouche. Je termine par un M64, basé sur le même principe mais agencé différemment. Cette fois, le cœur du fromage donne une saveur lumineuse encore amplifiée par le fameux ingrédient noir, qui semble le souligner comme un puissant mascara.

 

En dessert, je cède à la tentation et commande l'inévitable Saturne, gâteau extraordinaire et spécialité de la maison. Un pur délice qui révèle à mon palais encore avide de sensations toutes ses saveurs multiples. Il est servi sur une assiette de forme étrange, donnant l'impression que le dessert est entouré d'anneaux, séparés par une fine bande noire centrale, qui ne le toucheraient pas. J'apprendrai plus tard que cette assiette particulière est une Cassini, spécialement conçue pour mettre en valeur le dessert. Saturne est servi avec pas moins de quatre biscuits aux saveurs diverses, qui semblent orbiter autour du gâteau.

 

Pour terminer, je porte mon choix vers un café. Mais un restaurant de cette tenue ne saurait proposer ce breuvage sans y ajouter sa touche personnelle. J'apprends ainsi que ce café particulier est appelé "M13", en raison de son nuage de lait à la forme particulière, qui semble littéralement exploser dans sa tasse. Je me perds un long moment, simplement à contempler les nuances magiques du lait qui paraît jaillir du centre vers les extrémités du récipient.

 

Enfin, je me vois offrir un digestif que je ne connaissais pas encore, présenté sous le nom de "M68". Je tiens assez mal l'alcool, et me réjouis donc lorsque j'y trempe mes lèvres, de constater qu'il n'a pas un goût trop fort. Il est au contraire très discret, et il est difficile d'en distinguer la composition.

 

Lorsque je quitte le restaurant, c'est presque les larmes aux yeux, tant l'expérience fut exceptionnelle. Il faudra que je revienne...

[Dédé de St Fé]

Salut Vakoran, j'en ai l'eau à la bouche de ce festin cosmique

 

J'aime surtout la description de la Cascade de Kemble:

 

La Cascade de Kemble. Plat dont tout le charme vient de l'esthétique renversante, la cascade est une suite de mets alignés de manière lumineuse se terminant par un savant saupoudrage nommé NGC 1502, petit mais dont les composantes sont artistiquement disposées. Certains ingrédients sont si serrés les uns aux autres qu'on ne saurait les distinguer, mais leur union complémentaire leur donne une saveur unique.

 

 

 

et surtout une NGC2261, véritable révélation de la soirée. Il s'agit d'une préparation délicate en forme de voile dont l'origine est un succulent point brillant. Je n'avais jamais rien goûté de tel jusqu'à présent, et mes papilles en frémissent de plaisir.

 

 

Ahhhh la Nébuleuse variable de Hubble, lorsqu'on la découvre pour la première fois, on se prend une sacrée claque

 

Merci bien pour cette invitation au resto

[Gildas974]

Super CROA..Bien écrit ! On sent un peu d'humour mais surtout un appétit sans borne pour l'astronomie ! Très original !!!

[alex42]

Ce restaurant m'a l'air digne d'un grand chef étoilé !!!

Succulent CROA et très digeste, tu me donnera l'adresse

Merci pour ton originalité, j'ai adoré

[Vakoran]

Merci aux courageux qui sont allés au bout du roman habituel !

[etoilesdesecrins]

Ah ça fait plaisir une ballade printanière dans le ciel méridional de Grambois, pour moi provençal expatrié un peu au nord !

J'aime bien la transition des objets d'hiver à ceux de printemps, transition qui fut aussi l'objet de mes 2 longues observations aux jumelles ces derniers jours.

[Pipique]

Succulent CROA. Je me suis régalé et j'en reprendrais bien une part! Et comme ce n'est pas du tout indigeste tu peux nous resservir quand tu veux! Merci pour cette belle collation.

[Rigel de st off]

Salut Vakoran,

 

Et bien, voila une belle soirée gastronomique, où les petits et les grands plats se sont succédés:).

Que demandé de plus sous une carte étoilée, où le chef nous a régalé.

:oFromage et dessert, tu ne te refuse rien, en tout cas, tu m'as rassasié.

 

Merci pour ton croa et bon ciel à toi.

[Jeff Hawke]

Des mets étoilés astucieusement présentés...

 

Il est vrai que, absorbé pas les saveurs, on peine un peu à suivre l'itinéraire...

[Vakoran]

Ah l'itinéraire avec moi, c'est toujours difficile.

 

Il faut dire que j'ai tendance à me laisser emporter par mes envies du moment, qui peuvent changer très rapidement.

 

Une démarche très désinvolte, finalement, voire carrément anarchique parfois !