Croa D'été Indien

[Zébu]

20h30. Le téléphone sonne et me tire d'une longue sieste. Peu importe, la nuit s'annonce longue, Meteosuisse est optimiste. Je sors le dobson sur ma terrasse, les oculaires, la barlow, le cheshire, les tournevis et le matériel de dessin vont le rejoindre. A vue de nez la transparence est loin d'être parfaite et ca turbule encore sec. Patience. Je me mets un bandeau sur l'oeil gauche, histoire de déjà préparer ma vision nocturne.

 

22h30. Tous mes coéquipiers agonisent dans une mare de sang... il est grand temps de laisser SWAT4 au profit d'activités plus zen. Direction dehors. La température est douce pour la saison et l'altitude (1026 m). Les terrains d'entrainement de l'équipe de foot locale sont éteints. Tant mieux. De toute façon qui a déjà entendu parler du FC La Chaux-de-Fonds? Et est-ce qu'ils ont vraiment besoin d'y voir comme en plein jour pour taper dans une balle, hein? Je m'égare.

 

22h55. Le petit croquis de Mars est terminé. Illusoire de tenter l'observation avec un grossissement supérieur à 200x, pour l'instant du moins. J'y reviendrai plus tard. J'ai une féroce envie d'amas globulaires, mais la saison s'y prête assez mal. Hercules est derrière la grande tour rose (oui, on a des architectes au goût douteux dans le coin), voire même derrière l'horizon si ca se trouve. M15 fera l'affaire. Superbe au 9mm (G=133x), résolution en vision directe du pourtour, résolu jusqu'au centre en indirecte. Au fur et à mesure que le temps passe la résolution en vision directe progresse, jusqu'à atteindre le coeur, après une vingtaine de minutes d'observation. Impossible à dessiner. Ou alors il faudrait bâcler et mettre des petits points au hasard. Ce que la fibre hélvétiquement méticuleuse de mon cerveau refuse catégoriquement.

 

M'étant ruiné et le dos et les yeux et les méninges (alouette!) hier soir à la recherche de quelques objets, je décide qu'ils n'ont pas le droit de m'échapper et consulte, d'un oeil vif (le droit, pour ceux qui suivent, vu que le gauche est à nouveau bandé), mes logiciels.

 

Ah! NGC7662 (Blue Snowball pour les intimes. Enfin les plus anglophones des intimes...) est en fait très simple à pointer. Il suffit de placer le Telrad un chouïa plus bas et plus à gauche d'une ligne reliant Lambda et Omicron d'Andromède.

 

...

 

Bon, c'est déjà où Andromède? Une approche moins scientifique mais tout autant si ce n'est plus poétique consiste à considérer le Carré de Pégase comme une maison et de placer le Telrad au sommet d'un toit imaginaire très pointu. Je ne devrais plus être très loin maintenant. Je l'avais observée une fois déjà, cette petite boule de neige, mais la recherche sur une équatoriale est différente et mes repères ne sont plus appropriés. 7662 se trouve à l'un des angles d'un trapèze, me souviens-je. C'est fou ce qu'un esprit imaginatif peut voir de trapèzes dans une distribution d'étoiles variée.. Un coup d'oeil au chercheur, un coup au Telrad, un coup à l'oculaire... tiens, il me semble avoir déjà vu cette configuration d'étoiles: deux petits points blancs avec plus loin deux autres points blancs presque à la perpendiculaire. Un retour derrière l'écran du pc suivi d'un intense moment de réflexion me suggère que cette disposition n'est peut-être pas des plus originales et que je ferais mieux de trouver un autre truc pour y arriver. Finalement c'est le Telrad qui m'évitera le désespoir. Omicron ca doit êter ce point-là et Lambda l'autre. Hop, ligne imaginaire, hop, Telrad placé comme à l'écran. Il y a bien un trapèze dont l'un des coins semble légèrement flou. Grossissement, sourire, extase (esprits mal tournés s'abstenir). 7662 (ca fait vraiment "Fourmis" de Werber de désigner des objets uniquement par leur numéro) baigne mon oeil (oui oui, le gauche) d'une douce lueur turquoise. A 266x il me semble, en vision indirecte, observer une structure de type annulaire. Si c'est le cas l'anneau est bien plus épais que M57. A moins d'un diamètre de distance se trouve une faible étoile, que je note mentalement, afin de déterminer plus tard la magnitude atteinte. Hmmm... Peut-être même deux étoiles. Une très faible et une autre bien plus faible. Tellement faible que je ne parierais pas l'avoir vue. Le catalogue GSC2 m'indique qu'il y a bien 2 étoiles à cet endroit, de magnitudes 12.95 et 14.6!

 

01h00. Je pars du côté de NGC1514, petite planétaire qui a toujours réussi à se cacher quand je venais dans son territoire. Et ce soir n'est pas l'exception qui confirme la règle. Tant pis, ma vengeance sera terrible et aura pour bras l'arme ultime des chasseurs de nébuleuses planétaires: le redoutable filtre OIII que j'ai commandé plus tôt dans la soirée (oui, il m'arrive de faire autre chose que des jeux vidéos stupides sur mon pc).

 

Je me fais un petit casse-croûte (des oeufs au plat pour les curieux) et retourne sous la vôute céleste. Mars est bien plus haute, mais se refuse toujours à un grossissement plus audacieux qu'auparavant. Je sors les jumelles, m'installe dans le transat, et me ballade d'une constellation à l'autre. C'est fouc ce qu'on peut voir d'objets avec cet engin. Surtout du côté de Cassiopée-Persée-Cocher. Double amas de Persée, M36 37 38 entourés de ngc anonymes, d'autres anonymes qui ne sont peut-être même pas des ngc (Melotte et Stock). Le ciel est grand et ses trésors infinis. Tiens, une majuscule à Ciel et je me sens d'humeur à verser dans le débat théologique. Bref, le temps passe. Je retourne me faire un en-cas (tartine de beurre de cacahuètes) et sors l'appareil photo, afin de capturer la splendide Orion qui déborde généreusement du mur sud-est de ma terrasse. On verra le résultat à la lumière du jour, avec un petit traitement sous Iris il y a du potentiel.

 

A noter en passant que pour une fois la Petite Ourse daigne montrer plus de 3 étoiles!

 

Retour à l'oculaire pour admirer la reine de l'hiver (bien qu'après réflexion, Orion le viril chasseur tournerait certainement ses flèches contre moi s'il avait vent de ma tendance à féminiser sa constellation...). Une ballade en son sein me permet de contempler sereinement ses diverses richesses, sans plan, sans programme établi. Un curieux ensemble de nébulosités attire mon regard. Je trace un petit croquis à la va-vite et retourne à l'intérieur pour identifier cette formation inconnue. Sa position correspond à M78, mais je ne parviens pas à identifier catégoriquement les autres nébulosités, si tant est qu'il y en ait bien deux supplémentaires (mes recherches de ce matin semblent m'indiquer que j'aurais croqué en tout cas ngc2071 en sus de M78)

 

Petit tour sans conviction du côté d'IC 434 qu'il me semble discerner à travers les brumes de mon imagination. Mais point de B33. Si une bonne âme sent qu'elle doit absolument m'offrir un filtre H-bêta, qu'elle ne se prive pas! Retour à des objets moins ambitieux. M42 est stupéfiante de beauté. D'un vert très lumineux entourés de liserés violets (non, il n'y avait pas de champignons sur mes tartines et mes cigarettes sont tout à fait normales). La turbulence agite le Trapèze, qui persiste à ne comporter que 4 étoiles. Cela mériterait un dessin, tout de même. Un autre jour, alors... un jour où je n'aurai pas de crise subite de flemmingite aigue. La nébuleuse remplit le champ du 25mm et se contemple à tous les grossissements. M43 est elle aussi bien vert-pomme-radioactive, sa forme de virgule est nette.

 

Saturne est encore basse sur l'horizon Est, mais vaut toujours le détour. Cassini invisible à tous les grossissements à cause très certainement du hoola-hoop frénétique d'adolescente américaine des sixties de la belle, merci madame Turbulence.

 

M44 est décevante, ridicule à l'oculaire. Au chercheur ou aux jumelles elle a son charme, par contre. Cette Ruche (ou Crèche) est une traitresse qui promet monts et merveilles à l'oeil nu mais se révèle fade dès qu'on la grossit (ce qui tendrait à prouver que dans son cas l'usage des pronoms féminins n'est pas usurpé )

 

Un dernier regard sur M42, Miss Soirée-d'Observation-du-Zébu incontestable, et il est temps de ranger le brave miroir de 200mm ainsi que tout ce qui l'entoure, le ciel se drapant déjà d'un soupçon de brumes matinales.

 

Il est 4h30 quand je me glisse dans mon lit, la tête pleine des feux dansants des merveilles célestes.

[syncopatte]

Super croa Zébu!

 

La sieste en début de soirée avant la nuitée.

Parfait pour tenir le coup mais perso je débranche le télephone, je préfère le réveil en douceur et en musique (Black Sabbat ou ACDC à fond)

 

Patte.

[Poussin38]

(texte cité)

je préfère le réveil en douceur et en musique (Black Sabbat ou ACDC à fond)

 

Patte.

 

 

combien de temps la sieste ?

[syncopatte]

Un cycle de sommeil, environ 1H30 chez moi, ou deux.

 

Au fait tout dépend de l'emploi du temps, du temps et de ma forme.

 

En général je me contente de deux fois trois heures de dodo par jour, donc si le ciel le permet sieste de 2-3 heures, juste après la bonne bouffe du soir. Le matos est déjà sorti et a largement le temps de se mettre à température.

Lumières éteintes, la lampe rouge est près du lit.

 

Et justement à propos de rêves astronomique, je prépare un post à ce sujet.

Il m'arrive de pouvoir "contrôler" mes rêves, et faire des voyages extraordinaires!

 

Patte.

 

(ah oui, je suis célibataire!)

[GéGé]

Salut vous!

 

En Suisse aussi, c'était la nuit des merveilles? Eh ben dis donc, ça vaut bien des oeufs au plat! C'est pas mal d'observer où l'on habite! Merci Zébu! En tous cas, je vois que tu apprécies aussi les petits grossissements!

 

Et Patte, tu pratiques le sommeil éveillé? Surréaliste, en plus? Je ne suis pas étonné....

 

Autruchon!

[Littlesoket]

(texte cité)

M44 est décevante' date=' ridicule à l'oculaire. Au chercheur ou aux jumelles elle a son charme, par contre. Cette Ruche (ou Crèche) est une traitresse qui promet monts et merveilles à l'oeil nu mais se révèle fade dès qu'on la grossit (ce qui tendrait à prouver que dans son cas l'usage des pronoms féminins n'est pas usurpé )

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Dis, tu veux qu'on reste amis toi et moi

[Zébu]

(texte cité)

Dis' date=' tu veux qu'on reste amis toi et moi

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Tu aimes donc tant que ca l'amas de la Ruche?