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L'Europe aux anciens parapets (Vagabonds des ciels du Sud - 7)


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Posté (modifié)

Vagabonds des ciels du Sud (7) : Voisines et visions colorées.

 

 

Histoire précédente : Argo ivre d'amas.

 

 

« Fileur éternel des immobilités bleues,

Je regrette l’Europe aux anciens parapets »

 

 

Cronos furieux, une tempête en turquoise pâle.

 

C’était au C14, en seconde partie de nuitée, dans les faubourgs du Soleil.

Pierre l’a vue d’abord, puis Xavier… Le globe de Saturne en blanc crémeux, fin, brillant…Et au Sud de l’Equateur, une forme oblongue…bleue…Une couleur plus forte que l’iceberg, plus vaste qu’une nébuleuse planétaire turquoise, mais moins intense…La tempête… A en faire rêver Shakespeare. ;)

 

 

Le Croissant du soir croise le boss de l’Olympe.

 

Le retour de la Lune marque la fin des périples austraux spatio-temporels. L’heure de débarquer du navire Argo et de remettre pied en terre boréale (emplie des fausses lumières de la technique) approche, la descente magique du fin croissant sur l’horizon des crêtes pré-Andines est une consolation. Et vêtira les souvenirs de ces derniers débuts de soirée.

 

La couleur de la Lune reste une énigme. Du gris cendré au jaune d’or (pâle ? Voir la palette de Wiki... Non, en fait ce serait entre jaune de Naples et jaune mimosa)…Il y a toujours débat. Moi, je la vois jaune, d’un jaune relativement soutenu, mais qui n’altère pas la subtilité des détails, des reliefs, des ombres, aussi longtemps que la nuit hésite. Et sur cette fin de séjour, la Lune avait disparu avant que les ténèbres ne s’établissent. C’était des visions poétiques, empreintes de la nostalgie du prochain départ. Pour deux soirs, elle fût à proximité de Jupiter.

 

Nous l’observâmes à 200 fois dans la TV76, une image remarquable de tenue et de finesse. Et au 400, pour scruter des morceaux de détails de cratères, des textures de fonds de mers…

 

 

 

Le C14 donne d’assez belles images, mais il est d’un maniement un peu difficile, car il faut pointer à la main en jouant des freins, selon un mouvement anti-instinctif au possible (ça s’appelle « équatorial » :?:). Par contre, une fois l’objet piégé à l’oculaire, il y a un suivi.

 

Globalement, nous en fîmes peu usage, sauf peut-être Pierre qui s’y trouvait le plus souvent (il utilisait aussi le C8, et ses jumelles 15X70). L’occasion d’y passer était lors de la pause collation et des éventuels brefs sommes, un lit ayant été installé par Raymond dans l’observatoire.

 

Les visions mémorables furent, outre Saturne et son hémisphère perturbé de bleu, 47 Tucanae et Omega Centauri, tous deux d’une puissance phénoménale, et Centaurus A, la galaxie au centre sombre, compliqué et énergétique.

 

Sinon, l’essentiel de mon orchestration céleste de ces deux semaines fut en trio optique, alto-apochromatique grand champ avec la TV76, ténor-dobson 300 (le flying…) et baryton-dobson 406 (fraichement immigré en Amérique). Peut-être un jour futur, une basse 600 ou 800 sera disponible ici…

 

La partition de base fût au 300, mais les envolées fines à la Tele-Vue 76 n’étaient pas rares pour embrasser du champ, surtout dans les glorieuses étoilées de la Voie Lactée et les coffres au trésor d’Argo, débordants de sequins célestes.

 

L’œil nu a capella a aussi, fréquemment, célébré les champs stellaires.

 

Le 400 était sollicité en précurseur pour dénicher des objets faibles, ou au contraire en approfondissement ultérieur de détails pour des objets préalablement capturés par le 300. D’où, au passage, nécessité pour moi de jongler entre deux modes de pointages, le Quick Finder rouge sur le flying, et un chercheur droit (grr…) sur le 400, un mode de pointage dont j’ai perdu l’habitude et qui qui devenu peu aisé, car je ne sais où je me trouve dans le ciel sans projection d’un repère rouge, qui permet de pointer à vue selon des alignements ou des formes géométriques visibles à l’oeil nu, et non selon des champs étoilés représentés dans un atlas, genre Uranometria ou une carte de champ (Xavier me dit souvent qu’il faudra que je m’y mette, un jour…Mouais…)

 

Un souci de montage du 400 rendait sa collimation un peu incertaine, et instable au long de la nuit. Ce qui limitait les grossissements utilisables. En sorte que, pour des objets comme les nébuleuses planétaires, je préférais m’en tenir au 300.

 

 

Le crépuscule.

 

C’était les plus belles heures… :)

 

Pour les goûter au mieux, il fallait payer le prix : Grimper à l’observatoire dès le sortir de table, table copieuse et excellente, Pisco Sour et vin chilien pour l’introduction et l’accompagnement, qui permet de donner la mesure de l’effort à accomplir.

 

p1040876i.jpg

 

Uploaded with ImageShack.us

 

L'observatoire de La Canelilla depuis un point un peu plus élevé.

 

 

Mais là-haut, à observer les montagnes changer de couleur et se faire silhouettes, les ciels rougir, rosir, bleuir, s’assombrir…La ceinture de Vénus, l’arche anti-crépusculaire (c’est la même chose, mais nommé avec moins de charme), la lumière zodiacale. Sentir les sons du soir… Et attendre sans penser à tout ce qu’on pense incessamment et qui souvent encombre l’âme, attendre l’apparition des étoiles… et la fraicheur peu à peu s’affirmer…

 

Comment aurait-on pu rater ça ? :rolleyes:

 

 

Compagnie

 

Des silencieuses, discrètes, il devait y en avoir, comme peut-être des pumas. Mais aussi, se signalant de façon sonore dans la nuit, des renards qui glapissaient en bavardant (ou l’inverse), et à proximité plus immédiate, Grisette, la chatte noctambule de l’Hacienda, qui menaçait parfois de sauter sur les miroirs primaires…

 

Baladin, bouvier aux lointains ancêtres des Flandres (mais lui-même natif de Santiago), semblait exclusivement diurne, bien que dormant beaucoup aussi aux heures ensoleillées. Nous ne le vîmes jamais à l’observatoire aux heures de la Voie Lactée. :cool:

 

 

Compléments à ces "vagabonds..." Miscellanées australes.

Modifié par Jeff Hawke
Posté

Bonsoir Jeff :)

 

Le C14 donne d’assez belles images, mais il est d’un maniement un peu difficile, car il faut pointer à la main en jouant des freins, selon un mouvement anti-instinctif au possible (ça s’appelle « équatorial » :?:). Par contre, une fois l’objet piégé à l’oculaire, il y a un suivi.

 

NO COMMENT :be:

 

Le crépuscule.

 

J'aime tout particulièrement la description que tu nous donnes sur ce moment que j'affectionne tout particulièrement, ce long moment où il ne fait plus jour mais pas encore nuit, cet instant où le ciel est parré de sa belle robe aux couleurs dégradées, cet instant de sérénité :wub:

 

Merci Jeff pour ce nouveau chapitre avec des mots si bien choisis......... Tu aurais fait un très bon écrivain :)

Posté

Bonjour Jeff,

Habitant sous le ciel austral, je vais continuer mes longues vadrouilles certainement influencé par tes CROA à l'ambiance si particulière...

Fernand

Posté
La fin du voyage approche...

 

Cette brève évocation de retour aux voisines du système solaire marque effectivement le dernier chapitre de mon vagabondage austral.

 

J'ajouterai sans doute, en bonus tracks :be:, quelques notes toujours australes...

 

ce long moment où il ne fait plus jour mais pas encore nuit, cet instant où le ciel est parré de sa belle robe aux couleurs dégradées, cet instant de sérénité :wub:

 

C'est vrai que le crépuscule, avec la promesse de la nuit étoilée, reste un moment privilégié.

 

L'aube est plus délicate à apprécier (déjà, il faut l'atteindre :)), la nuit est derrière, et la fatigue émousse la sensibilité. C'est pourtant également un moment précieux, mais moins aisé à raconter.

 

Cette suite me confirme dans l'intérêt de la découverte du ciel de l'hémisphère Sud.

 

:) Oui, il faut y aller.

  • 1 mois plus tard...
Posté

Je viens de lire la recette du Pisco sour..... ouchti !!!!!

Du marc et du blanc d'oeuf ? :b:

 

Mais il faut croire que c'est bon, sinon tu ne l'aurais pas si bien vanté. ;)

un chercheur droit (grr…) sur le 400, un mode de pointage dont j’ai perdu l’habitude et qui qui devenu peu aisé, car je ne sais où je me trouve dans le ciel sans projection d’un repère rouge, qui permet de pointer à vue selon des alignements ou des formes géométriques visibles à l’oeil nu, et non selon des champs étoilés représentés dans un atlas, genre Uranometria ou une carte de champ

Que je te comprends !!!! :o

Il y a 3 ans, aucun mal à passer du chercheur au quick finder, mais ce week-end j'ai eu à réutiliser un chercheur (un 6x30, en plus...), et j'ai eu rapidement mal aux yeux.

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