Un petit matin glauque...

[GéGé]

Bonjour!

 

Un peu de pudeur me retient de raconter ces choses, mais puisque vous aimez bien... c'est un matin ordinaire de travail à Paris.

Dans ma chambre le portable couine l'heure de se lever. Déjà! Depuis un moment je me laissais bercer dans une douce torpeur... je descends au petit déjeuner. Café. A côté de moi deux hommes déjà habillés de blanc et de noir hurlent au portable les consignes de la journée à une lointaine secrétaire, et au-dessus de moi un haut-parleur braillard crie les promotions d'Auchan. 17 personnes ont explosé à Bagdad. Vite, ce café! Je m'enfuis dans ma chambre, me déguise et sors, vers l'hotel où se déroule mon stage. Il fait encore presque nuit, une foule soucieuse grouille et court vers un improbable bus, des mines renfrognées expriment leur mal être par des regards durs, parfois emplis de haine. Seul un gars à rollers sourie en filant, le walkman sur les oreilles, et une minette écoute son portable, des coeurs dans les yeux. Tout à côté, sur le périphérique, un million de voitures se résigne à l'immobilité. Seuls deux conducteurs se révoltent de coups de klaxons vengeurs. Plus haut, une foret de lampadaires plante autant de couteaux dans mon regard qui veut fuir, fuir... Tout à l'heure il faudra être gai, dynamique et heureux -mes stagiaires sont des clients, je leur dois gaieté et bonne humeur. Mon regard s'envole par delà les projecteurs, et est aussitôt happé par un croissant de Lune; elle est là, la Belle glisse vers l'horizon, et juste au-dessus de moi une planète, je ne sais pas laquelle car je n'ai plus de repères, semble nous regarder -mais que font-ils à leur Terre? Je me plonge dans ce bout d'univers, y puise l'énergie du jour qui commence.

Là-bas, dans le Vercors, je sais que les chouettes se sont tues, je vois les champs illuminés de givre et j'entends les oiseaux du jour piailler un bonheur tout neuf, tandis que la planète, la même qu'ici sur ce trottoir gris entre ces barres d'immeubles immondes, se fond doucement dans le ciel lavé de la nuit.

Merci, Planètes! Pardon, lecteurs....

 

GG

[syncopatte]

Attention aux lampadaires GG quand tu te promènes la tête en l'air, ça fait mal!

 

Je pense que 99,99% des gens de la ville ne savent plus ce qu'est la voûte céleste.

Ca fait si longtemps qu'elle est éteinte et oubliée. Alors sous les visages d'enterrements se cachent peut-être d'autres rêves, comme gagner au loto par exemple...

 

Souvent je pense à ces citadins qui ne savent pas ce qu'ils ratent.

De mon toit la nuit, pendant ma pause cigarette, je vois une télé allumée dans l'immeuble d'en face, j'entends des crissements de pneus ou une bagarre dans la rue.

Je hausse les épaules et me replonge dans le ciel.

Même en journée pendant l'éclipse passée, les gens dans la rue vaguaient à leurs préoccupations du moment, pas un regard (protégé) vers le Soleil.

Je me demande s'ils ont ressenti la baisse de température.

 

Mais je ne leur jette pas la pierre, il y a tellement d'autre choses à faire en ville.

 

Patte.

[woonfizz]

Saviez vous qu'à New York ils vendent des CD de 'street noise'. ce sont des CD avec les bruits de la ville (voitures, klaxonnes, travaux....). C'est pour les New Yorkais qui vont hors de la ville. Une étude très sérieuse publiée dans la revue Nature a montré que le citadin pur et dur angoisse lorsqu'il se retrouve une nuit dans un endroit calme, noir et sans bruit. Alors il y a ce CD qui est à mettre tout doucement piuyr avoir l'impression d'être chez soit.

 

Moi par exemple quand je suis allé habité dans ma campagne après 24 ans de vie citadine, j'ai été étonné par le silence pesant de la nuit. Pas un son. Je n'avais jamais entendu ça. Et oui parfois le silence fait plus de bruit que la ville...

 

Olivier