Sur mes cahiers d'écolier...

[roger15]

Sur mes cahiers d'écolier…

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous,

 

Il ne vous a pas échappé que nous sommes en l'an de grâce 2012, il y a exactement soixante-dix ans notre pauvre pays, la France, était asservie sous la botte nazie !… Durant la très sévère Occupation allemande, certains - fort heureusement très peu nombreux, peut-être 3% de la population - ont collaboré avec l'occupant nazi, d'autres - un peu plus nombreux, environ 7% de la population - ont résisté. Mais la majorité des Français (90%) ont été attentistes, c'est-à-dire qu'ils ont scruté la girouette de l'histoire pour voir comment le vent allait tourner… Après la défaite allemande de Stalingrad (2 février 1943), beaucoup d'attentistes ont commencé à retourner leur veste et à souhaiter la victoire des Alliés.

 

C'est pourquoi, il nous faut saluer ces Résistants de 1942 !… A cette époque l'Allemagne nazie avait toutes les chances de gagner la guerre et leur sort aurait été peu enviable s'ils étaient tombés dans les mains de la Gestapo !…

 

Tous les Résistants n'ont pas utilisé une arme physique (dynamite, fusil, pistolet, poignard) pour combattre l'Occupant hitlérien, certains ont utilisé une arme redoutable : l'écrit !…

 

Notamment l'auteur de cette œuvre magnifique :

 

 

 

 

C'est grâce au "Lagarde et Michard" (dont j'ai parlé il y a très peu sur Webastro : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?p=1306251#post1306251) du XXème siècle que le collégien que j'étais a appris l'existence de ce merveilleux poème "Liberté" composé par Paul Éluard en 1942. En le découvrant j'ai eu un frisson indélébile qui m'a fait considérer que ce poète était vraiment un héros de la Résistance !…

 

En hommage à Paul Éluard, voici son merveilleux poème "Liberté" écrit en 1942 :

 

« Sur mes cahiers d'écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable sur la neige

J'écris ton nom

 

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J'écris ton nom

 

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois

J'écris ton nom

 

Sur la jungle et le désert

Sur les nids sur les genêts

Sur l'écho de mon enfance

J'écris ton nom

 

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées

Sur les saisons fiancées

J'écris ton nom

 

Sur tous mes chiffons d'azur

Sur l'étang soleil moisi

Sur le lac lune vivante

J'écris ton nom

 

Sur les champs sur l'horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres

J'écris ton nom

 

Sur chaque bouffées d'aurore

Sur la mer sur les bateaux

Sur la montagne démente

J'écris ton nom

 

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l'orage

Sur la pluie épaisse et fade

J'écris ton nom

 

Sur les formes scintillantes

Sur les cloches des couleurs

Sur la vérité physique

J'écris ton nom

 

Sur les sentiers éveillés

Sur les routes déployées

Sur les places qui débordent

J'écris ton nom

 

Sur la lampe qui s'allume

Sur la lampe qui s'éteint

Sur mes raisons réunies

J'écris ton nom

 

Sur le fruit coupé en deux

Du miroir et de ma chambre

Sur mon lit coquille vide

J'écris ton nom

 

Sur mon chien gourmand et tendre

Sur ses oreilles dressées

Sur sa patte maladroite

J'écris ton nom

 

Sur le tremplin de ma porte

Sur les objets familiers

Sur le flot du feu béni

J'écris ton nom

 

Sur toute chair accordée

Sur le front de mes amis

Sur chaque main qui se tend

J'écris ton nom

 

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attendries

Bien au-dessus du silence

J'écris ton nom

 

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés

Sur les murs de mon ennui

J'écris ton nom

 

Sur l'absence sans désir

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort

J'écris ton nom

 

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l'espoir sans souvenir

J'écris ton nom

 

Et par le pouvoir d'un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer :

 

Liberté ».

 

Roger le Cantalien.

[ecliptic]

Bonjour Roger,

 

ce poème de la lutte pour la liberté se trouve dans une édition de la revue Fontaine à Alger. Des milliers d'exemplaires seront parachutés dans les maquis, par les avions de la R.A.F.

[Invité Julie Charland]

Bonjour Roger:)

 

C'est un poème que je connaissais vaguement. Je viens d'aller faire un petit tour sur youtube:

 

 

Mais il y en a un autre que j'aimerais te faire connaître sur le sujet de la liberté, composé par Félix Leclerc, en hommage à un géant québécois. Aussi, je te l'envoie en MP:)

 

Julie

[gerard33]

Sans oublier un de ces innombrables qui y laissèrent la vie

Robert Desnos, le veilleur du pont-au-change

un très beau site

[roger15]

Bonjour Julie,

 

Merci pour tes deux liens YouTube. L'hommage du chanteur Félix Leclerc à René Lévesque est très beau. Par contre, j'avoue que je ne connaissais pas la version du poème "Liberté" de Paul Éluard lue par Jean-Louis Barrault.

 

Bonjour Gérard,

 

Tu as raison de citer le Résistant Robert Desnos qui n'a vraiment pas eu de chance puisqu'il est mort le 8 juin 1945 du typhus au sinistre camp de concentration de Theresienstadt en Tchécoslovaquie un mois après sa libération par l'Armée Rouge le 8 mai 1945.

 

Voici l'entrée de la cour n° 1 de ce sinistre camp de concentration de Theresienstadt (qui n'était qu'un camp de transit pour les sinistres camps d'extermination comme Auschwitz Birkenau) avec cette scandaleuse inscription : "Arbeit macht frei" ("le travail rend libre")… :mad:

 

 

 

 

Roger le Cantalien.

Modifié 11 février 2012 par roger15

['Bruno]

Il me semble que c'est un poème très connu (vu que je n'y connais rien en poésie et que je l'avais déjà lu au moins en partie), mais j'ignorais qu'il avait été écrit en 1942. Effectivement, cette info donne une autre dimension au poème.

 

(Sinon, les amis de la variété noteront que la construction est identique au célèbre Je te survivrai, du chanteur-footballeur J.-P. François : lieu / lieu / lieu / phrase verbale. D'ailleurs il y a quasiment le même nombre de pieds, du coup on pourrait mettre en musique Eluard avec la musique de J.-P. François... Houlà, je viens de faire baisser le niveau d'un seul coup ! )

[salviati]

(Sinon' date=' les amis de la variété noteront que la construction est identique au célèbre [i']Je te survivrai[/i], du chanteur-footballeur J.-P. François : lieu / lieu / lieu / phrase verbale. D'ailleurs il y a quasiment le même nombre de pieds, du coup on pourrait mettre en musique Eluard avec la musique de J.-P. François... Houlà, je viens de faire baisser le niveau d'un seul coup ! )

 

C'est extrêmement drôle, en tous cas cela me fait bien marrer