INTRODUCTION
Voici comment régler la tension des axes sur les télescopes GOTO du type Orion XTg. Je suppose que cela s’applique aussi aux télescopes Skywatcher goto/autotrack, vu qu’ils proviennent du même endroit. Comme la procédure ne figure pas dans les manuels, toute intervention sera de votre propre responsabilité. Je n’incite personne à faire pareil. Au moins ce qui suit permet de comprendre le fonctionnement de ces motorisations.
Le modèle présenté est un XT10g.
MOUVEMENT EN HAUTEUR
Le réglage de la tension sur l’axe de hauteur est ultra simple. Sur le capot extérieur du moteur (celui qui comporte le bouton on/off et les branchements), il faut enlever les quatre vis de fixation. Il suffit ensuite d’écarter légèrement le boitier, et on découvre ceci :
Le boitier noir contient l’encodeur. Vient ensuite la pièce de jonction entre l’encodeur et l’axe de hauteur, puis l’écrou de réglage de la tension. Ce dernier comporte deux parties arrondies, dans lesquelles se trouvent deux vis de fixation (flèches bleues). Il suffit de les débloquer avec la petite clé Allen fournie avec le télescope, et après on peut régler tranquillement le gros écrou.
Il vaut mieux le faire avec le tube du télescope en place, ainsi on peut vérifier tout de suite si la tension est bonne ou pas. Il n’y a aucun risque : si l’écrou n’est pas assez serré, le tube va piquer du nez tout seul avec des oculaires très lourds, ou remonter tout seul sans oculaires, et dans le pire des cas le moteur risque de ne plus rien entrainer (j‘ai essayé). S’il est trop serré, les mouvements manuels deviennent très désagréables.
Une fois le réglage effectué, on resserre les deux vis de fixation de l’écrou, on remet le capot en place, et c’est terminé !
MOUVEMENT EN AZIMUT
1. Démontage
L’opération est plus longue. Il faut commencer par démonter le rocker en deux parties, en séparant les panneaux avant et latéraux du plateau supérieur. Après on dévisse le capot du moteur, et on déconnecte les fils de la petite carte électronique pour travailler tranquille, en repérant les positions des fils pour le remontage. Voici ce qu’on obtient :
Comme pour l’axe de hauteur, le boitier noir contient l’encodeur. Il faut l’enlever. Pour ce faire, il faut débloquer les quatre vis de fixation indiquées par des flèches bleues. Il est à noter que sur l’axe d’azimut, la vis désignée par une flèche oblique doit être entièrement dévissée, car elle traverse l’axe. Il faut pour cela une clé Allen qui n’est pas fournie avec le télescope.
Une fois l’encodeur enlevé, on trouve un écrou nylstop, et en-dessous un roulement à billes. L’écrou nylstop n’assure aucun réglage, sa seule fonction est de maintenir le plateau inférieur attaché au rocker quand on soulève la monture. Il n’est pas serré.
On enlève donc l’écrou nylstop, puis le roulement à billes. A ce stade, le plateau supérieur peut se retirer simplement en le tirant vers le haut. On découvre alors l’écrou de réglage, identique à celui de l’axe de hauteur :
Comme précédemment, il suffit débloquer les deux vis sur les parties arrondies, indiquées par les flèches, et de tourner légèrement l’écrou pour régler la tension.
Avant de parler du remontage, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, et on poursuit notre exploration
2. Fonctionnement
L’écrou de réglage appuie sur une rondelle noire, qu’on voit sur l’image, et qui est bombée. Elle agit donc comme un ressort. Cette rondelle appuie sur un disque métallique, qui appuie lui-même sur la roue dentée. Ce disque est rendu solidaire de l’axe par l’intermédiaire d’un méplat. Une fois ce disque enlevé (ce qui n’est pas facile à faire), on voit la roue dentée en entier :
Et voici la face interne du disque :
Il est recouvert d’un matériau assez souple et plutôt indéfinissable, quelque part entre le carton et la feutrine. On voit bien le méplat au centre, qui le rend solidaire de l’axe d’azimut.
La roue dentée peut alors se soulever, et on découvre un deuxième disque recouvert du même matériau :
Ce disque et l’axe d’azimut sont solidaires et ne forment qu’un bloc. Cet ensemble est vissé sur le plateau inférieur par l’intermédiaire de quatre boulons. On peut démonter ces boulons, et enlever l’axe :
On voit la tôle sur laquelle repose tout le poids du télescope. Une fois celle-ci enlevée, on découvre les roulements qui permettent les mouvements en azimut, ainsi que la tôle inférieure :
Tout ceci permet de comprendre le fonctionnement du système. La vis sans fin, qui est liée au plateau supérieur de la monture (le rocker), appuie sur la roue dentée grâce à un ressort (j’ai oublié de prendre cette partie en photo). Quand on déplace le télescope manuellement, le rocker entraine donc la vis sans fin, qui elle-même fait tourner la roue dentée. Cette roue est prise en sandwich entre les deux disques à friction, qui sont solidaires du plateau inférieur, et donc restent immobiles. Par conséquent, il est normal que les mouvements soient fermes. Le mécanisme roue dentée / vis sans fin assure l’irréversibilité du mécanisme, et le moteur ne risque rien lors des déplacements manuels : il reste à l’arrêt.
Lors des déplacements motorisés, la vis sans fin se met à tourner, ce qui impose que la roue dentée tourne par rapport au rocker. Les frottements entre la roue dentée et les deux disques étant supérieurs à ceux des roulements, cette roue va donc rester fixe, et c’est le télescope en entier qui va tourner sur les roulements du fond. Voilà pourquoi il faut que la tension des axes soit assez forte : elle doit permettre à la roue dentée de rester immobile, et éviter tout patinage de la motorisation.
Je ne vois pas comment un mauvais réglage de tension pourrait endommager les moteurs. Si la tension trop forte, les mouvements manuels deviennent très désagréables à cause de la friction trop importante des disques. Cela n’affecte en rien le fonctionnement motorisé. Si la tension est trop faible, la roue dentée risque de tourner dans le vide, et la motorisation devient inopérante.
Je n’ai pas démonté l’axe de hauteur, mais il est évident que le principe est le même.
3. Remontage
Pour replacer le plateau supérieur de la monture, la vis sans fin poussée par le ressort va empêcher sa mise en place. Il faut donc repousser l’ensemble moteur- vis sans fin avec un tournevis par exemple.
Une fois que le plateau supérieur est en place, il faut vérifier en le tournant manuellement que la tension est correctement réglée. Il doit opposer une certaine résistance. Contrairement à l’axe de hauteur, on ne peut pas vérifier en temps réel que le réglage de l’écrou est bon. Dans tous les cas, il faut procéder par petites rotations, par exemple 1/16 ème de tour, pas plus.
Ensuite il faut remettre le roulement à billes, et l’écrou nylstop. Ce n’est pas la peine de le serrer : il faut arrêter de le visser dès qu’il touche le roulement à billes.
Pour replacer l’encodeur, il faut se souvenir qu’une vis traverse l’axe. Donc il faut au préalable bien orienter l’axe d’azimut par rapport à l’encodeur, de façon à ce que les trous soient en face.
Ensuite on rebranche les fils, on refixe le capot, on réassemble le rocker, et voilà !
CONCLUSION
Cette motorisation est très astucieuse, et présente de nombreux avantages : absence totale de backlash, y compris aux plus petites vitesses, 9 vitesses de déplacement au choix, possibilité de passer instantanément d’un déplacement manuel à un suivi motorisé, pas d’embrayage à désengager sur les deux axes et à réengager ensuite, pas besoin de contrepoids si la tension est correctement réglée… L’utilisation est on ne peut plus intuitive.
Les mouvements manuels sont durs, mais comme on l’a vu c’est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement du suivi motorisé. Il faut aussi ajouter qu’à l’usage, les mouvements s’assouplissent, donc il ne faut pas se précipiter pour régler la dureté, et il vaut mieux attendre quelques semaines pour voir comment cela évolue.
Voilà, vous savez tout.