Salutations à tous,
Ayant eu du mal à me convaincre que le compte rendu de cette belle soirée du 15/10 était d'intérêt, je décide de le partager tout de même avec vous dans la perspective d'une future période de vache maigre ("Temps de m...").
Je vous propose donc de m'accompagner dans cette balade à travers notre système solaire, armés pour cela d'une simple paire de jumelles 10x50.
Attends...du planétaire avec des 10x50?? Ma foi pourquoi pas, le (seul?) intérêt étant d'observer ce soir les trois géantes gazeuses les plus éloignées de nous.
Enfin, observer est un bien grand mot, mais au sens strict elles seront bien observées toutes les trois!
Premier acte au crépuscule, où je me déplace derrière la maison pour viser Saturne.
La géante aux anneaux, bien basse sur l'horizon, révèle sans aucune ambiguïté sa nature planétaire. Le disque de la planète est éminemment plus imposant que les étoiles qui l'entourent. Le renflement sur les bords de la planète qui trahit la présence des anneaux est parfaitement perceptible, de même que leur orientation. Ajoutons à ça cette jolie teinte orange pastel et la vision est plutôt satisfaisante. Le cerveau fait le reste et on n'a aucun mal à imaginer la séparation entre le globe et les anneaux, les jeux d'ombre, la division... Le fond de ciel encore clair, crépusculaire, ne gâche rien, si ce n'est la possibilité de distinguer Titan, si tant est que ce soit possible.
Fort de ce premier pas franchi, je laisse la nuit tomber pour m'enfoncer plus loin dans le système solaire.
Il fait maintenant nuit noire, enfin, relativement noire car le ciel manque clairement de transparence, et vers le sud la PL diffuse jusqu'à 30° au-dessus de l'horizon.
Malgré ces conditions, je pointe dans la constellation des Poissons et trouve immédiatement Uranus. Elle est évidente, mais ne révèle pas aussi franchement sa nature planétaire. L'absence de scintillement, comparativement aux étoiles voisines et notamment Omicron Pisces, est néanmoins perceptible, de même qu'une subtile teinte bleuté dont je ne sais si elle est le fruit de mon imagination ou réelle. L'aspect ne semble pas tout à fait stellaire, mais pas question de résoudre le disque à 10x, c'est plutôt une question d'impression générale et encore une fois le cerveau qui fait le reste. Très sympa à observer néanmoins. Avec sa Mv autour de 6 il sera sympa de la placer à l'oeil nu sous un meilleur ciel.
D'un petit saut dans la voûte céleste (mais grand bond plus loin dans le système solaire) vers le Verseau, je pointe la plus distante des géantes gazeuses Neptune.
Encore une fois très aisément repérée grâce à sa Mv=7,45 et sa proximité avec l'étoile Lamba Aquarius. D'aspect tout à fait stellaire, je ne peux m'empêcher de distinguer à nouveau une légère teinte bleuté. Qu'à cela ne tienne je passe en mode diurne pour confirmer, hop, gros coup de lampe dans la tronche...la teinte est toujours là, même si subtile, elle contraste fortement avec l'étoile voisine Lambda Aquarius qui elle arbore une magnifique couleur dorée. L'ensemble forme une sorte d'Albiréo, mais avec beaucoup plus de relief connaissant la nature des deux astres!
Non loin de là je tente NGC 7293, la nébuleuse planétaire "Helix". Las, la zone est noyée dans la PL.
Fort satisfait de cette balade planétaire improbable, je décide de m'attaquer au challenge de la soirée, la très discrète comète C/2017 O1, qui trace sa route à toute vitesse entre Persée et la Girafe.
Bien je vous épargne le suspens c'est un échec cuisant. Annoncée selon les sources autour de Mv 10,5/11/12 (?) elle ne daigne pas "glimpser" dans le champ. Il faut dire que j'atteins péniblement Mv 9,5/10, des étoiles sur la carte à Mv 10,5 me sont invisibles, circulez y'a rien à voir...
En guise de lot de consolation, je me rabats sur des cibles beaucoup plus tonitruantes, comme le superbe champ stellaire autour de Mirfak (Alpha Perseus) qui est une de mes cibles préférées aux jumelles. Une grosse vingtaine d'étoiles brillantes autour de Mirfak et de sa belle teinte proposent une variante des Hyades plus dense et plus brillante, ces étoiles étant également liées entre elles à environ 500 AL de nous.
Après une petite visite de courtoisie au Double Amas et à M45, je plie à minuit passé. Le ciel n'est définitivement pas aussi beau qu'il aurait pu l'être, le manque de transparence est flagrant. En cause l'humidité et surtout les particules fines de sable et de cendres charriées dans le sillage du cyclone tropical Ophelia.
Ce fut malgré tout une soirée très agréable sous les étoiles dans une ambiance encore estivale.
Merci de m'avoir lu, très bon ciel à tous!